Cadre stratégique permanent

Le Cadre stratégique permanent (CSP), ou Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), rebaptisé en avril 2024 Cadre stratégique pour la défense du peuple de l'Azawad (CSP-DPA), est une coalition de mouvements politiques et militaires du nord du Mali, formée le . Elle réunit initialement la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) — incluant le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), et une partie du Mouvement arabe de l'Azawad — et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger, cependant les mouvements de la Plateforme quittent le CSP en septembre 2023.

Cadre stratégique permanent
CSP
Image illustrative de l’article Cadre stratégique permanent

Idéologie Nationalisme azawadien
Objectifs Indépendance ou autonomie de l'Azawad
Fondation
Date de formation
Dissolution
Date de dissolution
Causes Formation du Front de libération de l'Azawad
Actions
Mode opératoire Lutte armée, guérilla
Zone d'opération Nord du Mali (Azawad)
Organisation
Chefs principaux Bilal Ag Acherif
Alghabass Ag Intalla
Mohamed Ag Najem
Achafghi Ag Bohada
Composée de CMA
Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger (2021-2023)
Répression
Considéré comme terroriste par Drapeau du Mali Mali
Guerre du Mali

Le CSP est dissous le pour former un nouveau groupe, le Front de libération de l'Azawad (FLA).

Histoire

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Fondation par la CMA et la Plateforme

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Après des affrontements les ayant opposés dans les années 2010, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger cherchent à marquer leur réconciliation dans le cadre de l'application de l'accord d'Alger[1]. L'annonce est faite le , après deux jours de discussion à Rome[1]. La nouvelle coalition annonce alors que constatant « la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel en général et au Mali en particulier, singulièrement dans les régions du Nord/Azawad du Mali », elle se fixe pour objectif de « concrétiser la mise en synergie des efforts en faveur de la mise en œuvre diligente de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger » et « d'opérationnaliser les mécanismes conjoints de lutte contre l'insécurité sous toutes ses formes afin de garantir la libre circulation des personnes et de leurs biens »[1].

Reprise de la lutte armée en 2023

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Les tensions entre les groupes du CSP et la junte malienne s'accroissent à l'été 2023. La nuit du 4 au 5 août 2023, un poste de la CMA est attaqué à Foïta, près de Léré[2]. La CMA affirme déplorer la mort de deux de ses combattants et accuse l'armée malienne et le Groupe Wagner d'être responsable de l'attaque[2]. La junte malienne n'adresse aucune réponse[2]. Dans les jours qui suivent, les représentants de la CMA quittent Bamako[3]. Les 11 et 12 août, deux combats ont lieu près de Ber, impliquant l'armée malienne, le Groupe Wagner, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans et la CMA[4]. Les militaires maliens et les mercenaires russes investissent le camp militaire de Ber, qui est évacué par les casques bleus[5].

L'escalade se poursuit le semaines suivantes. Le 8 septembre, le GATIA dénonce le bombardement de l'une de ses bases par un hélicoptère de l'armée malienne à Afawlawlaw, près de Gao[6]. Le lendemain, la CMA revendique la destruction d'un avion Soukhoï Su-25 de l'armée malienne à Tinaouke, au nord de Gao[6]. L'armée malienne reconnait la perte de l'appareil mais évoque des « problèmes techniques »[6].

Le 10 septembre 2023, le CSP accuse la junte et le groupe Wagner de « multiples ruptures du cessez-le-feu » et annonce « adopter dorénavant toutes les mesures de légitimes défense contre les forces de la junte sur l'ensemble du territoire de l'Azawad »[6]. Le 12 septembre, la CMA se déclare « en temps de guerre » avec la junte[7]. Dans les jours qui suivent, le CSP revendique plusieurs attaques contre l'armée malienne et Wagner[8].

Scissions et retrait de la Plateforme

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Le 24 septembre 2023, le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA), dirigé par Moussa Ag Acharatoumane, annonce qu'il se retire du CSP, regrettant la « déclaration non consensuelle du CSP-PSD en date du 10 septembre 2023, par laquelle il engage un conflit armé contre les Forces Armées Maliennes »[9]. Le 26 septembre, la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger annonce à son tour qu'elle se retire du CSP[10]. Elle condamne à cette occasion les attaques contre l'armée malienne et exprime un soutien « sans faille » au gouvernement[10]. Le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) se divise cependant entre une aile intégrée au CSP, dirigée par Fahad Ag Almahmoud, et une aile favorable à la junte, dirigée par El Hadj Ag Gamou[9].

En avril 2024, le Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) change de nom devient le Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA)[11]. Bilal Ag Acherif, le dirigeant du MNLA, en prend la tête[11]. Le 2 mai, le CSP annonce que son objectif est d'obtenir « un statut politique et juridique » pour l'Azawad, c'est-à-dire « l'indépendance ou l'autonomie au sein du Mali »[12].

Combats contre l'État malien et le Groupe Wagner

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En septembre 2023, les rebelles du CSP lancent une série de raids contre les camps militaires maliens. Ils attaquent ainsi Bourem le 12 septembre[13], Léré le 17 septembre[14], Dioura (en) le 28 septembre[15], Bamba le 1er octobre[16] et Taoussa le 4 octobre[17]. Plusieurs de ces camps militaires sont pris et pillés par les rebelles, qui raflent armes, munitions et véhicules [18].

Le 2 octobre, une colonne de l'armée malienne et du Groupe Wagner sort de la ville de Gao se porte en direction du nord, vers la région de Kidal[19]. Après plusieurs combats, elles parvient à prendre Anéfis le 7 octobre[20], Kidal le 14 novembre[21] et Aguel'hoc le 20 décembre[22].

Le 25 juillet, le Groupe Wagner et l'armée malienne se atteignent la petite ville de Tinzawatène, mais elles sont repoussées par le CSP-DPA après trois jours de combats et laissent des dizaines de morts ou de prisonniers sur le terrain[23].

Dissolution

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Le , le CSP annonce sa dissolution pour former un nouveau groupe, le Front de libération de l'Azawad (FLA)[24].

Soutiens et alliances

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Ukraine

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Le 29 juillet 2024, deux jours après la bataille de Tinzawatène, la Direction générale du renseignement ukrainien, dirigée par Kyrylo Boudanov, affirme avoir fourni une assistance aux rebelles de l'Azawad dans leur combat contre les mercenaires du groupe Wagner[25],[26],[27]. Selon le Kyiv Post, Andriy Ioussov (en) déclare que « les rebelles ont reçu les informations nécessaires, qui ont permis une opération militaire réussie contre les criminels de guerre russes. [...] Nous ne discuterons pas des détails au cours de la réunion. moment, mais il y aura plus à venir »[26]. Certains rebelles proposent également de remettre les prisonniers russes à l'Ukraine « en signe de soutien et de solidarité »[26].

Pour le journaliste Wassim Nasr : « Des tentatives de prise de contact entre des groupes armés du nord du Mali et des membres de l'armée ukrainienne ont eu lieu. Ces contacts ont abouti à une légère aide matérielle et quelques formations en Ukraine, ce qui a permis notamment aux rebelles du CSP d'utiliser des drones légers portant de petites charges explosives, mais ce n’est pas ce qui a été le plus déterminant pour la bataille du 27 juillet »[28].

Ces informations sont confirmées par le journal Le Monde[27]. Selon les journalistes Benjamin Roger et Emmanuel Grynszpan, le rapprochement entre l'Ukraine et CSP s'accélère après la prise de Kidal en novembre 2023 et la coopération opérationnelle entre le renseignement militaire ukrainien et les rebelles touaregs démarre début 2024[29]. Plusieurs membres du CSP se rendent alors en Ukraine via la Mauritanie afin d'être formés à la fabrication et au maniement de petits drones équipés de charges explosives[29]. En mars 2024, deux ou trois instructeurs ukrainiens se rendent ensuite au Mali, dans la région de Taoudénit[29],[30].

À la suite de ces déclarations, le Mali et le Niger annoncent rompre leurs relations diplomatiques avec l'Ukraine[31],[32].

Rebelles nigériens

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Entre le 25 et le 29 août 2024, le CSP accueille à Tinzawatène une délégation des rebelles nigériens du Front Patriotique de Libération (FPL), dirigé par Barak Taher Hamit[33]. Les deux mouvements entament alors un rapprochement en vue de se porter mutuellement assistance contre les juntes maliennes et nigériennes[33],[34].

Lien externe

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Notes et références

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  1. a b et c Fatma Bendhaou, Mali : Les mouvements armés du nord créent le "Cadre stratégique permanent", AA, 6 mai 2021
  2. a b et c Mali: les ex-rebelles de la CMA accusent l’armée et Wagner d’une attaque tuant deux de ses membres, RFI, 9 août 2023.
  3. Mali : l'ex-rébellion touareg quitte Bamako, nouveau signe de tension avec la junte, Le Figaro avec AFP, 10 août 2023.
  4. Célian Macé, Nord-Mali : l’armée et les ex-rebelles croisent le fer à Ber, Libération, 13 août 2023.
  5. David Baché, Mali: la Minusma quitte le camp de Ber sur fond d'attaques jihadistes et de tensions avec les ex-rebelles, RFI, 14 août 2023.
  6. a b c et d « Mali: autorités et CMA se contredisent sur le crash d’un avion de l’armée, les ex-rebelles haussent le ton », sur RFI, (consulté le )
  7. Mali: la Coordination des mouvements de l'Azawad se dit «en temps de guerre» avec la junte, RFI, 12 septembre 2023.
  8. AFP, « Des rebelles du nord du Mali disent avoir fait prisonniers plusieurs soldats », sur VOA, (consulté le )
  9. a et b David Baché, Mali: division au sein des groupes armés du Nord, le MSA quitte le Cadre stratégique permanent, RFI, 25 septembre 2023.
  10. a et b Mali : un groupe armé se dissocie de la reprise des hostilités au nord, Africanews avec AFP, 27 septembre 2023.
  11. a et b David Baché, Mali: les rebelles du Nord créent le Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad, RFI, 25 avril 2024.
  12. David Baché, Nord du Mali: les rebelles du CSP veulent «un statut politique et juridique» pour l'Azawad, RFI, 3 mai 2024.
  13. Mali : situation confuse dans le Nord, après une offensive revendiquée par des groupes armés, France 24 avec AFP, 12 septembre 2023.
  14. Mali : des hommes armés s'emparent de deux camps militaires, Le Figaro avec AFP, 17 septembre 2023.
  15. David Baché, Mali: les rebelles du CSP attaquent et se retirent du camp militaire de Dioura, RFI, 29 septembre 2023.
  16. Mali: une position de l'armée attaquée dans la localité de Bamba, dans la région de Gao, RFI, 1er octobre 2023.
  17. Mali: le CSP revendique la prise du camp de Taoussa, la colonne de l'armée partie de Gao a repris sa route, RFI, 4 octobre 2023.
  18. Mali: l'armée malienne sur la route de Kidal, RFI, 2 octobre 2023.
  19. Manon Laplace et Benjamin Roger, Mali : ce que l’on sait de la colonne de l’armée qui avance vers Kidal, Jeune Afrique, 4 octobre 2023.
  20. Mali : L’armée affirme contrôler une ville étape vers Kidal, fief rebelle, 20 Minutes avec AFP, 7 octobre 2023.
  21. Cyril Bensimon, Au Mali, Kidal, bastion de la rébellion, reconquis par l’armée, Le Monde, 15 novembre 2023.
  22. Mali: le Jnim revendique l'attaque d'un poste de l'armée malienne à Dinangourou, RFI, 21 décembre 2023.
  23. Mali : revers et lourdes pertes de l'armée malienne et de ses alliés russes, Le Figaro avec AFP, 28 juillet 2024.
  24. Au Mali, les indépendantistes créent une nouvelle alliance, Jeune Afrique avec AFP, 30 novembre 2024.
  25. (en) Shaun Walker, « Ukraine military intelligence claims role in deadly Wagner ambush in Mali », sur The Guardian, (consulté le )
  26. a b et c Martin Thévenot, Vidéos. La milice Wagner se fait tailler en pièces, des dizaines de morts russes dont un commandant, que s’est-il passé au Mali ?, Sud Ouest avec AFP, 29 juillet 2027.
  27. a et b Benjamin Roger, Au Mali, l’ombre de l’Ukraine derrière les rebelles en guerre contre les mercenaires russes de Wagner, Le Monde, 1er août 2024.
  28. Wassim Nasr, 10 points sur la géopolitique de Wagner au Sahel, Le Grand Continent, 31 juillet 2024.
  29. a b et c Benjamin Roger et Emmanuel Grynszpan, Dans le nord du Mali, les drones ukrainiens éclaircissent l’horizon des rebelles, Le Monde, 10 octobre 2024.
  30. [vidéo] Nord-Mali : une figure touarègue emblématique de la rébellion a répondu à nos questions, France 24, 4 novembre 2024.
  31. Le Mali rompt ses relations diplomatiques avec l'Ukraine à la suite d'une vidéo, RFI, 5 août 2024.
  32. Le Niger rompt « avec effet immédiat » ses relations diplomatiques avec l’Ukraine, deux jours après le Mali, Le Monde avec AFP, 7 août 2024.
  33. a et b Serge Daniel, À Tinzaouatène, les rebellions du Niger et du Mali se réunissent pour renforcer leurs relations, RFI, 2 septembre 2024.
  34. David Baché, Comment comprendre le rapprochement des rebelles du Mali et du Niger?, RFI, 2 septembre 2024.