Déambulatoire

galerie autour du rond-point qui double le chœur et l'abside d'une église

Le déambulatoire (du radical latin deambulatio, « promenade » avec le suffixe -orium[1]) est une galerie autour du rond-point qui double le chœur et l'abside d'une église. C’est un « collatéral tournant », dit encore « bas-côté pourtournant », « bas-côté de pourtour », « pourtour du chœur » et qui peut être entouré d'un nombre variable de chapelles absidiales[2]. Il peut exister plusieurs déambulatoires (simple, double, triple) : comme les collatéraux qu’ils prolongent, on les nomme à partir de l’intérieur (premier déambulatoire, deuxième, etc.).

Déambulatoire.
Déambulatoire côté sud, cathédrale Saint-Étienne de Toulouse.

Le déambulatoire favorisait les processions liturgiques et, dans les églises de pèlerinage, structurait le tracé de visite des pèlerins autour du chœur et de la crypte qui abritaient ou exposaient les corps saints et les reliques particulièrement insignes[3]. Cet espace de circulation canalisait la ferveur religieuse tout en protégeant de la foule le bon déroulement des offices. Le chevet à déambulatoire desservant des chapelles absidiales (espaces privés, propriété de familles ou de confréries) autorisait la dévotion aux patrons des confréries et les messes privées en souvenir des défunts.

Historique

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La forme du déambulatoire serait l’héritage des couloirs annulaires dans les églises antiques[4] et dont l’origine pourrait être la rotonde de l’église du Saint-Sépulcre[5].

Le déambulatoire apparaît simultanément en Occident dans plusieurs églises à la fin de la période carolingienne. Ainsi, l'abbatiale de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu « passe pour un des jalons qui marquent la genèse de ce dispositif, à partir de la crypte à galerie de circulation périphérique ». Cet élément architectural a alors la forme d'un couloir coudé desservant des chapelles prolongeant le chœur. Plus tard, il adopte une forme semi-circulaire : le plan de la crypte préromane de la cathédrale Notre-Dame de Chartres le montre encore. Il prend son essor dans l'architecture romane, notamment dans les églises de pèlerinage, au cours du XIe siècle et adopte définitivement la forme d'une galerie semi-circulaire. Les architectes romans l'élèvent au niveau des collatéraux, l'ouvrent sur l'abside par une série d'arcades formant le rond-point (le déambulatoire a ainsi un rôle de contrebutement de l’abside) et, typiquement en France, ajoutent sur le pourtour un nombre variable de chapelles rayonnantes. Ce modèle de déambulatoire à chapelles rayonnantes est repris et développé dans les premières cathédrales gothiques. Les maîtres d'œuvre optent parfois pour un déambulatoire sans chapelle qui facilite la circulation des processions[6].

Exemples de déambulatoires

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Saint-Philibert de Tournus au début du XIe siècle est volontiers considéré comme une étape décisive entre les expériences carolingiennes et le déambulatoire roman à chapelles rayonnantes.

L'exemple de déambulatoire le plus vaste, conservé seulement au niveau de la crypte, est celui de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, à trois profondes chapelles rayonnantes[7].

La cathédrale Notre-Dame de Paris, la cathédrale Notre-Dame de Chartres, la cathédrale Notre-Dame de Coutances, la cathédrale Saint-Julien du Mans (début du XIIIe siècle), et de nombreux autres édifices, ont un double déambulatoire.

Représentation schématique

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Notes et références

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  1. Deambulatorium désignait jadis toutes les galeries et notamment les tribunes avant de prendre le sens spécifique de pourtour. D'autres vieux mots avaient aussi le sens de déambulatoire : girole, carole que l'historien Robert de Lasteyrie a tenté de remettre en honneur. C'est l'historien Casimir Chevalier qui francise le mot deambulatorium en « déambulatoire » lors de ses fouilles de Saint-Martin de Tours. Source : Casimir Chevalier, Les Fouilles de Saint-Martin de Tours. Recherches sur les six basiliques successives élevées autour du tombeau de saint Martin, Tours, 1888, p. 129-130.
  2. Robert de Lasteyrie, « Triforium et déambulatoire », Bulletin monumental, no 76,‎ , p. 127.
  3. Émile Mâle, L’Art religieux du XIIe siècle en France. Étude sur les origines de l’iconographie du Moyen Âge, Armand Colin, , p. 297-300.
  4. Jean-Pierre Caillet, « Le mythe du renouveau architectural roman », Cahiers de civilisation médiévale, Xe – XIIe siècles,, no 43,‎ , p. 345-352.
  5. Carol Heitz, « Convergences et divergences entre l’architecture ottonienne et l’architecture religieuse en France aux alentours de l’an mil », Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, no 24,‎ , p. 59-61.
  6. Marcel Aubert, Art roman en France, Flammarion, , p. 117.
  7. Anne Prache, Cathédrales d'Europe, Citadelles & Mazenod, , p. 107.

Voir aussi

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Articles connexes

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