Brillant 755
Brillant 755 (né en 1876), également connu sous le nom anglophone de Brilliant, est le plus célèbre étalon reproducteur de race Percheron du XIXe siècle. Ce grand et puissant cheval de trait, doté d'une robe noire, naît dans le Perche, en France. Il appartient initialement à Ernest Perriot, éleveur de La Chenelière à Nogent-le-Rotrou. Le cheval est vendu à l'éleveur Américain Mark Wentworth Dunham, puis exporté vers les États-Unis en 1881, devenant le reproducteur-phare de son élevage Oaklawn Farm, dans l'Illinois. Il exerce par là une influence majeure sur l'élevage du Percheron aux États-Unis. La plupart de ses descendants, dont le fameux Voltaire, s'illustrent en concours aussi bien en France qu'aux États-Unis. Cela fait de Brillant un ancêtre très recherché par les éleveurs.
Espèce | |
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Race | |
Couleur | |
Sexe | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | |
Taille |
16 main |
Masse |
1 850 lbs |
Père |
Brillant 756 (d) |
Mère |
Ragoût (d) |
Enfants |
Joséphine (d) Fénelon 38 (d) Delgardo 944 (d) Lagrange 1334 (d) Voltaire 443 Célestine 1628 (d) Pacifique 454 (d) Ardent 141 (d) Rosette 13393 (d) Confident 397 (d) Blucher 1173 (d) Amérique 456 (d) Eunice 2206 (d) Boerhaave 1174 (d) Brutus 331 (d) Deo 945 (d) Tudor 1019 (d) Diavolo 946 (d) Rose 11158 (d) Simplon 1269 (d) Balzanée 2016 (d) Briard 1630 (d) Ardelu 1237 (d) Abd-el-Kader 457 (d) Colored Gentleman 4531 (d) Pelote 1706 (d) Biana 1418 (d) L 'Avenue (d) Zura 1590 (d) Gilbert 461 (d) Monarque 2428 (d) Rosalie (d) Rustique 12471 (d) Poule 207 (d) |
Propriétaires |
Mark Wentworth Dunham, Ernest Perriot (d) |
Dunham fait réaliser de nombreuses œuvres dépeignant son cheval, dont un portrait par l'artiste française Rosa Bonheur, dont il est un grand admirateur. Brillant est aussi dépeint dans une œuvre de l'artiste américain Frank Whitney, baptisée The Thunder Storm.
Dénomination
modifierLes Percherons portent différents numéros derrière leur nom, en fonction de leur Stud-Book (registre généalogique) d'inscription[1]. Dans le Stud-Book français, le premier numéro fourni (ici, 755) est celui de leur inscription au Stud-Book français ; le second, toujours indiqué entre parenthèses dans ces registres, est le numéro d'ordre du Stud-Book Percheron Américain, publié à Chicago par James Harvey Sanders[1].
Ce cheval est nommé Brillant 755 dans les registres en français[2],[3], mais il est aussi répertorié sous le nom de « Briolant 755 » dans certains documents d'identification, notamment ceux d'un de ses fils, l'étalon Voltaire[4]. Dans le Stud-Book de la Percheron Horse Association of America aux États-Unis, il est identifié sous le nom de Brilliant 1271 (755)[5].
Histoire
modifierLa popularité de Brillant 755 est attestée par différents auteurs. En 1910, le Dr vétérinaire français Alfred Gallier le place au rang des étalons percherons remarquables[6]. Les journalistes et éleveurs américains Alvin Howard Sanders et Wayne Dinsmore le citent en 1917 comme le plus grand étalon améliorateur du Percheron aux États-Unis, et comme le meilleur étalon percheron ayant jamais existé[7]. En 2019, le photojournaliste Jean-Léo Dugast le décrit comme le plus célèbre Percheron du XIXe siècle[8].
D'après le premier volume du Stud-Book Percheron publié en 1883[3] et les archives de la société d'agriculture de l'Illinois[9], Brillant naît en 1876 en Eure-et-Loir, chez l'éleveur Ernest Perriot[Note 1]. Il est initialement la propriété de son éleveur, résidant à La Chenelière, à Nogent-le-Rotrou[10]. Ernest Perriot a fait naître de nombreux autres Percherons réputés, Sanders et Dinsmore lui attribuant aussi la naissance du propre père de Brillant 755, nommé Brillant 756[11],[12]. Ernest Perriot a fait naître les cinq pères de lignée de Percheron de grande renommée, ce qui en fait l'éleveur qui « a exercé une plus grande influence sur la race percheronne depuis 1880 que n'importe quel autre éleveur en France ou en Amérique »[13].
Brillant 755 est importé par Mark Wentworth Dunham en 1881, vers son élevage de l'Illinois[3]. Il est alors âgé de 4 ans[14]. D'après le professeur d'agriculture canadien Grant MacEwan, cela fait de 1881 une année importante pour l'élevage de chevaux aux États-Unis, d'une part pour l'importance que prendra Brillant par la suite, et d'autre part car la grande majorité des Percherons importés vers les États-Unis l'ont été par Dunham[15].
Cette arrivée est discrète, mais le jeune étalon est considéré si favorablement pour son type et son caractère que M. Dunham le met immédiatement en service de reproduction, avec les étalons Success 452 et Vidocq 483, deux autres étalons d'une grande valeur[16]. Convaincu d'avoir un reproducteur d'une « valeur incalculable »[17], il fait remplacer son étalon Duc du Perche par Brillant 755 comme reproducteur principal d'Oaklawn Farm[18], ce qui en fait le plus important reproducteur percheron des États-Unis à partir de 1882[19]. Cette même année, 30 de ses poulains nés en France sont importés à Oaklawn Farm[17].
Il tient ce rôle de reproducteur central du plus grand élevage de chevaux mondial de son époque pendant une quinzaine d'années[6].
Description
modifierLa première description détaillée connue de « Brilliant 1271 » figure dans le catalogue d'Oaklawn Farm publié en 1882[16], alors qu'il est âgé de 4 ans[14]. Son poids est évalué à 1 850 livres (environ 840 kg), et sa taille à 16 mains (162 cm)[14]. D'après Dugast, Brillant 755 mesure finalement environ 1,75 m, pour un poids de 900 kg, une fois sa croissance terminée[10]. Des descriptions ultérieures évaluent son poids à plus d'une tonne, mais sur la base des témoignages récoltés par Sanders et Dinsmore, son poids de forme était plutôt d'environ 1 900 livres (861 kg)[17].
Il présente beaucoup d'os, et un modèle compact[10]. Sa tête est légèrement convexe (profil romain), et large entre les deux yeux[14], dotée d'oreilles fines[17]. La gorge est de taille moyenne[17]. Son encolure est plutôt courte[17]. Ses épaules sont très inclinées, et remarquablement profondes[17] ; sa poitrine est très large[17]. Son corps est à la fois long et très rond[14],[16]. Ses quartiers sont larges, et exceptionnellement longs[20]. Ses jambes sont relativement courtes, et d'une largeur peu commune grâce à leur forte ossature[17].
Brillant est d'une couleur de robe noir charbon[10]. Il est réputé pour sa grande vigueur, son énergie, et sa manière de se déplacer[10]. Sanders et Dinsmore soulignent l'aspect « impressionnant » de ce cheval, décrit tour à tour comme « dominant », « vigoureux » et « supermasculin », dégageant une impression extérieure de puissance[17]. D'après la Percheron Horse Association of America, il est « puissamment musclé, propre et expressif et montre un caractère prépotent »[21].
Origines
modifierBrillant 755 est un fils de l'étalon percheron Brillant 756, et de la jument percheronne Ragoût[10].
Son père Brillant 756, nommé Brillant 1899 aux États-Unis, est né en 1867 chez Ernest Perriot qui l'a intensément utilisé comme étalon reproducteur jusqu'en 1881[22]. Brillant 755 (Brilliant 1271) est son meilleur fils[22]. Cet étalon a ensuite été exporté aux États-Unis par Leonard Johnson en 1881, où il se reproduit très peu avec des juments de pure race[23]. Il gagne néanmoins une excellente réputation chez les éleveurs américains, dans la mesure où ses poulains (dont Brillant 755) se sont tous vendus à des prix élevés[24]. Morphologiquement, il présente une poitrine large et profonde[25].
La mère de Brillant 755 s'appelle Ragoût, et est une fille de l'étalon Favori I qui appartenait à M. Perriot (père d'Ernest Perriot), lui-même par Vieux-Chaslain[26],[3].
Sa grand-mère se nomme Aline, et est une fille de l'étalon Coco 712[3].
Descendance
modifierBrillant 755 a engendré ses quatre meilleurs fils en France : Fénelon 2682 (38) et Voltaire 3540 (443), nés en 1880 alors que Brillant se reproduisait à un très jeune âge ; puis Gilbert 5154 (461) et Briard 5317, nés en 1882[16]. Il est aussi le père de Confident 3647 (397)[27],[28].
Léonard Johnson, acheteur de chevaux pour Dunham, avait eu l'occasion d'évaluer la qualité de ses poulains[17]. Brillant 755 est à la base d'une grande partie de l'élevage Percheron américain, car un grand nombre de ses filles et de ses petites-filles ont été croisées avec les descendants de Brillant 756 (1899), son propre père[19]. Les évènements de show américains des années 1880 et 1890 sont ainsi dominés par la lignée de Brillant[19]. D'après Sanders et Dinsmore, les chevaux les plus influents sur les ronds de présentation américains à cette époque sont Brilliant III (11116), Seducteur 8850 et Marathon 11410, tous trois fils de Brillant 755 issus de filles de Brillant 756[29]. Cela a rapidement amené les éleveurs américains à accorder une très grande valeur à la présence des « Brilliant » dans une généalogie[29]. Deux descendants de Brillant, parmi les 11 étalons vainqueurs, ont remporté des prix à l′International Live Stock de Chicago[19].
Le même phénomène s'observe en France, où son fils Voltaire remporte le premier prix du concours de la Société Hippique Percheronne (SHP) en 1884[4] ; de plus, neuf des chevaux vainqueurs récompensés par la SHP entre 1901 et 1908 descendent de Brillant 755 ou de Brillant 756[19].
Représentations dans les arts
modifierMark Wentworth Dunham, grand admirateur de l'artiste française Rosa Bonheur, lui fait réaliser plusieurs portraits de chevaux Percheron dont il s'est porté acquéreur, à partir de 1884[30]. C'est ainsi que Brillant est portraituré, notamment en 1885[10]. Les œuvres de Rosa Bonheur, et particulièrement son portrait de Brillant, ont probablement contribué à susciter un engouement pour le Percheron aux États-Unis[31].
Mark W. Dunham commande aussi à l'artiste Frank Whitney une œuvre mettant Brilliant en scène autour de poulains, intitulée The Thunder Storm, qui est publiée dans le catalogue d'Oaklawn Farm en 1893[32]. D'après Dugast (citant Sanders et Dinsmore), il s'agit de l'œuvre « la plus artistique » jamais créée autour du Percheron aux États-Unis[32],[17].
Le , le peintre-dessinateur Cecil Palmer réalise pour la Breeder's Gazette son tout premier dessin, qui met en scène Brilliant avec un groupe de poulains et une jument[33].
Notes et références
modifierNotes
modifier- Alfred Gallier situe sa naissance chez M. Aveline, à la Poignière (près de La Ferté), voir Gallier 1910, p. 204, mais il s'agit de la seule source à donner cette information. Par ailleurs, Gallier confond Brillant 755 et Brillant 756.
Références
modifier- Société hippique percheronne 1883, p. 20.
- Société hippique percheronne, Stud-book Percheron de France, (lire en ligne), p. 246.
- Société hippique percheronne 1883, p. 43.
- Dugast 2023, p. 33.
- Percheron Horse Association of America 1888, p. 141.
- Gallier 1910, p. 203.
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 239-240.
- Dugast 2019.
- (en) Illinois Dept of Agriculture, Transactions of the Illinois State Agricultural Society, Illinois state journal Company, state printers, (lire en ligne).
- Dugast 2023, p. 39.
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 215.
- (en) « Proving the pedigree of a Percheron », The Breeder's Gazette: A Weekly Publication Devoted to the Interests of Live-stock Breeders, J.H. Sanders Publishing Company, (lire en ligne, consulté le ).
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 243.
- (en) Wynette A. Edwards, St. Charles : An Album from the Collection of the St. Charles Heritage Center, Arcadia Publishing, , 128 p. (ISBN 978-1-4396-2692-4, lire en ligne), p. 35.
- (en) Grant MacEwan, The Breeds of Farm Live-stock in Canada, T. Nelson, (lire en ligne), p. 39 ; 42 ; 49.
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 240.
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 241.
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 164.
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 236.
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 240-241.
- (en) The Percheron Review, Percheron Horse Association of America, (lire en ligne), p. 21.
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 237.
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 237-238.
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 238.
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 239.
- (en) The Percheron Register, Percheron Registry Company, (lire en ligne), p. 14 ; 18.
- (en) The Breeder's Gazette, vol. VII, J.H. Sanders & Company, (lire en ligne), p. 291.
- Société hippique percheronne 1883, p. 60.
- Sanders et Dinsmore 1917, p. 242.
- Dugast 2023, p. 31.
- Léa Rebsamen, Rosa Bonheur, artiste animalière au XIXème siècle, Thèse pour le doctorat vétérinaire, école nationale vétérinaire d'Alfort, (lire en ligne [PDF]), p. 99.
- Dugast 2023, p. 24.
- Dugast 2023, p. 25.
Annexes
modifierArticles connexes
modifier- Percheron
- Jean le Blanc
- Prince Chaldean
- Voltaire 443, un fils de Brillant 755
Bibliographie
modifier- [Dugast 2019] Jean-Léo Dugast, Le siècle d'Or du cheval percheron : 1800-1900 du Perche à l'Amérique, Igé/impr. en Bulgarie, l'Étrave, , 495 p. (ISBN 978-2-35992-066-6 et 2-35992-066-9, OCLC 1129871795, lire en ligne)
- [Dugast 2023] Jean-Léo Dugast, L'épopée percheronne, Éditions de l'Étrave, (ISBN 978-2-35992-089-5).
- [Gallier 1910] Alfred Gallier, Le cheval de trait, races françaises, Paris, Lucien Laveur, (présentation en ligne, lire en ligne), p. 203-204.
- [Percheron Horse Association of America 1888] (en) Percheron Horse Association of America, Percheron Stud Book of America, vol. I à IV, Percheron society of America, (lire en ligne).
- [Sanders et Dinsmore 1917] Alvin Howard Sanders et Wayne Dinsmore, A history of the Percheron horse, Breeder's gazette print, (DOI 10.5962/bhl.title.49046, lire en ligne)
- [Société hippique percheronne 1883] Stud-book percheron de France, vol. I et II, Nogent-le-Rotrou, Société hippique percheronne, (lire en ligne).