Reda Kateb
Reda Kateb (en arabe : رضا كاتب), né le à Paris, est un acteur et réalisateur franco-algérien. Il a obtenu plusieurs récompenses, dont le César du meilleur acteur dans un second rôle avec le film Hippocrate en 2015.
Nom de naissance | Reda Lakhdar Kateb |
---|---|
Naissance |
14e arrondissement de Paris |
Nationalité |
Algérienne Française |
Profession | Acteur |
Films notables |
Un prophète Hippocrate Django Le Chant du loup Hors normes |
Séries notables |
Possessions En thérapie Mafiosa |
Biographie
modifierJeunesse et famille
modifierReda Kateb naît le à Paris. Il est le fils de Malek-Eddine Kateb, homme de théâtre et acteur algérien émigré en France[1], et de Françoise Reznicek, infirmière française d'origine tchèque et italienne[2],[3]. Il est également le petit-neveu de l'écrivain Kateb Yacine et de Mustapha Kateb.
Carrière
modifierDébuts et influences
modifierReda Kateb commence sa carrière d'acteur au théâtre dès l'âge de huit ans en s'exerçant tout autant sur des grands classiques que sur des pièces contemporaines[4]. Son intérêt pour le métier d'acteur est lié à ses influences familiales et particulièrement son père, comédien et cofondateur du Théâtre national algérien[3],[5] qui lui a « appris l’amour du jeu »[6]. En effet, dès l'âge de quinze ans, il joue au théâtre une adaptation de Moha le fou, Moha le sage, écrit par Tahar Ben Jelloun, mis en scène par son père[5]. Au lycée Romain-Rolland à Ivry-sur-Seine – ville où il a grandi[3] –, il participe à la classe de théâtre où il rencontre Kery James[7].
En 2003, Reda Kateb a mis en scène « Le cadavre encerclé », une œuvre de son grand-oncle Yacine Kateb, grand écrivain, poète rebelle, fondateur de la littérature algérienne moderne avec Nedjma, en 1956.
Après avoir passé un bac théâtre à Ivry-sur-Seine[6], il apprend son métier en développant sa faculté d'observation à travers les petits boulots qu'il multiplie à l'époque (ouvreur dans un cinéma, caissier, projectionniste, clown dans des anniversaires ou au Salon du camping-car…). Il déclare par la suite « ces petits boulots, ça a été mon Conservatoire[8]. »
Il se dit particulièrement influencé dans son jeu par Jean Gabin et par le cinéma d'avant et d'après-guerre : « J’ai une grande fascination pour Jean Gabin dans sa jeunesse. Je pourrais voir et revoir La Bête humaine, La Grande Illusion, Des gens sans importance, Le jour se lève[9] » et les films de Jean-Pierre Melville[10].
Carrière
modifierReda Kateb joue son premier rôle de chef de gang dans la deuxième saison de la série télévisée Engrenages en 2008. L'année suivante, il débute au cinéma dans Un prophète de Jacques Audiard. Il enchaîne avec le film Qu'un seul tienne et les autres suivront de Léa Fehner, dans lequel son travail est salué par la critique[11].
En 2012, dans le film américain Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, il interprète un terroriste auquel la CIA arrache des informations sur Al-Qaïda[12].
Au sujet de ses choix cinématographiques, il déclare : « J’essaye d’être libre. Avec mon physique, j’ai la chance de pouvoir passer pour un gitan, un Vincent, un Mohamed. Le cinéma joue avec les clichés. Il ne doit pas se nourrir que de ça. » Son physique et ses origines lui valent cependant d’être classé dans la catégorie « acteur communautaire » — ce dont il se dit fatigué —[9] et de jouer de nombreux personnages de délinquant ou de marginal. Ses rôles de gangster rappeur dans Engrenages, de prisonnier gitan dans Un prophète, de terroriste dans Zero Dark Thirty ou de caïd dans Mafiosa lui collent une étiquette de « dur »[9]. Il s'éloigne une première fois de ce registre en interprétant un rôle d'homosexuel arabe dans le film Les Garçons et Guillaume, à table ! (2013) de Guillaume Gallienne.
Suivant cette ligne, Reda Kateb interprète un interne en médecine dans le film Hippocrate de Thomas Lilti. Il joue également Qui vive, de Marianne Tardieu, présenté dans le cadre de l'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) lors du festival de Cannes 2014[13].
Évoquant ses rôles dans des films américains comme Zero Dark Thirty ou Lost River, L'Express salue en « une filmographie qui en rendrait jaloux plus d'un[14]. »
En 2015, il incarne Julien dans L'Astragale, de Brigitte Sy adaptation du livre d'Albertine Sarrazin, au côté de Leïla Bekhti.
En 2016, il interprète le rôle principal du film Les Beaux Jours d'Aranjuez, de Wim Wenders, sélectionné à la Mostra de Venise 2016. En 2017, il incarne Django Reinhardt dans le film Django d'Étienne Comar, qui ouvre la Berlinale 2017. Pour les besoins de son rôle, il apprend la guitare pendant plus d'an avec Guillaume Aknine comme professeur[15] et rencontre la communauté tsigane à Forbach[16].
Lors du Festival de Cannes 2017, il est membre du jury Un certain regard[17], sous la présidence de la comédienne et productrice américaine Uma Thurman.
Il retravaille avec Wim Wenders pour son film Submergence (2018) dans lequel il joue l'un des shebabs somalis retenant un otage interprété par James McAvoy.
En 2021, il participe au jury de Nicole Garcia lors du 14e Festival du film francophone d'Angoulême.
Filmographie
modifierCinéma
modifierLongs métrages
modifier- 2009 : Un prophète de Jacques Audiard : Jordi
- 2009 : Qu'un seul tienne et les autres suivront de Léa Fehner : Stéphane
- 2010 : Pieds nus sur les limaces de Fabienne Berthaud : Seb
- 2012 : À moi seule de Frédéric Videau : Vincent
- 2012 : Trois mondes de Catherine Corsini : Franck
- 2012 : Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow : Ammar
- 2013 : Une histoire d'amour d'Hélène Fillières : le voisin dans l'avion
- 2013 : Chroniques d'une cour de récré de Brahim Fritah : le vendeur de lunettes 3D
- 2013 : Le monde nous appartient de Stephan Streker : Zoltan
- 2013 : Les Petits Princes de Vianney Lebasque : Reza
- 2013 : Le jour attendra d'Edgar Marie : Wilfried
- 2013 : Gare du Nord de Claire Simon : Ismaël
- 2013 : Les Garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne : Karim
- 2014 : Hippocrate de Thomas Lilti : Abdel
- 2014 : Fishing Without Nets de Cutter Hodierne : Victor
- 2014 : Qui vive de Marianne Tardieu : Chérif
- 2015 : Loin des hommes de David Oelhoffen : Mohamed
- 2015 : La Résistance de l'air de Fred Grivois : Vincent
- 2015 : Lost River de Ryan Gosling : le chauffeur de taxi
- 2015 : L'Astragale de Brigitte Sy : Julien
- 2015 : Arrêtez-moi là de Gilles Bannier : Samson Cazalet
- 2015 : Les Chevaliers blancs de Joachim Lafosse : Xavier
- 2016 : Les Beaux Jours d'Aranjuez de Wim Wenders : l'homme
- 2016 : Les Derniers Parisiens de Hamé et Ekoué : Nasser
- 2017 : Django d'Étienne Comar : Django Reinhardt
- 2017 : Submergence de Wim Wenders : Saïf
- 2018 : Frères ennemis de David Oelhoffen : Driss
- 2018 : L'Amour flou de Romane Bohringer et Philippe Rebbot : Reda
- 2019 : Le Chant du loup d'Antonin Baudry : Grandchamp
- 2019 : Hors normes d'Olivier Nakache et Éric Toledano : Malik
- 2019 : La Grande Noirceur de Maxime Giroux : Hector
- 2021 : Les Promesses de Thomas Kruithof : Yazid
- 2022 : Nos frangins de Rachid Bouchareb : Mohamed
- 2023 : Omar la fraise d'Elias Belkeddar : Omar
- 2025 : L'Ultime braquage (The Quiet Ones) de Frederik Louis Hviid
Courts métrages
modifier- 2003 : Nif de Laurent Bouhnik :
- 2010 : Sur la tête de Bertha Boxcar de Soufiane Adel et Angela Terrail : Johnny Johnson
- 2012 : Ce chemin devant moi de Hamé Bourokba : le fils aîné
- 2014 : Les Fantômes de l'usine de Brahim Fritah : voix du narrateur
- 2014 : La Fin du début d'Eliza Levy : Atreyu
- 2015 : Pitchoune de lui-même : Karim
- 2016 : Sarah Winchester, opéra fantôme de Bertrand Bonello : le metteur en scène
Télévision
modifier- 2008 : Engrenages (série télévisée, saison 2) : Mister Aziz
- 2010 : Mafiosa (série télévisée, saison 3) d'Hugues Pagan : Nader
- 2011 : Un, deux, trois, voleurs (téléfilm) de Gilles Mimouni : le capitaine Martin
- 2011 : De l'encre (téléfilm) d'Hamé et Ekoué : Romuald
- 2012 : L'Île au trésor (Treasure Island) (téléfilm) de Steve Barron : David Dujon
- 2015 : Objectivement de Guillaume Le Gorrec et Hadrien Cousin (série télévisée en stop motion) : la bière Brobenbuurg
- 2020 : Possessions (mini série) de Thomas Vincent : Karim
- 2021 : En thérapie (série télévisée) : Adel Chibane
- 2021 : L'Amour flou (série télévisée) de Romane Bohringer : Reda
Voix off
modifier- 2019 : Décolonisation (série documentaire) de Karim Miské et Marc Ball : narrateur[18]
Réalisateur
modifier- 2015 : Pitchoune[19] (court métrage) en sélection à la Quinzaine des réalisateurs lors de Cannes 2015
- 2024 : Sur un fil (long métrage)[20]
Théâtre
modifier- 1991 : Moha le fou, Moha le sage d'après Tahar Ben Jelloun, mise en scène Malek Eddine Kateb, Théâtre Populaire de Lorraine
- 2005 : Merlin ou la Terre dévastée de Tankred Dorst, mise en scène Jorge Lavelli, MC93 Bobigny, Les Nuits de Fourvière (Lyon)
- 2007-2012 : Les Chiens nous dresseront. Cocherel 1364. La naissance d'une nation de et mise en scène Godefroy Ségal, Théâtre de la Tempête
- 2008 : Par les villages de Peter Handke, mise en scène Olivier Werner, Comédie de Valence (Valence)
- 2018-2019 : Un autre jour viendra d'après Mahmoud Darwich, mise en scène David Ayala, tournée
Distinctions
modifierDécoration
modifierRécompenses
modifier- Festival international du film francophone de Namur 2013 : Bayard d'or du meilleur acteur pour Gare du Nord
- Festival de Tübingen 2014 : Prix d'interprétation masculine pour Qui vive
- César 2015 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Hippocrate
- Prix Patrick-Dewaere 2015
- Coup de cœur Jeune Public printemps 2016 de l'Académie Charles-Cros, avec Cédryck Santens (Compositeur) et Merlot (Auteur du texte)[21],[22].
- Festival du film de Cabourg 2017 : Swann d'or du meilleur acteur pour Django
- Coup de Cœur Musiques du Monde 2019 de l'Académie Charles-Cros pour Cocorico, balade d’un griot, décerné le mercredi 20 mars 2019 à Portes-lès-Valence, dans le cadre du Festival « Aah ! Les Déferlantes ! »[23].
Nominations
modifier- Globes de Cristal 2015 : Meilleur acteur pour Hippocrate
- César 2018 : César du meilleur acteur pour Django
- César 2020 : César du meilleur acteur pour Hors normes
Notes et références
modifier- Sara Kharfi, « Une ascension fulgurante », Liberté, 24 mai 2010.
- « Interview de Reda Kateb », Le Nouvel Obs, (lire en ligne).
- Sabrina Champenois, « Reda Kateb: Tchoutchouka », Libération, (lire en ligne).
- « Reda Kateb », Allociné.
- « Reda Kateb, acteur fervent », Madame Figaro, (lire en ligne).
- « Reda Kateb : “Je fais ce travail pour découvrir des mondes” », Télérama, (lire en ligne).
- Association C.R.I.S, « Entretien avec Kery James - À vif - Kery James - mise en scène Jean-Pierre Baro, - theatre-contemporain.net », sur www.theatre-contemporain.net (consulté le ).
- « Reda Kateb, comédien brut et intègre », Le Parisien, (lire en ligne).
- Marie Ottavi, « Reda Kateb, l’homme d’à côté », sur Libération, .
- « Reda Kateb, le comédien qui murmure à l’oreille des humains », La Voix du Nord, (lire en ligne)
- « Fehner à vif », Libération, 9 décembre 2009.
- Thierry Chèze, « Reda Kateb : "Au début dans Zero Dark Thirty je devais jouer avec une cagoule sur la tête" », L'Express, (lire en ligne).
- « Qui vive: pour Reda Kateb, "Le cinéma se fait honneur quand il présente des personnages comme ça" », sur Allociné,
- Xavier Leherpeur, « Hippocrate : Reda Kateb fait le choix des arts », L'Express, (lire en ligne).
- « Reda Kateb : "Après une année de travail, Django garde tout son mystère" », sur Culturebox, .
- « Reda Kateb et Cécile de France : "La musique de Django était indomptable" », Paris Match, (lire en ligne).
- « L'Expression - Le Quotidien - Un Kateb dans le jury du festival de Cannes », sur www.lexpressiondz.com (consulté le )
- « Décolonisations - L'apprentissage / La Libération / Le Monde est à nous ! », Arte,
- « Rencontre : Reda Kateb, nouvelle idole du cinéma », Vanity Fair, novembre 2014.
- « Les distributeurs modifient leurs line-ups », sur boxofficepro.fr, (consulté le )
- « Coup de cœur Jeune Public printemps 2016 », sur Académie Charles-Cros (consulté le )
- « Marcel le Père Noël », sur BnF (consulté le )
- « Coup de Cœur Musiques du Monde 2019 », sur Académie Charles-Cros (consulté le )
Liens externes
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- Ressources relatives à l'audiovisuel :
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- Ressource relative à plusieurs domaines :
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