Manawan
Manawan (officiellement la Communauté atikamekw de Manawan[1] et auparavant orthographiée Manouane[2]) est une communauté autochtone attikamek ayant le statut de réserve indienne, située en Matawinie dans la région de Lanaudière au Québec. Elle est fait partie du Nitaskinan, le territoire ancestral du peuple atikamekw qui englobe pratiquement toute la Mauricie et certaines parties des régions administratives adjacentes[3].
Manawan | |
Village de Manawan. | |
Administration | |
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Pays | Canada |
Province | Québec |
Région | Lanaudière |
Statut municipal | Réserve indienne |
Grand chef | Sipi Flamand |
Code postal | J0K 1M0 |
Démographie | |
Population | 2 000 hab. () |
Densité | 251 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 47° 13′ 00″ nord, 74° 23′ 00″ ouest |
Superficie | 797 ha = 7,97 km2 |
Divers | |
Fuseau horaire | Heure de l'Est |
Code géographique | 2462802 |
Localisation | |
Liens | |
Site web | www.manawan.com |
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Toponymie
modifierLa réserve tire son nom de la rivière Manouane qui prend sa source à proximité. Jusqu'en 1991, la communauté portait le nom de « Manouane », mais l'orthographe en atikamekw standardisée est « Manawan », nom qui signifie « lieu où l'on ramasse des œufs »[2]. Le vrai nom du lieu où est situé le village de Manawan est Metapeckeka (prononcé « Métabeshkega ») qui signifie « là où sortent les marécages » ou « savane qui sort d'une baie »[2].
Histoire
modifierManawan est créée officiellement le . Elle est le siège des Atikamekw de Manawan. Autrefois, les Atikamekw cueillaient les œufs des oiseaux migrateurs pour leur alimentation. Le lieu exact de la cueillette est situé au lac Manawan au nord-est de la communauté actuelle. Les rives du lac Métabeskéga sont fréquentées par des familles atikamekw depuis plus de deux siècles, bien avant 1884[4],[5] [réf. nécessaire]. À partir de ce lieu, elles se séparaient pour rejoindre leur territoire de chasse hivernal. En 1870, le début de l'exploitation forestière vit se sédentariser quelques familles sur ce site, nommé alors Metapeckeka[2]. La Compagnie de la Baie d'Hudson s'installa à cet endroit en 1871. Les barrages installés sur les lacs Kempt, Manawan et Châteauvert au début des années 1900 inonda l'ancien village et un nouveau village se forma en aval.
La création d'une réserve pour les Atikamekw de Manawan fut un processus difficile. Une loi adoptée le permettaient de mettre à part des terres n'excédant par 93 080 hectares pour les Amérindiens. Le chef Louis Newashish effectua des demandes à répétition pour la création d'une réserve pour les Atikamekw de Manawan, mais elles étaient refusées par le gouvernement du Canada qui disait que la réserve de Maniwaki créée en 1850 étaient réservée pour eux. Les Atikamekw refusèrent d'aller y vivre, mais le gouvernement fédéral refusa tout de même d'établir une réserve en disant que la réserve de Wemotaci était aussi pour eux. Après plusieurs années de correspondance et de nombreux voyages en canot d'écorce à Ottawa ainsi que de longues négociations, le gouvernement fédéral accepte finalement la création d'une réserve.
L'arpentage des terres pour la réserve de Manawan a lieu le . Celles-ci ont une superficie de 771,32 hectares d'un seul tenant. L'arrêté en conseil 532, adopté le , transfère officiellement la gestion et l'administration de ce territoire du gouvernement du Québec au gouvernement du Canada et la réserve est ainsi officiellement créée[6],[7],[8]. À cette époque, elle compte environ 50 habitants.
Le magasin général de la Compagnie de la Baie d'Hudson ferma vers 1941. Dans les années 1950, l'exploitation forestière et la construction de barrages augmentèrent la sédentarisation des Atikamekw au milieu du XXe siècle. Ainsi, la population de Manawan augmenta et un véritable village se constitua avec son bureau de poste. L'église catholique fut érigée en 1961[9]. En 1973, la réserve de Manawan est reliée par une route à Saint-Michel-des-Saints et l'influence culturelle non-autochtone s'accélère[2]. Néanmoins, l'atikamekw continue tout de même d'être la première langue parlée à Manawan[10].
Géographie
modifierLa communauté autochtone de Manawan est enclavée dans le territoire non organisé de Baie-Atibenne dans Lanaudière au Québec.La réserve couvre une superficie de 7,7 km2 et est enclavée dans le territoire non organisé de Baie-Atibenne à environ 72 km au nord de Saint-Michel-des-Saints à partir d'où elle est accessible via un chemin de gravier[1].
La communauté est situé sur la rive ouest du lac Métabeskéga, alimenté par la rivière Métabeskéga, se déversant dans le lac Obascou, tributaire du Lac Kempt.
Elle est reliée par une route à Saint-Michel-des-Saints au sud qui est le centre de services situé le plus près de la réserve[11].
Démographie
modifierLes habitants de Manawan sont principalement des Attikameks. Lors du recensement de 2011 de Statistiques Canada, Manawan avait une population de 2 073 habitants, une augmentation de 12,5 % par rapport à la population de 2006. Ainsi, avec une superficie de 7,73 km2, Manawan a une densité de population de 267,9 habitants/km2. Selon ce recensement, Manawan a un total de 407 logements privés dont 372 sont habités par des résidents habituels. L'âge médian de la population est de 19,4 ans[12]. En 2019, la population était de 2 983 habitants[13].
Langues
modifierLa première langue parlée à Manawan est l'atikamekw, une langue de la famille linguistique algonquienne[10],[16]. Jusqu'à maintenant, la transmission naturelle orale de la langue d'une génération à l'autre ne s'est jamais interrompue. C'est pourquoi, l'atikamekw est connu de tous les Attikameks de la communauté et constitue la langue de communication courante. Les parents d'enfants en âge scolaire peuvent faire le choix que la langue d’enseignement de leurs enfants au primaire soit l'atikamekw[17]. Par la suite, la langue d'enseignement à l'école secondaire est pour tous le français[17].
Le recensement de 2011 de Statistique Canada indique que 97,6 % de la population a l'atikamekw comme langue maternelle, 2,4 % a le français et 0,2 % a l'anglais. 89,9 % de la population connait le français, 4,1 % connait l'anglais ainsi que le français et 10,1 % ne connait ni l'anglais ni le français. 94 % de la population utilise principalement l'atikamekw à la maison tandis que 5,5 % utilise principalement le français et 0,2 % l'espagnol. 44,1 % de la population n'utilise qu'une seule langue à la maison de manière régulière, mais, en plus de la langue principale, 51,8 % utilise aussi régulièrement le français, 3,9 % l'atikamekw et 0,2 % l'innu-aimun[12].
Éducation
modifierManawan a deux établissements scolaires principaux : l'école primaire Simon P. Ottawa et l'école secondaire Otapi. Des cours de la formation aux adultes sont également offerts, au sein d'un autre établissement de la communauté.
L'école Otapi a été construite en 1996. Elle a été rénovée et agrandie en 2013. Elle reçoit environ 275 élèves du secondaire 1 à 5[18].
Santé et services sociaux
modifierManawan comprend un dispensaire de services de santé, le Centre de santé Masko-Siwin[19].Il y a eu la signature d’un premier accord de transfert avec santé-Canada en 1994. Cela a permis à la communauté d’avoir des services de santé. Cet accord a pour but d’organiser et de gérer tout ce qui était dans l’entente. Cela a résulté un accroissement d’autonomie dans l’entente. En 2009, le SSMS a pu complété un troisième accord[20]. De plus, plusieurs programmes de santé y sont offerts tels que des programmation en santé communautaire, des modules cliniques, des services médicaux spécialisés et des projets spéciaux[21].
Les services sociaux pour les personnes en besoin de la communauté atikamekw de Manawan sont administrés par le Conseil de la Nation Atikamekw gérant l'ensemble des communautés atikamekw[22].
Télécommunications
modifierLe conseil des Atikamekw de Manawan a mis sur pied, depuis 1999, un plan d'infrastructure en télécommunications. Dans ce cadre, un projet de fibre optique pour Internet a été créé. À la suite d'un appel d'offres, les services de Communications Intermonde de Joliette ainsi que de ses partenaires, le Groupe Génicom pour l'ingénierie et Électro-Saguenay pour la construction du réseau, ont été retenus en 2003. Les travaux d'installation du réseau de fibre optique entre Manawan et Saint-Michel-des-Saints ont commencé en . Le réseau a été inauguré par Gilles Ottawa, remplacement du chef Paul-Émile Ottawa, le . Ainsi, le Conseil des Atikamekw de Manawan est maintenant propriétaire de 200 km de réseau de fibre optique de Manawan à Joliette.
Manawan dispose également d'une station de radio communautaire, CHMK 93.1 FM.
Tourisme
modifierDepuis 2009, le Conseil de bande a créé une compagnie à but non lucratif, Tourisme Manawan, qui a pour objectif de développer un tourisme authentique et équitable mettant en valeur la riche culture atikamekw. Un site traditionnel offrant de multiples activités de plein air, avec des guides atikamekw professionnels, fut construit : Matakan localisé sur une île de l'immense lac Kempt, long de 61 km. Les voyageurs en quête d'expériences et d'échanges y vivent, sous le tipi, des séjours de mai à octobre et de janvier à mars de chaque année[23].
Personnalités
modifier- André Quitich, grand chef du Conseil de la Nation atikamekw de 2013 à 2014
- Jemmy Echaquan Dubé : comédienne et porte parole des autochtones
- Sakay Ottawa
- Black Bear
Notes et références
modifier- « Détails de la réserve/établissement/village », sur Affaires autochtones et du Nord Canada (consulté le ).
- « Fiche descriptive », sur www.toponymie.gouv.qc.ca
- Gouvernement du Québec, « Manawan », Répertoire des municipalités, sur Ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire
- Connexion-Lanaudière Conseil des atikamekw de Manawan, « Territoire :: Nomadisme :: La nation Atikamekw de Manawan », sur www.manawan.org (consulté le )
- « Conseil des Atikamekw de Manawan - Historique », sur manawan.com (consulté le )
- « L'histoire de Manawan », sur www.manawan.com (consulté le ).
- Laurent Jérôme et Vicky Veilleux, « Witamowikok, « dire » le territoire atikamekw nehirowisiw aujourd’hui : territoires de l’oralité et nouveaux médias autochtones », Recherches amérindiennes du Québec, (lire en ligne ).
- L'application des lois et règlements français chez les Autochtones de 1627 à 1760. Ratelle, Maurice, ministère de l'Énergie et des Ressources, 1991, 48 p., (Les études autochtones).
- « Église de Saint-Jean-de-Brébeuf, Manawan, Québec, Canada », sur www.gcatholic.org
- « Manawan, entre espoir et fierté », sur LaPresse.ca, (consulté le ).
- « Géographie », sur Affaires autochtones et du Nord Canada (consulté le ).
- « Profil de recensement », sur Statistiques Canada (consulté le ).
- Gouvernement du Canada; Affaires autochtones et du Nord Canada; Communications;, « Profils des communautés », sur www.aadnc-aandc.gc.ca, (consulté le )
- « Statistique Canada - Profils des communautés de 2006 - Manawan, IRI » (consulté le )
- « Statistique Canada - Profils des communautés de 2016 - Manawan, IRI » (consulté le )
- « Les langues indigènes des Amérindiens : Attikamekw (Attikamek, Atikamekw, Attimewk) », sur www.native-languages.org (consulté le ).
- Les Services Éducatifs de Manawan, Rapport annuel année scolaire 2011-2012, Manawan, , 115 p. (lire en ligne), p. 51
- Canada Newswire, « Minister Valcourt Congratulates the Atikamekw de Manawan on the Official Opening of Otapi High School », Canada Newswire, Manawan (Québec), .
- Ministère de la Santé et des Services sociaux, « CENTRE DE SANTÉ MASKO-SIWIN MANAWAN - Trouver une ressource - Portail santé mieux-être », sur www.sante.gouv.qc.ca (consulté le )
- « Conseil des Atikamekw de Manawan - Santé Mission », sur www.manawan.com (consulté le )
- « Conseil des Atikamekw de Manawan - Santé Programmes », sur www.manawan.com (consulté le )
- « Conseil de la Nation Atikamekw », sur www.atikamekwsipi.com (consulté le )
- « Visite de la communauté | Manawan | Réserve amérindienne | Québec | Ca », sur www.voyageamerindiens.com (consulté le )
Annexes
modifierArticles connexes
modifier- Administration territoriale de Lanaudière
- Atikamekw de Manawan
- Attikameks
- Premières Nations
- Autochtones du Québec
- Décès de Joyce Echaquan
Bibliographie
modifier- Marie-Pierre Bousquet et Anny Morissette, « Inscrire la mémoire semi-nomade dans l'actualité sédentaire : les églises de Pikogan et de Manawan », Archives de sciences sociales des religions, no 141, , p. 9-32.
Liens externes
modifier
- Site officiel
- Ressources relatives à la géographie :
- Détails de la réserve par Affaires autochtones et du Nord Canada