J. K. Rowling

romancière et scénariste anglaise
(Redirigé depuis J.K Rowling)

Joanne Rowling [ d͡ʒoʊˈæn ˈroʊlɪŋ][a], plus connue sous les noms de plume J. K. Rowling[b] et Robert Galbraith, est une romancière et scénariste britannique née le dans l’agglomération de Yate (Gloucestershire du Sud). Elle doit sa notoriété mondiale à la série Harry Potter, dont les romans traduits en près de quatre-vingts langues ont été vendus à plus de 500 millions d'exemplaires dans le monde.

J. K. Rowling
Description de cette image, également commentée ci-après
J. K. Rowling à la Maison-Blanche en 2010.
Nom de naissance Joanne Rowling
Alias
J. K. Rowling
Jo Rowling
Robert Galbraith
Naissance (59 ans)
Yate, Angleterre (Royaume-Uni)
Nationalité Britannique
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Anglais britannique
Genres

Œuvres principales

Signature de J. K. Rowling

Issue d’une famille modeste, elle a écrit sa première « histoire » à l'âge de six ans. Après des études à l'université d'Exeter ainsi qu'à la Sorbonne où elle a obtenu un diplôme en littérature française et en philologie, elle a travaillé un temps au sein d'Amnesty International, puis a enseigné l'anglais et le français. C'est à vingt-cinq ans qu'elle a bâti les premiers concepts et institutions de son univers sorcier, dans lequel un enfant orphelin découvrait à la fois son héritage tragique et ses talents de magicien. Elle a rédigé son premier roman, L'École des sorciers, dans un contexte de précarité et de dépression et a dû attendre plus d'un an avant sa publication en 1997 chez Bloomsbury.

Acclamée par ses lecteurs de tout âge et par la critique, J. K. Rowling a remporté de nombreux prix littéraires, notamment les prix Hugo, Locus et Bram Stoker. Elle est réputée pour aborder des idées et des thèmes profonds avec accessibilité et humour, et s'attacher régulièrement à des personnages placés en marge de la société. En 1998, Time Magazine la place en tête de son classement des « 100 Femmes de l'année » et parmi les finalistes des Personnalités de l'année en 2007, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait insufflée à ses fans. En France, elle reçoit la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 2009. L'année suivante, elle est également nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines. Très présente sur les réseaux sociaux, où elle prend régulièrement la parole sur des sujets politiques ou de société qui lui sont chers, il lui arrive aussi d'être critiquée sur ses positions. Dans les années 2020, ses prises de position sur l'identité de genre font polémique, en étant considérées transphobes par des militants de la cause trans et un certain nombre de fans.

Le succès planétaire de son heptalogie romanesque, des films adaptés ainsi que des travaux dérivés de Harry Potter lui ont permis d'acquérir une fortune considérable, dont une partie est régulièrement reversée à de nombreuses associations caritatives luttant contre la maladie et les inégalités sociales. J. K. Rowling est devenue une philanthrope reconnue en cofondant notamment l'association Lumos qui œuvre pour la protection de l'enfance.

Elle se tourne vers un public adulte à partir de 2012 en publiant le roman social Une place à prendre, puis en entamant une série policière l'année suivante, sous un second nom de plume. Elle devient également scénariste pour le cinéma à partir de 2016 en étendant son univers sorcier à travers la série de films Les Animaux fantastiques, dont le premier volet a connu un succès international.

Biographie

Famille

Joanne « Jo » Rowling[3],[4] est la fille d'Anne Volant (1945-1990), technicienne de laboratoire[5],[6], et de Peter James Rowling (né en 1945), ingénieur en aéronautique[7]. Ses parents, qui habitent Londres durant leur adolescence, se rencontrent lors d'un trajet en train entre King's Cross et Arbroath, en Écosse, en 1964[6]. Peter Rowling part alors rejoindre les rangs de la Royal Navy et Anne ceux du Women's Royal Naval Service, l'équivalent féminin[8].

L'arrière grand-père maternel de J. K. Rowling, le français Louis Volant, a reçu la croix de guerre pour bravoure exceptionnelle après avoir défendu le village de Courcelles-le-Comte durant la Première Guerre mondiale[9]. L'auteure pensait à l'origine que Louis Volant avait reçu la Légion d'honneur, comme elle l'a formulé en recevant elle-même la distinction en 2009[10]. Elle a découvert en 2011, en participant à l'émission de généalogie de la BBC Who Do You Think You Are?, que la Légion d'honneur fut décernée en réalité à un homonyme[11].

Enfance autour de Bristol (1965 - 1975)

 
Les parents de Rowling emménagent à Yate, dans les faubourgs de Bristol, vers 1965.

Après avoir quitté la marine, les parents de Joanne Rowling s'installent à Yate, à une quinzaine de kilomètres de Bristol, dans l'ouest de l'Angleterre[12].

Peter Rowling, avant de devenir ingénieur[7], travaille à la chaîne d'assemblage des moteurs d'avions de combat Harrier[13] à la Bristol Siddeley Engines, Ltd.[14] (qui fusionnera avec Rolls-Royce en 1971[13]). Ils se marient en [15] et Anne Rowling donne naissance à Joanne le de la même année au Cottage Hospital de Yate[16],[c]. Peter et Anne Rowling espéraient alors un garçon, qu'ils auraient baptisé « Simon John »[17]. La sœur de Joanne, Dianne (« Di »[8]), vient au monde deux ans plus tard, en [14],[18].

En 1969, la famille Rowling s'installe dans une maison plus grande, dans la rue Nicholls Lane[14] à Winterbourne[18], toujours dans les faubourgs de Bristol. Cette maison de banlieue inspirera inconsciemment Rowling pour imaginer une trentaine d'années plus tard la maison du 4, Privet Drive de la famille Dursley[19]. Anne Rowling, qui a renoncé momentanément à sa carrière pour se consacrer à l'éducation de ses filles, exerce sur elles la plus grande influence en leur transmettant son amour des livres et des histoires, éveillant ainsi leur imagination[20]. Dès qu'elle prend connaissance du métier d'écrivain, Joanne ne s'imagine pas faire autre chose[21]. À quatre ans, elle s'amuse à recopier mot à mot une histoire[21], puis elle écrit son premier récit complet à l’âge de six ans : l’histoire d’un lapin nommé Rabbit[18],[22], bloqué dans sa maison par la rougeole et consolé par un bourdon géant du nom de mademoiselle Bee[23]. Selon Rowling, il s'agissait d'un « plagiat » d'une histoire de Richard Scarry qu'elle adorait écouter[24]. Mais pour le biographe Sean Smith, « la chose extraordinaire tient dans le fait qu'une gosse de six ans ait consacré du temps à inventer une histoire »[25]. L'écriture de Rabbit donne pour la première fois à l'enfant l'envie de devenir écrivain[26].

Les deux sœurs jouent régulièrement dans l'épicerie tenue par Kathleen et Ernest Rowling, leurs grands-parents paternels, dans le Dorset[27]. Elles jouent également avec les autres enfants de leur nouvelle rue, et notamment avec un frère et une sœur dont le nom de famille est Potter[8]. Un nom que Rowling préfère au sien puisque ce dernier est régulièrement sujet aux jeux de mots affligeants tels que Rowling stone ou Rowling pin (« rouleau à pâtisserie »)[8]. L'enthousiasme d'Anne Rowling et de Dianne pour la créativité de Joanne encourage celle-ci à inventer des histoires et à les partager[25]. Elle devient un leader auprès des autres enfants de Nicholls Lane[25]. Lorsque les sœurs Rowling et les Potter jouent aux sorciers, Joanne invente les scénarios, les sortilèges et les potions[28]. À l'école primaire St Michael[29], qu'elle fréquente dès [30], elle trouve l'environnement « détendu » et lui convenant parfaitement dans la mesure où elle y fait beaucoup de poterie, de dessin et de rédactions[8]. Son directeur d'école, Alfred Dunn, fut plus tard sa principale source d'inspiration pour le personnage d'Albus Dumbledore[31],[29].

 
Chepstow au Pays de Galles. Au second plan on aperçoit le château mentionné par Rowling.
 
« Church Cottage », à Tutshill, près de la forêt de Dean. La famille y emménage en 1974 lorsque Joanne Rowling a neuf ans.

En 1974[32], lorsque Rowling a neuf ans, ses parents décident de partir vivre à la campagne. La famille déménage donc à Tutshill[18], un petit village anglais à la frontière avec le Pays de Galles, et voisin de la ville de Chepstow. Leur nouvelle maison, baptisée « Church Cottage »[33],[d], se trouve en bordure de la forêt de Dean, et Chepstow est dominée par un château en ruine au sommet d'une falaise, ce qui, selon Rowling aujourd'hui, « peut expliquer beaucoup de choses[34] ». Ce dernier déménagement coïncide avec la mort de sa grand-mère Kathleen[8], à l'âge de cinquante-deux ans[35]. Très attristée par cet événement, Rowling choisira plus tard d'inclure l'initiale de son prénom dans son nom de plume : le « K » de J. K. Rowling[36],[8].

La même année, les deux sœurs intègrent l'école voisine du cottage[37], où Joanne ne se plaît pas du tout[8]. Sa salle de classe de l'époque, à l'ambiance « dickensienne »[38], lui semble défraîchie, comprenant des bureaux à cylindre en bois et des encriers. De surcroît, l'institutrice se montre particulièrement stricte et inspire la crainte chez la plupart de ses élèves[39], séparant les plus « intelligents » (qu'elle place du côté gauche de la classe) de « ceux qui le sont moins » (placés du côté droit)[39]. Rowling fait mauvaise impression dès son premier jour, puis évolue au cours de l'année : « Je fus promue deuxième gauche. […] C'est ainsi que, en une brève traversée de la classe, je devins intelligente, mais impopulaire »[40].

En [41], en guise d'activité parascolaire, Rowling intègre la seconde section des Brownies de Tidenham, une organisation liée à l'église, proposant dans la semaine des activités de scoutisme aux enfants de sept à dix ans[32]. La section de Rowling se divise en six groupes, portant chacun un nom en lien avec l'univers de la fantasy (les « Fées », les « Lutins », les « Farfadets », etc.[42]), et la fillette se spécialise notamment dans le sémaphore et les premiers secours[42]. Ses marches la mènent régulièrement sur les ruines de l’église de Lancaut, contournée par la rivière Wye ; dans les sous-bois bordant la digue d'Offa (un chemin apprécié des randonneurs[32]), ou encore dans les cavernes d’Otter Hole (en) à Chepstow[43]. Des endroits « enchanteurs et passionnants pour de jeunes aventuriers » selon Sean Smith[43].

Joanne, qui est la seule de la famille Rowling à se rendre régulièrement à la messe[17], est baptisée à onze ans à l'église St Luke jouxtant le cottage[17],[34] et gagne son argent de poche en y effectuant régulièrement des heures de ménage avec sa sœur[17]. Elle en profite pour noter quelques noms figurant dans le registre de l'église pour ses propres histoires et s'amuse avec Dianne à le signer régulièrement[17]. Au même âge, Rowling rédige un court roman d'aventures évoquant sept diamants maudits et les mésaventures de leurs possesseurs[18], un hommage rendu à l'écrivain Edith Nesbit qu'elle affectionne particulièrement[44].

Adolescence à Wyedean (1976 - 1983)

En 1976, Rowling intègre à onze ans le collège de Wyedean à Sedbury où travaille sa mère (au département des sciences)[5]. Joanne et Dianne peuvent ainsi conserver un contact quotidien avec leur mère qui, sans enseigner directement, intervient régulièrement durant les cours scientifiques[45].

 
La statue d'Hermione reprenant vie dans Le Conte d'hiver, dessin à l'encre datant du milieu du XIXe siècle. Rowling a emprunté le prénom à Shakespeare pour son héroïne Hermione Granger.

« Tranquille, myope, couverte de taches de rousseur et nulle en sport »[46], elle découvre le théâtre de Shakespeare, avec notamment Le Roi Lear et Le Conte d'hiver, d'où le prénom de son personnage, « Hermione », a été tiré[47]. Durant cette période, sa grand-tante lui remet une copie de l'autobiographie de Jessica Mitford, Hons and Rebels[48] et Mitford devient un modèle pour Rowling, qui lit alors l'intégralité de son œuvre[49]. À la maison, les deux sœurs ont la possibilité de lire tous les livres présents sans aucune restriction[50]. Rowling commence à découvrir d'elle-même l'univers de Jane Austen à onze ou douze ans avec Orgueil et préjugé[50] et lit La Foire aux vanités de Thackeray à quatorze ans[50].

En cours, elle est impressionnée par Miss Shepherd, son enseignante d'anglais stricte à l'humour « mordant », qui se montre consciencieuse, féministe et passionnée par son métier[51]. Rowling précise plus tard qu'il s'agit de la seule enseignante à qui elle s'est confiée[52],[53]. Elle est aussi déstabilisée par l'enseignement du collègue et ami de sa mère[54], son professeur de chimie John Nettleship, surnommé Stinger (« celui qui pique ») par ses élèves[55]. En cours, Nettleship intimide par sa capacité à toucher au cœur des problèmes[56], n'hésitant pas à se montrer sévère ou sarcastique. Selon Nettleship, Rowling est à cet âge une « observatrice astucieuse »[57], timide, discrète, intelligente et ne montrant aucun intérêt pour les sciences[58]. L'enseignant se dit heureux et fier d'avoir vraisemblablement inspiré l'énigmatique professeur Rogue[56],[59],[58] : « J'avais l'habitude d'isoler un élève après l'autre pour lui poser une question, et Joanne était l'une des élèves les plus capables de la classe. […] Je crois que le manque de confiance que l’on perçoit chez Harry est aussi ce qu'elle ressentait dans certains domaines de sa scolarité »[56]. Un autre professeur d'anglais de Wyedean se souvient de Rowling comme de quelqu'un préférant s'exprimer dans ses écrits (pour lesquels elle excellait[60]) plutôt qu'oralement dans des discussions[61]. Il se souvient notamment de l'une de ses compositions intitulée Mon île déserte, écrite pendant une leçon sur le thème de la survie et inspirée par l'étude parallèle de Sa Majesté des mouches et de Walkabout[60].

L'événement le plus difficile de son adolescence est la découverte de la maladie de sa mère, en 1980[62], alors que Rowling n'a que quinze ans. Les médecins diagnostiquent une maladie du système nerveux central : une sclérose en plaques[8]. L'état d'Anne Rowling se dégrade alors lentement mais de façon régulière[8].

 
L'allure de la chanteuse Siouxsie Sioux (ici en 1991) a influencé celle de Rowling durant une dizaine d'années.

Entre-temps, Rowling raconte à ses amis de longs récits nés de son imagination dans « un débit sec et ironique » qui lui est propre et qu'elle conservera plus tard dans son style d'écriture[63]. Elle se passionne pour les langues[64], la musique pop et le groupe The Smiths[15]. Elle apprécie également la chanteuse Siouxsie Sioux dont elle adopte le maquillage gothique pendant quelque temps[65]. Lors de sa dernière année à Wyedean[52], Rowling s'ouvre davantage au monde extérieur et gagne en maturité et en popularité[66]. Elle fait la connaissance de Sean Harris, qui deviendra son meilleur ami et propriétaire d'une Ford Anglia turquoise dans laquelle ils prendront régulièrement l'habitude de « s'échapper » de l’école[67]. C'est à lui que Rowling confie pour la première fois sa volonté de devenir écrivain[8]. Un modèle identique à cette voiture apparaît en clin d’œil à plusieurs reprises dans le deuxième roman de la saga Harry Potter, que l'auteure dédiera à son ami lors de sa publication[67]. Harris acquerra un certaine notoriété par la suite pour avoir été celui qui inspira « officiellement » le personnage de Ron Weasley[55],[68].

Pour son baccalauréat, Rowling choisit des matières essentiellement linguistiques, c'est-à-dire l’anglais, le français et l’allemand[15], où elle obtient de bons résultats à ses examens finaux (deux A et un B[15]).

Exeter et premiers pas dans l'enseignement (1983 - 1987)

 
Rowling s'inscrit à l’université d'Exeter en 1983 pour y étudier la littérature antique.

En 1983, ses études secondaires étant terminées, Rowling fait une demande d’inscription à l’université d'Oxford[69], mais son dossier est refusé car son école d'origine ne jouit pas d’une bonne réputation[55]. Selon John Nettleship, Rowling aurait été refusée à Oxford pour la seule raison qu'elle était issue d'une école secondaire publique, au même titre que Laura Spence[69] (dont l'affaire fut suivie par la presse britannique en 2000[70]). Rowling est cependant acceptée à l’université d'Exeter[18], près de la côte Sud de l'Angleterre, où elle perfectionne son français et étudie la littérature antique pour satisfaire ses parents qui souhaitent qu'elle devienne secrétaire bilingue[71].

Lors de sa première année à Exeter, elle réside dans une petite chambre d'étudiant du bâtiment « Jessie Montgomery »[72] (aux Duryard Halls), puis au bâtiment « Lafrowda » à partir de l'année suivante[73]. Elle passe beaucoup de temps à la cafétéria du Devonshire House, un lieu où se regroupent de nombreux étudiants[74], et accorde à cette époque davantage d'importance à sa vie sociale — bien que demeurant de nature introvertie et solitaire[75] — plutôt qu'à sa réussite académique[74],[55],[15]. Martin Sorrell, son professeur de français et conseiller aux études à Exeter[76], se souvient « d'une étudiante compétente et tranquille, avec une veste en jean et des cheveux noirs, qui, en termes académiques, donnait l'impression de faire ce qui était nécessaire[7] ». D'autres professeurs décrivent encore une étudiante « rêveuse » ou quelqu'un « de très intériorisé n'étant pas en relation active avec le monde extérieur »[57],[55]. Régulièrement distraite, elle perd des polycopiés et oublie, en 1984, de s'inscrire à certains examens de fin d'année, abandonnant de ce fait les études de civilisation grecque et romaine[77],[15].

 
En 1985, Rowling enseigne l'anglais à la Sorbonne.

En 1985, elle est tenue de passer l'année en France pour son cursus[77] ; elle a le choix entre enseigner l'anglais dans une école française, étudier dans une université française et travailler dans une entreprise française[77]. Rowling choisit la première option et s'inscrit à la Sorbonne dans le cadre d'un stage d'enseignement[77],[78],[79],[80]. Elle découvre cette année-là Le Conte de deux cités de Dickens[77], dans lequel le sacrifice du personnage de Sydney Carton pour sauver la vie de Charles Darnay, sur fond de Révolution française, marque profondément son esprit[81],[15].

Elle retourne à Exeter pour effectuer sa dernière année et passe beaucoup de temps auprès des six-cent mille ouvrages que compte la bibliothèque du campus principal[82]. Cependant, elle s'y rend davantage pour son amour de la lecture que pour ses études[82]. C'est à cette période qu'elle découvre notamment l'univers de Tolkien en se consacrant durant plusieurs mois à la lecture du Seigneur des anneaux[83],[55]. En parallèle de son mémoire de licence (une dissertation de trois mille mots en français[82]), elle se porte volontaire pour aider à l'organisation d'une pièce de théâtre, Le Cosmonaute agricole d'Obaldia, mise en scène par son professeur de français Martin Sorrell[84]. Il s'agit d'un spectacle « drôle et plein de vie »[84] porté par des discussions philosophiques entre les personnages. Rowling est responsable du choix des costumes[84] et se montre très impliquée, ne manquant aucune répétition[85].

En 1987, elle obtient un résultat moyen à ses examens avec un diplôme de « deuxième classe, seconde division »[76],[15]. Son mémoire de licence demeure son meilleur travail[82].

Amnesty International et naissance de Harry Potter (1987 - 1990)

Après ses études, Rowling s'installe dans un appartement à Clapham, au sud-ouest de Londres[86]. Elle enchaîne les emplois temporaires et travaille notamment au service de recherche d'Amnesty International en tant que secrétaire bilingue[86],[87]. Une expérience qui fut, selon ses propres termes, « l'une des plus formatrices » de sa vie[87]. Elle lit des lettres d'hommes et de femmes originaires d'Afrique francophone[88], menacés d'emprisonnement pour tenir informé le monde extérieur du régime « totalitaire » dont ils sont les sujets, ou encore les récits de témoins ou de victimes de torture, d'enlèvements ou de viols[87].

« J'ai commencé à faire des cauchemars, littéralement des cauchemars, à propos de certaines choses que j'ai vues, entendues et lues. […] Mais le pouvoir de l'empathie humaine, menant à une action collective, peut sauver des vies et libérer des prisonniers. Les gens ordinaires, dont le bien-être personnel et la sécurité sont assurés, peuvent se réunir en grand nombre pour sauver des personnes qu'ils ne connaissent pas et ne rencontreront probablement jamais. Ma petite participation à ce processus a été à la fois l'une des plus grandes leçons d'humilité et une des expériences les plus inspirantes de ma vie[87]. »

— J. K. Rowling (extrait de son discours à Harvard en juin 2008)

 
C'est en voyageant en train jusqu'à la gare de King's Cross en 1990 que Rowling visualise pour la première fois le personnage de Harry Potter.

Pendant ce temps, elle entame une vie parallèle en tant qu'écrivain, travaillant sur deux romans pour adultes qui n'ont a priori jamais été publiés[86],[15].

En 1990[36], Rowling travaille à la chambre de commerce de Manchester[6], toujours en tant que secrétaire[89], et décide donc de s'installer dans cette ville avec son compagnon[8]. C’est lors d’un voyage en train de Manchester à Londres, plus long que prévu, qu’elle imagine l’histoire d'un garçon ignorant être un sorcier et recevant une invitation pour l'école de sorcellerie[8],[55]. Elle n'a rien pour écrire[8], mais passe son voyage à imaginer la situation et à identifier ses personnages, notamment Ron Weasley, pour lequel elle s'inspire de son ami Sean Harris[55], et Rubeus Hagrid[90]. Elle imagine aussi les fantômes de l'école. Plus tard, elle pioche des expressions et des fables dans les index géographiques et le dictionnaire Brewer[55],[91]. Pour l'école, elle imagine aussitôt un château datant du Moyen Âge et situé en Écosse[55], lieu de rencontre de ses parents. À son arrivée à la gare de King's Cross, beaucoup d'idées ont déjà pris forme et elle stocke des notes dans des boîtes à chaussures[89],[92].

Épreuves successives et maternité (1990 - 1995)

 
Rowling s'installe à Porto pour y enseigner l'anglais. En 1993, elle retourne au Royaume-Uni avec trois chapitres complets de Harry Potter rédigés au Portugal.

Anne Rowling meurt le [8] des suites de sa maladie lorsque Joanne a vingt-cinq ans. Cette dernière ne fait que commencer l'écriture de Harry Potter et n'a pas encore eu l'occasion d'aborder le sujet avec sa mère[93]. Rowling surmonte sa douleur en détaillant davantage les sentiments de son héros orphelin, dès le premier roman[94].

Rapidement licenciée de son travail à la chambre de commerce de Manchester[95], elle répond à une annonce dans The Guardian pour un poste de professeur d'anglais à Porto[6] et déménage au Portugal[15]. Le travail à mi-temps lui permet de se consacrer à son roman qui évolue beaucoup après la mort de sa mère[8]. La directrice adjointe de l’école où enseigne Rowling perçoit cette dernière comme étant nerveuse et anxieuse durant cette période[15].

« Désormais, les sentiments de Harry envers ses parents disparus étaient devenus bien plus profonds et tangibles. C'est durant les premières semaines de mon séjour au Portugal que j'ai écrit mon chapitre préféré de L'école des sorciers : Le miroir du Riséd[8]. (J. K. Rowling) »

 
Le café Majestic à Porto, l'un des lieux très appréciés par Rowling pour écrire.

Elle rédige les aventures de Harry dans son appartement (qu'elle partage alors avec deux autres Britanniques[15]), en écoutant le Concerto pour violon de Tchaïkovski[7], ou en s'installant dans les lieux fréquentés de Porto comme le café Majestic[96]. La librairie Lello & Irmao a longtemps obtenu la réputation d'avoir inspiré Rowling pour créer la librairie Fleury et Bott, ce que l'auteure a démenti en mai 2020 par le biais d'un tweet, en affirmant n'avoir jamais visité cette librairie ni même avoir eu connaissance de son existence[96],[97].

Rowling se marie en octobre 1992 avec le journaliste de télévision portugais Jorge Arantes[98] et donne naissance à une fille en juillet 1993, qu'elle prénomme « Jessica », en hommage à Jessica Mitford[49]. Cependant, le mariage est un échec. Son mari se montre parfois violent[15] et le couple se sépare l'année suivante.

 
À son retour anticipé au Royaume-Uni, Rowling s'installe quelque temps chez sa sœur dans la rue du Marchmont à Édimbourg, avant d'emménager à Leith grâce aux allocations.

Rowling retourne au Royaume-Uni avec sa fille pour s’installer dans un premier temps chez sa sœur et son beau-frère, dans leur maison de la rue du Marchmont à Édimbourg[15], puis dans un petit bâtiment à Leith, un district de la capitale de l’Écosse, où elle et sa fille vivent avec l'aide du gouvernement. Sept ans après avoir obtenu son diplôme de l'université, Rowling perçoit sa vie comme un « désastre »[99],[100]. Devant faire front à la mort de sa mère puis à une séparation violente, elle se retrouve de surcroît sans emploi avec un nourrisson à charge, qu'elle craint de voir mourir[99]. Au cours de cette période, une dépression clinique, se manifestant chez elle par une profonde torpeur, une apathie et une incapacité à imaginer un retour à une vie plus heureuse, est diagnostiquée chez Rowling[99]. Elle envisage le suicide[101],[102],[103]. Sa maladie et son état d'esprit lui ont notamment inspiré les Détraqueurs, les créatures maléfiques présentes dans Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban et répandant un sentiment de désespoir[104],[105]. Plus tard, en 2012, Rowling décrit cette période de sa vie comme ayant été une autre expérience particulièrement formatrice :

« Cela a changé ma vision du monde. […] Les gens deviennent des statistiques, ils perdent leur individualité lorsqu'ils sont piégés dans la pauvreté. C'est une place humiliante où on est défini par des personnes n'ayant jamais vécu notre situation. Tous nos choix sont sous contrat. C'est vraiment, vraiment très difficile de s'échapper de cette situation[106]. »

Nouvelle vie en Écosse et succès planétaire (1996 - 2012)

À Édimbourg, Rowling décide de reprendre l'enseignement, cette fois-ci à temps plein, ce qui l'incite à vouloir terminer au plus vite son premier livre pour ne pas être obligée de l'abandonner[8]. Elle se met donc au travail et écrit jour et nuit, déterminée à l'achever et tenter de le faire publier.

 
Devanture du café Elephant House dans le centre d'Édimbourg où Rowling a rédigé plusieurs chapitres de Harry Potter.

Les endroits connus et préférés de Rowling pour écrire sont généralement des lieux publics où le brouhaha des conversations est perceptible, et l'aide à travailler[21]. Elle choisit régulièrement l'Elephant House[107] dans le centre-ville et le café Nicolson's[108],[e] tenu par son beau-frère[109]. Là, elle commande un café pour pouvoir écrire son histoire jusqu'à ce que sa fille se réveille[8]. À cette époque, Rowling retape encore tous ses chapitres sur une vieille machine à écrire[110].

Harry Potter à l'école des sorciers achevé en 1995[111],[112], Rowling envoie les trois premiers chapitres à un agent, qui les lui retourne aussitôt. Un second agent, Christopher Little, est intéressé et demande à l'auteure de lui envoyer la suite du roman pour tenter de le faire publier[113]. Après le refus successif de douze éditeurs (dont notamment Orion, Penguin et HarperCollins[112]), les originaux arrivent à Bloomsbury Publishing en [111], dans les mains de Barry Cunningham, le coordonnateur de la nouvelle division des livres pour enfants[114]. Alice Newton, la fille du directeur général de Bloomsbury, aime beaucoup le livre et son enthousiasme aurait influencé la décision de publier le roman[115]. Harry Potter à l'école des sorciers est finalement publié le [116]. La première édition n'est pas très importante : 1 000 exemplaires dont 500 sont destinés à des bibliothèques[111]. En 2005, un exemplaire de ces livres d'origine valait plus de 27 000 euros[117].

 
En 1998, Arthur Levine, des éditions Scholastic aux États-Unis, achète les droits du premier tome de Harry Potter pour plus de 100 000 $.

À ce moment, son agent Christopher Little craint cependant que le groupe-cible de petits garçons rechigne à acheter des livres écrits par une femme et lui demande par conséquent d’utiliser les fameuses doubles initiales plutôt que de révéler son véritable prénom[118]. Elle obtient en parallèle un poste à l'Académie de Leith[119], comme professeur de français, ainsi qu'une bourse de la Scottish Arts Council[112]. Très rapidement, le livre s'inscrit dans la liste des meilleures ventes et la publication est suivie par les distinctions et les louanges : il remporte notamment le British Book Awards et le Children’s Book of the Year[120]. Les éditions Gallimard, sous la direction de Christine Baker, sont les premières à acheter les droits pour une traduction et à publier Harry Potter en dehors des frontières du Royaume-Uni[10] : « J'ai tout de suite été frappée par la maîtrise totale qu'avait cette jeune femme inconnue, précise Baker. Tous les éléments qui m'attiraient dans un texte : la véracité psychologique, la vivacité des dialogues, l'authenticité des sentiments, l'humour bien-sûr, l'inventivité… tout cela était présent. Un cocktail parfaitement bien mesuré. C'est très très rare pour un premier manuscrit[121] ». En 1998, Arthur Levine, des éditions Scholastic aux États-Unis, achète à son tour les droits pour une somme jamais atteinte par un livre pour enfant : 105 000 $[120], et le Time Magazine place l'auteure en tête de son classement des « 100 femmes de l'année »[122].

 
J. K. Rowling (ici en 1999) refuse dans un premier temps que Harry Potter soit adapté au cinéma.

Rowling emménage alors dans un appartement plus sûr et plus spacieux pour elle et sa fille et entame une thérapie lui permettant de prendre du recul vis-à-vis de sa notoriété soudaine et oppressante[123]. L’argent gagné permet à Rowling de quitter définitivement l’enseignement et de se consacrer pleinement à l'écriture de Harry Potter. Elle réalise son rêve d'être écrivain à temps complet[8].

J. K. Rowling devient millionnaire en [55], entre les publications des tome 2 et tome 3. Elle refuse dans un premier temps les nombreuses propositions d'adaptations cinématographiques de ses romans, y compris celle de la Warner Bros. Mais après avoir vu les adaptations du Jardin Secret et de La Petite Princesse, qu'elle trouve particulièrement réussies et fidèles, elle décide de faire confiance à la Warner Bros[124]. En 2001, l'année même où est adapté Harry Potter à l'école des sorciers au cinéma, elle épouse en secondes noces le médecin Neil Michael Murray : cérémonie privée qui a lieu dans sa maison en Écosse[125]. En 2003, Rowling met au monde son fils David[126] et en 2005 naît sa deuxième fille, Mackenzie[126].

Au quatrième livre, Harry Potter devient un phénomène de société et à sa sortie, adultes, adolescents et enfants font la queue pour l'acheter rapidement, au point que Harry Potter et la Coupe de Feu est pré-vendu en librairie à plus d’un million de volumes, et la première édition porte le chiffre record de 5,3 millions d’exemplaires[120]. Les sept romans se vendent successivement, à plus de 450 millions d'exemplaires au total[127]. Rowling se trouve à la tête d'une fortune estimée en 2008 par le Sunday Times à 560 millions de livres (environ 590 millions d’euros[128]), soit davantage que la reine Élisabeth II[129], ainsi qu'à la tête d’un « empire commercial » hollywoodien entraînant des records cinématographiques au box-office[123]. Bien que reconnaissante, l'auteure avoue parfois être agacée par ce virage commercial :

 
L'Hôtel Balmoral d'Édimbourg, où Rowling a officiellement rédigé les dernières lignes de Harry Potter et les Reliques de la Mort le .

« Cet aspect m’ennuie vraiment à mourir. […] Vraiment, il n’y a rien dans le côté commercial de mon travail que je ne refuserais de sacrifier en un claquement de doigts pour qu’on me laisse écrire deux petites heures de plus. Rien. Cela peut paraître affreusement ingrat, car les films m’ont rapporté des sommes incroyables et j’en suis très reconnaissante, mais ça ne m’intéresse pas[123]. (J. K. Rowling) »

Désormais à l'abri du besoin, l'auteure termine tranquillement l'écriture des Reliques de la Mort à l'Hôtel Balmoral d’Édimbourg le [130], mettant ainsi un point final aux aventures romanesques de Harry Potter.

En , Rowling est nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines[131]. En dépit de son succès, elle mène une vie tranquille dans le Perthshire[132] et ne donne que peu d'interviews. En , elle décide de se séparer de son agent littéraire, Christopher Little, après seize ans de collaboration[133] et choisit une nouvelle agence fondée par l'un de ses employés, Neil Blair[7],[134]. L'auteure, qui souhaite, dans un premier temps, dissocier ses futurs projets de Harry Potter[135], met également un terme à sa collaboration avec Gallimard pour ses éditions en français, se tournant désormais vers Grasset[135]. En , Rowling annonce par le biais d'une vidéo[136] qu'elle va ouvrir un site internet consacré à l'univers étendu de Harry Potter, Pottermore, sur lequel elle publiera régulièrement du contenu inédit (le site sera clôturé en 2019 et la plupart de son contenu déplacé sur le site WizardingWorld.com[137]).

Polars, projet théâtral et scénarios pour le cinéma (depuis 2012)

Le , sa nouvelle agence, Blair Partnership[134], annonce sur son site que J. K. Rowling fera publier un nouveau livre destiné aux adultes. En avril, Little, Brown and Company précise que le nouveau livre, intitulé Une place à prendre (The Casual Vacancy), sortira le [138] (le lendemain en français). Dans ses trois premières semaines de sortie, Une place à prendre se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[139], mais son accueil reste assez mitigé[140]. La BBC adapte le roman en une mini-série télévisée, Une place à prendre, à laquelle Rowling collabore en tant que productrice exécutive[141].

 
Devanture du Palace Theatre de Londres lors de la représentation de la pièce de théâtre Harry Potter et l'Enfant maudit.

Elle entame en 2013 l'écriture d'une série de romans policiers mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé. L'identité de Rowling, dissimulée sous un nouveau nom de plume, Robert Galbraith, a été révélée par une indiscrétion au Sunday Times en [142],[143]. J. K. Rowling indique par la suite[144] qu'elle a toujours voulu s'appeler Ella Galbraith et que le choix de Robert comme prénom est un hommage à l'homme politique qu'elle admire beaucoup, Robert F. Kennedy, assassiné en 1968. Le premier tome de la série, L'Appel du Coucou, est édité en France par Grasset et publié en [145]. La série fait également l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pour BBC One[146].

En 2016, J. K. Rowling associe son nom à un projet de pièce de théâtre autour de Harry Potter, acceptant de discuter des bases d'un script avec le dramaturge Jack Thorne et le metteur en scène John Tiffany, mais refusant d'en être elle-même rédactrice[147]. La pièce en deux parties, intitulée Harry Potter et l'Enfant maudit, est jouée le [148] au Palace Theatre de Londres. Contrairement aux sept tomes de la série de Rowling, l'histoire de L'Enfant maudit relate principalement les aventures du cadet des enfants de Harry Potter après l'épilogue des Reliques de la Mort[149]. J. K. Rowling rappelle sur son compte Twitter que le script de la pièce, bien que publié sous forme de livre, n'est pas à considérer comme un « roman » Harry Potter[150].

En parallèle de l'écriture de ses polars, J. K. Rowling devient à partir de 2016 scénariste pour le cinéma[151], élargissant son univers sorcier par le biais d'une nouvelle saga portée à l'écran, Les Animaux fantastiques, dont l'intrigue commence dans le New York des années 1920[152]. Ce nouvel environnement sorcier s'inscrit de ce fait plusieurs décennies avant les aventures de Harry Potter[153] et relate les aventures d'un héros adulte, le magizoologiste Norbert Dragonneau, ainsi que des jeunes Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald[154].

Retour au roman jeunesse et tourmente médiatique (2020 - 2022)

En , pendant la pandémie de Covid-19, Rowling annonce la publication d'un conte de fée politique « sur la vérité et l’abus de pouvoir », intitulé L'Ickabog, qui est destiné aux enfants âgés de 7 à 9 ans[155],[156]. Le projet, qui a pris naissance avant 2007, pendant l'écriture de Harry Potter (mais qui n'a aucun rapport avec son histoire), était destiné en premier lieu à ses deux plus jeunes enfants David et Mackenzie[155],[157]. Il a ensuite été mis de côté pendant plusieurs années, lorsque Rowling s'est consacrée à l'écriture de ses romans pour adultes[155]. Pendant son confinement au Royaume-Uni, elle décide de retravailler le texte avec David et Mackenzie (alors âgés de 15 et 17 ans), en vue de le publier en ligne entre le et le , sur le site dédié Theickabog.com[155]. Le conte au format papier, e-book et audio est publié en novembre 2020 au Royaume-Uni[155]. Gallimard Jeunesse récupère les droits de publication et la version en français est annoncée pour le , puis finalement reportée à la réouverture des librairies, à l'issue du confinement de l'automne[158],[159]. Des dessins réalisés par des enfants lecteurs sont sélectionnés lors d'un concours organisé par les éditeurs, afin d'illustrer les différentes publications[160]. J. K. Rowling précise sur son site officiel que tous les droits d'auteur sont reversés aux personnes touchées par la pandémie[155].

Un autre roman pour la jeunesse, Jack et la Grande Aventure du Cochon de Noël (The Christmas Pig), est annoncé en avril 2021, pour une publication en , notamment chez Hachette Children’s Group (Royaume-Uni), Scholastic (États-Unis) et Gallimard[161],[162],[163]. L'histoire, destinée aux enfants de plus de 8 ans, raconte les mésaventures d'un petit garçon et de son cochon en peluche, la veille de Noël[164]. Elle est illustrée de doubles-pages en noir et blanc et d’enluminures réalisées par l'illustrateur anglais Jim Field[165].

L'auteure est vivement critiquée depuis 2019 pour ses propos au sujet de la cause trans. En 2020, des salariés des éditions Hachette en Angleterre tentent de la boycotter et refusent de travailler sur son livre L'Ickabog, en raison de ses propos polémiques[166],[167]. En 2022 notamment, J. K. Rowling est sujette à une forme de « cancel culture » de la part de certains fans de l'univers de Harry Potter[168].

Retour à Harry Potter (depuis 2023)

Le , HBO annonce la production d'une série télévisée Harry Potter, avec une nouvelle distribution[169]. Il est prévu qu'elle comporte sept saisons (une saison par roman), produites sur une dizaine d'années, et que J. K. Rowling en soit la productrice exécutive avec ses collaborateurs Neil Blair et Ruth Kenley-Letts[170],[171]. Elle est également impliquée dans le processus de recrutement des scénaristes et réalisateurs[172],[173].

L'écrivain

Œuvres majeures

L'heptalogie Harry Potter

 
Double-page de Harry Potter et les Reliques de la Mort avec une réplique de la baguette de sureau.

Dès le départ, Rowling a en tête une saga en sept tomes[174], chaque tome relatant une année passée à l'école de magie Poudlard. Cinq ans ont été nécessaires pour mettre en place l'univers et construire le plan de chacun des romans Harry Potter[111],[174] (dix-sept années au total pour rédiger l'ensemble de l'heptalogie[175]). Avant même d'entamer l'écriture du premier roman, Rowling rédige également les biographies complètes de la plupart de ses personnages[174], non destinées à être publiées mais conservées à titre de supports personnels. Elle choisit de faire de Harry Potter un orphelin, à l'image des personnages de Charles Dickens[176],[177], ce qui lui permet de développer le sentiment de solitude de son héros dans le cheminement de sa quête et de sa personnalité[177]. À travers Harry Potter, Rowling crée un monde magique au sein de notre monde réel, séparé par un obstacle physique comme le mur de briques à l'arrière du Chaudron Baveur, à la manière du miroir d'Alice au pays des merveilles ou de l'armoire du monde de Narnia[178]. La magie en elle-même constitue un élément essentiel de son histoire :

« La magie me fascine […]. Je pense qu'elle nous connecte à des choses essentielles sur la nature de l'être humain : ce qu'il est, ce qu'il souhaite, ce qu'il croit… Les enfants croient en la magie parce qu'ils cherchent à comprendre et contrôler leur monde. Mais nous avons tous ça en nous. Le monde est complexe et la plupart du temps insaisissable. Même si nous nous sommes tournés vers la science, je pense que nous avons tous gardé au fond du cœur quelques idées magiques. […] [Nos petits rituels personnels sont] une façon de vouloir contrôler ce que nous savons incontrôlable, comme notre vie[179]. »

— J. K. Rowling en 2017.

 
Rowling lisant un extrait de Harry Potter à l'école des sorciers à la Maison-Blanche en 2010.

Harry Potter semble ainsi appartenir typiquement à la fantasy, mais constitue néanmoins une adaptation assez singulière du genre[180]. Selon une étude réalisée par Youri Panneel et Manon Stas de Richelle[177], l'introduction d'un ton humoristique et de scènes burlesques dans le style d'écriture de Harry Potter contribuent à le distinguer au sein de ce courant[181]. J. K. Rowling confirme cette idée : « Si nous laissons de côté le fait que les livres parlent de dragons, de baguette magique et autres, les livres Harry Potter sont très différents des œuvres de la fantasy classique, surtout dans le ton[182] ».

L'auteure s'inspire des traditions européennes en matière de littérature[177] tout en personnalisant certains aspects qu'elle souhaite mettre en avant. Elle fait de l'école Poudlard un château médiéval[183] figé dans le temps, à l'instar de certains pensionnats anglais[184],[185]. Les élèves utilisent ici des plumes[186] pour écrire sur des rouleaux de parchemins[187], suivent des cours destinés à l'apprentissage de la magie (défense contre les forces du Mal, métamorphose, histoire de la magie, fabrication des potions…), approfondissent leurs connaissances en consultant principalement les livres anciens de la bibliothèque de l’école[188] et les lettres sont encore cachetées de cire[189]. L'auteure a inventé un grand nombre de mots et de sortilèges propres à son univers magique, tout en réutilisant des codes déjà présents dans la fantasy[190] (balais volants, baguettes magiques, mythologie…). En parallèle, toute technologie moderne de l'époque décrite (téléphones, ordinateurs, etc.), existante dans le monde « moldu » voisin et contemporain, demeure pour autant totalement absente au sein de cette institution magique où aucun objet de nature électronique ne peut fonctionner[191]. Les romans, même s'ils se veulent ancrés dans une atmosphère d'un autre temps, prônent de nombreuses valeurs très actuelles[192], comme le féminisme[193],[194] ou la révolte contre l'oppression[195] et les différentes formes de racisme[196]. En 2007, l'année de la publication du dernier tome de la série, Time Magazine classe J. K. Rowling parmi les finalistes du titre de la Personnalité de l'année, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait transmis à ses fans à travers Harry Potter[197].

Au total, les livres se sont vendus à plus de 500 millions d'exemplaires en 2018[198],[127] et Harry Potter a été traduit dans près de quatre-vingts langues[199],[200]. Il s’agit du premier cycle jeunesse ayant été lu simultanément par les enfants et leurs parents (pour environ la moitié des enfants lecteurs)[181]. Le succès de la série peut en partie s'expliquer par celui des huit films adaptés[201], dont les sorties successives au cours de la deuxième moitié des années 2000 ont concordé avec les publications des derniers romans. Les films ont permis aux lecteurs de voir évoluer les différents personnages incarnés[201] et d'obtenir une vision du monde magique, proposée par le concepteur Stuart Craig et correspondant fidèlement à l'imagination de Rowling[202],[203]. En outre, les premiers lecteurs de la série ayant eu le même âge que les personnages ont pu vieillir en même temps que les héros au fil de l'histoire, ce qui a permis une identification très forte[204].

La satire sociale

 
Édition polonaise de Une place à prendre.

Le roman Une place à prendre (The Casual Vacancy) est publié le [138] (le lendemain en français chez Grasset[205]). L'histoire commence par la mort brutale d'un conseiller paroissial d'un petit village de la campagne anglaise. Sa mort va provoquer une guerre sans merci entre les habitants, tous désireux d'occuper le poste vacant. Le livre est présenté comme une tragédie teintée d'humour noir, une « satire féroce des hypocrisies sociales »[206].

« Nous sommes une société incroyablement snob et il est fascinant d’explorer cet aspect. La classe moyenne est très drôle ; c’est celle que je connais le mieux et c’est aussi celle où l’on rencontre le plus de gens prétentieux. C’est ce qui la rend si hilarante[123]. (J. K. Rowling) »

Dans ses trois premières semaines de sortie, le roman se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[139], mais son accueil reste assez mitigé[140], certains estimant que le récit manque d'action et traîne en longueur[140],[206]. D'autres estiment que le vécu de Rowling (pauvreté et misère) se ressent dans la description des personnages, en particulier des adolescents particulièrement lucides, et que le lecteur retrouve le souci du détail qui lui est propre[206],[140]. L'ambiance et le décor sur fond de crise économique et sociale rappellent à d'autres les univers de Ken Loach ou de Billy Elliot[206].

Le , il est annoncé que la BBC adapterait le roman en une mini-série télévisée. L'agent de Rowling, Neil Blair, travaille sur le projet comme producteur[141], par l'intermédiaire de sa société de production indépendante. Rowling collabore à l'adaptation en tant que productrice exécutive[141]. La série Une place à prendre a été diffusée en trois parties du au [207],[208], avec notamment les acteurs Monica Dolan et Michael Gambon.

Les romans policiers

 
Le bureau du détective Cormoran Strike est situé dans Denmark Street, près de Charing Cross Road, à Londres.

J. K. Rowling entame en [145] l'écriture d'une série policière mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé, Cormoran Strike, et sa secrétaire et collaboratrice Robin Ellacott. Vétéran de la récente guerre d'Afghanistan où il effectuait des missions pour la Brigade spéciale d’investigation[209], le personnage de Cormoran Strike est revenu blessé (à la suite d'une explosion) et amputé d'une partie de la jambe droite, l'obligeant à porter une prothèse douloureuse. Son bureau est situé à Londres dans Denmark Street[210], près de Charing Cross Road. Sa secrétaire intérimaire, bien que discrète, se montre particulièrement efficace et les deux protagonistes vont naturellement faire équipe pour tenter de résoudre les enquêtes.

Pour construire ces romans, J. K. Rowling se base sur des récits factuels de vrais soldats[211]. Deux soldats en particulier parmi ses connaissances lui fournissent des renseignements très utiles pour établir le contexte et les antécédents de son héros[211]. Le premier tome de la série, L'Appel du Coucou, est édité en français par Grasset et publié le [145].

 
Holliday Grainger interprète Robin Ellacott dans l'adaptation télévisée Strike.

Le deuxième roman, intitulé Le Ver à soie, est publié en français en [212]. Considéré comme « moins essoufflant » que son prédécesseur[213], le roman voit le héros enquêter sur la disparition d'un écrivain détesté par beaucoup de ses vieux amis pour les avoir insultés dans sa dernière production[214]. Pour l'écriture du troisième roman, dans lequel le personnage de Robin se retrouve au centre de l'intrigue, J. K. Rowling a recours à « une quantité incroyable de planifications » en utilisant des tableurs à codes couleurs pour mieux se repérer[215]. Au Royaume-Uni, La Carrière du mal est publié en [216] et sa traduction française en [217]. Ce troisième roman est considéré par USA Today comme le meilleur de ce début de série[217], tandis que la NPR lui attribue une « exceptionnelle profondeur morale et émotionnelle »[217].

Au printemps 2017, J. K. Rowling révèle le titre du quatrième roman via Twitter dans un « jeu du pendu » avec ses fans. Après de nombreuses tentatives infructueuses, les lecteurs ont finalement deviné le titre original : Lethal White[218] (Blanc mortel pour sa traduction française[219]).

Les Enquêtes de Cormoran Strike sont des best-sellers dans le monde entier et sont majoritairement salués par la critique et les lecteurs[220]. Après un démarrage parfois qualifié de « maladroit », voire d'« ennuyeux »[221], les lecteurs s'accordent à dire qu'ils retrouvent les personnages attachants et le « soin maniaque du détail » propres à J. K. Rowling[222],[223]. Les romans gagnent peu à peu en fluidité et en complexité[221], et pour The Toronto Star, les personnages de Strike et Robin forment « le plus formidable duo romanesque de mémoire récente »[217].

La série fait l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pour BBC One[224], Strike, avec Tom Burke dans le rôle-titre[225] et Holliday Grainger dans le rôle de Robin[226]. Une nouvelle fois, Rowling s'associe au projet en tant que productrice exécutive[227].

L'extension du monde des sorciers pour le cinéma : Les Animaux fantastiques

 
Eddie Redmayne et Katherine Waterston interprètent Norbert et Tina, deux des nouveaux héros de Rowling au cinéma à partir de 2016.

Sur une idée du producteur Lionel Wigram[228], J. K. Rowling développe en 2015 (d'après son propre livre-guide Les Animaux fantastiques) les aventures d'un nouveau héros, Norbert Dragonneau, au sein du même univers étendu que celui de Harry Potter, mais situé soixante-cinq ans plus tôt dans sa chronologie[229]. Wigram souhaitait en effet, après la fin de Harry Potter au cinéma, développer les possibilités qu'offrait le petit livre écrit en 2001 pour l'association Comic Relief. « Norbert est sorti des pages du livre », affirme Wigram[228]. « Je ne pouvais m'empêcher de l'imaginer en train de crapahuter dans toutes sortes de lieux exotiques et dans d'innombrables aventures qu'il vivrait en chemin »[228].

La première partie de cette nouvelle saga, sortie en 2016, suit les aventures de Norbert, timide magizoologiste, dans la ville de New York en 1926[229], où il fait escale avant de poursuivre son voyage vers l'Arizona[230]. Sa valise, contenant de nombreuses créatures magiques, s'ouvre par mégarde et les animaux s'échappent dans la ville. Le héros, en s'alliant à un non magicien et à deux sorcières, va faire son possible pour récupérer toutes ses créatures sans qu'elles se blessent et sans se faire arrêter par les aurors du Congrès Magique américain.

Ainsi, les créatures et le personnage de Norbert Dragonneau (interprété par Eddie Redmayne) sont adaptés du petit répertoire, tandis que la nouvelle histoire originale, les autres personnages ainsi que « l'extension » de l'univers magique[231] sont développés pour l'occasion par J. K. Rowling, qui décide pour la première fois de s'occuper elle-même du script et d'écrire pour le cinéma.

« Je crois qu'elle a vraiment aimé l'idée. Elle n'a rien dit, puis elle est revenue avec sa propre histoire, une histoire complètement différente, meilleure, plus riche, plus fantastique : la sienne[229]. »

— Lionel Wigram

Selon le réalisateur David Yates (également réalisateur des quatre derniers films Harry Potter), même si l'histoire de Norbert Dragonneau comporte des détails similaires à celle de Harry Potter[232], elle s'avère complètement nouvelle[233]. L'histoire s'ouvre sur un monde magique hors de Poudlard[234] où l'époque, le pays et la culture sont tout à fait différents[235]. Cependant, il s'agit aussi pour Rowling — qui a conçu l'intrigue principale de ces cinq films dès 2016[236],[237] — d’une « opportunité incroyable de raconter des parties de l'arrière-plan qui n'ont jamais été intégrées aux livres [Harry Potter] »[236].

Le premier film obtient globalement un bon accueil de la part des spectateurs avec une note de 7,4/10 pour 275 887 avis sur l'Internet Movie Database et un score de 79 % évalué sur 85 613 avis sur Rotten Tomatoes. Il est également apprécié par la critique. Selon The Guardian, le film « se pose à un tournant très divertissant vers l'âge du jazz américain et insuffle une nouvelle vie à la franchise Potter », ajoutant qu'« en abordant les thèmes de la société divisée et de la persécution des minorités, le film se retrouve parfaitement ancré dans le temps »[238]. Pour Ouest-France, le film multiplie notamment les références aux classiques de la comédie américaine des années 1940, dans un New York des années 1920 « richement reconstitué »[239].

Le second volet, sorti en 2018[240], fait interagir Norbert avec un personnage déjà apparu dans Harry Potter : Albus Dumbledore, avant que celui-ci ne devienne directeur de l’école de Poudlard[154]. Le film, localisé principalement à Paris[241], fait également apparaître pour la première fois le personnage de Nicolas Flamel[242], inspiré du célèbre copiste français du XIVe siècle[243] et mentionné précédemment dans Harry Potter à l'école des sorciers comme étant le créateur de la pierre philosophale[243] grâce à laquelle il aurait vécu plus de 665 ans[244]. Ce deuxième volet reçoit un accueil plus mitigé, autant de la part des critiques que des fans, qui reprochent notamment quelques incohérences et une intrigue trop complexe aux « sous-couches inutiles »[245],[246],[247]. Par conséquent, l'équipe décide de repousser le début de production de l’épisode suivant afin de permettre notamment à J. K. Rowling de retravailler son scénario[245],[248].

Pour le troisième épisode, Steve Kloves, qui a déjà travaillé sur les films Harry Potter, est engagé pour co-écrire le scénario avec J. K. Rowling[249]. Le tournage connaît plusieurs complications, dues notamment à la crise sanitaire de la Covid-19[250],[251], ainsi qu'au changement d'acteur pour le rôle du mage noir Grindelwald[252],[253]. Sa sortie, après avoir été plusieurs fois repoussée, est finalement prévue pour juillet 2022[254].

Style et thèmes récurrents

Héros marginaux

« Mes héros sont toujours des gens qui se sentent exclus, stigmatisés ou ostracisés. C'est au cœur de la plupart de mes œuvres[255]. »

— J. K. Rowling

Pour David Yates, il s'agit d'un trait caractéristique de J. K. Rowling que de s'intéresser « aux marginaux, aux incompris ou à ceux qui sont en léger décalage avec la société »[256]. C'est le cas de nombreux personnages de ses histoires, comme Norbert Dragonneau[256], Luna Lovegood[257], Cormoran Strike[258], Remus Lupin[259] ou encore Croyance Bellebosse[260]. Les producteurs parlent aussi d'un éloge « à la Rowling[256] » de l'amitié improbable entre deux personnages que tout semble opposer (le brusque Cormoran et la délicate Robin[261], le distant Norbert et le tendre Jacob, l'autoritaire Hermione et le désinvolte Ron, etc.), en étant bien souvent, comme le soulève Eddie Redmayne, amené à une situation où chacune des personnalités distinctes en vient à « tirer le meilleur de l’autre[262] ». Pour Jacky Bornet, rédacteur Culture chez France Télévisions, les personnages variés de J. K. Rowling seraient même destinés à « sceller leur amitié » grâce à la marginalité qu'ils ont en commun[263].

Thèmes intemporels et accessibles

Selon David Heyman, J. K. Rowling aurait mis en valeur, dans ses histoires du monde sorcier, des thèmes « intemporels et émouvants », qui invitent à la réflexion : la peur des autres s'associant à un monde divisé[234], le sentiment d'être un étranger à la recherche d'une famille[234] ou encore la nécessité d'être soi-même[234]. D'autres thèmes sont régulièrement soulevés : les questions écologiques et politiques notamment, qui influent sur la manière dont notre société fonctionne[256]. Rowling dit « [se méfier] des gens qui veulent le pouvoir » d'une manière générale, en pensant que cela se ressent clairement dans ses livres[264]. La discrimination et la répression sont particulièrement présentes, notamment dans son univers sorcier[256],[265].

J. K. Rowling explore « le cœur de la condition humaine »[228], en abordant les idées et les thèmes profonds d'une manière « accessible et divertissante » selon Lionel Wigram[228]. Heyman soutient cette idée en affirmant qu'un équilibre émane de ses textes entre les éléments sombres qui apportent une dimension de danger et d'émotion, et les éléments plus légers et plus drôles[266]. Selon Heyman, ce flux maîtrisé entre l'humour et la mort contribue à rendre son univers réaliste[266].

L'amour est également un thème important pour J. K. Rowling, bien qu'il soit distillé avec une certaine retenue dans son œuvre, l'auteure appréciant elle-même lorsque toute « mièvrerie » peut être évitée[267]. Mais selon elle, le fait d'être « humain » signifie être capable d'aimer[268]. Dans son univers, il s'agit régulièrement d'histoires d'amour inattendues ou compliquées, voire impossibles. C'est le cas dans Les Enquêtes de Cormoran Strike entre le détective et sa collaboratrice (avec laquelle il s'interdit d'entretenir une relation autre que très cordiale[211],[269]), dans Harry Potter entre le mangemort Rogue et la mère du héros, Lily Potter[270], mais également dans Les Animaux fantastiques entre le Non-Maj Jacob Kowalski et la sorcière Queenie Goldstein[271].

Influences

Modernes

 
Kenneth Grahame, considéré comme l'un des principaux représentants de la fantasy animalière.

Concernant les livres pour enfants, Rowling mentionne toujours Le Cheval d'argent (Le Secret de Moonacre) d'Elizabeth Goudge et les personnages enfants « très réalistes » des livres d'Edith Nesbit[272]. Selon ses termes, J. K. Rowling s'identifie à Edith Nesbit plus qu'à tout autre auteur[272]. Un autre classique pour enfants ayant probablement inspiré Rowling est Le Vent dans les saules de Kenneth Grahame, qui est considéré comme l'un des principaux représentants de la fantasy animalière[273]. En effet, quelques similitudes de tempérament sont affichées entre les personnages-animaux de l'œuvre de Grahame et les personnages humains de Rowling, et il s'agit de son livre pour enfants préféré, qui lui était lu par son père[274].

L'influence qui vient de J. R. R. Tolkien et de son ami C. S. Lewis existe, mais est discutée. Dans sa biographie, Rowling précise qu'elle aimait Le Seigneur des anneaux et Les Chroniques de Narnia, bien qu'elle ne les ait jamais terminés ni l'un ni l'autre[275]. Selon elle, faire des liens entre l'œuvre de Tolkien et son travail s'avère un peu rapide et facile. Elle ajoute à propos de cette influence : « Tolkien a créé tout un ensemble autour de la mythologie. Je ne pense pas que quiconque puisse dire que j'ai fait de même, du moins à même échelle. Par ailleurs, jamais Tolkien n'aurait introduit un personnage comme Dudley Dursley[182] ». En ce qui concerne l'influence de C. S. Lewis, elle a précisé qu'elle avait pensé à la voie menant à Narnia par le biais de l'armoire magique lorsque Harry franchit la barrière de King's Cross[276].

 
Jane Austen et sa façon d'analyser les comportements humains ont marqué J. K. Rowling.

J. K. Rowling évoque elle-même de nombreuses œuvres et auteurs l'ayant inspirée ou marquée, comme Les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer[277], Dickens durant son adolescence[15], Anna Sewell et Black Beauty[24], Jane Austen et son analyse des comportements humains « de manière peu sentimentale et pourtant émouvante[278] » (comme dans Emma[279]), ou encore Jessica Mitford et son engagement dans la guerre civile espagnole[280] : « J'aime la façon dont elle n'a jamais dénié certains aspects de l'adolescence, en restant fidèle à ses convictions politiques toute sa vie[49] ». L'auteure cite également Louisa M. Alcott : « j'étais timide et je passais pas mal de mon temps à la bibliothèque à rechercher des héros qui me ressemblaient. Je me souviens de Jo March, qui avait du caractère[281] ».

Dans le cadre d'une interview accordée à Amazon en 1999, Rowling mentionne Roddy Doyle comme étant son écrivain vivant favori[282]. Elle ajoute qu'il lui arrive souvent de parler de Doyle et de Jane Austen de la même façon : « Je pense que ça rend les gens perplexes parce que ce sont deux écrivains très différents. Mais ils ont tous deux une approche très neutre de la nature humaine. Ils peuvent très bien aborder le sujet sans pour autant devenir mièvres »[267]. Dans une autre entrevue pour le magazine O, The Oprah Magazine en 2001, J. K. Rowling avoue être profondément marquée par le style de Doyle, par le réalisme et la « subtilité » avec lesquels il traite ses personnages féminins[283].

Chrétiennes

J. K. Rowling fait référence à la chrétienté dans le septième roman de Harry Potter[274]. Par exemple, lors de la visite du cimetière à Godric’s Hollow, Harry et Hermione lisent des citations sur les pierres tombales. Celle des parents de Harry comprend l’inscription « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort » qui est tiré de la première épître aux Corinthiens (chapitre 15, verset 26) et sur la pierre tombale de la mère et la sœur de Dumbledore, on peut lire « Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » tiré de L'Évangile selon St Matthieu (chapitre 6, verset 21). Selon Rowling : « Ces livres se passent en Angleterre, il est donc logique que Harry trouve des inscriptions bibliques sur les pierres tombales. Mais de plus, ces citations résument toute la série[274] ».

Mythologiques et folkloriques

 
J. K. Rowling s'inspire librement du folklore, de la mythologie et des bestiaires médiévaux pour intégrer et adapter à ses histoires les créatures comme les licornes, les centaures ou les elfes.

Pour les créatures fantastiques de son univers sorcier, J. K. Rowling avoue avoir pris des libertés vis-à-vis du folklore et de la mythologie[284]. Pour elle, le folklore britannique, tout en étant « l'un des plus riches et variés au monde », conserve un côté « bâtard », car il est le résultat de la fusion des nombreuses cultures apportées par les envahisseurs et occupants successifs de l'Angleterre[284]. Ainsi elle assure n'avoir eu aucun scrupule à emprunter librement quelques références, à la condition d'y ajouter des détails qui lui sont propres[284].

Prises de positions

Politique

Soutien du Parti travailliste

 
Sarah et Gordon Brown en septembre 2009.

J. K. Rowling soutient publiquement le Parti travailliste pour lequel elle fait don en 2008 de 1 000 000 £ (1,1 million €) la veille de la Conférence du parti, et la même somme pour les élections générales de 2010[285]. Elle affirme ainsi :

« Je pense que les familles pauvres et vulnérables s'en tireront beaucoup mieux sous le parti travailliste que sous le parti conservateur de Cameron. Gordon Brown a introduit des mesures qui sauveront autant d'enfants que possible d’une vie sans opportunités ni choix. Concernant la pauvreté chez les enfants, le parti travailliste a renversé la tendance à long terme et se trouve en tête des pays de l’UE dans ce combat[285]. (J. K. Rowling en 2008) »

Elle est par ailleurs une amie de Sarah Brown, épouse de Gordon Brown, avec laquelle elle a travaillé pour des œuvres de charité[286].

Engagement pro-européen

L'auteure s'est prononcée en faveur du maintien de l'Écosse dans le Royaume-Uni lors du référendum sur l'indépendance de l'Écosse en 2014, faisant don d'un million de livres (1,2 million d'euros) pour le collectif Better Together[287]. J. K. Rowling a également pris position pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne lors du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne en 2016[288],[289]. Elle s'en est ainsi prise au chef de file europhobe et pro-Brexit Nigel Farage au lendemain du référendum[290]. Rowling a clamé sa fierté de faire partie de la « minorité indécente » qui avait voté « contre » la sortie du Royaume-Uni[291].

En 2019, elle collabore à l'écriture d'un livre intitulé A Love Letter to Europe: An outpouring of love and sadness from our writers, thinkers and artists (traduction littérale : « Lettre d’amour à l’Europe : un flot d’amour et de tristesse de la part de nos écrivains, penseurs et artistes ») : une collection de lettres écrites par des personnalités de Grande-Bretagne pour montrer leur désaccord sur le Brexit[292]. L'ouvrage est publié le [293], et la lettre de J. K. Rowling est retranscrite par The Guardian[294].

Prises de positions contre Netanyahou, Trump et Poutine

Internationalement, elle s'oppose au boycott culturel d'Israël et a fondé le réseau Culture for Coexistence, tout en mentionnant son opposition au Premier ministre Benjamin Netanyahu[295],[296].

Pendant les élections présidentielles américaines, elle soutient Barack Obama en 2008 et Hillary Clinton en 2016[297],[298]. Fin , la prise de position de l'auteure sur son compte Twitter face à la politique menée par Donald Trump, et notamment contre le décret de ce dernier interdisant aux ressortissants de certains pays musulmans d'entrer sur le sol américain[299], provoque une vague d'indignation de la part de certains de ses fans s'affichant pro-Trump. L'auteure poste des captures d'écran de certains messages violents ou indignés qui lui sont adressés, notamment celui d'une internaute précisant avoir brûlé tous ses livres Harry Potter après dix-sept ans de lecture assidue et se disant « dégoûtée » par le comportement de J. K. Rowling[300]. Un message auquel l'auteure répond : « on peut encourager une fille à lire des livres sur la montée et la chute d’un autocrate, mais on ne peut pas la forcer à réfléchir[301] ». Peu de temps avant cela, Rowling publiait une citation de Winston Churchill : « Vous avez des ennemis ? C'est bien. Cela signifie que vous vous êtes battus pour quelque chose au moins une fois dans votre vie[299] ». En contre-partie, de nombreux fans amusés des échanges apportent leur soutien à l'auteure[301], dont Emma Watson[302].

Un mois après le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le président Vladimir Poutine compare le boycott subi par les artistes russes à celui subi par J. K. Rowling[303]. Celle-ci, soutenant l'Ukraine, rejette aussitôt cette comparaison et répond que selon elle, « les critiques de la cancel culture occidentale sont malvenues de la part de ceux qui massacrent des civils pour le crime de leur résistance, ou qui incarcèrent et empoisonnent leurs détracteurs »[304].

Accusations de transphobie

En mars 2018, J. K. Rowling « like » un tweet qualifiant les femmes trans d'« hommes en robe », déclenchant les premières accusations de transphobie à son égard[305]. En réponse à la polémique, elle expliquera que ce « like » était accidentel.

En , J. K. Rowling affiche son soutien à Maya Forstater (en), une chercheuse britannique dont le contrat de travail n’a pas été renouvelé après qu'elle a tenu des propos jugés transphobes[306],[307]. Selon Rowling, la scientifique aurait été injustement licenciée pour avoir simplement déclaré que « le sexe [était] réel ». À la suite de son soutien public, l'auteure est à nouveau accusée de transphobie par un certain nombre de fans et de médias[308],[309].

En juin 2020, elle provoque la colère des militants de la cause trans en ironisant sur Twitter sur l'expression « personnes qui ont leurs règles » (« Je suis sûre qu'on avait un mot pour désigner ces personnes, avant. Que quelqu'un m'aide. Fammes ? Fommes ? Fimmes ? »)[310],[311],[312] ; ses propos, et son interrogation sur l'effacement du mot « femme »[311], lui valent d'être encore une fois accusée de transphobie, et d'être qualifiée de TERF (trans-exclusionary radical feminist)[313]. Par la suite, Rowling précise qu'elle « [respecte] le droit de toute personne trans à vivre sa vie de la façon qui lui paraît la plus sincère et confortable »[314]. Elle estime cependant impossible de remettre en question la réalité du sexe biologique : « Si le sexe n'est pas réel, il n'y a pas d'attirance entre les personnes du même sexe. […] La réalité vécue par les femmes du monde entier est effacée. Je connais et j'aime les personnes trans, mais effacer le concept de sexe supprime la possibilité pour beaucoup de discuter de leur vie de manière significative. Ce n'est pas de la haine de dire la vérité »[314],[315]. De nombreux internautes lui reprochent alors de confondre les notions de sexe (biologie) et de genre (relatif à la construction sociale)[314],[316].

Le , elle publie un long article sur son site officiel, dans lequel elle explique plus en détail ses préoccupations et son point de vue[317],[318]. Elle estime notamment — en évoquant les violences conjugales et sexuelles dont elle a été victime dans les années 1990[317] — que permettre aux femmes trans et aux femmes biologiques d'accéder aux mêmes espaces unisexes pourrait rendre ces dernières plus vulnérables[317]. En septembre 2020, son roman policier Sang trouble, qui met en scène un tueur en série revêtant une apparence féminine pour assassiner ses victimes, fait écho à ce point de vue et ravive les accusations de transphobie la visant[319],[320],[321]. Cependant, selon Alison Flood, du Guardian, un grand nombre de journalistes critiquent la tournure transphobe du roman sans avoir pu démontrer qu'ils l'avaient lu[322].

Le Monde évoque des débats qui « se polarisent »[313], entre les personnes qui dénoncent ou se désolidarisent des propos de J. K. Rowling (les jeunes acteurs principaux de Harry Potter[312],[323],[324] et les acteurs principaux des Animaux fantastiques[325],[326], les communautés et sites de fans[313],[327]etc.) et les personnes qui la soutiennent ou qui estiment que ses propos ont été mal interprétés ou exagérés[313],[328],[329]. Pour Olivia Chaumont, militante de la cause trans, Rowling cherche à « nie[r] l'identité de genre » en niant le fait qu'une personne née génétiquement homme puisse devenir socialement femme[330]. Chaumont reconnaît l'empathie de Rowling envers les personnes trans vulnérables, mais estime que cette empathie ne pourrait à elle seule « excuser » sa méconnaissance de la question trans[330]. L'Express met aussi l'accent sur « l'hystérisation des débats dès qu'ils entrent dans l'arène des réseaux sociaux », et la position délicate dans laquelle s'est placée J. K. Rowling en abordant ce sujet de société sur Twitter[331]. Au cours des mois et des années qui suivent ses propos, l'auteure reçoit de nombreuses menaces de mort de la part de militants LGBT[332],[333], dont certaines émanant d'artistes LGBT[334],[335].

Plusieurs médias affirment que ses propos sur les personnes transgenres lui vaudront d'être écartée de l'émission Harry Potter : Retour à Poudlard, qui célèbre en janvier 2022 le 20e anniversaire de la sortie du premier film, Harry Potter à l'école des sorciers[336],[337]. J. K. Rowling y fait néanmoins plusieurs apparitions via une interview de 2019[338],[339], et précise plus tard que c'est elle qui a décliné l'invitation, estimant qu'elle se sentait davantage concernée par les romans que par les films[340].

En mars 2022, toujours sous le motif de vouloir protéger les femmes qu'elle considère plus vulnérables, elle fait partie des personnes qui s'opposent à la Gender Recognition Reform Bill (en) écossaise, qui prévoit de permettre aux personnes transgenres de modifier leur état civil plus facilement et plus rapidement, ce qui lui vaut d'être une nouvelle fois critiquée[341]. Certains sites de fans de l'univers Harry Potter, comme La Gazette du sorcier, considèrent que Rowling en vient à exercer un « militantisme transphobe » ou « anti-trans », notamment par son insistance à vouloir défendre publiquement et régulièrement certaines personnes considérées comme transphobes, ou par ce qu'ils considèrent de sa part comme une volonté d'exclusion des personnes trans[342],[343]. Certains acteurs de la franchise, comme Jason Isaacs, Mads Mikkelsen, Ralph Fiennes et Helena Bonham Carter, jugent que les attaques verbales contre Rowling sont « folles »[344],[345], voire « écœurantes »[346], et ont pris des « proportions extrêmes »[347]. Fiennes et Bonham Carter souhaitent souligner pour leur part que les propos de Rowling n'ont rien d'obscène ou d'agressif, et qu'elle évoque les choses d'après sa propre expérience de femme[346],[347]. En novembre 2022, Daniel Radcliffe, qui avait déjà publié en juin de la même année une lettre ouverte dans laquelle il défendait les personnes trans face aux prises de position de Rowling, renouvelle son soutien dans une interview au site IndieWire dans laquelle il indique avoir souhaité avant tout rassurer sa propre fanbase et la communauté LGBT+ qui s'était fortement identifiée à la saga, en leur montrant que « tout le monde dans la franchise ne ressentait pas la même chose » que J. K. Rowling[348].

En décembre 2022, Rowling inaugure et finance le centre Beira's Place, destiné à l'accueil des femmes biologiques (ou cisgenres) victimes de violences, dans le but d'offrir les « services nécessaires dans ce genre de situation », et notamment aux femmes victimes de viol ne souhaitant pas être prises en charge par d'autres personnes que des femmes biologiques[349]. Elle précise une nouvelle fois que selon elle, ce choix n'est pas motivé par une peur irrationnelle ou une quelconque haine envers les personnes trans, et regrette que les discussions sur le sujet deviennent compliquées du fait que ses propos soient interprétés comme « haineux »[350],[351],[352].

« Ce qu'on m'a souvent opposé, c'est qu'il n'y a pas une expérience universelle de ce qu'est la féminité. Mais il y en a une commune : c'est être une femelle. Si nous supprimons ça de nos analyses, tout s'effondre. J'ai été choquée de voir combien de femmes me contactaient pour me dire « on ne peut pas lutter sauf si c'est sur la base de notre classe de sexe »[349]. »

— J. K. Rowling (décembre 2022)

En octobre 2023, dans le contexte d'une projection au ministère britannique de la justice, J. K. Rowling refuse de désigner les femmes trans comme étant des femmes, et se déclare prête à faire deux ans de prison plutôt qu'à utiliser des pronoms féminins pour les femmes trans[353] ; dans son analyse sur le HuffPost, Loïse Delacotte souligne un durcissement dans les propos de Rowling[354]. Ses propos font réagir le député Cyrus Engerer, qui appelle à « désigner les personnes transphobes pour ce qu'elles sont »[355],[356].

En mars 2024, l'autrice est accusée de négationnisme pour un tweet niant la persécution des personnes transgenres par les nazis et les autodafés de 1933 sur ce sujet, notamment les travaux du médecin juif et homosexuel Magnus Hirschfeld. Cela fait ressurgir les accusations d'antisémitisme faites à propos des gobelins de la banque Gringotts[357],[358],[359].

En août 2024, à l’occasion des JO de Paris, elle participe à la vague d’accusations à l’encontre de la boxeuse algérienne Imane Khelif, au cœur d’une controverse mondiale discutant de sa légitimité à participer aux JO dans la catégorie féminine[360]. Les accusations sont entretenues par diverses personnalités sur la base d’anciennes décisions d’autorités sportives sous secret médical et de rumeurs sur une potentielle transidentité de l’athlète[361]. L’autrice décrit le combat d'Imane Khelif contre Angelina Carini (en) comme celui d'« un homme frappant une femme »[362]. Selon elle, Imane Khelif « se sait protégé par [le CIO,] un établissement sportif misogyne »[363].

Religion

 
Rowling a été baptisée à onze ans dans l'église St Luke de Tutshill.

J. K. Rowling se considère croyante, bien que « difficilement » selon ses propres termes, éprouvant beaucoup de doutes, y compris au sujet de l'existence de « Dieu »[364]. Seule membre de sa famille à se rendre régulièrement à la messe, elle a été baptisée tardivement[17].

En 2003, le cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, s'est officiellement opposé à la série Harry Potter, qui selon lui faisait figure de « tromperies subtiles qui pourraient passer inaperçues et par là même pervertir profondément le christianisme dans l'âme[365],[366] ». En 2008, L'Osservatore Romano publie une controverse au sujet de la série, intitulée « Le double visage de Harry Potter », confrontant deux points de vue opposés sur la dimension morale de l'histoire[367],[368]. Par ailleurs, plusieurs groupes de chrétiens fondamentalistes ont dénoncé les livres Harry Potter, prétendant qu’ils prônaient la sorcellerie[369]. Face à ces accusations, J. K. Rowling se défend : « Je vais à l’église, mais je n’ai aucun lien avec les aliénés qui se situent aux extrêmes de ma religion. Personnellement, je pense qu'on peut voir cela dans mes livres. Poudlard est bien sûr une école multiconfessionnelle. Je n'ai jamais eu l'intention de convertir qui que ce soit au christianisme, je ne veux pas faire ce qu'a fait C. S. Lewis. Il est tout à fait possible de vivre une vie morale sans croire en Dieu, tout comme vivre une mauvaise vie en croyant en Dieu[370],[371] ».

Philanthropie

En 2000, elle crée le Volant Charitable Trust, qui utilise son budget annuel d'environ 5 000 000 £[372] (5,6 millions €) pour combattre la pauvreté et l’inégalité sociale. Une partie de ces fonds est également reversée à des associations d’aide aux enfants, aux familles monoparentales et à la recherche sur la sclérose en plaques[373].

Lutte contre la pauvreté et protection de l'enfance

Rowling écrit à la main Les Contes de Beedle le Barde, un recueil des contes mentionnés dans Les Reliques de la Mort, en seulement sept exemplaires dont six destinés principalement à ses proches. Le septième est vendu lors d’une mise aux enchères le à Sotheby's au profit de l’association The Children Voice pour un montant de 1 950 000 £[374] (2,2 millions €). L’ouvrage est finalement publié début [375]. Rowling déclare : « Cela signifie tellement pour les enfants en situation de besoin. Noël arrive en avance pour moi[376],[377]. »

S'étant déjà retrouvée en position de parent isolé, Rowling devient ambassadrice de l’association caritative One Parent Families en 2000 dont elle est l'actuelle présidente[378]. Rowling écrit, en collaboration avec Sarah Brown, épouse de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, un recueil d’histoires pour enfants dont les bénéfices vont à One Parent Families[379].

En 2001, l’association britannique de lutte contre la pauvreté Comic Relief demande à trois auteurs populaires[f], dont J. K. Rowling, de publier de petits livres reprenant les thèmes de leurs plus gros succès[380]. Les deux publications de Rowling, Les Animaux fantastiques et Le Quidditch à travers les âges, sont présentées comme des facsimilés de livres présents dans la bibliothèque de Poudlard, et font figurer sur leur couverture le nom de leur auteur fictif respectif : Newt Scamander et Kennilworthy Whisp. Depuis leur sortie en , ces livres ont rapporté 15 700 000 £ (17,6 millions €). Les 10 800 000 £ (12,1 millions €) récoltés hors du Royaume-Uni ont été collectés via une nouvelle association, l’International Fund for Children and Young People in Crisis (le Fonds international pour les enfants et les jeunes gens en crise)[381].

En 2005, Rowling et la députée européenne Emma Nicholson fondent le Children's High Level Group[382],[383] (CHLG, ou « Groupe de Haut Niveau pour l’Enfance »), qui sera rebaptisé Lumos en 2010[384]. En , Rowling se rend à Bucarest pour dénoncer l’utilisation des lits-cages dans les institutions psychiatriques pour enfants[383].

Le , J. K. Rowling participe à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres, récitant un passage de Peter Pan de J. M. Barrie[g] dans le cadre d'un hommage à l'hôpital pour enfants de Great Ormond Street[385] (récipiendaire des droits d'auteur de Peter Pan dès 1929 selon la volonté de Barrie). Il s'ensuit un tableau durant lequel un Voldemort géant[385] est vaincu par des dizaines de Mary Poppins[386].

En mars 2022, pendant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'association Lumos collecte des fonds pour fournir de la nourriture, des kits d'hygiène et des kits médicaux aux personnes touchées par la crise humanitaire à Jytomyr, à l'ouest de Kiev, et notamment aux enfants bloqués dans les orphelinats de la région[387],[388]. J. K. Rowling s'engage à s'aligner personnellement sur les dons obtenus par l'association, à hauteur d'un million de livres sterling[387].

Sclérose en plaques

Rowling soutient la recherche et le traitement de la sclérose en plaques[389],[390]. En 2006, elle contribue substantiellement à la création d'un nouveau centre de médecine régénérative à l'université d'Édimbourg, nommée « Clinique de neurologie régénérative Anne Rowling » en mémoire de sa mère, morte en 1990 du fait de cette maladie[391]. En 2010, elle fait don de 10 millions de livres supplémentaires à la clinique[392], puis, en 2003, prend part à une campagne visant à établir une norme nationale de soins pour les personnes atteintes de la maladie[393].

En 2009, elle retire son soutien à la Société écossaise de la sclérose en plaques en évoquant l'incapacité de cette dernière à résoudre une querelle persistante entre les branches nord et sud de l'organisation, ayant miné le moral et entraîné la démission de plusieurs de ses membres[393].

En 2019, J. K. Rowling annonce qu'elle versera 19 millions de dollars supplémentaires à la clinique Anne Rowling[394],[395].

Autres contributions

 
J. K. Rowling lisant un extrait de son roman au Radio City Music Hall de New York en 2006.

En , la chaîne de librairies Waterstones demande à J. K. Rowling et à d'autres auteurs[h] d'écrire une brève histoire sur une carte postale de format A5. Les cartes ont ensuite été vendues aux enchères pour l'association caritative Dyslexia Action et le PEN club international. La contribution de J. K. Rowling était un Prologue à Harry Potter, un texte de 800 mots mettant en scène le père de Harry, James Potter, et son parrain Sirius Black trois ans avant la naissance de Harry[396],[i]. Le texte a été mis en ligne en juin 2008 mais la carte manuscrite originale a été volée lors d'un cambriolage en [397],[398].

Le 1er et , elle lit des passages de ses romans, aux côtés de Stephen King et John Irving, au Radio City Music Hall de New York. Les bénéfices de l'événement sont reversés à la Fondation Haven, une organisation caritative venant en aide aux artistes et personnes non assurables dans l'incapacité de travailler, ainsi qu'à l'ONG Médecins sans frontières[399]. En , Rowling a promis un don de plus de 250 000 £ à un fonds de récompense lancé par le tabloïd News of the World pour le retour en toute sécurité de Madeleine McCann, une fillette britannique disparue au Portugal[400]. Rowling, ainsi que Nelson Mandela, Al Gore et Alan Greenspan, ont écrit une introduction à une sélection de discours de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, dont le produit a été remis au laboratoire de recherche Jennifer Brown[401].

La révélation du nom de J. K. Rowling en tant que véritable auteure de L'Appel du coucou en 2013 a mené à une augmentation massive des ventes du livre en question, après quoi Rowling a annoncé qu'elle reverserait tous ses droits d'auteur au Fonds de bienfaisance de l'armée, ajoutant que cela avait été son intention dès le départ mais qu'elle n’avait pas prévu que le livre se vende aussi bien[402].

Rowling est membre des PEN club anglais et écossais. Elle a fait partie des cinquante auteurs à contribuer à l'action « First Editions, Second Thoughts », une vente aux enchères de charité. Chaque auteur devait annoter une copie de la première édition de l'un de ses livres : dans le cas de Rowling, Harry Potter à l'école des sorciers. Le livre était le lot le mieux vendu de l'événement, s'élevant à 150 000 livres sterling[403].

Rowling soutient également le Shannon Trust, qui dirige le plan de lecture Toe by Toe et le plan de lecture Shannon dans les prisons britanniques, aidant et proposant un tutorat aux détenus illettrés[404].

En 2020, pendant la pandémie de Covid-19, l'auteure fait don d'un total de 1,13 million d’euros, destiné à deux associations britanniques : Crisis (en), qui vient en aide aux personnes sans logis, et Refuge (en), qui lutte contre les violences domestiques pendant le confinement[405],[406].

Acquisitions

En 2015, J.K. Rowling rachète l'Amphitrite (47,5 mètres de long) à l'acteur Johnny Depp. Elle s'en sépare en 2016, après une seule saison d'utilisation[407]. En 2023, elle acquiert auprès du milliardaire australien Brett Blundy (en) le yacht Cloud 9 (en) (88,5 mètres de long), qu'elle rebaptise Samsara[408].

Distinctions

Pour son travail artistique et sa bienfaisance, J. K. Rowling a remporté plusieurs honneurs et distinctions. Les plus importants sont énumérés ci-dessous :

Prix littéraires et récompenses

Décorations

Sociétés savantes

Honneurs

Doctorats honoris causa

Elle a obtenu plusieurs doctorats honoris causa :

Œuvre

Romans

Série Harry Potter

 
Une catégorie est consacrée à ce sujet : Œuvre de J. K. Rowling.

Série Les Enquêtes de Cormoran Strike signée du pseudonyme Robert Galbraith

Romans pour enfants

Autre roman

Scripts

Série Les Animaux fantastiques

Théâtre

Autres publications

Articles

  • (en) J. K. Rowling, « The Fringe Benefits of Failure, and the Importance of Imagination », Harvard Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le )
    Traduit en français et publié sous forme de livre en 2017
  • (en) J. K. Rowling, « Gordon Brown », Time Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • (en) J. K. Rowling, « The Single Mother’s Manifesto », The Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • (en) J. K. Rowling, « I Feel Duped and Angry at David Cameron's Reaction to Leveson », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • (en) J. K. Rowling, « Isn’t it Time We Left Orphanages to Fairytales? », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • (en) J. K. Rowling, « Woman's Hour Takeover », BBC Radio 4,‎ (lire en ligne, consulté le )

Filmographie

Productrice

Scénariste

Doublage

Biopic télévisé

Un téléfilm américain, intitulé J. K. Rowling : La Magie des mots, est diffusé depuis le [445] sur Lifetime et régulièrement diffusé sur TF1[446]. Il s'agit d'un film biographique réalisé par Paul Kaufman et centré sur l'enfance et le début de carrière de la romancière. Son rôle est interprété par l'actrice australienne Poppy Montgomery.

J. K. Rowling a précisé en qu'elle ne souhaitait pas voir ce film[447].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « J. K. Rowling » (voir la liste des auteurs).

Notes

  1. Prononciation en anglais britannique retranscrite selon la norme API.
  2. Cette initiale « K. » a été choisie par Rowling juste avant la publication de son premier roman, en hommage à sa grand-mère paternelle, Kathleen[1],[2].
  3. Joanne Rowling a souvent dit qu'elle venait de Chipping Sodbury, source d'inspiration pour l'amour qu'elle porte aux noms particuliers, selon son biographe Sean Smith (voir bibliographie). Sodbury est la ville voisine de Yate, et comprend de nombreux magasins d'antiquités et maisons élégantes.
  4. Le cottage a servi de lieu de culte accueillant les fidèles jusqu'à la consécration de l’église voisine en 1853 (d'où son nom). Le cottage a également servi de bâtiment scolaire principal de 1848 à 1893 (Sean Smith, J. K. Rowling, la magicienne qui créa Harry Potter, p. 44).
  5. Le restaurant aux couleurs vives a maintenant disparu, remplacé par un restaurant chinois, le Buffet King [1], entre 2003 et 2009, puis par le Spoon Café jusqu'en 2020 [2].
  6. Ont également été sollicitées : la présentatrice de télévision et auteure de livres de cuisine Delia Smith et l'auteure de la saga Bridget Jones, Helen Fielding.
  7. Cet extrait lu pendant la cérémonie varie légèrement du texte original : « Of all delectable islands, Neverland is the snuggest. It's not large and sprawly, you know, with boring distances between one adventure and the next, it's nicely crammed. When you play at it by day with the table and chairs, it's not a bit frightening, but in the two minutes before you go to sleep, it is real. »
  8. Ont aussi été sollicités : Sebastian Faulks, Doris Lessing, Lisa Appignanesi, Margaret Atwood, Lauren Child, Richard Ford, Neil Gaiman, Nick Hornby, Michael Rosen, Axel Scheffler, Tom Stoppard et Irvine Welsh.
  9. Une traduction du texte de la carte est disponible sur le site La Gazette du Sorcier.

Références

  1. (en) Richard Savill, « Harry Potter and the mystery of J K's lost initial », sur The Daily Telegraph, (consulté le ).
  2. (en) « 50 things you might not know about J.K. Rowling », sur Canadian Broadcasting Corporation, (consulté le ).
  3. « Joanne Kathleen Rowling », sur France Culture (consulté le ).
  4. Jeanne de Ménibus, « J.K. Rowling: une vie en or », sur L'Express, (consulté le ).
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Analyses

  • [Panneel et Lhoste, 2017] Youri Panneel, Lucile Lhoste, Analyse de l'oeuvre : Harry Potter à l'école des sorciers de J. K. Rowling, Le Petit Littéraire, (ISBN 2806290627).  
  • [Panneel et Stas de Richelle, 2017] Youri Panneel, Manon Stas de Richelle, Analyse de l'oeuvre : Harry Potter et la Chambre des secrets de J. K. Rowling, Le Petit Littéraire, (ISBN 2806283469).  
  • [Guihéneuf et Balthasar, 2017] Sandrine Guihéneuf, Florence Balthasar, Analyse de l'oeuvre : Harry Potter et la Coupe de feu de J. K. Rowling, Le Petit Littéraire, (ISBN 2806291402).  

Autres

  • [Making-of AF, 2016] Collectif, Au cœur de la magie : le making-of des Animaux Fantastiques, HarperCollins, (ISBN 979-1-0-3390001-6).  
  • [Revenson, 2015] Jody Revenson, Harry Potter - Le Grand Atlas, la magie au cinéma, Huginn & Muninn, (ISBN 978-2-36480-299-5).  

Articles connexes

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