Axe de la résistance
Le terme « Axe de la Résistance » (en persan : محور مقاومت, romanisé : mehvar–e moqâvemat ; en arabe : محور المقاومة, romanisé : miḥwar al-muqāwamah) désigne l'alliance politique et militaire entre l'Iran, la Syrie, des milices armées pro-Iran (Jihad islamique palestinien, Hamas, Fatemiyoun, Hezbollah, Hachd al-Chaabi, Houthis) et pro-syriennes (PSNS, FPLP-CG, les factions assadistes des différents partis baasistes) ainsi que leurs alliés actifs partout au Moyen-Orient. Elle inclut également de nombreuses factions armées palestiniennes[15]. La majorité de ses organisations membres sont chiites ou baasistes non-confessionnelles, mais certaines d'entre elles sont sunnites et chrétiennes.
محور المقاومة
Fondation |
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Zone d'activité | |
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Type | |
Objectif | Multiple:
Avant 2003:
2003 à 2014:
2014 à 2017:
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L'Axe collabore militairement et suit une ligne idéologique anti-occidentale, anti-israélienne et hostile aux États arabes du Golfe.
Malgré des différences (le Hamas est sunnite, le Hezbollah chiite et le gouvernement syrien baasiste est laïc), les membres de l'Axe partagent une hostilité envers les États-Unis et l'Arabie saoudite dont ils combattent l'influence dans la région. Les membres de l'Axe appellent également à l'élimination de l'État d'Israël, dont ils refusent l'existence.
L'Axe de la Résistance est parfois qualifié de « nouvel empire perse », mais aussi d'« empire sur le papier »[16].
Histoire
modifierLe terme est introduit en 2002 en réponse à l'affirmation du président américain George W. Bush selon laquelle l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord formaient un « axe du mal ». Le journal libyen Al-Zahf Al-Akhdar publie alors un article intitulé « L'axe du mal ou l'axe de la résistance », où il affirme que « le seul dénominateur commun entre l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord est leur résistance à l'hégémonie américaine ». Le journal iranien Jomhuri-ye Eslami adopte le terme en référence à l'insurrection chiite en Irak, écrivant en 2004 que « si la ligne des chiites d'Irak a besoin d'être connectée, unifiée et consolidée, cette unité doit être réalisée dans l'Axe de la Résistance et la lutte contre les occupants ».
En 2006, le ministre palestinien de l'Intérieur, Saïd Saïm, utilise l'expression lors d'une interview sur la chaîne de télévision Al-Alam pour désigner des objectifs politiques communs parmi les Arabes par opposition à ceux d'Israël et des États-Unis. Soulignant le grand nombre de réfugiés palestiniens en Syrie, Saïd Saïd avance que « la Syrie est aussi un pays arabe islamique et est également dans le collimateur des Américains et des sionistes. Par conséquent, nous voyons dans la Syrie, l'Iran, le Hezbollah et le Hamas un axe de résistance face à ces pressions. ».
En 2012, pour Ali Akbar Velayati, conseiller principal pour les affaires étrangères du chef suprême de l'Iran :
« La chaîne de résistance contre Israël de l'Iran, de la Syrie, du Hezbollah, du nouveau gouvernement irakien et du Hamas passe par l'autoroute syrienne… La Syrie est l'anneau d'or de la chaîne de résistance contre Israël. »
Le terme « axe de résistance » a été utilisé dès août 2010[17]. En août 2012 lors d'une rencontre entre le président syrien Bachar el-Assad et le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, Saïd Jalili, concernant la guerre civile syrienne, ce dernier déclare :
« Ce qui se passe en Syrie n'est pas une question interne, mais un conflit entre l'axe de la résistance et ses ennemis dans la région et dans le monde. L'Iran ne tolérera, sous aucune forme, la rupture de l'axe de la résistance, dont la Syrie fait intrinsèquement partie. »
Avec l'intensification de la participation du Hezbollah à la guerre civile syrienne après 2013, la coalition devient explicitement khomeiniste et baasiste, le régime d'Assad devenant redevable de l'Iran pour sa survie. Aliénés par des politiques sectaristes, les islamistes sunnites tels que les Frères musulmans et le Hamas commencent à s'opposer publiquement à l'Iran et au Hezbollah et s'alignent plus étroitement sur la Turquie et le Qatar, pays qui sont engagés dans une compétition géopolitique avec l'Iran[18],[19].
La Russie et la Chine ont également été considérées par l’Iran comme faisant partie de l’alliance, en raison de leur position politique anti-occidentale et de leurs relations essentiellement positives avec l’Iran et la Syrie[20].
Analyse
modifierSelon Marisa Sullivan, le programme de l'Axe repose sur trois piliers principaux ; objectif régional partagé de préserver le régime d'Assad, de maintenir l'accès aux approvisionnements en armes et en argent de l'Iran et d'empêcher un gouvernement à majorité sunnite d'arriver au pouvoir en Syrie[21],[22]. La minorité dirigeante actuelle de la Syrie est principalement composée d'alaouites, qui sont une branche de l'islam chiite, qui est également la religion majoritaire de l'Iran[23]. Ce parcours commun en fait des alliés stratégiques sur divers sujets, dont celui de la défense. Le Front populaire de libération de la Palestine, bien que marxiste-léniniste, est généralement considéré comme faisant partie de l'Axe de la Résistance et reçoit le soutien de l'Iran[24]. Le mouvement islamiste palestinien sunnite Hamas est parfois aussi considéré comme faisant partie de l'axe en raison de son opposition à Israël et aux États-Unis. Cependant, en mars 2012, le groupe retire son quartier général de Damas et apporte son soutien à l'opposition syrienne anti-Assad[25].
Membres, objectifs, courants idéologiques et alliés
modifierL'axe a été décrit comme modifiant « l'équilibre stratégique au Moyen-Orient » en aidant le gouvernement syrien de Bachar el-Assad à rester au pouvoir et en soutenant ses forces contre les rebelles syriens[réf. nécessaire]. Les élites du parti Baas syrien au pouvoir actuel sont principalement composées d'Alaouites, qui sont une branche du chiisme duodécimain, qui est également la branche majoritaire d'Iran sous la forme jafarite[26]. Ce contexte commun en a fait des alliés stratégiques sur diverses questions, dont la défense, contre Saddam Hussein à la base, puis contre les régimes arabes pro-saoudiens et pro-américain puis les salafistes djihadistes d'Al-Qaïda et de Daech.
Bien que l'Axe de la Résistance soit composé principalement de factions islamistes chiites et de baasistes laïcs affiliés à Damas, le Front populaire de libération de la Palestine, une formation marxiste-léniniste laïque, est généralement considéré comme faisant partie de l'Axe de la Résistance et reçoit le soutien de l'Iran.
L'alliance irano-syrienne formée en 1979 (à l'origine contre Saddam Hussein) est d'une grande importance pour l'émergence et la continuité de l'axe de résistance. Les deux pays se trouvent dans des endroits clés du Moyen-Orient et ont influencé la politique du Moyen-Orient au cours des trois dernières décennies. En outre, l'alliance est considérée comme durable, puisqu'elle a duré 34 ans "en dépit des nombreux défis auxquels elle a été confrontée et des tensions périodiques dans les relations"[réf. nécessaire].
Relations internationales
modifierRelation avec l'Arménie
modifierLa Syrie de Bachar el-Assad est favorable à l'Arménie dans sa lutte contre l'Azerbaïdjan. Les groupes affiliés au régime de Damas comme le Parti social nationaliste syrien et la Garde nationaliste arabe ont manifesté leur soutien à l'Arménie face à l'attaque de l'Azerbaïdjan en 2020.
En 2020, lorsque le conflit du Haut-Karabagh a éclaté, le président syrien Bachar el-Assad a exprimé son soutien à l'Arménie, accusant la Turquie d'envoyer des terroristes dans la région[27].
La position de l'Iran est plus nuancée. L'Iran et l'Azerbaïdjan sont deux pays à majorité chiite mais dont les politiques intérieures et internationales diffèrent fortement.
Durant la guerre de 2023 au Haut-Karabagh, Téhéran envoie un soutien actif à l'Arménie en contrepoids à l'Azerbaïdjan dont les relations sont tendues du fait que l'Azerbaïdjan est un proche allié d'Israël. Bien que l'Iran soutienne officiellement l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, la persécution des membres du Mouvement de résistance islamique d'Azerbaïdjan (une organisation et un groupe armé chiite azerbaïdjanais opposé au régime d'Ilham Aliyev) par le pouvoir de Bakou a augmenté l'hostilité entre les deux pays. L'Iran a menacé à plusieurs reprises l'Azerbaïdjan en cas d'attaque contre le corridor de Zanguezour et sa politique est agressive à l'égard de Bakou[28].
Relation avec l'Irak
modifierLors de la formation de l'Axe de la résistance en 2002, l'Irak est alors dirigé par le dictateur Saddam Hussein dont les relations avec la Syrie et l'Iran sont exécrables depuis 1979. L'alliance entre l'Iran et la Syrie date de la prise de pouvoir de Saddam Hussein qui avait alors persécuté et condamné à mort les baasistes pro-syriens et les islamistes chiites.
À la suite de la chute de Bagdad, l'Iran et la Syrie vont soutenir plusieurs groupes d'insurgés anti-américains et anti-saddamistes (principalement chiites) pour éviter une trop forte présence américaine à leurs frontières respectives. À ce moment-là, l'Axe se consolide et va officiellement intégrer des factions irakiennes lors de la seconde guerre civile irakienne en soutenant l'état irakien et les milices chiites des Hachd al-Chaabi, entraînées et armées par l'Iran[29],[30],[31] contre les forces de l'EI et de l'Armée des hommes de la Naqshbandiyya, formée par Ezzat Ibrahim al-Douri, l'ancien bras droit de Saddam Hussein en cavale.
Relation avec les talibans afghans
modifierAli Akbar Velayati, conseiller du guide suprême Ali Khamenei, a décrit l'émirat islamique d'Afghanistan dirigé par les talibans comme faisant partie de l'Axe de la Résistance, avec l'Iran en son centre, une coalition de nations recherchant « la résistance, l'indépendance et la liberté »[32].
Cependant, Ismael Qaani, commandant de la Force Al-Qods, a déclaré en septembre 2021 que les conflits sectaires passés ont montré que le gouvernement taliban n'était « pas un ami de l'Iran »[32]. En effet, l'Iran avait auparavant appuyé l'Alliance du nord contre le premier pouvoir taliban au début des années 2000 et les Hazaras chiites étaient persécutés par le régime du Mollah Omar. Par la suite, des affrontements frontaliers ont eu lieu durant le second pouvoir taliban rétabli en août 2021, en 2021 et 2023, faisant plusieurs morts des deux côtés[33].
Notes et références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Axis of Resistance » (voir la liste des auteurs).
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- (en) Jay Solomon, « High-Level Contacts Between North Korea and Iran Hint at Deeper Military Cooperation », sur Washington Institute, (consulté le )
- (en) Stephen Sefton, « Defending Latin America's Resistance Axis », (consulté le )
- Ezel Sahinkaya et Danila Galperovich, « Radical Russian Imperial Movement Expanding Global Outreach », (consulté le )
- Tomasz Baliszewski, « Narodowcy z Falangi pojechali do Syrii. Spotkali się z premierem oraz przesłuchiwali więźniów », (consulté le )
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- (ru) « Казак Владимир Логинов и член партии "Другая Россия" Кирилл Ананьев погибли в Сирии », (consulté le )
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- (en) « Putin’s New Axis of Resistance: Russia, Iran, Iraq, Syria, and Hezbollah », (consulté le )
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- https://www.maannews.net/news/2046837.html
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Voir aussi
modifierDans la presse
modifier- Hussein Abou Saleh, Comment l’Iran mobilise son « Axe de la Résistance » face à Israël, The Conversation, 2023. Lire en ligne
- L'Arabie saoudite accuse l'Iran et le Hezbollah d'aider les rebelles au Yémen, 2021, Le Figaro. Lire en ligne
- Piotr Smolar, « Israël décidé à contrer seul la présence iranienne en Syrie, 30 avril 2018, Le Monde. Lire en ligne
- « L’Iran serait-il derrière les sabotages de pétroliers aux Émirats Arabes Unis ? », Ouest France, 2019. Lire en ligne
- « Face à l’Iran, un système de défense commun israélo-arabe ? » , Courrier International, Lire en ligne
- Jacques Follorou, « Les services secrets français priés de modérer leurs critiques sur l’Iran », Le Monde, 2019, Lire en ligne
- Antoine Basbous : « La guerre secrète entre l’Iran et Israël peut déboucher sur un conflit ouvert, entraînant leurs blocs respectifs », Le Monde, 2022 Lire en ligne
Bibliographie
modifier- THERME Clément, La nouvelle «guerre froide» entre l’Iran et l’Arabie saoudite au Moyen-Orient, Revue Confluences Méditerranée, 2014, no 1, p. 113-125.
- LEVITT, Matthew. Hizballah and the Qods Force in Iran's shadow war with the West. Washington Institute for Near East Policy, 2013.
- Morgan Paglia », Institut Francais des Relations Internationales, Mars 2020. Consulter. et Vincent Tourrel, L'Iran et ses proxys au Moyen-Orient : les défis de la guerre par procuration, Institut français de relations internationales, , 56 p. (lire en ligne)