Hafsia Herzi

actrice et réalisatrice française

Hafsia Herzi, née le à Manosque, est une actrice et réalisatrice française.

Hafsia Herzi
Description de cette image, également commentée ci-après
Naissance (37 ans)
Manosque, Alpes-de-Haute-Provence
Nationalité Drapeau de la France Française
Profession Actrice
Films notables La Graine et le Mulet
La Source des femmes

En tant qu'actrice, elle est révélée par son rôle au cinéma dans La Graine et le Mulet d'Abdellatif Kechiche (2007), qui lui vaut plusieurs récompenses, dont le prix Marcello-Mastroianni de la Mostra de Venise et le César du meilleur espoir féminin.

En 2019, sort son premier long métrage en tant que réalisatrice : Tu mérites un amour, suivi de Bonne Mère, deux ans plus tard.

En 2022, elle réalise le téléfilm La cour.

Biographie

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Jeunesse et formation

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Hafsia Herzi, d'origine tunisienne par son père et algérienne par sa mère[1], est née en janvier 1987 à Manosque ; elle est la benjamine d'une famille de quatre enfants (deux frères et une sœur, Dalila).

Après le divorce de ses parents, son père se remarie en Algérie. Sa mère vit à Marseille, où elle grandit.

Débuts précoces d'actrice et révélation (années 2000)

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L'actrice à Linz (Autriche) en avril 2008.

À 12 ans, elle obtient un petit rôle dans Notes sur le rire, un téléfilm pour France 3 avec Thomas Jouannet[2]. Après quelques figurations, elle tente, sans succès, d'obtenir des rôles dans les séries Plus belle la vie et Sous le soleil[3].

En 2005, elle décroche l'un des rôles principaux du film La Graine et le Mulet d'Abdellatif Kechiche. Le film lui vaut, en 2007, le prix Marcello-Mastroianni (« jeune acteur ou actrice ») lors de la 64e Mostra de Venise[4], suivi, en 2008, du César du meilleur espoir féminin. Dans la foulée, elle quitte sa famille pour aller vivre seule à Paris. Sa carrière d'actrice l'amène à interrompre les études de droit qu'elle avait entamées après son bac[1].

Elle grossit de 15 kg pour tenir son rôle dans La Graine et le Mulet[5]. La scène finale de la danse orientale a exigé cinq jours de tournage. Contrairement à ce qu'elle a affirmé lors de son audition, elle ne sait pas danser et doit prendre des cours pendant le film. Blessée, elle danse même avec une attelle[6] :

« C’était dur : pour mon premier film j’étais obligée de prendre du poids, je l’ai fait parce que j’avais quelqu’un en face de moi qui avait 100 % confiance en moi. Je devais me changer physiquement et danser. J’avais vraiment peur de cette scène. Je savais que c’était une scène importante et je l’avais tellement travaillée qu’il fallait que j’assure. C’était très dur physiquement mais bizarrement je tenais à chaque fois plus de 45 minutes. Même des professionnels de la danse me le disaient, c’est un truc de fou car une danseuse ça danse une heure maximum. Mais j’étais portée par l’énergie et par le personnage. Après le tournage j’ai dormi une semaine[7] ! »

Hafsia Herzi minimise les talents qu’on lui attribue :

« Jusqu’à ma rencontre avec Abdel, je n’avais fait que quelques figurations. Je voyais qu’il avait confiance en moi, mais je m’interrogeais : pourquoi m’a-t-il choisie alors que je ne sais pas jouer, que je n’ai suivi aucun cours ... Avec le recul, même si je suis consciente du travail que j’ai fait, je continue à me dire : pourquoi moi ? »[8].

En larmes alors qu'elle reçoit son prix d'interprétation à Venise, elle déclare : « Un prix important, la reconnaissance de tous les efforts que j'ai faits pour ce film. Le futur ? Je ne sais pas, je suis encore toute chamboulée. » Plus tard elle dit, au sujet de ces deux années avant de recevoir le prix : « Pendant les auditions, personne ne voulait croire que j'avais tenu un rôle principal dans un long métrage. J'ai même ressenti du mépris. Mais j'ai en moi une rage positive. J'ai appris qu'il fallait se battre pour obtenir ce que l'on veut[9] ».

 
L'actrice a été choisie pour ouvrir le festival de Cannes 2009.

N'ayant jamais pris le moindre cours de comédie, elle s'inscrit au conservatoire. Elle prend aussi des leçons de diction pour atténuer son accent marseillais. Décrochant quelques autres rôles, elle décide de se consacrer exclusivement au cinéma en 2007[3]. Depuis, elle a tourné dans plusieurs productions : le téléfilm Ravages de Christophe Lamotte, Française de Souad El-Bouhati, L'Aube du monde de l'Irakien Abbas Fahdel et Ma compagne de nuit, aux côtés d'Emmanuelle Béart.

Pour le choix des scénarios, « (…) j'évite les clichés. Tout ce qui est femmes battues, mariées de force…. Je ne me sens pas concernée par ça et j'ai plutôt envie de montrer une image positive. Dans Française, Sofia vit des choses dures, mais elle étudie, elle en veut. » Cela l'intéresse d'« interpréter des rôles où je pourrais m'appeler indifféremment Juliette ou Charlotte. (…) Parce que je suis avant tout française, d'origine maghrébine, certes, je ne renie absolument pas mes origines, bien au contraire, je suis aussi contente de tourner des rôles de Maghrébines, mais j'aime bien rencontrer des gens qui ont de l'imagination. » Elle est parfois confrontée aux clichés : « Dernièrement, on m'a interrogée sur les banlieues [parisiennes], alors que je suis des quartiers Nord de Marseille. Ça n'a rien à voir. Ou alors, on veut me faire poser dans un style racaille. La dernière, c'est un journaliste qui m'a demandé si j'étais bien “intégrée”. Intégrée à quoi ? Je suis française[10]. »

En janvier 2008, elle tourne dans le film de Francis Huster, Un homme et son chien, aux côtés de Jean-Paul Belmondo. En septembre, elle termine le 3e long métrage d'Alain Guiraudie, Le Roi de l'évasion, dans lequel elle incarne une adolescente (Curly) dans une comédie d'anticipation. Elle enchaîne aussitôt avec le film les Secrets, que tourne en Tunisie la réalisatrice Raja Amari.

Confirmation et passage à la réalisation (années 2010)

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L'actrice à la première de La Source des femmes au festival de Cannes 2011.

En mai 2011, Hafsia Herzi est à l'affiche de deux films appartenant à la sélection officielle du 64e Festival de Cannes : L'Apollonide : Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello et La Source des femmes de Radu Mihaileanu. Dans ce dernier, elle joue aux côtés d'une autre lauréate du César du meilleur espoir féminin, Leïla Bekhti.

Actrice confirmée, elle tourne notamment avec Emmanuelle Bercot, Caroline Link, Sylvie Verheyde ou encore Mehdi Ben Attia. Elle retrouve Abdellatif Kechiche pour le diptyque Mektoub my love dont le premier volet Mektoub, My Love: canto uno, sort en 2017 et le second Mektoub, My Love: intermezzo, est présenté au Festival de Cannes 2019[11], mais sans sortie officielle.

Après Le Rodba, un premier court-métrage réalisé en 2010, Hafsia Herzi passe à nouveau derrière la caméra en 2019. Ce premier long-métrage Tu mérites un amour, est présenté à la Semaine de la critique du Festival de Cannes. Elle y incarne le rôle principal, celui d'une trentenaire qui se remet difficilement d'une rupture amoureuse[12]. En 2021 elle réalise Bonne mère, son deuxième long-métrage, présenté dans la sélection Un certain regard du Festival de Cannes[13]. Il s'agit d'un hommage à sa propre mère et à toutes les « mères courage », mères qui élèvent seules leurs enfants. Le film est tourné dans les quartiers nord de Marseille, où la réalisatrice a passé son enfance.

En 2024, elle joue dans La Prisonnière de Bordeaux de Patricia Mazuy et dans Les Gens d'à côté d'André Téchiné, aux côtés d'Isabelle Huppert dans les deux cas[14].

Vie privée

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Elle est mariée à l'ancien coureur cycliste Nacer Bouhanni. Le couple vit à Nancy[14] et a un fils nommé Noham[15],[16].

Faits divers

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Un chauffeur de VTC a poursuivi l'actrice en justice après avoir reçu une série d'insultes par SMS, dont un « sale Arabe », pour des faits survenus lors d'une course le [17],[18]. Relaxée en première instance, c'est sur appel principal du parquet que la chambre de l'audiovisuel de la cour d'appel a été saisie. L’actrice y est jugée jeudi au tribunal de Paris[19].

Le , Hafsia Herzi est déclarée coupable d'injure non publique à caractère racial par la cour d'appel de Paris. La juridiction précise dans son arrêt :

« C'est à juste titre que la partie civile souligne que le seul terme "sale Arabe" caractérise un propos outrageant, peu importe que l'auteur du propos ait eu les mêmes origines que le destinataire, l'appréciation du propos devant être objective, de plus ni l'humour ni le second degré ne ressortent des échanges conflictuels entre les protagonistes[20]. »

Filmographie

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  Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par les bases de données Allociné et IMDb.

Actrice

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Cinéma

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Courts métrages

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Télévision

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Réalisatrice

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Théâtre

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Distinctions

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Récompenses

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Nominations et sélections

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Notes et références

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  1. a et b Hafsia Herzi : « Moi, ma mère, elle voulait mon bonheur », interview sur le Bondy blog, 25 février 2008.
  2. Hafsia Herzi sur cinefil.com.
  3. a et b Meilleur espoir féminin 2007 : Hafsia Herzi (La Graine et le Mulet) sur dvdrama.com.
  4. Photo de la remise du prix.
  5. Hafsia Herzi sur Fluctuat.net.
  6. Trois couleurs (magazine MK2), no 58, décembre 2007, p. 33.
  7. Portrait de Hafsia Herzi - Actualité Cinema - EVENE.
  8. « Hafsia Herzi, espoir et plus », Olivier Séguret, Libération, 12 décembre 2007.
  9. Closer, no 132.
  10. Yasrine Moutaatarif, « Une étoile nommée Hafsia », Le Courrier de l'Atlas, no 16, juin 2008, pp. 76-77.
  11. « Cannes 2019- Mektoub my Love- Intermezzo : Et soudain Abdel Kechiche embrasa la Croisette », sur Premiere.fr, (consulté le )
  12. « Hafsia Herzi au festival de Cannes : “Je me suis battue pour mon film” », sur leparisien.fr, 2019-05-20cest19:02:46+02:00 (consulté le ).
  13. « Cinéma : "Bonne Mère", un portrait élogieux et une promesse tenue de Hafsia Herzi », sur Franceinfo, (consulté le ).
  14. a et b Clément Ghys, « Hafsia Herzi, l’insatiable du cinéma français », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. "Bonne Mère" : le film réaliste et lumineux de Hafsia Herzi
  16. La longue reconstruction du sprinteur Nacer Bouhanni, de retour en compétition à Majorque après sa grave chute en Turquie
  17. « Un arabe peut-il traiter un Arabe de "sale Arabe" ? », sur lepoint.fr, .
  18. « "Sale arabe" : l'actrice Hafsia Herzi poursuivie pour insultes racistes », sur ledauphine.com, (consulté le ).
  19. « Nouveau procès le 26/09/19 contre l'actrice Herzi pour insultes raciales sur un VTC », sur kapitalis.com.
  20. « Hafsia Herzi condamnée pour avoir traité un chauffeur VTC de "sale Arabe" », sur lepoint.fr, .
  21. Les Gens d'à côté sur Unifrance
  22. Les Prisonnières sur Unifrance
  23. « César, Fanny, Marius », sur Les Archives du Spectacle (consulté le ).
  24. « Les réalisatrices triomphent à Angoulême », sur ecrannoir.fr, .
  25. Festival de la fiction de La Rochelle : nos coups de cœur et le palmarès, sur telerama.fr, consulté le 19 septembre 2022.

Liens externes

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