Père Jégo
Mohamed Ben Lahcen Affani (en arabe : محمد بن لحسن العفاني), plus connu sous le surnom de Père Jégo (en arabe : الأب جيݣو), est un joueur et entraîneur de football marocain né le à Tunis et mort le à Casablanca. Il est notamment célèbre pour le rôle qu'il a joué au sein des clubs du Wydad AC (membre fondateur, 1er entraîneur et puis directeur général) et du Raja CA (entraîneur).
Père Jégo | ||
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Biographie | ||
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Nom | Mohamed Ben Lahcen Affani | |
Nationalité | ![]() ![]() |
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Naissance | ![]() |
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Décès | ![]() |
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Taille | 1,80 m (5′ 11″) | |
Période pro. | 1922-1929 | |
Poste | Arrière latéral | |
Pied fort | Droit | |
Parcours senior1 | ||
Années | Club | M. (B.) |
1922-1930 | ![]() |
56 (2) |
Parcours entraîneur | ||
Années | Équipe | Stats |
1929-1936 | ![]() |
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1936-1938 | ![]() |
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1939-1952 | ![]() |
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1951-1952 | ![]() |
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1952-1956 | ![]() |
(directeur technique) |
1957-1968 | ![]() |
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1 Compétitions officielles nationales et internationales senior, incluant le parcours amateur et en équipe réserve. Dernière mise à jour : 17 novembre 2022 |
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Père Jégo contribua grandement au développement du football au Maroc. Fervent nationaliste marocain, il a combattu par le biais du football l'emprise du protectorat français et développé le nationalisme marocain.
Biographie
modifierJeunesse
modifierMohamed Ben Lahcen Affani naît le dans le Protectorat français de Tunisie[1], pays où il passe ses cinq premières années[2]. Son père, Lahcen Affani Soussi, originaire de la tribu d'Issafen dans la région du Souss au Maroc, s'est installé à Tunis pour commercer et étudier à l'Université Zitouna. Sa mère Jenina est Tunisienne ; à sa mort, le père et le fils retournent au Maroc[2],[3].
Mohamed suit souvent son père commerçant dans ses voyages. En 1917, il devient le deuxième marocain titulaire du baccalauréat. En 1919, il part à Paris suivre une formation bancaire.
Vers le monde du football
modifierTrois ans plus tard, il rejoint les rangs de l'US Athlétique de Casablanca au poste d'arrière droit jusqu'à la fin des années 1920 ; il laisse le vague souvenir d'un joueur moyen, sans grand génie. Il gagne son surnom de Père Jégo par un journaliste français car il se ressemble au joueur Pierre Jégo.
Il prend prématurément sa retraite pour devenir entraîneur et, en 1929, commence une aventure réussie avec l'US Safi qui devient champion du Maroc de deuxième division et monte en première division pour la première fois de son histoire. Il rejoint ensuite son club formateur, l'US Athlétique.
En 1935, il s'illustre en tant que premier journaliste sportif marocain de langue française dans le journal « Le petit Casablancais ». Il fait partie des membres fondateurs du Wydad AC en 1937 et en devient le 1er secrétaire général. Un an plus tard, il part à Londres pour suivre une formation professionnelle d'entraîneur et, dès son retour, prend sous son aile quelques joueurs des équipes de quartier pour former une forte équipe. En parallèle, il commence une carrière de journaliste sportif au Petit marocain et poursuit son activité de banquier au sein de la Compagnie algérienne, l'ancêtre d'Attijariwafa bank. En 1939, il devient le premier entraîneur de l'histoire footballistique du WAC avec qui il va passer quatorze ans ; il remporte toutes les compétitions possibles, trente titres avec l'équipe « A » et six titres avec l'équipe « B ». En 1957, il rejoint le Raja Club Athletic pour succéder à Abdelkader Jalal au poste d'entraîneur, avec qui il a vécu une nouvelle aventure sans aucun exploit malheureusement.
Il refuse la demande du roi Mohamed V d'être le président de la Fédération royale marocaine de football. Il était un des membres de la Ligue du Maroc de Football Association, et aussi un des fondateurs du Comité National Olympique Marocain créé en 1959 (les statuts du CNOM mentionnent le Père Jégo en tant qu'assesseur suivi de la mention « membre de la Fédération royale marocaine de football, ex-membre de WAC »).
Carrière sportive
modifierAvec le WAC
modifierEn 1939, Mohamed Benjelloun Touimi président fondateur de WAC demandé au Père Jégo de rejoindre la section de football du WAC, dont il devient directeur, secrétaire général puis entraîneur. Le journaliste sportif Ahmed Belkahia déclare : « Les nationalistes l'ont logiquement choisi à la tête du club casablancais. Autant pour sa compétence que pour sa popularité, très utile pour ranimer la ferveur patriotique. ».
Laffani devient un fin dénicheur de talents. Mohammed Belhassan, ancien joueur du WAC, déclare : « Durant toute sa carrière, il passait son temps à traîner dans les terrains de quartier, à la recherche de nouveaux talents. Et il avait un flair incroyable. Il lui suffisait d'un coup d'œil pour repérer la perle rare. » On lui doit la découverte du trio Driss/Abdesslam/Chtouki.
Père Jégo noue des liens forts avec ses joueurs. « Il prenait le temps de discuter avec les joueurs un par un. Il avait le don de vous redonner confiance, de vous gonfler à bloc comme personne. » se rappelle Mohamed Belhassan. Il est plus qu'un simple entraîneur, il joue les rôles de père, de grand frère, de compagnon à qui chacun pouvait se confier et de mécène du club. « C'est lui qui prenait quasiment tout en charge : les équipements, les déplacements… et même la nourriture pour ceux qui étaient dans le besoin. » Belhassan se remémore aussi un rituel qu'affectionnaient particulièrement les joueurs : « il nous emmenait souvent au cinéma Vox, où il se mettait dans un coin, son tarbouche sur le visage, pour piquer un somme. Et à la fin du film, il nous emmenait à la boulangerie du quartier pour nous gaver de pâtisseries. »
Il est l'entraîneur marocain le plus titré de l'histoire du football au Maroc. En fin d'an 1951, il devient sélectionneur de l'équipe nationale du Maroc.
Avec le Raja
modifierEn revenant d'un voyage dans sa région familiale de Taroudant, Jégo laisse le banc touche des rouges et blancs pour rejoindre l'autre équipe casablancaise, pas très connue mais bon, il a vu qu'il sera peut être bien de commencé une nouvelle aventure avec comme défi de lancé un bon nouveau rival pour le WAC. Il décide alors de rejoindre le Raja de Casablanca, créé huit ans plus tôt, en 1949.
Alors qu'il a inculqué au WAC un style européen fait de rigueur et d'efficacité, Père Jégo change son fusil d'épaule avec le Raja, prenant pour modèle le football sud-américain qu'il a découvert lors de récents voyages. Un football résolument tourné vers le spectacle, faisant la part belle aux qualités techniques, plutôt qu'athlétiques ou tactiques. Ce choix est dûment motivé : « Les capacités physiologiques des Marocains se rapprochent davantage de celles des Sud-américains que des Européens. Il est donc plus logique de s'en inspirer. », professait-il.
Durant ses douze ans au Raja, il finance le club sur ses deniers personnels. S'il n'a remporté aucun titre (malheureusement), il a inculqué un style de jeu qui survit à son départ à la retraite, en 1968.
Palmarès
modifierTant que joueur
modifier- Avec l'US Athlétique
- Botola (Division Honneur) (2)
- Champion : 1927 et 1929
Tant qu'entraîneur
modifier- Avec l'US Safi
- Botola (Division Pré-honneur) (1)
- Champion : 1935
- Avec l'US Athlétique
- Coupe du Trône (1)
- Vainqueur : 1937
- Botola (Division Pré-honneur) (1)
- Champion : 1936
- Avec le Wydad AC
- Supercoupe du Maroc (7) record
- Coupe d'Ouverture de la Saison (3) record
- Botola (Division Pré-honneur) (1)
- Champion : 1941/42
- Botola (Division Promotion - Groupe Centre) (1)
- Champion : 1941/42
- Championnat (Ligue du Chaouia) (1)
- Champion : 1945/46
- Critérium du Maroc (Zone Sud) (1)
- Champion : 1945/46
- Supercoupe de l'ULNA (3)
- Vainqueur : 1947/48, 1948/49, 1949/50
Compétitions amicaux
- Avec Raja CA
Compétitions amicaux
Mort
modifierPeu de temps avant le décès du Père Jégo, le , quelques anciens joueurs lui rendent visite à son domicile casablancais. Ils découvrent un homme seul et désargenté, déchiffrant son journal à la lueur d'une bougie. « Ce grand homme a tant donné au football et au peuple marocain, au détriment de sa propre famille. Et là, il n'avait même plus de quoi payer ses factures d'électricité. », se rappelle l'un des vétérans, qui poursuit : « Quelques jours avant sa mort, il avait les larmes aux yeux en suivant la coupe du monde 1970. » Là-bas, au Mexique, quelques-uns de ses « enfants », Saïd Ghandi, Mustapha Choukri et Houmane Jarir, représentaient le Maroc sous le regard de toute la planète.[réf. nécessaire]
Aujourd'hui au quartier Oasis de Casablanca, le Stade Père-Jégo du Racing Athletic Club, d'une capacité de 15 000 places, lui rend hommage.
Références
modifier- ↑ Aiman Kacem, « Le Père Jégo : Saint fondateur du football casaoui », sur La Grinta, (consulté le )
- Mohammed Hamza Hachlaf, « Du Wydad au Raja, 5 choses à savoir sur le Père Jégo , H24info », sur h24info.ma (consulté le )
- ↑ (ar) الأب جيكو, dans في الذاكرة sur Al Aoula, consulté le
Lien externe
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- « Le saint patron de Casablanca », sur Zamane, Casablanca (consulté le )