Le raid sur Cherbourg est une descente navale britannique qui a lieu début contre la ville de Cherbourg, dans le cadre de la guerre de Sept Ans. Une force britannique est débarquée par la Royal Navy sur la côte française, à Urville, près de Cherbourg, dans l'intention d'attaquer la ville. Cette attaque s'inscrit dans la politique de « descentes navales » défendues par William Pitt et par le gouvernement britannique.

Raid sur Cherbourg
Description de cette image, également commentée ci-après
Plan du raid britannique sur Cherbourg en 1758.
Informations générales
Date 7-16 août 1758
Lieu Cherbourg, France
Issue Victoire britannique
Belligérants
Drapeau de la Grande-Bretagne. Royaume de Grande-Bretagne Drapeau du royaume de France Royaume de France
Commandants
Drapeau du Royaume-Uni Thomas Bligh
Drapeau du Royaume-Uni Richard Howe
Drapeau de la France Duc d'Harcourt
Drapeau de la France Comte de Raymond
Forces en présence
3 000 hommes
Pertes
Légères Légères

Guerre de Sept Ans

Batailles

Europe

Amérique du Nord

Antilles

Asie

Afrique de l'Ouest
Coordonnées 49° 38′ 33″ nord, 1° 37′ 31″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Manche
(Voir situation sur carte : Manche)
Raid sur Cherbourg
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Raid sur Cherbourg

Contexte

modifier

Accumulant les défaites en Europe continentale, le gouvernement britannique décide, à partir de 1757, de tirer parti de sa supériorité navale pour lancer une série de descentes sur les côtes françaises, en guise de diversion — obligeant la France à retirer une partie de ses forces d'Allemagne (pour protéger ses côtes), là où les alliés de la Grande-Bretagne, la Prusse, Hanovre et le Brunswick reculaient. À l'automne 1757, une expédition britannique sur Rochefort parvient à capturer l'île d'Aix, mais échoue devant la ville et doit battre en retraite. En 1758, le duc de Brunswick demande à ses alliés britanniques de mettre leur politique en œuvre pour soulager ses troupes qui enchaînaient les défaites. Une importante flotte est armée au sud de l'Angleterre, sous la supervision de l'amiral Anson, le First Lord of the Admiralty. En , les Britanniques lancent un raid sur Saint-Malo. Face au succès rencontré lors de cette expédition, un nouveau raid est envisagé et il est prévu que le Prince Edward, le frère cadet de Prince de Galles ferait partie de l'expédition.

Le raid

modifier

Les forces terrestres britanniques sont placées sous les commandement du Lieutenant General Thomas Bligh, alors que le commandement de la flotte est confié au commodore Richard Howe[1]. La flotte britannique croise le long des côtes de Normandie, menaçant un certain nombre de ports, avant d'arriver en vue de Cherbourg le . Les conditions météorologiques étant favorables, 7 000 hommes et 600 chevaux débarquent à Urville[2]. Une fois à terre, ils balayent la petite garnison, composée des régiments irlandais de Clare et liégeois d'Horion, qui était chargée de défendre la ville, lancent un assaut et capturent Cherbourg. Ils entreprennent alors de détruire les fortifications et le port. Le , les Britanniques quittent Cherbourg et ré-embarquent après être restés une semaine sur place[3].

La ville, conquise par les britanniques pratiquement sans combat, est quasiment mise à sac. Les troupes française pensaient que l'ennemi viendrait par la mer et surveillaient le large. Les Anglais débarquèrent sur la plage d'Urville et arrivèrent par la terre, surprenant le bataillon chargé de la protection de la ville, qui ne put lutter et laissa le champ libre aux godons[4].

Conséquences

modifier

La nouvelle du succès de cette expédition remonte le moral de la population en Grande-Bretagne, toujours marquée par la perte de Minorque deux ans plus tôt. Les journaux remarquent qu'il s'agit du premier débarquement — de grande ampleur — à être couronné de succès depuis la guerre de Cent Ans[5]. Cette politique de descentes navales était défendue par William Pitt et ce succès l'encourage à lancer de nouvelles attaques sur les côtes françaises. En , Bligh essaye de capturer Saint-Malo, mais le gros temps l'empêche de débarquer l'intégralité de ses forces, et ses hommes doivent rapidement se replier face à des Français supérieurs en nombre. Bligh est alors contraint d'ordonner à ses hommes de ré-embarquer, ce que les Britanniques parviennent à faire au prix de lourdes pertes à la bataille de Saint-Cast. Cette défaite marque la fin de la politique de raids et de « descentes navales », les Britanniques préférant désormais engager davantage de forces en Allemagne plutôt que de risquer un nouvel échec[6].

Malgré ce dernier revers, ces raids ont atteint leurs objectifs dans la mesure où ils atteignent le moral de la population française, et montrent que le territoire de la France métropolitaine était lui aussi sous la menace des attaques britanniques. En réponse, la France planifie une invasion de la Grande-Bretagne, destinée à mettre un terme au conflit, mais ces plans doivent être abandonnés après les défaites de Lagos et de la baie de Quiberon.

Notes et références

modifier
  1. Anderson 2001, p. 303.
  2. Daniel Delattre et Emmanuel Delattre, La Manche les 602 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, , 280 p. (ISBN 978-2-9159-0709-4), p. 255.
  3. Rodger 2006, p. 270.
  4. Sébastien Fautrat, Digosville : D'autrefois à nos jours, Valognes, Imprimerie Icl Graphic, , 358 p. (ISBN 979-10-91566-14-8), p. 17.
  5. Middleton 1985, p. 78.
  6. Anderson 2001, p. 303-304.

Annexes

modifier

Sources et bibliographie

modifier
en français
en anglais
  • (en) Fred Anderson, Crucible of War : The Seven Years' War and the Fate of Empire in British North America, 1754-1766, Faber and Faber,
  • (en) Richard Middleton, The Bells of Victory : The Pitt-Newcastle Ministry and the Conduct of the Seven Years' War, 1757-1762, Cambridge University Press,
  • (en) N. A. M. Rodger, The Command of the Ocean : A Naval History of Britain, 1649-1815, Penguin Books,
  • (en) Brendan Simms, Three Victories and a Defeat : The Rise and Fall of the First British Empire., Penguin Books,

Articles connexes

modifier