Présidence de Franklin Pierce
La présidence de Franklin Pierce débuta le , date de l'investiture de Franklin Pierce en tant que 14e président des États-Unis, et prit fin le . Membre du Parti démocrate et originaire du New Hampshire, Pierce n'était pas un politicien très connu mais il était apprécié pour son attitude conciliante à l'égard des différentes factions du parti. Il parvint à se faire désigner comme candidat à l'élection présidentielle de 1852 lors de la convention nationale démocrate et battit le candidat du Parti whig Winfield Scott au scrutin général.
14e président des États-Unis
Type | Président des États-Unis |
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Résidence officielle | Maison-Blanche, Washington |
Système électoral | Grands-électeurs |
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Mode de scrutin | Suffrage universel indirect |
Élection | 1852 |
Début du mandat | |
Fin du mandat | |
Durée | 4 ans |
Nom | Franklin Pierce |
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Date de naissance | |
Date de décès | |
Appartenance politique | Parti démocrate |
Durant son mandat, Pierce mit son veto au financement d'infrastructures publiques, plaida en faveur d'une réduction des droits de douane et appliqua avec fermeté le Fugitive Slave Act. Influencée par les idéaux expansionnistes du mouvement Young America, l'administration Pierce négocia l'achat Gadsden avec le Mexique et s'opposa aux intérêts britanniques en Amérique centrale, mais elle échoua en revanche à obtenir de l'Espagne la cession de Cuba. Le gouvernement américain fut sévèrement critiqué après la publication par plusieurs de ses diplomates du manifeste d'Ostende qui prévoyait d'annexer Cuba par la force si nécessaire. La popularité de Pierce dans les États abolitionnistes du Nord s'effondra après l'adoption de l'acte Kansas-Nebraska et les violences qui amenèrent un gouvernement esclavagiste au pouvoir dans le Kansas en violation du compromis de 1820.
Le passage de l'acte Kansas-Nebraska provoqua la chute du Parti whig et ébranla sérieusement le Parti démocrate. La disparition des whigs de la scène politique nationale favorisa l'émergence de deux nouveaux partis politiques, l’American Party de mouvance nativiste et le Parti républicain opposé à l'esclavage. Pierce chercha activement à obtenir la nomination de son parti pour un second mandat mais il fut battu par James Buchanan, qui remporta par la suite l'élection présidentielle de 1856. Pierce est considéré par les historiens comme l'un des pires présidents américains pour son incapacité à juguler la crise qui mena à la guerre de Sécession quelques années après sa présidence.
Élection présidentielle de 1852
modifierÀ l'approche de l'élection présidentielle de 1852, le Parti démocrate restait profondément divisé sur la question de l'esclavage même si la plupart des antiesclavagistes qui avaient formé le Parti du sol libre en 1848 l'avaient réintégré. Parmi les prétendants à la nomination démocrate figuraient Stephen A. Douglas de l'Illinois, James Buchanan de Pennsylvanie, William L. Marcy de New York, Sam Houston du Texas, Thomas Hart Benton du Missouri et Lewis Cass du Michigan[1],[2]. Étant donné les rivalités internes au parti et l'absence d'un candidat sudiste en mesure de l'emporter, bon nombre de chefs démocrates estimaient que leur parti ferait appel à un nordiste peu connu dont les positions seraient jugées acceptables pour le Sud. Franklin Pierce, comme les autres délégués du New Hampshire, avait soutenu la candidature du juge de la Cour suprême Levi Woodbury, mais la mort de celui-ci en 1851 poussa les démocrates du New Hampshire à soutenir Pierce qui avait jadis siégé au Congrès et participé en tant que brigadier général à la guerre américano-mexicaine[3]. Malgré l'appui de son État, les chances de Pierce semblaient faibles car il n'avait pas occupé de fonctions exécutives depuis plus d'une décennie et n'avait pas la notoriété nationale de ses rivaux[4],[5]. Il autorisa néanmoins ses partisans à faire campagne pour lui et, afin d'élargir sa base dans le Sud, il écrivit des lettres dans lesquelles il réaffirmait son soutien au compromis de 1850 y compris au controversé Fugitive Slave Act contraignant les fonctionnaires, notamment nordistes, à arrêter les esclaves en fuite[4],[5].
La convention démocrate débuta le à Baltimore dans le Maryland et, comme prévu, aucun candidat ne parvint rapidement à s'imposer. Lors du premier vote des 288 délégués, Cass rassembla 116 voix contre 93 pour Buchanan ; le reste des suffrages se répartit entre les autres prétendants mais Pierce n'en reçut aucun. Les 34 tours suivants ne firent pas évoluer les lignes et les soutiens de Buchanan décidèrent de faire voter leurs délégués pour des candidats mineurs comme Pierce pour démontrer que personne d'autre que Buchanan ne pouvait s'imposer. Cette tactique échoua complètement car les délégations de Virginie, du New Hampshire et du Maine rallièrent Pierce, considéré comme un candidat de compromis, et le soutien pour Buchanan se délita. Après le 48e tour, le représentant James C. Dobbin (en) de Caroline du Nord donna un discours dans lequel il se rangeait avec enthousiasme derrière Pierce, ce qui entraîna une vague de soutien pour l'outsider. Au tour suivant, 282 délégués se prononcèrent en sa faveur, lui offrant ainsi l'investiture démocrate pour la présidence. La convention désigna ensuite le sénateur William R. King de l'Alabama, un partisan de Buchanan, pour être son colistier et adopta un programme qui rejetait toute nouvelle « agitation » au sujet de l'esclavage et affichait son soutien au compromis de 1850[6],[7].
De son côté, le Parti whig choisit de ne pas reconduire le président en fonction Millard Fillmore pour un nouveau mandat et désigna le général Winfield Scott, sous les ordres duquel Pierce avait servi au Mexique, pour briguer la présidence. La convention whig ne parvint cependant pas à unifier toutes les factions du parti et le programme adopté était quasiment identique à celui des démocrates, y compris sur le soutien au compromis de 1850. Cela poussa l'aile abolitionniste à présenter à nouveau la candidature du sénateur John P. Hale sous l'étiquette du Parti du sol libre. En l'absence de différences politiques, la campagne se transforma en un âpre affrontement de personnalités qui contribua à ce que la participation soit la plus faible depuis 1836 ; pour le biographe de Pierce, Peter A. Wallner, cela fut « l'une des campagnes les moins enthousiasmantes de l'histoire présidentielle »[8],[9]. Scott souffrait de ses médiocres talents d'orateurs et de la profonde division de son parti sur la question de l'esclavage ; l'éditeur du New-York Tribune, Horace Greeley, résuma l'opinion de nombreux abolitionnistes nordistes quand il dit du programme whig : « nous le rejetons, le détestons et crachons dessus »[10],[9]. Les whigs du Sud n'étaient pas non plus ravis de la candidature de Scott qu'ils jugeaient trop influencé par les abolitionnistes du Nord tels que William Seward[11]. De son côté, Pierce ne fit pas de déclarations durant la campagne pour ne pas fragiliser l'unité du parti et il laissa ses soutiens faire campagne pour lui dans une « campagne de perron » typique de l'époque[12],[13],[14]. Les adversaires de Pierce le présentèrent comme un pleutre et un alcoolique (« le héros de nombreuses bouteilles durement combattues »)[15],[13].
Le jour de l'élection, Scott ne remporta que 42 voix au sein du collège électoral contre 254 pour Pierce. Le vote populaire était plus serré mais Pierce arriva confortablement en tête avec 50,9 % des voix contre 44,1 % pour Scott et 4,9 % pour Hale[16],[17]. En plus de leur succès présidentiel, les démocrates obtinrent de larges majorités dans les deux chambres du Congrès[18].
Tragédie personnelle du président-élu et investiture
modifierLe début du mandat de Pierce fut marqué par une tragédie personnelle. Le , le président élu et sa famille quittèrent Boston par train mais leur wagon dérailla et dévala un terre-plein près d'Andover. Franklin et Jane survécurent mais leur fils Benjamin, âgé de 11 ans, fut retrouvé écrasé sous la carcasse de la rame. Les deux époux développèrent une grave dépression et cela a sans doute affecté les actions du nouveau président[19],[20]. Jane évita par la suite les obligations sociales dévolues à sa fonction de Première dame durant les deux premières années de son séjour à la Maison-Blanche et ne fit sa première apparition publique dans ce rôle qu'à l'occasion de la cérémonie organisée dans la résidentielle présidentielle pour la nouvelle année 1855[21].
À la suite de l'accident, Jane resta dans le New Hampshire et n'assista pas à l'investiture de son époux. À 48 ans, Pierce était alors le plus jeune président de l'histoire américaine et il choisit de prêter serment sur un livre de loi plutôt que sur une Bible, comme avaient fait tous ses prédécesseurs à l'exception de John Quincy Adams[22]. Il fut également le premier président à réciter son discours inaugural de mémoire[23]. Dans son allocution, il célébra une ère de paix et de prospérité et défendit une politique étrangère ambitieuse incluant l'acquisition « éminemment importante » de nouveaux territoires. Évitant le mot d'esclavage, il souligna sa volonté de résoudre l'« important sujet » et de maintenir la paix dans l'Union. Faisant référence à la mort de son fils, il déclara à la foule : « Vous m'avez convoqué dans ma faiblesse, vous devez me soutenir avec votre force »[22].
Composition du gouvernement
modifierLa formation du cabinet fut l'occasion pour Pierce d'accorder des postes à toutes les tendances du Parti démocrate, même celles qui n'avaient pas soutenu le compromis de 1850[24]. Symboles de cette volonté d'équilibre furent les nominations de Caleb Cushing, un nordiste partisan du compromis, en tant que procureur général et de Jefferson Davis, un sudiste qui avait tenté d'empêcher la ratification du compromis par le Sénat, en qualité de secrétaire à la Guerre. Pour le poste crucial de secrétaire d'État, Pierce désigna le New-Yorkais William L. Marcy qui avait dirigé le département de la Guerre sous la présidence de James K. Polk. Il s'efforça également d'apaiser les soutiens de Cass et de Buchanan en nommant Robert McClelland du Michigan au département de l'Intérieur et James Campbell (en) de Pennsylvanie au ministère des Postes. Le secrétaire à la Marine James C. Dobbin, représentant la Caroline du Nord, et le secrétaire au Trésor James Guthrie, un natif du Kentucky, complétèrent cette équipe aux origines géographiques très diverses. Tous les ministres initialement nommés par Pierce restèrent en place pendant toute la durée de sa présidence[25]. En dépit des efforts de Pierce, le cabinet présidentiel était cependant dépourvu d'une personnalité sudiste favorable à l'Union telle que Howell Cobb et ne comptait aucun représentant de la faction démocrate de Stephen Douglas[26].
Après avoir formé son cabinet, Pierce consacra les premières semaines de son mandat à désigner des centaines de hauts fonctionnaires. Cela fut une corvée car il voulait que toutes les factions fussent représentées. Ce faisant, aucune d'elle ne fut complètement satisfaite et cela alimenta les tensions et les rivalités au sein du parti. Les journaux du Nord accusèrent rapidement Pierce d'avoir privilégié des sécessionnistes esclavagistes tandis que ceux du Sud le traitèrent d'abolitionniste[27]. Par la suite, l'hostilité entre les démocrates qui soutenaient l'administration et ceux qui lui étaient opposés ne fit qu'empirer, en particulier au sein de la cellule new-yorkaise du parti où les démocrates conservateurs (surnommés les hards) étaient en butte à leurs homologues plus modérés, les softs, qui appuyaient l'action du gouvernement et en particulier celle du secrétaire à la Guerre Marcy[28].
Buchanan avait pressé Pierce de consulter le vice-président-élu pour la formation du cabinet mais le président n'en fit rien ; les deux hommes n'avaient d'ailleurs jamais échangé depuis la désignation du ticket en . Au début de l'année 1853, King, qui souffrait de la tuberculose, se rendit à Cuba pour récupérer. Son état empira et le Congrès adopta une loi spéciale pour lui permettre de prêter le serment de la vice-présidence le avec le consul américain à La Havane et non avec le juge en chef des États-Unis comme cela était habituellement le cas. Voulant mourir chez lui, King rentra dans sa plantation en Alabama le et mourut le lendemain. La Constitution des États-Unis ne prévoyant rien pour désigner un nouveau vice-président, Pierce n'en eut aucun jusqu'à la fin de son mandat ; le président pro tempore du Sénat David Atchison fut donc le second dans l'ordre de succession[29].
Cabinet Pierce | ||
Fonction | Nom | Dates |
Président | Franklin Pierce | 1853-1857 |
Vice-président | William R. King | 1853 |
Aucun | 1853-1857 | |
Secrétaire d'État | William L. Marcy | 1853-1857 |
Secrétaire du Trésor | James Guthrie | 1853-1857 |
Secrétaire à la Guerre | Jefferson Davis | 1853-1857 |
Procureur général | Caleb Cushing | 1853-1857 |
Postmaster General | James Campbell (en) | 1853-1857 |
Secrétaire à la Marine | James C. Dobbin (en) | 1853-1857 |
Secrétaire à l'Intérieur | Robert McClelland | 1853-1857 |
Nominations judiciaires
modifierPierce ne nomma qu'un seul juge à la Cour suprême à la suite du décès en de John McKinley (en). Le président Fillmore avait proposé plusieurs candidats pour le remplacer mais le Sénat n'en accepta aucun avant son départ de la Maison-Blanche. Une fois entré en fonction, Pierce proposa le poste au sénateur Judah P. Benjamin de Louisiane qui avait déjà refusé l'offre de son prédécesseur. Ce dernier déclina à nouveau et le choix se porta sur John Archibald Campbell (en), un partisan du droit des États[30],[31]. Pierce nomma également trois juges à des cours de circuit et douze juges à des cours de district.
Politique intérieure
modifierPolitique étrangère et militaire
modifierÉlection présidentielle de 1856
modifierHéritage
modifierBibliographie
modifier- (en) Larry Gara, The Presidency of Franklin Pierce, Lawrence (Kansas), University Press of Kansas, , 218 p. (ISBN 0-7006-0494-4).
- (en) Michael F. Holt, Franklin Pierce, Henry Holt and Company, LLC, coll. « The American Presidents », (ISBN 978-0-8050-8719-2).
- (en) Peter A. Wallner, Franklin Pierce : New Hampshire's Favorite Son, Plaidswede, , 322 p. (ISBN 0-9755216-1-6).
- (en) Peter A. Wallner, Franklin Pierce : Martyr for the Union, Plaidswede, (ISBN 978-0-9790784-2-2).
Notes et références
modifier- Wallner 2004, p. 181-184.
- Gara 1991, p. 23-29.
- Gara 1991, p. 28-32.
- Wallner 2004, p. 184-197.
- Gara 1991, p. 32-33.
- Wallner 2004, p. 197-202.
- Gara 1991, p. 33-34.
- Wallner 2004, p. 210-213.
- Gara 1991, p. 36-38.
- Holt 2010, p. 724.
- Gara 1991, p. 37.
- Wallner 2004, p. 231.
- Gara 1991, p. 38.
- Holt 2010, p. 725.
- Wallner 2004, p. 206.
- Wallner 2004, p. 229-230.
- Gara 1991, p. 39.
- Holt 2010, p. 740.
- Wallner 2004, p. 241-249.
- Gara 1991, p. 43-44.
- Garry Boulard, The Expatriation of Franklin Pierce : The Story of a President and the Civil War, iUniverse, , 193 p. (ISBN 0-595-40367-0, lire en ligne), p. 55.
- Wallner 2004, p. 249-255.
- (en) « The 17th Inaugural Ceremonies: President Franklin Pierce and Vice President William King, March 4, 1853 », sur inaugural.senate.gov, Joint Congressional Committee on Inaugural Ceremonies / Sénat des États-Unis (consulté le ).
- Holt 2010, p. 767.
- Holt 2010, p. 48-52.
- Gara 1991, p. 44-47.
- Wallner 2007, p. 5-24.
- Wallner 2007, p. 15-18.
- Wallner 2007, p. 21-22.
- Pierce Butler, Judah P. Benjamin, George W. Jacobs & Company, coll. « American Crisis Biographies », (OCLC 664335), p. 118-119.
- Wallner 2007, p. 10.