Chinampa
Une chinampa, parfois qualifiée de jardin flottant, est une surface cultivable créée dans les zones lacustres de Mésoamérique comme Texcoco et Xochimilco. Cette technique d'agriculture utilisée par les Nahuas et en particulier par les Aztèques, permettait de subvenir à plus de la moitié des besoins en nourriture de Tenochtitlán, la grande capitale de l'époque.
Étymologie
modifierCe mot d'origine nahuatl signifie littéralement « lieu de la clôture de roseaux » (chināmitl, clôture de roseaux, -pan lieu), c'est-à-dire une parcelle de culture. Il est parfois traduit par « jardin flottant ».
Description
modifierLes chinampas se présentent sous la forme d'un réseau de canaux et d'îles artificielles, généralement rectangulaires, dépassant d'environ un mètre de la surface de l'eau[1].
Ils ont été décrits par Hernán Cortés au XVIe siècle[2]. Il fait état de son émerveillement dans la lettre qu'il adresse à Charles Quint : il est impressionné par ce qu'il voit lorsqu'il arrive à Tenochtitlán, qu'il qualifie de « Venise du Nouveau Monde »[3].
Des canaux étaient tout d'abord creusés pour faciliter l'écoulement de l'eau et des alluvions. On disposait ensuite cette boue très riche en nutriments sur l'île, maintenue par un réseau de branches de canne (jonc, canne de maïs) et de feuillage. Des semis étaient ensuite réalisés dans un mélange de boue et de feuillage, qui étaient enfin déposés sur l'île[4]. Des arbres étaient également plantés afin de limiter l'érosion de l'île par l'eau[5].
Les principales cultures étaient du maïs et des haricots mais on cultivait également des pommes de terre, avocats, tomates, goyaves, amaranthes, piments[5]. La culture concernait aussi des fleurs qui étaient très utilisées dans les cérémonies.
Cette technique agraire permettait de récolter quatre fois par an, en variant les semis et la quantité d'eau et de boue. Elle est associée à la période de développement urbain de l'empire aztèque[5].
Déclin
modifierLe déclin des chinampas s'est produit lors de l'arrivée au XVIe siècle des conquistadors espagnols qui apportèrent des nouvelles techniques de culture et des animaux domestiqués, inconnus alors des Aztèques comme le cheval et le bœuf. Ceux-ci ont ainsi facilité le transport et le commerce de la nourriture qui n'avait ainsi plus besoin d'être produite sur place.
Postérité
modifierAujourd'hui, ce type de culture a pratiquement disparu. Certaines parcelles ont été préservées dans la délégation de Xochimilco de Mexico et sont désormais inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO[6].
Certains auteurs considèrent que l'aquaponie peut être vue comme ayant un principe similaire. Les chinampas seraient alors une technique ancienne d'agriculture hors sol[6].
Notes et références
modifier- Nathalie Mayer 2019.
- Alain P. Bonjean, « Produire hors-sol, une solution pour la terre », Le Déméter, IRIS éditions, , p. 275-289 (DOI 10.3917/iris.abis.2020.01.0275)
- Annie Molinié-Bertrand, Vocabulaire de l'Amérique espagnole, Paris, Armand Colin, , « A - B », p. 6-16
- Henri Lehmann, Les civilisations précolombiennes, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , « L'aire mésoaméricaine », p. 21-73
- Marc Dufumier, Agricultures et paysanneries des Tiers mondes, Paris, Karthala, coll. « Hommes et sociétés », (DOI 10.3917/kart.dufu.2004.01.0321), chap. 10 (« La paysannerie mexicaine entre insurrection et exode »), p. 321-354
- Jean Foyer, Il était une fois la bio-révolution. Nature et savoirs dans la modernité globale, Presses Universitaires de France, coll. « Partage du savoir », , chap. II (« La biodiversité comme nouvel enjeu de luttes »), p. 67-120
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Nathalie Mayer, « Les jardins flottants des Aztèques au secours de nos fermes », sur Futura, (consulté le ).
- (en) Emily Holt, Water and power in past societies, New York, State University of New York press, coll. « IEMA proceedings », (BNF 45571991), « Productive power and the ecological history of waterscapes. The political ecology of Chinampa landscapes in the basin of Mexico ».