Centre de détention d'Écrouves

établissement pénitentiaire français

Le centre de détention d'Écrouves est un centre de détention français situé dans la commune d'Écrouves, dans le département de Meurthe-et-Moselle et dans la région Grand-Est.

Centre de détention d'Écrouves
Image de l'établissement
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Drapeau du Grand Est Grand Est
Département Meurthe-et-Moselle
Localité Écrouves
DISP Strasbourg
Coordonnées 48° 40′ 54″ nord, 5° 50′ 58″ est
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Centre de détention d'Écrouves
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Centre de détention d'Écrouves
Architecture et patrimoine
Construction
Destination initiale caserne
Propriétaire Drapeau de la France État français
Installations
Type Centre de détention
Superficie 152 300 m2
Capacité 268 places
Fonctionnement
Date d'ouverture
Opérateur(s) Drapeau de la France Ministère de la Justice
Effectif 217 (février 2022)
Statut actuel En fonctionnement (d)

L'établissement dépend du ressort de la direction interrégionale des services pénitentiaires de Strasbourg. Au niveau judiciaire, l'établissement relève du tribunal judiciaire de Nancy et de la cour d'appel de Nancy.

Le centre de détention d'Écrouves est à l'origine une caserne, sous le nom de « caserne Marceau ».

Histoire

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La caserne Marceau

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La caserne Marceau est construite en [1] dans le cadre du « Système Séré de Rivières » mis en œuvre par le général Raymond Adolphe Séré de Rivières. La caserne fait partie des installations entourant le Fort d'Écrouves[2].

L'utilisation militaire du site prend fin après la première Guerre mondiale[2].

Dépôt de travailleurs étrangers

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Le site sert de dépôt de travailleurs étrangers à partir de [1]. Le centre héberge ainsi des travailleurs immigrés originaires de Pologne, où l'Office de l'immigration envoie un recruteur dont la mission de leur proposer du travail afin de reconstruire le pays[2].

Le site devient alors un important centre de transit de travailleurs immigrés et le seul situé dans le nord-est de la France[2].

Il ne s'agit cependant pas d'un centre d'internement ou de rétention, les travailleurs étant libres d'entrer et de sortir du camp pour travailler, notamment dans les industries sidérurgiques de la région[2].

Le dépôt, dans cette configuration, ferme en au début de la Seconde Guerre mondiale, le site étant laissé dans un piteux état[2].

Centre d'internement administratif

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En , à la suite de la fermeture du dépôt de travailleurs étrangers, le site est converti en centre d'internement administratif destiné à accueillir les étrangers en situation irrégulière et, par la suite, des personnes considérées comme « dangereuses pour la sécurité nationale »[2].

A partir du , le centre est autorisé à accueillir les Juifs étrangers[2].

Cette affectation est effective jusqu'en et sera également reprise à la Libération[1],[3].

Camp d'internement pendant la seconde Guerre mondiale

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Plaque commémorative au centre de détention d'Écrouves

En , le régime de Vichy convertit la caserne Marceau, alors désaffectée et dans une piteux état, en camp d'internement[3],[4].

Le camp est ainsi créé le sous la dénomination administrative de « centre de séjour surveillé » notamment afin de vider la maison d'arrêt Charles-III de Nancy[5]. L’établissement est destiner à d'interner, dans un premier temps et par mesure administrative, les opposants au régime puis les internés économiques (détenus pour marché noir) et les Juifs[6],[7], bien que le site ne semble pas adapté à un tel usage[pas clair][8].

Le site est également réquisitionné par les Nazi comme camp d'internement et camps de transit. Il est ainsi utilisé pendant plus de deux ans pour regrouper les prisonniers juifs lorrains et opposants politiques avant leur transfert à destination des camps de concentration. Le site est alors surnommé le « petit Drancy lorrain » par les riverains[3],[9],[10],[11], les déportés juifs étant par ailleurs généralement transférés en direction du camp de Drancy après leur détention à Écrouves[5].

Durant cette période, 4046 personnes sont détenues dans l'établissement[12], dont 1850 juifs, incluant 250 enfants. Mais, durant cette période, l'établissement accueille également des détenus de droit commun ainsi que des militants communistes ou anarchistes, des résistants des sympathisants gaullistes et des détenus considérés comme indésirables[5].

Le camp est libéré en  :

Le centre fait partie des derniers camps français libérés par les troupes américaines, dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944. À cette date, son effectif est de 380 internés car le 31 août, le préfet régional de Nancy a donné l'ordre de libérer les internés "politiques" et de "marché noir". Dès l'arrivée des troupes américaines, les 168 internés arrêtés par les Allemands (dont 167 Israélites) sont libérés. Certains restent hébergés au centre jusqu'au 30 septembre 1944 car les circonstances ne permettant pas leur rapatriement[6].

Camp de prisonniers de guerre après la Libération

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Après la Libération, le camp continue à être utilisé comme lieu de détention pour les prisonniers arrêtes par le FFI ou les autorités (police et sous-préfet) afin notamment d'être mis à disposition du Service de sécurité militaire et de la Justice militaire[6].

Reconversion en centre de détention

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Le site est cédé par le ministère de la Guerre au ministère de la Justice le [1].

Depuis , ce lieu d’enfermement a été tour à tour établissement pour peines « classique » de à , centre de formation professionnelle pour condamnés adultes et de droit commun de à , centre de jeunes condamnés à de courtes peines de à . Il reçoit l’appellation « centre de détention » par la réforme du [1].

En , lors de la première visite de l'établissement par le CGLPL, le rapport de visite mentionne que le gouvernement a annoncé la fermeture définitive de l'établissement à l’horizon [1]. Ce projet de fermeture est cependant abandonné par la suite[13].

Description

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Situé au 323 route de Pagney à Écrouves, le centre de détention est l'un des cinq établissements pénitentiaires du département. Il dépend du ressort de la direction interrégionale des services pénitentiaires de Strasbourg et, au niveau judiciaire, relève du tribunal judiciaire de Nancy et de la cour d'appel de Nancy[13].

L'établissement est de type « casernement » issu de ses origines, sur le même principe que le centre de détention d'Oermingen.

L'établissement a une capacité d'accueil de 268 places exclusivement pour des détenus majeurs hommes condamnés à des peines de un an et plus et composé exclusivement en quartier « Centre de détention Hommes »[14]. L'établissement est dépourvu de mur d'enceinte et est uniquement clos par des grillages périmétriques[1].

Au , l'établissement accueillait 217 détenus, soit un taux d'occupation de 81%[14].

L'établissement est réparti sur une superficie de 15 hectares et 23 ares, certains étant dans un état de vétusté importante. Les deux tiers sont occupés par les bâtiments de détention répartis entre deux bâtiments d'hébergement et sept bâtiments destinés à la formation et au travail[1].

Le reste du domaine est constitué par la cité des personnels (en partie désaffectée), les garages, les locaux syndicaux, l’abri des familles se rendant aux parloirs et un local d’archives. Le bâtiment regroupant les services administratifs et de direction se situe également à l’extérieur de l’enceinte pénitentiaire[1].

L'établissement a mis en place le programme « Respecto »[15].

Détenus notables

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Événements notables

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En , un détenu, profitant d'une permission de sortie, s'évade de l'établissement. Il part rejoindre sa compagne à Perpignan, où il vit et travaille clandestinement pendant deux ans. Mais en , il se livre de son plein gré au centre de détention pour finir sa peine. Il est cependant condamné à une peine supplémentaire pour son évasion[19].

En , l'arrivée d'un détenu islamiste de la « filière de Strasbourg », initialement programmée, est finalement reportée à la suite d'un mouvement du personnel qui estime que l'établissement n'est pas adapté à ce type de détenu[20].

En , deux détenus grimpent sur le toit de l'établissement pour protester contre les conditions de détention et ou demander leur transfert dans une autre établissement. L'incident est signalé à la presse locale par un détenu qui a appelé la rédaction du journal[21]. En , un autre détenu se retranche également sur le toit de l'établissement mais en est rapidement délogé[22].

Le , une mutinerie est déclenchée par des détenus alcoolisés refusant de réintégrer leur cellule. L'événement s'amplifie, 22 détenus se retranchent dans une étage de l'établissement[23] et mettent le feu à des matelas, provoquant des dégâts matériels dans l'établissement[24]. La mutinerie est maitrisée dans la soirée à la suite de l’intervention des forces de l'ordre et des ERIS[25],[26],[27]. A l'issue de l'incident, des gardes à vue et des transferts vers d'autres établissements sont réalisés[28].

Notes et références

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  1. a b c d e f g h et i CGLPL, « Rapport de visite du CGLPL - Première visite - 2011 »   [PDF], sur cglpl.fr, .
  2. a b c d e f g et h Job 1996, p. 17.
  3. a b et c « Archives départementales de Meurthe-et-Moselle - Exposition "Centre de détention d’Écrouves" », sur archives.meurthe-et-moselle.fr (consulté le ).
  4. Job 1996, p. 18-19.
  5. a b et c Job 1996, p. 8.
  6. a b et c « Centres de séjour surveillé d'Écrouves et de Joeuf », sur FranceArchives (consulté le ).
  7. Job 1996, p. 22.
  8. Job 1996, p. 22-23.
  9. « Meurthe-et-Moselle. Le camp d’internement d’Ecrouves, étape avant la mort pour près de 2.000 juifs il y a 80 ans », sur estrepublicain.fr (consulté le ).
  10. « Meurthe-et-Moselle. Camp d’internement des juifs à Écrouves : les locaux connaissent-ils ce pan de l’Histoire ? », sur estrepublicain.fr (consulté le ).
  11. Job 1996, p. 19.
  12. Jean-Claude Magrinelli, Ouvriers de Lorraine (1936-1946). 2, Dans la résistance armée (Juin 1941-Août 1944), dl 2018 (ISBN 979-10-92726-30-5, OCLC 1057124921, lire en ligne)
  13. a et b CGLPL, « Rapport de visite du CGLPL - Deuxième visite - 2016 »   [PDF], sur cglpl.fr, .
  14. a et b Ministère de la justice, « Statistiques des personnes écrouées et détenues au 1er février 2022 »   [PDF], sur justice.gouv.fr, .
  15. « Meurthe-et-Moselle. Centre de détention d’Ecrouves : une réinsertion mieux préparée avec le module « respect » », sur www.estrepublicain.fr (consulté le )
  16. Françoise Job, « Paul Haguenauer, grand rabbin : (Bergheim, Haut-Rhin, 11 janvier 1871 – Auschwitz, avril 1944) »  , Archives Juives 2002/2 (Vol. 35), sur cairn.info, , p. 145-148.
  17. « Louis Hickel (1920-1977), résistant, médecin et conseiller général de Molsheim », sur S.H.A.M.E (consulté le )
  18. Jean-Bernard Hickel, Société d'histoire et d'archéologie de Molsheim et environs, « De Reichshoffen à Dachau... Louis Hickel (1920-1977), un resistant et déporté alsacien », Annuaire 2018,‎ , p. 85-104 (ISSN 0986-1610)
  19. « En cavale, il s'installe à Perpignan avant de retourner de lui-même à sa prison », sur midilibre.fr (consulté le ).
  20. « Ecrouves : l'arrivée attendue d’un terroriste islamiste a été reportée », sur France 3 Grand Est (consulté le ).
  21. « Toulois. Deux détenus sur le toit de la prison d'Ecrouves », sur estrepublicain.fr (consulté le ).
  22. « Au centre de détention de Toul, le détenu retranché sur le toit interpellé », sur LEFIGARO, (consulté le ).
  23. « Meurthe-et-Moselle. Retour sur l'importante mutinerie qui a secoué le centre de détention d’Ecrouves », sur estrepublicain.fr (consulté le ).
  24. « Lorraine. Des détenus sous alcool à l’origine de la mutinerie au centre de détention d’Écrouves », sur republicain-lorrain.fr (consulté le ).
  25. « Meurthe-et-Moselle : la mutinerie au centre de détention d'Ecrouves est terminée », sur Franceinfo, (consulté le ).
  26. Ouest France, « Lorraine. Mutinerie dans une prison, un incendie maîtrisé »  , sur ouest-france.fr, .
  27. « Un incendie maîtrisé dans une prison de Lorraine après une mutinerie », sur Le HuffPost, (consulté le ).
  28. « Mutinerie à la prison d'Ecrouves : garde à vue annoncée pour plusieurs détenus », sur France Bleu, (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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