Eugène-Casimir Villatte

militaire français

Eugène-Casimir Villatte, comte d'Oultremont[1], né le à Longwy en Lorraine et mort le à Nancy, dans la Meurthe, est un général français de la Révolution et de l’Empire.

Eugène-Casimir Villatte
Eugène-Casimir Villatte

Naissance
Longwy, Lorraine
Décès (à 64 ans)
Nancy, Meurthe (département)
Origine Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Royaume de France Royaume de France
Drapeau de l'Empire français pendant les Cent-Jours Empire français (Cent-Jours)
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Arme Infanterie
Grade Général de division
Années de service 1792 – 1834
Conflits Guerres de la Révolution française
Guerres napoléoniennes
Faits d'armes Eylau
Balmaseda
Madrid
Uclès
Talavera
Vitoria
Distinctions Comte de l'Empire
Grand-croix de la Légion d'honneur
Commandeur de Saint-Louis
Hommages Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile, 2e colonne

Entré au service en 1792, il participe aux guerres de la Révolution française et sert notamment comme aide de camp du général Bernadotte. Devenu général de brigade en 1803, puis de division en 1807, il fait les campagnes d'Allemagne, de Prusse et de Pologne au sein de la Grande Armée de Napoléon, se signalant à Elchingen, Iéna, Guttstadt et Friedland.

Affecté en 1808 dans la péninsule Ibérique, Villatte prend part à la guerre d'Espagne jusqu'à la fin de celle-ci en 1814. Durant cette période, lui et ses troupes sont engagés dans de nombreux affrontements tels qu'à Balmaseda, Espinosa, Uclès, Talavera, Vitoria ou Orthez.

Rallié aux Bourbons après la chute de l'Empire, il occupe divers commandements de l'intérieur avant d'achever sa carrière sous la monarchie de Juillet.

Biographie

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Origines et carrière sous la Révolution française

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Eugène-Casimir Villatte naît le à Longwy, en Lorraine. Entré dans la carrière des armes au début de la Révolution française, il est sous-lieutenant du 13e régiment d'infanterie (ex-régiment de Bourbonnais) le , avant de passer lieutenant le suivant[2].

Il fait les campagnes révolutionnaires à l'armée du Rhin de 1792 à 1794. Au cours de cette période, il est atteint d'un coup de feu lors d'un engagement près de Haguenau le et est promu au grade de capitaine le lendemain. Il est ensuite transféré à l'armée de Sambre-et-Meuse et sert à la division du général Bernadotte, dont il devient l'aide de camp le . Deux ans plus tard, il suit son chef sur le théâtre d'Italie et participe notamment à la prise de Gradisca en . À l'issue de cette campagne, il est nommé chef de bataillon à titre provisoire le puis de manière définitive le [2].

Villatte est ensuite adjudant-général à la division Soult le . Lors de la première bataille de Zurich, en juin de la même année, il est blessé d'un coup de feu. Il quitte alors la ligne de front pour occuper des commandements intérieurs, étant successivement employé dans les 17e, 4e et 22e divisions militaires de 1799 à 1803. Il sert un temps à l'armée de l'Ouest et est même pressenti pour faire partie d'un corps expéditionnaire en qualité de chef d'état-major, mais le projet ne se concrétise pas. Le , il est promu général de brigade[2].

Général de l'Empire

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Peu après l'avènement de l'Empire, Villatte est élevé au rang de commandant de la Légion d'honneur le [3]. Il dirige, à partir du , la 1re brigade de la division du général Loison, appartenant au 6e corps du maréchal Ney. Durant la campagne d'Allemagne de 1805, il se distingue à la bataille d'Elchingen le . Versé dans la division Marchand au début de l'année 1806, il prend part à la bataille d'Iéna avant d'être promu général de division le . Quelques jours plus tard, il remplace Drouet d'Erlon au commandement de la 3e division du 1er corps de Bernadotte[2]. C'est dans cette position qu'il défait, le , les troupes russes du général Rembow à Spanden, dans le cadre de la bataille de Guttstadt[4]. Il combat ensuite à Friedland le où sa division, forte d'environ 5 500 hommes, se compose du 27e léger et du 63e de ligne de la brigade Frère ainsi que des 94e et 95e de ligne de la brigade Gérard[5].

 
Scène de la bataille d'Espinosa (10-11 novembre 1808), à laquelle prend part le général Villatte. Illustration d'Henri Félix Emmanuel Philippoteaux.

À l'automne 1808, Villatte est envoyé en Espagne. Il y contribue, peu après son arrivée, à la défaite du général espagnol Blake et à la prise de Bilbao[6]. Le , sa détermination sauve sa division et l'issue de la bataille de Balmaseda, malgré la perte d'environ 500 hommes et un canon[7]. Il participe peu après à la bataille d'Espinosa où son intervention est décisive. Lors du siège de Madrid, il enlève, à la tête de sa division, le château royal du Retiro[8]. Le , à la bataille d'Uclès, il met en fuite l'aile gauche espagnole retranchée sur les hauteurs d'Uclès[9]. Il reçoit pour cette action les félicitations du maréchal Victor :

« Votre conduite […] est celle d'un bon général : il vous fallait d'aussi bons soldats que ceux que vous commandez, pour pouvoir agir ainsi. Votre confiance en eux a été couronnée du plus grand succès. Recevez mes félicitations, et dites à votre division que je vais la citer à Sa Majesté comme le modèle des troupes de son armée d'Espagne[10]. »

Le général Villatte se distingue ensuite aux combats de Cuenca, de Talavera de la Reina et de Chiclana. Pendant les campagnes de 1812 et de 1813, il est chargé du commandement de la réserve. Attaqué à Salamanque le par un corps de cavalerie, il opère sa retraite en bon ordre et assiste un mois plus tard à la bataille de Vitoria. Le , il combat à Orthez[11]. À la date du , sa division, qui sert à l'aile gauche de l'armée des Pyrénées sous les ordres du général Clauzel, aligne 4 829 hommes répartis en deux brigades sous les généraux Saint-Pol et Lamorendière[12]. Il passe ensuite à l'armée du Midi[11].

Au service du roi

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Il se rallie aux Bourbons à la Restauration, et devient successivement inspecteur général d'infanterie et commandant de différentes divisions militaires. Lors du procès du maréchal Ney, Villatte vote avec le général Claparède « contre » l'incompétence du conseil de guerre du maréchal Jourdan[13].

Vie privée

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Il épouse, en 1804, Marie-Augustine de Salmon de la Brosse (morte en 1845) dont il a deux fils et deux filles[14] :

  • Jean Marie Eugène Oscar Villatte (né en 1800) ;
  • Casimir Augustine Anaïs Villatte (1805-1871) ;
  • Eugène Louis Auguste Villatte (né en 1814), officier de cavalerie et conseiller général du département de la Meurthe ;
  • Fanny Eugénie Villatte.

Le général Villatte a également deux frères cadets, Jean-Baptiste Alexandre (1780-1858) et Jean Louis (1785-1829)[14].

Distinctions

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Le général Villatte est grand-croix de la Légion d'honneur, chevalier de la Couronne de fer, grand-croix de l'ordre militaire de Charles-Frédéric, commandeur grand-croix de l'ordre de l'Épée et commandeur de Saint-Louis[15].

Il fait également partie des 660 personnalités à avoir son nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile. Il apparaît sur la 2e colonne (l’Arc indique VILLATTE).

Notes et références

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  1. À ne pas confondre avec l'illustre famille comtale belge d'Oultremont
  2. a b c et d Six 1934, p. 555.
  3. Clauteaux 1829, p. 188.
  4. Petre 1976, p. 278-279.
  5. Diégo Mané, « Les armées à Friedland le 14 juin 1807. II. L'armée française de Napoléon Ier » [PDF], sur planete-napoleon.com, (consulté le ).
  6. Clauteaux 1829, p. 188-189.
  7. Smith 1998, p. 269.
  8. Clauteaux 1829, p. 189.
  9. Gates 1986, p. 118.
  10. Clauteaux 1829, p. 190.
  11. a et b Laronde 2004, p. 42.
  12. Jean Tranié et Juan-Carlos Carmigniani, Napoléon : 1814 - La campagne de France, Paris, Pygmalion/Gérard Watelet, , 315 p. (ISBN 2-85704-301-5), p. 294.
  13. Hulot 2013, p. 592.
  14. a et b Albert Révérend, Armorial du Premier Empire : Titres, majorats et armoiries concédés par Napoléon Ier, t. 4, Paris, Bureau de l'annuaire de la noblesse, , 420 p. (lire en ligne), p. 372.
  15. Thiébaud et Tissot-Robbe 2011, p. 539.

Bibliographie

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  • Charles Clauteaux, Essai sur l'histoire de Longwy, Verronnais, , 207 p..
  • Frédéric Hulot, Les grands maréchaux de Napoléon, Paris, Pygmalion, , 1706 p. (ISBN 978-2-7564-1081-4), « Le maréchal Jourdan ».
  • Claude Laronde, Soult et Wellington dans les Pyrénées (1813-1814) : La retraite des sans-souliers, Princi Negue, , 210 p. (ISBN 978-2-84618-150-1).
  • Georges Six (préf. commandant André Lasseray), Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l'Empire, t. 2, Paris, Georges Saffroy Éditeur, (lire en ligne).
  • Jean-Marie Thiébaud et Gérard Tissot-Robbe (préf. Jean Tulard), Les Corps Francs de 1814 et 1815, la double agonie de l'Empire : les combattants de l'impossible, L'Harmattan, , 714 p. (ISBN 978-2-296-46370-7, lire en ligne).
  • (en) Francis Loraine Petre, Napoleon's Campaign in Poland 1806-1807, Londres, Lionel Leventhal Ltd., (1re éd. 1907)
  • (en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book, Londres, Greenhill, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9).
  • (en) David Gates, The Spanish Ulcer : A History Of Peninsular War, Pimlico, (réimpr. 2002), 570 p. (ISBN 0-7126-9730-6, lire en ligne).
  • « Cote LH/2717/13 », base Léonore, ministère français de la Culture

Liens externes

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