James Madison
James Madison, Jr., né le à Port Conway (en) (Colonie de Virginie) et mort le à Montpelier (en) (Virginie), est un avocat, planteur esclavagiste et homme d'État américain. Il est le secrétaire d'État de Thomas Jefferson de 1801 à 1809 avant de lui succéder comme président des États-Unis, de 1809 à 1817.
Né dans l'actuelle Virginie dans une famille de planteurs aisés, il a étudié à l'université de Princeton (alors appelé College of New Jersey) où il s'est distingué en philosophie et en sciences politiques. Madison a joué un rôle crucial lors de la Convention de Philadelphie, où il a proposé le plan de Virginie, qui est devenu la base de la Constitution américaine. Également impliqué dans la rédaction de la Constitution de Virginie, il est considéré comme l'un des Pères fondateurs des États-Unis.
En collaboration avec Alexander Hamilton et John Jay, Madison a écrit les Federalist Papers, une série d'essais influents en faveur de la ratification de la Constitution. Il est également à l'origine du Bill of Rights, les dix premiers amendements à la Constitution, qui garantissent les libertés individuelles.
Madison a été le quatrième président des États-Unis (1809-1817). Pendant son mandat, il a dû faire face à la guerre de 1812 contre le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, un conflit qui a contribué à renforcer le sentiment d'identité nationale américaine. Sa présidence a également vu des progrès dans l'expansion vers l'ouest du pays.
Après avoir quitté ses fonctions, Madison est retourné dans sa plantation de Montpelier (en), où il a passé les dernières années de sa vie, tout en restant actif dans la sphère politique et intellectuelle. Son héritage est celui d'un champion du fédéralisme et de la liberté individuelle, dont les contributions à la fondation des États-Unis continuent d'influencer la politique américaine moderne.
Biographie
modifierJames Madison, Jr. naît le dans le comté de King George, en Virginie. Ses parents sont propriétaires d’une plantation de tabac avec de nombreux esclaves en Virginie, où il passe son enfance. Il est le frère du général William Madison[1],[2].
En 1769, Madison s’inscrit à l’université de Princeton où il passe en deux ans le curriculum de quatre années et se rend malade d’excès de travail. Une fois guéri, il devient le protégé de Thomas Jefferson.
James Madison n'a pas eu d'enfant avec son épouse Dolley. Il était propriétaire d'une plantation (James madison's Montpelier (en)) sur laquelle travaillent une centaine d'esclaves (108 en 1801[3])[4].
Carrière politique
modifierSa santé fragile l'empêche de participer à la guerre d'indépendance des États-Unis en tant que combattant. Il se consacre donc avec énergie à la vie politique de la jeune nation. C'est le plus jeune élu de la convention continentale.
Il devient un personnage central de la scène politique de l’État de Virginie, participe à la rédaction de la loi sur la liberté religieuse, et persuade l’État d'offrir les Territoires du Nord-Ouest au Congrès (ces territoires deviendront une partie de l’Ohio, du Kentucky et du Tennessee).
En 1780, il apporte son soutien à la création d’une Commission constitutionnelle. Il est très actif durant la Convention de Philadelphie dont il est le rapporteur et certains historiens voient en lui le « père de la Constitution ». Madison défend les intérêts des États fédérés[réf. nécessaire] bien qu'il soit l’artisan d'un système d’équilibre entre les pouvoirs. Il insiste sur la représentation proportionnelle à la population des États au sein du Congrès. Ses notes sur la Convention sont les meilleurs témoignages sur les idées des rédacteurs. Il participe à la rédaction des federalist papers, série d'articles en faveur de la ratification.
Après la ratification de la Constitution, Madison devient représentant de son État, la Virginie. C’est lui qui introduit les dix premiers amendements, connus sous le nom de « lois sur les droits du citoyen » (Bill of Rights). Il est favorable à la limitation du pouvoir du gouvernement fédéral, et c’est en raison de son opposition à la formation d’une banque fédérale qu'il prend ses distances avec le Parti fédéraliste pour se rapprocher du Parti républicain-démocrate. En 1785, il est aussi l’auteur d’une proposition s’opposant au financement par le gouvernement des écoles chrétiennes.
En 1797, Madison quitte le Congrès pour devenir secrétaire d'État de Jefferson[réf. nécessaire]. Il est l'un des principaux rédacteurs de Résolutions de Virginie en 1798 et du Rapport de 1800. En 1808, il se présente à l’élection présidentielle et est élu le , en grande partie en raison de son habileté diplomatique, en un temps où la France et le Royaume-Uni sont dans une période de grande tension.
Présidence
modifier1809
modifier: investiture de Madison en tant que quatrième président des États-Unis.
: Madison décrète l’annexion de la partie ouest de l’État de Floride, où les colons se rebellent contre l’autorité de l’Espagne.
1811
modifier: Madison interdit le commerce avec le Royaume-Uni.
1812
modifier: début de la guerre anglo-américaine de 1812. Cette guerre est surtout soutenue par les États agricoles du Sud et de l’Ouest.
: les forces américaines, sous la conduite du général William Hull, entrent au Canada, mais doivent ensuite faire retraite sur Détroit. L’armée ne compte que cinq mille volontaires alors que le plan de Madison en prévoyait cinquante mille.
: Madison est réélu pour un second mandat.
1814
modifier: les forces britanniques évaluées à cinq mille hommes, sous le commandement du général Robert Ross, marchent sur Washington en représailles à l’incendie de York. Elles ne rencontrent qu’une faible résistance de l’armée américaine désorganisée, et pénètrent dans la capitale. Elles y brûlent tous les bâtiments publics, dont le Capitole et la Maison-Blanche.
En 1814, le traité de Gand met fin à la guerre. La bataille de La Nouvelle-Orléans, au cours de laquelle Andrew Jackson se distingue en 1815, a lieu après la fin de la guerre, car la nouvelle de la cessation des hostilités n’a pas atteint la Louisiane à temps. La conséquence principale de cette guerre est la disparition du parti fédéraliste, considéré comme traître en raison de son opposition à la guerre.
Politique étrangère
modifierLa guerre anglo-américaine de 1812 demeure le principal fait de la politique étrangère de Madison. Celle-ci ne dégagera aucun véritable vainqueur. Les Britanniques incendieront et occuperont même temporairement Washington, d’où Madison doit s’enfuir. Ils armeront aussi des tribus indiennes dans l’Ouest, en particulier les Chaouanons menés par le chef Tecumseh. Du fait de cette guerre laborieuse, des États de la Nouvelle-Angleterre ont même à un moment menacé de faire sécession mais cette menace est restée sans suite. La guerre se termine en 1815.
Politique intérieure
modifierMadison a peur de laisser trop de pouvoir aux politiciens si le gouvernement fédéral est chargé de la banque centrale des États-Unis. Il laisse expirer le mandat de la banque créée par son prédécesseur, mais il a besoin d’argent pour financer la guerre contre le Royaume-Uni ; vers la fin de son mandat, il soutiendra la création d’une deuxième banque centrale.
Politique partisane
modifierMadison et Jefferson sont considérés comme les fondateurs du Parti démocrate-républicain. Madison succède à Jefferson sans difficulté en 1808 et il est réélu en 1812. Le Parti fédéraliste, qui s’était opposé à la guerre, disparaît.
Retraite et décès
modifierAprès son second mandat, Madison se retire dans sa ferme d'Orange en Virginie. Il devient brièvement le recteur de l’université de Virginie mais se consacre essentiellement à l’agriculture. Il meurt le .
Anecdotes
modifierLe , James Madison est le premier président qui porte des vêtements fabriqués aux États-Unis le jour de son investiture.
En 1794, il épouse Dolley Payne Todd qui, jolie et vive, fait ressortir son aspect maladif et antisocial. C’est à Dolley qu’on attribue la création du rôle de « première dame des États-Unis » en tant que premier soutien de son mari, le président.
Il est le plus petit président des États-Unis. Il mesurait 1,63 m.
Hommages
modifierSon portrait figure sur d'anciens billets de 5 000 USD. Son nom a été attribué au Madison Square de New-York, l'endroit originel de la salle polyvalente d'événements sportifs le Madison Square Garden jusqu'à 1925, et à l'Avenue Madison (anglais : Madison Avenue) depuis 1836. La ville de Madison dans le Wisconsin porte aussi son nom. Dans la ville de Harrisonburg dans l'État de Virginie, l'Université James Madison porte son nom.
Notes et références
modifierNotes
modifier- Jusqu'à l'adoption du 25e amendement en 1967, il n'y avait pas de statut précis pour le vice-président. Ce n'est qu'à partir de là que la nomination d'un vice-président fut rendue constitutionnelle en cas de vacance du poste.
- La Grande-Bretagne n'a adopté le calendrier grégorien qu'en 1752.
Références
modifier- (en) A. G. Grinnan, « Record of General Wm. Madison's Family », The William and Mary Quarterly, vol. 6, no 2, , p. 116–117 (DOI 10.2307/1915370, lire en ligne, consulté le ).
- (en) William Henry Dabney, Sketch of the Dabneys of Virginia : With Some of Their Family Records, Press of S. D. Childs & Company, (lire en ligne).
- « The Enslaved Community | The Montpelier Community - James Madison's Montpelier... Restore Montpelier, Rediscover Madison », sur web.archive.org, (consulté le )
- (en) « US Presidents and slavery | Miller Center », sur millercenter.org, (consulté le )
Bibliographie
modifier- Georges Ayache, Les présidents des États-Unis : Histoire et portraits, Paris, Perrin, , 480 p. (ISBN 978-2-262-06420-4, OCLC 991492904, BNF 45110316, lire en ligne ).
- Nicole Bacharan, Les Noirs américains : Des champs de coton à la Maison Blanche, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 337), , 618 p. (ISBN 978-2-262-03275-3, OCLC 708357029, BNF 42305262).
- Jean Bérenger, Histoire documentaire des États-Unis : L'Amérique coloniale (1607-1774), t. 1, Presses universitaires de Nancy, , 214 p. (ISBN 2-86480-256-2, OCLC 757013108, BNF 34878910).
- Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, coll. « Ellipses poche », , 2e éd. (1re éd. 2003), 256 p. (ISBN 978-2-340-02170-9, OCLC 1020169920, BNF 45414237, présentation en ligne).
- Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur (1763-1787), Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 75), , 2e éd. (1re éd. 2003), 525 p. (ISBN 2-262-02242-9, OCLC 300208109, BNF 39247412).
- Claude Fohlen, Histoire de l'esclavage aux États-Unis, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 183), , 2e éd. (1re éd. 1998), 342 p. (ISBN 978-2-262-02677-6, OCLC 300394643, BNF 41046899).
- Claude Fohlen, Les Pères de la révolution américaine, Paris, Albin Michel, coll. « L'Homme et l'événement », , 259 p. (ISBN 2-226-03664-4, OCLC 19924993, BNF 35034740).
- Claude Fohlen, Thomas Jefferson, Presses universitaires de Nancy, coll. « Perspectives Americaines », , 223 p. (ISBN 2-86480-544-8, OCLC 25896256, BNF 35499688).
- Hélène Harter et André Kaspi, Les présidents américains : De George Washington à Joe Biden, Paris, Tallandier, coll. « Texto », , 272 p. (ISBN 979-10-210-5481-3, OCLC 1345667727, BNF 47096831, présentation en ligne).
- André Kaspi, Les Américains : Naissance et essor des États-Unis (1607-1945), t. 1, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points histoire » (no 89), , 5e éd. (1re éd. 1986), 464 p. (ISBN 978-2-7578-4154-9, OCLC 43825106, BNF 43825106, présentation en ligne).
- André Kaspi, La révolution américaine : 1763-1789, Paris, Gallimard, coll. « Folio histoire » (no 218), , 2e éd. (1re éd. 1976), 384 p. (ISBN 978-2-07-045399-3, OCLC 863122721, BNF 43698938).
- Robert Lacour-Gayet, Histoire des États-Unis : Des origines jusqu'à la fin de la guerre civile, t. 1, Paris, Fayard, , 469 p. (ISBN 2-213-00315-7, OCLC 461420090, BNF 34300237, lire en ligne ).
- Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses universitaires de France, , 7e éd. (1re éd. 1996), 576 p. (ISBN 978-2-13-083290-4, OCLC 1302993439, BNF 47012774, présentation en ligne).
- Élise Marienstras, Histoire documentaire des États-Unis : Naissance de la République fédérale (1783-1828), t. 3, Presses universitaires de Nancy, , 207 p. (ISBN 2-86480-283-X, OCLC 299400007, BNF 34906726).
- Élise Marienstras, Les Mythes fondateurs de la nation américaine : essai sur le discours idéologique aux États-Unis à l'époque de l'indépendance (1763-1800), Bruxelles, Éditions Complexe, coll. « Historique » (no 78), , 2e éd. (1re éd. 1976), 373 p. (ISBN 2-87027-432-7, OCLC 406774377, BNF 35496256).
- Pierre Mélandri, « Le siècle américain », une histoire, Paris, Perrin, , 672 p. (ISBN 978-2-262-03811-3, OCLC 960976545, BNF 45158509, lire en ligne ).
- Jacques Portes, Histoire des États-Unis : De 1776 à nos jours, Paris, Armand Colin, coll. « U Histoire », , 3e éd. (1re éd. 2010), 432 p. (ISBN 978-2-200-61809-4, OCLC 985086886, BNF 45268837, lire en ligne ).
- Philippe Valode, Les Présidents des États-Unis, Paris, Éditions de l'Archipel, , 212 p. (ISBN 978-2-84187-745-4, OCLC 470559651, BNF 41379792).
- Bertrand Van Ruymbeke, Histoire des États-Unis : De 1492 à 1919, t. 1, Paris, Tallandier, coll. « Texto », , 608 p. (ISBN 979-10-210-4989-5, OCLC 1269615217, BNF 46846182, présentation en ligne).
- Bernard Vincent (dir.), Histoire des États-Unis, Paris, Flammarion, coll. « Champs Histoire », , 4e éd. (1re éd. 1997), 720 p. (ISBN 978-2-08-139368-4, OCLC 960914039, BNF 45138239, présentation en ligne).
- Bernard Vincent, Histoire documentaire des États-Unis : La révolution américaine (1775-1783), t. 2, Presses universitaires de Nancy, , 191 p. (ISBN 2-86480-211-2, OCLC 708294557, BNF 34779475).
Annexes
modifierArticles connexes
modifier- Marbury v. Madison
- Esclavage aux États-Unis
- Plantations du Sud des États-Unis
- Montpelier (en) (plantation de James Madison)
- Liste des présidents des États-Unis propriétaires d'esclaves
Liens externes
modifier- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- American National Biography
- Britannica
- Brockhaus
- Collective Biographies of Women
- Den Store Danske Encyklopædi
- Deutsche Biographie
- Dizionario di Storia
- L'Encyclopédie canadienne
- Gran Enciclopèdia Catalana
- Hrvatska Enciklopedija
- Larousse
- Nationalencyklopedin
- Oxford Dictionary of National Biography
- Store norske leksikon
- Treccani
- Universalis
- Visuotinė lietuvių enciklopedija
- Ressource relative à la vie publique :
- Ressource relative à la bande dessinée :
- Ressource relative aux beaux-arts :