Roland de La Poype

pilote de chasse français, industriel pionnier de la plasturgie

Roland Paulze d'Ivoy de La Poype, né le aux Pradeaux et mort le à Saint-Tropez, est un pilote de chasse français, héros de la Seconde Guerre mondiale.

Roland de La Poype
Roland de La Poype
Roland de La Poype vers 1940.

Surnom Le marquis,
Pohype
Naissance
Les Pradeaux (Puy-de-Dôme, France)
Décès (à 92 ans)
Saint-Tropez (Var, France)
Origine Française
Allégeance Drapeau de la France France
Années de service 19391947
Conflits Seconde Guerre mondiale
Distinctions Grand Croix de la Légion d'Honneur
Compagnon de la Libération
Croix de Guerre 39/45 (12 citations)
Croix de Guerre Tchécoslovaque
Héros de l'Union soviétique
Ordre du Drapeau Rouge
Ordre de Lénine
Mérite de la Guerre pour la Patrie
Médaille de la Victoire
Hommages La promotion 2012 de l'École de l'air porte son nom : colonel Roland de La Poype[1].
Autres fonctions Industriel
Fondateur du Marineland d'Antibes
Maire de Champigné
Famille Famille Paulze d'Ivoy de La Poype

Il est également un homme politique, un industriel pionnier de la plasturgie et le fondateur du Marineland d'Antibes en 1970.

Biographie

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Roland de La Poype naît le au Château de la Grange Fort aux Pradeaux, fils de Xavier Paulze d'Ivoy de La Poype[2], né en 1887, ingénieur agronome, colonel de réserve, tué sur le front en [3], et de Victoire de Saint-Genys (1890-1942) et petit-fils de Roger Paulze d'Ivoy de La Poype, commissaire de la marine.

Son patronyme est couramment prononcé "poipe" [p] [w] [a] [p][4].

Sa famille a relevé le patronyme de La Poype par décret de 1864.

Pilote de chasse de la Seconde Guerre mondiale

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Âgé de 19 ans, Roland de La Poype s'engage en comme élève-pilote pour décrocher son brevet en [3], peu avant la ruée allemande de la campagne de France. Il réussit avec ses camarades de l'École principale d'aviation d'Étampes à rejoindre Saint-Jean-de-Luz au pays basque et s'embarque pour l'Angleterre[3].

 
Supermarine Spitfire britannique de la Royal Air Force durant la Seconde Guerre mondiale.
 
Le Neu Neu (Normandie-Niemen) en 1942. Roland de La Poype est le deuxième en partant de la droite.
 
Yakovlev Yak-3 du groupe de chasse Normandie-Niemen au musée de l'Air et de l'Espace du Bourget.

Après un passage en Afrique-Équatoriale française entre et avec les Forces aériennes françaises libres (FAFL), il intègre, en Angleterre, le 602 (City of Glasgow) Squadron de Supermarine Spitfire de la Royal Air Force avec le grade de sergent. Preuve de ses qualités, le chef du squadron britannique, l'as irlandais aux 23 victoires Paddy Finucane, le choisit comme équipier[3]. Il obtient sa première victoire le contre un Messerschmitt Bf 109[3].

Apprenant la formation d'un groupe de volontaires français pour le front soviétique, le jeune pilote s'inscrit au groupe de chasse « Normandie »[3] et fait partie du premier contingent de pilotes qui débarquent à Ivanovo en Russie le . Il obtient sa première victoire homologuée en Russie, sa deuxième de la guerre, le sur un Stuka. Son palmarès compte 16 victoires confirmées, obtenues pour beaucoup en tandem avec son camarade du groupe Normandie-Niémen, Marcel Albert.

Début 1945, avec le grade de capitaine, il commande la 1re escadrille du groupe de chasse[3]. Présent en Union soviétique jusqu'au , « le marquis », ou « Pohype » comme le surnommaient ses camarades, devient attaché de l'air en Belgique, puis en Yougoslavie avant de quitter l'armée en 1947, à seulement 27 ans, auréolé des titres de héros de l'Union soviétique et de compagnon de la Libération.

Totalisant 1 200 heures de vol, il est autorisé par Staline à ramener son Yak sur le territoire français, comme tous les pilotes du groupe de chasse Normandie-Niemen encore en activité en Russie à la fin de la guerre.

. Affecté au 2e Bureau de l'Etat-major de l'Armée de l'Air en , Roland de la Poype quitte l'armée en 1947. Le commandant de réserve Roland de la Poype, redevenu civil exerce après la guerre, plusieurs fonctions.

Il est nommé membre du Conseil de l'Ordre de la Libération en . Le président Nicolas Sarkozy lui remet la Grand croix de la légion d'honneur lors d'une cérémonie au palais de l'Elysée à Paris le .

Industriel en plasturgie

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Visionnaire et inventeur, Roland de La Poype comprend que le plastique et les emballages jetables vont se développer. À la tête de la Société d'études et d'applications du plastique (revendue plus tard à DuPont), il monte sa première usine[Où ?] dès le mois de et se lance, en 1952, dans la fabrication d'un produit novateur : le berlingot DOP pour le groupe L'Oréal[5]. Il développe une véritable industrie de l'emballage plastique, qui touche à tous les domaines, de l'agro-alimentaire au loisir. Il est également l'inventeur de la carrosserie de la Citroën Méhari[5].

Fondateur du Marineland d'Antibes

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En 1970, passionné du monde marin, Roland de La Poype crée le Marineland d'Antibes sur la Côte d'Azur avec pour mission de faire connaître la vie du milieu difficilement accessible des grands animaux marins et de la mer à un large public[5]. Il prend sa retraite en 1985 et reste propriétaire du Marineland jusqu'en 2006.

Il est également maire de Champigné (Maine-et-Loire) et propriétaire d'un golf, qu'il a créé en 1989, près d'Angers.

Roland de La Poype meurt le à Saint-Tropez[6].

Ses obsèques ont eu lieu le en la cathédrale Saint-Louis des Invalides à Paris, en présence d'une délégation de l'armée de l'air et des Chœurs de l'Armée rouge[7], de ses anciens compagnons d'armes et de ses amis. Les honneurs militaires ont été rendus par un détachement de la base aérienne 123 d'Orléans et en présence d'une délégation du régiment de chasse 2/30 Normandie-Niemen[8]. La mémoire de ce compagnon de la Libération, ancien pilote des forces aériennes françaises libres (FAFL) a été saluée au cours d’une cérémonie religieuse suivie d’une cérémonie militaire, présidée par le colonel Fred Moore, chancelier de l’ordre de la libération. Le général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’air, était également présent pour rendre hommage à Roland de La Poype [9].

Décorations

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Décorations françaises

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Décorations étrangères

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Anecdotes

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Au groupe de chasse Normandie-Niémen, le meilleur ami de Roland de La Poype était Marcel Albert, qui deviendra le deuxième grand as de ce groupe des Forces aériennes françaises libres. Tous deux feront partie du noyau des 14 premiers pilotes partis de Grande-Bretagne fin pour aller se battre en Union soviétique. Ils feront également partie des rares survivants de ce groupe, et commanderont chacun une escadrille lors du retour du groupe en France le .

De caractère gouailleur, Marcel Albert avait donné un surnom à tous les pilotes du Normandie-Niémen. Mais Roland de La Poype bénéficiait d'un traitement spécial, recevant plusieurs surnoms : « le marquis », « le vicomte », « Pluto », « Pohype », « Polype » et, quand son camarade jouait de malchance, « la poisse » :

« Je sympathise rapidement avec Marcel Albert, de trois ans mon aîné, un garçon que j'aurais eu peu de chances de rencontrer s'il n'y avait eu la guerre. Authentique titi parisien, aussi brun que je suis roux, aussi trapu que je suis efflanqué, Marcel était tourneur-fraiseur chez Renault quand la guerre a éclaté. Bien loin de mon château de Mozé et de ses interminables couloirs décorés de portraits d'ancêtres. Entre nous deux, le courant passe tout de suite. Marcel apprécie mon insouciance, s'amuse de ma maladresse et de mon étourderie, et ne va pas tarder à me surnommer "le marquis", "le vicomte" ou "Pohype". Quant à moi, je suis séduit par la gouaille, le côté frondeur et l'humour ravageur de "Bébert", le métallo de l'île de la Jatte, comme moi passionné d'aviation depuis l'enfance. »

— Roland de La Poype, L'épopée du Normandie-Niémen[10].

Roland de La Poype, également de tempérament blagueur, a même glissé un crocodile empaillé dans le lit de Marcel Albert alors qu'ils séjournaient à l'hôtel à Wadi Halfa au Soudan égyptien[11].

Roland de La Poype rend hommage à son camarade Marcel Lefèvre, lors du baptême de la promotion d'officiers de réserve de l'Armée de l'air portant le nom de cet officier.

En 1980, l’État Major de l’Armée de l’Air informait le colonel de réserve Roland Paulze d'Ivoy De La Poype, président des « Anciens du Normandie-Niémen » ayant combattu sur le front de l’Est, qu’il avait retenu le nom de Marcel Lefèvre pour parrainer une promotion d’officiers de réserve issus du rang. Il prit aussitôt la décision lors de cette cérémonie placée sous la présidence des plus hautes autorités civiles et militaires, de faire l’éloge de son compagnon d’armes disparu tragiquement sur le sol soviétique le .

Le , date de cette émouvante cérémonie, il rédigea dans le train qui l’amenait de Paris à l’École des officiers de réserve d’Evreux, le panégyrique dithyrambique qu’il allait lire à la mémoire de son compagnon. L’orateur captiva l’assistance, mettant en exergue le fait que le choix par l’Etat Major de l’Armée de l’air du nom de ce valeureux pilote - en rappelant qu’il fut le seul à recevoir à titre posthume la plus haute distinction de « Héros de l’Union Soviétique »- honorait l’ensemble de ses compagnons aviateurs qui combattirent sur le front de l’Est pendant la seconde guerre mondiale[12].

Ouvrage

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Notes et références

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  1. « Baptême des promotions EA et EMA 2012 », sur ecole-air.fr, École de l'air, (consulté le ).
  2. Roland de La Poype 2007, p. 22
  3. a b c d e f et g « Roland de La Poype », sur .ordredelaliberation.fr, Ordre de la Libération, .
  4. Prononciation du patronyme selon les descendants.
  5. a b et c AFP, « Roland de La Poype, pilote du Normandie-Niémen est mort », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
  6. AFP, « Décès de Roland La Poype, pilote du Normandie-Niémen et Compagnon de la Libération », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le ).
  7. Bernard Delfino, « Obsèques de Roland de La Poype », sur lecharpeblanche.fr, (consulté le ).
  8. Christelle Hingan, « Une foule venue nombreuse pour rendre hommage à Roland de La Poype », sur defense.gouv.fr, Ministère de la Défense – Armée de l'air, (consulté le ).
  9. Bernard Delfino, « Obsèques de Roland de La Poype »,
  10. Roland de La Poype, 2011, page 106.
  11. Roland de La Poype, 2011, page 107.
  12. « Gazette de l'Iton », n°94,‎

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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