Lutz Tilo Ferdinand Kayser, né le 31 mars 1939 à Stuttgart, mort le 19 novembre 2017 sur l'îlot de Bikendrik (situé aux Îles Marshall), est un ingénieur aérospatial allemand. Il est le fondateur d'OTRAG, la première compagnie aérospatiale privée.

Lutz Tilo Ferdinand Kayser

Naissance
Stuttgart (Allemagne)
Décès (à 78 ans)
Bikendrik (Iles Marshall)
Domaines Ingénierie et technologie spatiale

Biographie

modifier

Lutz Kayser effectue ses études à l'université de Stuttgart et devient l'élève d'Eugen Sänger à l'Institut de la physique et de la propulsion par réaction[1]. Il crée avec d'autres étudiants le Groupe de travail pour la technologie des fusées et l’espace et expérimente des petits moteurs de fusée à propergol liquide. Au début des années 1970, suite à un appel à projets lancé par le ministère allemand de l'économie, il remporte 3,5 millions de deutschemarks afin de poursuivre ses activités. Il se rend alors au Texas afin de recruter du personnel specialisé et deux ingénieurs sont embauchés[2].

En 1974, il fonde OTRAG (Orbital Transport und Raketen AG), dans le but de développer un lanceur spatial à faible coût. Il cherche l'appui de Wernher von Braun mais celui-ci décline et lui recommande Kurt Debus, qui fut directeur du Centre Spatial Kennedy de 1962 à 1974. Kurt Debus accepte et est intégré dans l'équipe de Lutz Kayser[2].

N'ayant pas le droit de faire décoller ses fusées en Allemagne, Lutz Kayser signe avec le dictateur Mobutu Sese Seko un accord prévoyant la création d'un site de lancement de 100000 km² au Zaïre. Le succès des deux premiers essais poussent en 1978 l'URSS et la France, qui redoutent le développement de nouveaux V2, à surveiller le site. Le 13 mai 1978, 4000 rebelles, soutenus par Cuba, prennent la ville de Kolwesi, située à 400km seulement du site, et menacent Lutz et ses activités. La France parachute 7500 soldats de la légion étrangère et reprennent le contrôle de la ville. Cependant, le 5 juin 1978, en présence de Mobutu, un troisième lancement est effectué mais c'est un échec. La fusée s'écrase sur la montagne d'en face. Ceci décourage le dictateur Zaïrois et sous pression de la France, il annule le contrat avec l'OTRAG[2].

Après avoir proposé ses services à la France, mais s'être heurté au véto de Valéry Giscard d'Estaing, Lutz Kayser construit une nouvelle base d'essais dans le désert de la Libye de Kadhafi. Il s'en trouve évincé après avoir refusé de développer une fusée à tête nucléaire, mais est rappelé par le dictateur en 1986[1],[3].

Rien n'aboutit. Kayser se fixe en 2006 aux Îles Marshall, où il meurt en 2017.

Bibliographie

modifier

Filmographie

modifier
  • Une fusée pour Mobutu (Fly Rocket Fly), documentaire d'Oliver Schwehm, 2018[4]
  • Les missiles de l’incontrôlable M. Kadhafi (Deutsche Raketen für Gaddafi), documentaire de Kersten Schüssler & Oliver Schwehm, 2020, diffusé sur ARTE le 24/08/2024 puis en replay jusqu'au 21/11/2024.

Notes et références

modifier
  1. a et b « Décès de Lutz Kayser, l’« empereur » allemand des fusées », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b et c Guillaume Langin, « Wotan, l'ingénieur allemand et les dictateurs », Ciel & Espace, no 598,‎ , p. 82 - 89
  3. « « Projet Wotan », de Joëlle Stolz : pas d’espace intersidéral pour Lutz Kayser », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Lutz Kayser, Fly Rocket Fly, Lunabeach TV und Media, Novak Production, (lire en ligne)

Voir aussi

modifier

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier