Chryséis

personnage de la mythologie grecque, fille du prêtre Chrysès

Fille de Chrysès, grand prêtre d'Apollon, Chryséis (en grec ancien Χρυσηΐς / Khrusêîs, mot à mot « fille de Chrysès » ; quelques auteurs tardifs la nomment Astynomé (Ἀστυνόμη / Astunnómê), « protectrice de la ville »[1]) est une jeune femme aux yeux d'ébène[2], belle et intelligente[3], originaire de Chrysè, ville de Mysie.

Chryséis
Chrysès offrant à Agamemnon une rançon pour Chryséis, cratère apulien à figures rouges du Peintre d'Athènes 1714, v. 360350 av. J.-C., musée du Louvre.
Biographie
Nom dans la langue maternelle
ΧρυσηΐςVoir et modifier les données sur Wikidata
Domicile
Père
Enfant
Autres informations
Vénérée par

Chryséis apparait dans le premier chant de l'Iliade. Capturée par Achille lors du pillage de Thébé sous le Places[4], elle est attribuée par la suite à Agamemnon, roi des rois, dirigeant la première partie de la guerre de Troie. Ce dernier ne la restitua que contre Briséis, bien-aimée d'Achille.

Pendant la guerre de Troie, parallèlement aux combats, la stratégie des Grecs consistait également à couper le ravitaillement ennemi. Cette stratégie mena au pillage de onze cités, dont Chrysè, pillage pendant lequel son époux[réf. nécessaire] Épistrophe est tué par Achille[5]. Chryséis est quant à elle enlevée par Achille, mais attribuée par la suite à Agamemnon.

Agamemnon en fait sa concubine et dit publiquement la préférer à Clytemnestre, son épouse légitime : « Elle ne lui est inférieure ni par le corps, ni par la taille, ni par l’intelligence, ni par l’habileté aux travaux[6]. » Lorsque Chrysès, son père, vient la réclamer moyennant une énorme rançon, Agamemnon humilie le vieux Chrysès et le menace même de mort[7], impressionnant tant les Grecs que les Achéens par cet outrage fait à un grand prêtre[8].

Chrysès conjure alors Apollon — qui est également le dieu qui contribua à la naissance de Troie — de le venger. Le dieu lui donne satisfaction en envoyant une épidémie[9],[10] dévaster le camp des Grecs durant neuf jours[11]. Le dixième jour, Achille convoque les Grecs pour consulter le devin Calchas[12],[13]. Craignant pour sa vie, ce dernier s'assure d'abord de la protection d'Achille[14] avant de confirmer que la fureur d’Apollon ne s’apaiserait que lorsque Chryséis sera rendue à son père, sans rançon ni présent et lorsque Agamemnon aura dédié dans la ville de Chrysé une hécatombe à Apollon[15].

Achille fait pression sur Agamemnon mais ce dernier refuse de la rendre sans contrepartie à la hauteur de son rang et adéquate à sa perte, donc prélevée sur le butin des autres champions : il exige Briséis, captive d'Achille, dont ce héros est tombé éperdument amoureux. Furieux, Achille se révolte contre Agamemnon, et s’apprête même à le tuer, mais Athéna arrête son bras. Achille rengaine son glaive et prédit à Agamemnon le massacre des Grecs — un vœu que Zeus exauce sur l'intervention de Thétis[16].

Agamemnon renvoie ainsi Chryséis auprès de son père dans un vaisseau dirigé par Ulysse[17],[18], tandis qu'Achille se retire dans sa tente et que Patrocle raccompagne Briséis[19].

Une légende grecque tardive, relatée par Caius Julius Hyginus Hygin, raconte que Chryséis, enceinte par la suite, prétendit l'être d'Apollon lui-même[20]. Elle mit au monde un fils, Chrysès II. Chryséis ne lui indiqua jamais le nom de son père. Il devint prêtre-roi de Sminthe. Ce n'est que plus tard qu'Oreste et Iphigénie, ayant relâché dans cette île à leur retour de la Tauride, dévoilent à Chrysès le mystère de sa naissance, et tous trois alors se dirigent vers Mycènes[21].

Sources

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Notes et références

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  1. Scholie sur l'Iliade (I, 392) ; Hésychios d'Alexandrie, Lexique ; Jean Malalas, Chronographia (100) ; Eustathios de Thessalonique, Commentaire sur l'Iliade (I, 123, 9).
  2. Illiade, I, 98 - 99.
  3. Illiade, I, 106-120.
  4. Géographie de Strabon, Jean-Antoine Letronne (1787-1848), Livre XIII, Imprimerie Impériale, 1814.
  5. Iliade, Chant XVI, p. 39. Voir Biographie universelle, ancienne et moderne, partie mythologique, article Épistrophe, 1811-62, t. 54, Joseph Fr. Michaud (1767-1839), Louis Gabriel Michaud (1773-1858).
  6. Iliade, Chant I, p. 5.
  7. Illiade, I, 26 - 32.
  8. Illiade, I, 17 - 24.
  9. Beaucoup d'auteurs assimilent cette dévastation à la peste, connue dans l'Antiquité. Dans l'Iliade, Apollon est évoqué sous le nom de Sminthée, épiclèse signifiant le rat (voir aussi Apollon). .
  10. Jean Haudry, Achille et Patrocle, Collection de l'Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, Année 1992, 460, pp. 33-55.
  11. Illiade, I, 43 - 52.
  12. Calchas, devin des Grecs devant Troie, devait sa science à Apollon (Illiade, I, 72).
  13. Illiade, I, 53 - 67.
  14. Illiade, I, 74 - 83.
  15. Illiade, I, 91 - 100.
  16. Illiade, I, 517 - 527.
  17. Illiade, I, 304 - 309.
  18. Illiade, I, 428 - 455.
  19. Illiade, I, 318 - 347.
  20. Biographie universelle, ancienne et moderne, partie mythologique, 1811-62, t. 54, article Chryséis, Joseph Fr. Michaud (1767-1839), Louis Gabriel Michaud (1773-1858).
  21. Biographie universelle, ancienne et moderne, partie mythologique, 1811-62, t. 54, article Chrysès II, Joseph Fr. Michaud (1767-1839), Louis Gabriel Michaud (1773-1858).

Bibliographie

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  • Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Grands dictionnaires », (1re éd. 1951) (ISBN 2-13-050359-4), s.v.« Chryséis ».