Groupe ouvrier (France)
Le groupe des députés ouvriers socialistes, également appelé groupe ouvrier ou groupe ouvrier socialiste, renommé en 1887 groupe des députés républicains socialistes (surnommé « groupe socialiste »), est un groupe parlementaire socialiste à la Chambre des députés de la Troisième République française.
Groupe ouvrier | |
Chambre | Chambre des députés |
---|---|
Législature(s) | IVe à VIIe (IIIe République) |
Fondation | 1886 |
Disparition | 1902 |
Positionnement | Gauche |
Idéologie | Socialisme |
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Histoire
modifierPendant la troisième législature (1881-1885), Clovis Hugues était le seul député considéré comme socialiste[1]. Lors des élections législatives de 1885, plusieurs autres socialistes sont élus, le plus souvent sur des listes radicales. Il s'agit de socialistes indépendants car ils n'appartiennent pas aux principales formations socialistes alors constituées (Parti ouvrier français de Jules Guesde, Fédération des travailleurs socialistes de France de Paul Brousse, Comité révolutionnaire central d’Édouard Vaillant)[2].
À l'initiative d'Antide Boyer, ces socialistes indépendants, rejoints par des radicaux-socialistes très avancés, décident de former un groupe parlementaire distinct de celui de l'Extrême-Gauche (radicaux-socialistes). Annoncé dès la fin de l'année 1885[3], le groupe ouvrier socialiste se constitue en [4].
Daté du et signé par sept députés (Basly, Boyer, Camélinat, Brialou, Hugues, Planteau et Prudhon), le manifeste du Groupe des députés ouvriers socialistes est publié dans Le Cri du peuple[5]. Ce texte expose les objectifs de ces parlementaires : déterminés à « défendre par tous les moyens légitimes les intérêts matériels et moraux des opprimés du salariat », ils réclament notamment « une législation nationale et internationale du travail » ainsi que « la garantie sociale contre les chômages, la maladies, les accidents et la vieillesse ». Boyer est le secrétaire du groupe[6]. Il s'agit cependant plus d'un programme intransigeant que socialiste, ces réformes sociales n'étant qu'à la fin du texte et les considérations politiques ayant la priorité.
À la fin de la législature, le groupe, refondé en décembre 1887 sous le nom de « groupe des députés républicains socialistes »[7], est divisé par le boulangisme[8],[9],[10]. Le groupe ouvrier qui se reforme après les élections législatives de 1889 exclue aussi bien les boulangistes que les « cadettistes »[11].
Renommé Union socialiste en 1893, le groupe rassemble alors les députés de toutes les tendances du socialisme français, des « révolutionnaires » (POF, CRC) aux « réformistes » (FTSF, POSR et indépendants). Toutefois, les députés allemanistes forment leur propre groupe « socialiste révolutionnaire » à partir de décembre 1894.
Le groupe est reformé en 1898 mais il connait une première crise en juin 1899 avec le départ des révolutionnaires, opposés à la nomination d'Alexandre Millerand (SI) dans le nouveau gouvernement Waldeck-Rousseau au côté du général Galliffet, ancien « bourreau de la Commune » . Ils forment un éphémère groupe Socialiste révolutionnaire composé des 26 députés. Toutefois, l'ensemble des députés socialistes se réunissent à nouveau dans le groupe parlementaire du Parti socialiste en décembre 1899, à la suite du congrès général des organisations socialistes françaises qui autorise le principe d'une participation gouvernementale en cas de « circonstances exceptionnelles »[12].
Dans la poursuite d'une unification des socialistes français, les différentes tendances fusionnent en 1902 dans deux partis : le Parti socialiste de France pour les révolutionnaires autour de Jules Guesde et le Parti socialiste français pour les réformistes autour de Jean Jaurès.
À la suite des élections législatives de 1902, révolutionnaires et réformistes ne s'entendent pas sur la position à tenir envers le gouvernement Combes. Alors que Jaurès et le PSF apportent un soutien partiel au Bloc des gauches, les députés du PSdF refusent toute participation à un « gouvernement bourgeois ». A l'ouverture de la législature, le groupe socialiste se scinde en deux avec les formations d'un nouveau groupe Socialiste révolutionnaire et du groupe Socialiste parlementaire.
Cependant, la plupart des députés socialistes se retrouveront en 1905 à la suite de la création de la Section française de l'internationale ouvrière et la formation du groupe Socialiste unifié. Une quinzaine de députés socialistes indépendants comme Alexandre Millerand ou Aristide Briand, opposés à cette fusion maintiendront le groupe Socialiste parlementaire, base du futur Parti républicain-socialiste.
Composition
modifierLégislature | Année | Nom | Nombre de députés |
Évolution |
---|---|---|---|---|
IVe | 1886 | Députés ouvriers socialistes | 8 / 584 |
|
1887 | Députés républicains socialistes | 23 / 584 |
15 | |
Ve | 1889 | Ouvrier | 14 / 573 |
9 |
VIe | 1893 | Union socialiste | 40 / 581 |
26 |
VIIe | 1898 | 37 / 620 |
3 | |
1899 | Groupe parlementaire du Parti socialiste | 37 / 620 |
Notes et références
modifier- Orry, p. 7.
- Orry, p. 12-13.
- La Revue socialiste, décembre 1885, p. 1132.
- L'Intransigeant, 23 janvier 1886, p. 2.
- L'Univers, 14 mars 1886, p. 1.
- La Revue socialiste, avril 1886, p. 351-353.
- Le Rappel, 18 décembre 1887, p. 1.
- Orry, p. 15.
- Le Rappel, 22 mars et 25 avril 1888, p. 1.
- Journal des débats, 28 novembre 1888, p. 2.
- Journal des débats, 12 novembre 1889, p. 2.
- Laurent Villate, Socialistes à Paris : 1905-2005, Éditions Créaphis, , 191 p. (ISBN 978-2-913610-77-4), « Salle Japy : le premier congrès des organisations socialistes en 1899 ».
- "Groupe socialiste en 1891" L'Univers, 2 juillet 1891.
- "Groupe socialiste en 1894" Le Socialiste, 4 août 1894.
- "Les socialistes et le ministère Galiffet" Le Socialiste, 2 juillet 1899.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Albert Orry, Les Socialistes indépendants (Alexandre Zévaès (dir.), Histoire des partis socialistes en France, t. VIII), Paris, Librairie des sciences politiques et sociales Marcel Rivière et Cie, 1911, p. 7-15.
Liens externes
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- Laurent de Boissieu, « Groupe ouvrier » sur le site france-politique.fr (consulté le ).