Autisme à haut niveau de fonctionnement

trouble neurologique

L’expression autisme à haut niveau de fonctionnement, AHN ou AHF (en anglais high-functioning autism ou HFA) désigne toute forme d’autisme quand la personne concernée est, à des degrés divers, capable d'exprimer son intelligence et d'avoir des interactions sociales. L'autisme est présent, mais la personne peut vivre de façon relativement indépendante. Le raccourci de langage « autisme de haut niveau » est discutable car il peut prêter à confusion, la traduction du terme anglais signifiant « autisme à haut niveau de fonctionnement ».

Classification

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L'autisme à haut niveau de fonctionnement n'est pas codifié dans la classification DSM-IV (TR, 2000) ni dans la classification CIM-10[1]. Il est fréquent d'inclure le syndrome d'Asperger parmi l'autisme à haut niveau de fonctionnement, car il s'agit d'une forme d'autisme dont l'une des caractéristiques est l'absence de déficit intellectuel[2],[3].

La dernière édition 2013 de la classification DSM (DSM-5) élimine le diagnostic du syndrome d'Asperger pour l'intégrer au sein d'un nouveau diagnostic de « troubles du spectre de l'autisme » et attribue une échelle de sévérité (sévère, moyen ou modéré).

Différenciation d'avec le syndrome d'Asperger

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Depuis la publication du DSM-5, ce qu'on appelait « syndrome d'Asperger » est entièrement inclus dans le TSA (Troubles du spectre autistique), ce qui désigne tout simplement l'autisme. Les distinctions entre Aspergers et autistes n'ont plus lieu d'être.

La mesure du chevauchement entre le syndrome d'Asperger (SA) et l'autisme à haut niveau de fonctionnement est incertaine[4],[5]. Dans l'ensemble, relativement peu de différences sont signalées sur les paramètres liés à la causalité. Une hypothèse standard est que les différentes formes d'autisme seraient des expressions variables du même trouble sous-jacent[6]. Dans un bon nombre de cas, il se révèle très difficile de trancher entre l'autisme à haut niveau de fonctionnement et le syndrome d'Asperger (ceci est par exemple le cas du conférencier et auteur de livres Stephen M. Shore)[réf. nécessaire]. Les critères de distinction entre AHF et SA pourraient être :

  • un Asperger ne connaît pas de retard du langage, ce qui est le cas dans l'autisme à haut niveau de fonctionnement. Il connaît moins de difficultés d'utilisation du langage et de compréhension verbale qu'un AHF[7] ;
  • un Asperger présente un QI verbal supérieur au QI performance, à l'inverse d'un AHF ;
  • un Asperger éprouve davantage de difficultés dans la coordination motrice qu'un AHF[7] ;
  • un AHF s'améliore après l'âge de quatre ans, alors que c'est après cet âge que les symptômes d'un Asperger deviennent visibles[8] ;
  • un individu Asperger souffrirait globalement moins de difficultés dans les interactions sociales ;
  • le syndrome d'Asperger s'accompagne souvent de traits plus marqués tels que l'hypersensibilité à certains bruits ou aliments, dysgraphie, élocution très particulière (ton de la voix, prosodie, tendance au langage très formalisé même chez les enfants), propension aux routines répétitives et maladresse physique ;
  • un Asperger serait globalement plus performant qu'un AHF pour reconnaître les émotions d'un interlocuteur en le regardant dans les yeux[9].

En 2008, un examen des études de classification a permis de constater que les différences entre les diagnostics posés ne sont pas corroborées par la littérature scientifique, et que les caractéristiques les plus saillantes sont venues des caractérisations de QI[5]. Le classement actuel des troubles du spectre de l'autisme (TSA) peut ne pas refléter la vraie nature des conditions[10]. Une réunion d'experts lors d'une conférence de planification de la recherche sur l'autisme en 2008 a permis de noter des problèmes avec la classification des sous-groupes distincts des TSA[11].

Un profil neuropsychologique a été proposé pour le SA[12], s'il se vérifie, il pourrait différencier le SA de l'AHF à l'aide d'un diagnostic différentiel. Par rapport aux AHF, les gens présentant un syndrome d'Asperger ont des déficits dans les compétences non verbales telles que la résolution de problèmes visio-spatiaux et la coordination visio-motrice[13], avec des capacités verbales fortes[14],[15].

Plusieurs études ont permis de dégager un profil neuropsychologique des actifs et des déficits compatibles avec un trouble d'apprentissage non verbal, mais d'autres études ont échoué à reproduire cela[13]. La recherche n'a pas révélé des résultats cohérents des « faiblesses non verbales » ou de l'augmentation des problèmes spatiaux ou moteurs des Asperger par rapport à des personnes AHF, ce qui conduit certains chercheurs à affirmer que l'augmentation de la capacité cognitive est attestée dans le syndrome d'Asperger par rapport à l'AHF, indépendamment des différences de capacités verbale et non verbale[16].

Notes et références

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  1. (en) « High-functioning autism, Autistic spectrum disorders, Fact Sheet » fiche sur www.autism-help.org.
  2. (en) « High-functioning autism and Asperger syndrome: what's the difference? » article de www.autism.org.uk, The National Autistic Society.
  3. (en) « Is Asperger’s syndrome/High-Functioning Autism necessarily a disability? » Simon Baron-Cohen, Departments of Experimental Psychology and Psychiatry, University of Cambridge.
  4. Klin A, « Autism and Asperger syndrome: an overview », Rev Bras Psiquiatr, vol. 28, no suppl 1,‎ , S3–S11 (PMID 16791390, DOI 10.1590/S1516-44462006000500002, lire en ligne).
  5. a et b Witwer AN, Lecavalier L, « Examining the validity of autism spectrum disorder subtypes », J Autism Dev Disord, vol. 38, no 9,‎ , p. 1611–24 (PMID 18327636, DOI 10.1007/s10803-008-0541-2).
  6. Willemsen-Swinkels SH, Buitelaar JK, « The autistic spectrum: subgroups, boundaries, and treatment », Psychiatr Clin North Am, vol. 25, no 4,‎ , p. 811–36 (PMID 12462862, DOI 10.1016/S0193-953X(02)00020-5).
  7. a et b (en) A. Boschi, P. Planche, A. Philippe et L. Vaivre-Douret, « Comparative Study of Neurocognitive Profiles of Children with High Functioning Autism (hfa), Asperger’s Syndrome (as) and Intellectual High Potential (gifted): in What Are They Different? », European Psychiatry, vol. 30, no Supplément 1,‎ , p. 28–31 (lire en ligne).
  8. Mottron 2004, p. 76.
  9. (en) Montgomery, Charlotte B. et Allison, Carrie, « Do adults with high functioning autism or Asperger syndrome differ in empathy and emotion recognition? », sur www.repository.cam.ac.uk (consulté le ).
  10. Szatmari P, « The classification of autism, Asperger's syndrome, and pervasive developmental disorder », Can J Psychiatry, vol. 45, no 8,‎ , p. 731–38 (PMID 11086556, lire en ligne).
  11. First MB, « Autism and Other Pervasive Developmental Disorders Conference (February 3–5, 2008) », American Psychiatric Association, (consulté le ).
  12. Reitzel J, Szatmari P. "Cognitive and academic problems." In: Prior M, editor. Learning and behavior problems in Asperger syndrome. New York: Guilford Press; 2003. p. 35–54, as cited in McPartland J, Klin A (2006), p. 774.
  13. a et b Klin A, Volkmar FR, « Asperger syndrome: diagnosis and external validity », Child Adolesc Psychiatr Clin N Am, vol. 12, no 1,‎ , p. 1–13 (PMID 12512395, DOI 10.1016/S1056-4993(02)00052-4, lire en ligne).
  14. (en) M. Ghaziuddin et K. Mountain-Kimchi, « Defining the intellectual profile of Asperger Syndrome: comparison with high-functioning autism », Journal of autism and developmental disorders, vol. 34, no 3,‎ , p. 279–84 (PMID 15264496, DOI 10.1023/B:JADD.0000029550.19098.77).
  15. (en) S. Ehlers, A. Nydén, C. Gillberg, Annika Dahlgren Sandberg, Sven-Olof Dahlgren, Erland Hjelmquist et Anders Odén, « Asperger syndrome, autism and attention disorders: a comparative study of the cognitive profiles of 120 children », Journal of child psychology and psychiatry, and allied disciplines, vol. 38, no 2,‎ , p. 207–17 (PMID 9232467, DOI 10.1111/j.1469-7610.1997.tb01855.x), cité par McPartland et Klin 2006, p. 775.
  16. (en) J. N Miller et S. Ozonoff, « The external validity of Asperger disorder: lack of evidence from the domain of neuropsychology », Journal of Abnormal Psychology, vol. 109, no 2,‎ , p. 227–38 (PMID 10895561, DOI 10.1037/0021-843X.109.2.227) cité par McPartland et Klin 2006, p. 775.

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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