Raymond Woog

artiste peintre, dessinateur et illustrateur français

Raymond Woog est un peintre, dessinateur et illustrateur français né le à Paris et mort le à Neuilly-sur-Seine.

Raymond Woog
Raymond Woog, Fleurs
Naissance
Décès
Nom de naissance
Raymond Emmanuel Woog
Nationalité
Activité
Formation
Maître
Distinction

Biographie

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Raymond Woog naît dans le 2e arrondissement de Paris en 1875, ses parents étant Adolphe Woog (né à La Chaux-de-Fonds en 1843) et son épouse née Isabelle Jeanne Meyer (née à Paris en 1852).

Raymond Woog est élève du peintre symboliste Gustave Moreau à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. En 1903, il est parmi les exposants du premier Salon d'automne où il est remarqué par les critiques d'art Arsène Alexandre et Raymond Bouyer, ce dernier écrivant ainsi dans La Revue Bleue du  : « Les élèves de Gustave Moreau sont vingt-six, tous intéressants, depuis les camaïeux de Paul Baignières jusqu'aux notes voyageuses de Raymond Woog »[1]. Les deux toiles qu'il exposera au Cercle Volney (de) en 1906 recevront un accueil analogue : « Le Portrait de Madame B. V. noir et vert, l'intimité avec la matinée rose, le coussin bleu, le jupon noir et blanc, sont des morceaux énergiques, d'une facture solide, d'une touche vigoureuse très hauts en couleur, qui décèlent un véritable peintre ; ce nom de Raymond Woog est à retenir » s'y enthousiasme Maurice Guillemot[2]. L'édition lithographique de ses œuvres fait bientôt de Woog l'un des artistes permanents de la galerie Devambez.

 
Raymond Woog, Violette Woog et sa fille Béatrice
 
Raymond Woog, Béatrice Woog lisant

En 1905, Raymond Woog épouse Violette Julie Picard (née à Paris en 1882) dont, vivant alors au 202, rue de Courcelles à Paris, il aura quatre filles[3] : Marie-Thérèse dite Maïthé (1908-1997), future compagne d'Armel Guerne, Isabelle (1906-1945) qui épousera et vivra à Crisenoy avec Pierre Heilbronn (mitraillé par les Allemands aux Andelys en )[4], Sabine (1914-1917) et Béatrice (1923-2007)[5] qui, rencontrant le GI Bill Agnew au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'épousera pour vivre à New York. Raymond Woog est alors l'ami d'Adolphe Gumery avec qui, en 1910, il effectue un voyage en Espagne dans le cadre de la course Paris-Madrid[6].

À la suite du décès le de Jules Comte, fondateur de La Revue de l'art ancien et moderne, Raymond Woog assure la gestion provisoire de la publication qui s'interrompt en du fait de l'entrée en guerre. Mobilisé durant la Première Guerre mondiale, il est entre 1915 et 1918, soit après six mois passés dans les Flandres[7], basé au Havre, avec le grade de lieutenant, en tant qu'attaché à la mission militaire de l'armée britannique. Ses croquis portraiturant des militaires anglais et français saisis sur le vif en 1915 et 1916 — entre autres du contre-amiral Biard, gouverneur du Havre — sont en 1916 publiés sous forme de 32 planches sous porte-feuilles toilé dans une édition limitée à 150 exemplaires[8] et intitulée Passed by Censor[9].

Proche d'Émile Herzog qui n'a alors pas encore adopté le pseudonyme d'André Maurois, Raymond Woog inspire à celui-ci en 1918 le personnage d'Aurel dans le roman Les Silences du colonel Bramble[10] dont Woog, au demeurant premier lecteur du manuscrit, venant à Abbeville afin d'y croquer le général John Asser (en)[11], illustre de la sorte du portrait de sir John la couverture de la première édition. Raymond Woog est à cette époque très introduit dans le milieu de la presse où il devient un illustrateur reconnu, étant en particulier l'ami de Pierre Mille[12]. Toutefois, dans un article qui paraît en novembre 1919 dans la revue La Renaissance de l'art français et des industries de luxe, Camille Gronkowski, à propos du goût chinois en France, évoque élogieusement Raymond Woog parmi les artistes peignant des paravents en laque de Coromandel[13].

En 1928, Raymond Woog, dont l'interprétation par la gravure sur cuivre faite de ses œuvres par Auguste Brouet[14] a contribué à la célébrité, se rend à New York dans le cadre de son exposition à la galerie Jacques Seligmann. Edward Bernays raconte dans l'un de ses livres comment le fait que Raymond Woog, bénéficiant déjà d'un certain prestige outre-Atlantique de par sa présence connue dans les collections du musée du Luxembourg, y est alors considéré comme un peintre majeur des visages d'enfants[15], l'incite à recommander notre artiste au galeriste new-yorkais[16]. De fait, Woog exécute à New York de nombreuses commandes de portraits d'enfants, mais aussi un portrait de Maurice Ravel[7].

 
Raymond Woog, Léon-Paul Fargue, musée Carnavalet
 
Raymond Woog, Georges Clémenceau, musée Carnavalet
 
Raymond Woog, Deux enfants jouant
 
Raymond Woog, Paysage
 
Raymond Woog, Femme lisant un journal

En 1933-1934, Raymond Woog est collaborateur des Nouvelles littéraires, demeurant simultanément fidèle au Salon de la Société nationale des beaux-arts où il accroche ses œuvres depuis 1911 : « Signalons une Maternité de Raymond Woog d'un joli sentiment » retient ainsi Roger Baschet de sa visite du salon de 1934[17].

Raymond Woog affectionne les longs séjours en Seine-et-Marne auxquels on associe le thème des fleurs dans sa peinture, thème auquel il reste attaché lorsqu'en 1940 il se retire à Crest[7].

Il a peint ou dessiné entre autres les portraits de Pablo Casals (1906)[18], de l'épouse et des filles de l'artiste, de la « tante » Victoire Klotz, d'Anatole France, Fernand Gregh (beau-frère de l'artiste), André Maurois (1916), Léon-Paul Fargue, Georges Clemenceau, les sculpteurs Max Blondat et Paul-François Berthoud, Tristan Bernard, Maurice Ravel (New York, 1928), Georges Hayem, le roi d'Espagne Alphonse XIII (qui posa pour Woog à Fontainebleau en 1932)[19] et Léo Larguier (1935).

Raymond Woog meurt à Neuilly-sur-Seine en 1949. On lui aura reproché le talent ostentatoire d'un artiste « songeant avant tout à faire valoir son métier »[20]. Avec lui, nuance Jean Oudin, disparaît « un charmant intimiste, d'un raffinement extrême ; l'artiste se doublait d'un ami rare, dont la délicatesse, la sensibilité et la culture faisaient l'enchantement de ceux qui ont eu le privilège de l'approcher »[7].

Réception critique

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  • « Ce sont, en somme, des sortes de portraits que les deux toiles que Raymond Woog intitule Laques et Intimités. Il y a là, à vrai dire, bien moins la préoccupation de pénétrer les caractères individuels d'une physionomie humaine que de faire œuvre proprement dite de peintre. Mais chacun doit suivre son tempérament et celui de Raymond Woog est incontestablement un vrai tempérament de peintre aimant la couleur et la matière pour la matière et la couleur. Il a une jeune vaillance et une belle hardiesse qui lui font rechercher la solution de problèmes pittoresques devant lesquels se dérobent trop souvent, aujourd'hui, les esprits timorés. Il n'a pas peur du ton, il cherche l'éclat et il le trouve sans vulgarité par le jeu habile des tons purs dans le concert enveloppant des neutres... Ce sont là des portraits, c'est-à-dire des images de femmes d'aujourd'hui dans le caractère que leur donnent le milieu qui les entoure, les vêtements qu'elles portent, et l'auteur pourrait les désigner nommément. Maus ce sont aussi et surtout des tableaux, car ces toiles se présentent avec des caractères généraux qui nous intéressent seuls, nous, public. » - Léonce Bénédite[21]
  • « Depuis plusieurs années, ce jeune peintre se révèle avec une singulière saveur, et s'impose par son travail, sa volonté, sa franchise. On le suit sans déception. Auprès d'une étude charmante il montre ici une grande effigie de femme sur un fond de paravent en laque d'or qui est d'un coloris fougueux et riche, et un portrait du violoncelliste célèbre Pablo Casals. Je pense que ce dernier tableau est presque une œuvre de maître, par l'exécution comme par la patiente synthèse du caractère psychologique. » - Camille Mauclair[22]
  • « Raymond Woog a deux envois d'une manière colorée, éclatante et grasse, l'un qui est une façon de portrait d'infante dans des gris un peu dorés, l'autre qui représente, devant un mur tendu d'étoffe à fleurs roses, une jeune femme et un enfant assis sur un canapé couleur de vert de gris : peinture très forte, très éclatante de ton, très décorative d'arabesque, qui ne plaira qu'à demi aux yeux très sensibles. » - Henry Bidou[23]
  • « Les organisateurs de l'exposition présidée par Gaston Varenne ne s'y sont pas trompés en donnant la place d'honneur à l'univers de Raymond Woog : c'est un tableau parmi tant d'études, le tableau d'un vrai peintre qui, par ce temps de grisaille plus ou moins intellectuelle, ne redoute point d'avouer son goût pour la couleur des belles étoffes, des céramiques ou des ciels, et cette affirmation n'exclut pas le sentiment qui place une petite infante très moderne en présence de cette grande mappemonde où se résume à ses yeux songeurs tout l'inconnu. » - Raymond Bouyer[24]
  • « Do you remember, dear friend, the days at Abbeville when you were doing the portrait of General Asser?… Whenever I could get away, I used to come to watch you paint and it delighted me to see the two visages, the one in flesh and blood and the other which your brushes created, grow to rememble each other. There he was — the Object — and about his scarlet — bound cap, his gold — encrusted vizor and his well cut riding breeches we wove opinions on art. A common sentiment united us : a horror of aesthetic systems. To set down what one sees, as honestly, as exactly as one is able - we could find no better rule. » - André Maurois[25]
  • « Comme c'est un lieu commun de dire qu'un bon portrait est surtout l'image d'un caractère, le public fut frappé par la qualité de ses œuvres où la présence de l'homme est toujours si intensément ressentie. » - Jean Oudin[7]
  • « Raymond Woog pratique la peinture de genre, le paysage et la nature morte, mais on retient surtout la qualité de ses portraits ; solidité, virtuosité, c'est une sorte de perfection savoureuse des attitudes et des visages qu'il prête à quelques contemporains majeurs. » - Gérald Schurr[26]

Contributions bibliophiliques

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Traductions littéraires

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Expositions

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Expositions particulières

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Expositions collectives

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Collections publiques

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Allemagne
Canada
Espagne
France

Distinction

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Notes et références

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  1. a et b Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992.
  2. a et b Maurice Guillemot, « L'exposition du Cercle de la rue Volney », L'art et les artistes, revue d'art ancienne et moderne, tome II, octobre 1905-mars 1906, page 212.
  3. « Généalogie de Raymond Woog » sur My Heritage.
  4. Cyril Grange, Une élite parisienne - Les familles de la grande bourgeoisie juive (1870-1939), C.N.R.S. Éditions, 2016. Ouvrage contenant une biographie de Pierre Heilbronn.
  5. Palisades Free Library, New York, Beatrice Agnew (1923-2007).
  6. « Services culturels de la mairie du 16e arrondissement de Paris, Vie et œuvre d'Adolphe Gumery, 2006 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  7. a b c d e et f Jean Oudin, Raymond Woog, Éditions de la Société nationale des beaux-arts, 1960.
  8. a et b Raymond Woog, l'officier-artiste basé au Havre, archives municipales du Havre.
  9. Noël Clément-Janin, Les estampes, images et affiches de la guerre, Éditions Gazette des beaux-arts, 1919.
  10. Gilberte Brossolette, Il s'appelait Pierre Brossolette, Albin Michel, 1976.
  11. Dominique Bona, Il n'y a qu'un amour, Éditions Grasset et Fasquelle, 2003.
  12. Jean Bothorel, Bernard Grasset. Vie et passion d'un éditeur, Éditions Grasset Fasquelle, 1989.
  13. Camille Gronkowski, « À propos du goût chinois en France - Les paravents en laque de Coromandel », La renaissance de l'art français et des industries de luxe, novembre 1919, pages 484-492.
  14. Site Auguste Brouet, Auguste Brouet, graveur de reproduction.
  15. Ces tableaux sont reproduits dans The New York Times[réf. nécessaire].
  16. (en) Edward L. Bernays, Biography of an idea: the founding principes of public relations, Éditions Open Road Media, 2015.
  17. Roger Baschet, « Le Salon de la peinture », L'Illustration, n°4758, 12 mai 1934.
  18. a et b Fondation Pablo Casals, Barcelone, Portrait de Pablo Casals
  19. Tableau exposé au Salon de la Société nationale des beaux-arts de 1932 et reproduit dans la revue L'Illustration n°4654 (spécial Salon de la peinture) du 14 mai 1932.
  20. Léon Rosenthal, « Les salons de 1912 », La Gazette des beaux-arts, année 1912, page 464.
  21. Léonce Bénédite, « Les Salons de 1906 - Quelques peintres - Quelques tableaux », Art & Décoration, tome XX, juillet-décembre 1906, pages 1-17.
  22. a et b Camille Mauclair, « La peinture à la Société nationale », Art & Décoration, tome XXI, janvier-juin 1907, pages 177-186.
  23. a et b Henry Bidou, « Les salons : la peinture à la Société nationale des Beaux-Arts », Art & Décoration, vol.XXIX, janvier-juin 1911, pages 157-168.
  24. a et b Raymond Bouyer, « Exposition à la Cimaise », Revue de l'art ancien et moderne, n°526, 6 janvier 1912.
  25. André Maurois, Raymond Woog, Éditions Galerie Jacques Seligmann, New York, 1928.
  26. Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1982, tome 2, page 97.
  27. Exposition générale des beaux-arts, Catalogue de l'exposition, Bruxelles, 1907.
  28. Robert de La Sizeranne, « Les salons de 1907 et l'orientation nouvelle de paysage », Revue des deux Mondes, tome 39, 1907, pages 566-590.
  29. a et b Dictionnaire Bénézit, tome 16, Gründ, 1999, page 710.
  30. F. M., « Le mois artistique », L'Art et les Artistes, tome XIV, 1911-1912, pp. 271-272.
  31. Francisco-Javier Perez Rojas, El retrato elegante, Éditions Ayuntamiento de Madrid, 2000.
  32. Librairie de l'Université de la Colombie-Britannique, Raymond Woog dans la donation Pauline Donalda.
  33. Archives municipales, Le Havre, Dessiner la guerre. Affichistes, caricaturistes, artistes, présentation de la collection.
  34. My Heritage, Le dossier Légion d'honneur de Raymond Woog, 1947

Annexes

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Bibliographie

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  • Anatole Le Braz, Raymond Woog, Paris, Éditions Galerie Georges Petit, 1913.
  • Noël Clément-Janin, Les estampes, images et affiches de la guerre, Paris, Éditions Gazette des beaux-arts, 1919.
  • André Maurois, Raymond Woog, New York, Éditions Galerie Jacques Seligmann, 1928.
  • Jean Oudin, Raymond Woog, Éditions de la Société nationale des beaux-arts, 1960.
  • Gilberte Brossolette, Il s'appelait Pierre Brossolette, Éditions Albin Michel 1976.
    Contient une évocation de Raymond Woog.
  • Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, tome 2, Les Éditions de l'Amateur, 1982.
  • Jean Bothorel, Bernard Grasset - Vie et passion d'un éditeur, Éditions Grasset et Fasquelle, 1989.
    Contient une évocation de Raymond Woog.
  • Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
  • Francisco-Javier Perez Rojas, El retrato elegante Éditions Ayuntamiento de Madrid, 2000.
  • Dominique Bona, Il n'y a qu'un amour, Éditions Grasset et Fasquelle, 2003.
    Biographie d'André Maurois, contient une évocation de Raymond Woog.
  • Pierre Sanchez, Les expositions de la Galerie Georges Petit (1881-1934). Répertoire des artistes et liste des œuvres, Dijon, Éditions L'Échelle de Jacob, 2011.
  • (en) Edward L. Bernays, Biography of an idea: the founding principes of public relations, Éditions Open Road Media, 2015.

Liens externes

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