Diminution
En musique occidentale, le terme diminution désigne trois procédés : le premier, utilisé dans la notation mensuraliste des XVe et XVIe siècles, raccourcit le chant ; le second, dans l'écriture polyphonique, réduit les valeurs des notes d'un motif, d'un thème ; le dernier est une façon d'orner une mélodie.
Notation mensuraliste
modifierLa notation mensuraliste permet d'indiquer le raccourcissement du chant selon des proportions dites diminuantes : « proportio dupla » ou simplement « dupla » indique le rapport 2/1, « proportio tripla » ou simplement « tripla » indique le rapport 3/1 ; le « quadrupla » étant le rapport 4/1, etc.
Le procédé est employé pour la partie de ténor dès le XIVe siècle par Philippe de Vitry et Guillaume de Machaut[1].
Le procédé inverse étant l'augmentation.
Procédé contrapuntique
modifierLe procédé de diminution, couramment rencontré dans la composition des fugues, est une figure typique de l'imitation en contrepoint rigoureux. Il consiste à représenter un thème, un motif dans des valeurs rythmiques diminuées par rapport à leurs durées initiales. Une blanche devenant une noire dans la représentation. Il s’apparente au procédé de la strette[1].
Ornementation
modifierIl s'agit, lors de la reprise d'une pièce vocale ou instrumentale, de l'ajout, souvent improvisé[1], d'une ou plusieurs notes dans l'intervalle de deux notes de la mélodie originale, permettant aux musiciens de donner un caractère brillant et enjoué à l'exécution de la phrase. Cette pratique était courante au XVIe siècle[2] et très employée au siècle suivant.
Redécouverte
modifierLa pratique non écrite de la musique a longtemps été abordée par les historiens comme un phénomène périphérique d'importance moindre, prise en considération uniquement lorsque l'étude de la musique polyphonique y mène indubitablement. C'est le cas par exemple de la musique polyphonique liturgique, d'une telle pratique, plus tardive, dans le faux-bourdon, ou encore de certaines formes de la musique instrumentale des XVIIe et XVIIIe siècles, telles que la toccata et la fantaisie, liées assurément à la pratique de l'improvisation[3].
En 1979 est paru Italienische Diminutionen, le premier recueil réunissant, dans un unique volume, l'ensemble des pièces avec plus d'une diminution de 1533 à 1638. Il s'agit d'un travail mené avec la Schola Cantorum de Bâle, dont Richard Erig a présenté une première compilation et évaluation du contenu dans deux articles publiés en 1971 et 1972, dans le cadre de son diplôme sur les instruments à vent historiques (flûte à bec et hautbois / chalemie). La suite de son étude a été financée par le département de recherche de l'école. Vernika Gutmann a, elle, préparé le travail d'Erig pour l'impression, ainsi que les commentaires concernant les instruments à cordes et les sources[4].
Références
modifier- Marc Honegger, « Intrada », dans Dictionnaire de la musique : technique, formes, instruments, Éditions Bordas, coll. « Science de la Musique », , 1109 p., Tome I & II (ISBN 2-04-005140-6, OCLC 3033496), p. 299.
- « ORNEMENT, musique », sur universalis.fr (consulté le )
- Erig et Gutmann 1979, p. 8
- Erig et Gutmann 1979, p. 7
Bibliographie
modifierOuvrages
modifier- William Dongois (dir.), Semplice ou passeggiato : Diminution et ornementation dans l'exécution de la musique de Palestrina et du stile antico, Droz - Haute école de musique de Genève, , 336 p. (ISBN 978-2-600-01868-5)
- (en + de) Richard Erig et Veronika Gutmann, Italienische Diminutionen, Amadeus, , 23 x 30 cm (ISBN 3-905049-00-7 et 978-3-905049-00-8, ASIN 3905049007)
- Howard Mayer Brown (trad. Jacques Gouelou), L'ornementation dans la musique du XVIe siècle, Presses Universitaires de Lyon, , 112 p. (ISBN 978-2-7297-0387-5)
Articles
modifier- William Dongois, « La pratique de la diminution à la lumière de la Fontegara (1535) de Silvestro Ganassi » [PDF]