Canard colvert

espèce d'oiseaux de la famille des Anatidés
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Anas platyrhynchos · Canard malard

Le Canard colvert, col-vert (Anas platyrhynchos), ou Canard malard au Canada, est une espèce d'oiseaux de l'ordre des Ansériformes, de la famille des Anatidés et de la sous-famille des Anatinés. C'est certainement le plus connu et reconnaissable de tous les canards, du fait de l'existence de races de canards domestiques issues de cette espèce.

Description

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Morphologie

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Le colvert mesure de 50 à 68 cm de long pour un poids moyen de 1,2 kg pour le mâle et 1,1 kg pour la femelle et une envergure de 0,78 à 1 m[1].

Les races domestiques sont en général plus lourdes et pondent plus que les individus sauvages.

Plumage

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Le mâle des populations sauvages est aisément reconnaissable, pendant la période nuptiale, par sa tête d'un vert brillant (d'où son nom). Le reste du plumage est gris-brun à blanc, avec un miroir alaire bleu-violet ; le bec est jaune. Après la période nuptiale, à l'approche de l'été, il mue et prend son plumage éclipse (de couleur beige semblable à celui des juvéniles et des femelles) et perd ses rémiges[2]. Il vit alors dans les roseaux et les hautes herbes. Un à deux mois plus tard environ, le mâle reprend son plumage nuptial.

La femelle a le bec brun et le plumage plus terne (beige tacheté de brun). Celui-ci ressemble à celui du canard noir bien que généralement de teinte plus claire. Le bec du mâle est jaunâtre ou verdâtre, plus ou moins taché de noir, et ses pattes sont rouge-orangé. Mâle, femelle et juvénile disposent d'un miroir iridescent bleu-violet bordé de barres blanches sur les ailes. La tête des canetons est plus orangée et il a une calotte, le dos, une barre sur l'œil et la face dorsale des ailes brun foncé, le poitrail blanc. Les races domestiques peuvent être complètement blanches, noires, vertes comme le Cayuga, ou d'apparence assez semblable à la population sauvage comme les Campbells. Les canetons domestiques sont le plus souvent complètement jaunes.

Le Colvert peut vivre jusqu'à 29 ans, mais vit en moyenne 5 ans à 10 ans[1].

Éthologie

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Comportement général

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Colvert cherchant de la nourriture sous l'eau.

Le colvert est le canard le moins farouche. Il s'acclimate facilement à la vie urbaine et craint un peu l'Homme. Il se reproduit fréquemment avec d'autres espèces (Canard noir qui habite l'Amérique, Canard pilet qui habite l'Europe ou son congénère le canard domestique), ce qui peut poser des problèmes de pollution génétique au sein des populations sauvages (et domestiques). Il est très grégaire en dehors des périodes de reproduction, et les femelles sont très fidèles aux mêmes territoires où elles retournent tous les ans[3].

Alimentation

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Le colvert appartient au groupe des canards barboteurs, ceux qui préfèrent s'alimenter en surface, ou à faible profondeur d'eau, en avançant à coups de pattes circulaires et alternés : il plonge la tête dans l'eau et bascule vers l'avant, ce qui lui permet d'atteindre le fond de l'eau avec son bec. Il s'aventure aussi sur les prairies pour brouter. Il est omnivore et se nourrit de poissons et d'herbes, de graines et de vers, de têtards et d'insectes. Selon Guillemain et al. (2010) le poids moyen du canard colvert (comme celui de la sarcelle d’hiver (Anas crecca) a augmenté de 12 % en 30 ans (de 1960 à 2000) sans changement de taille, ce qui pourrait en partie être expliqué par le réchauffement climatique[4].


Sexualité, reproduction

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Il est commun que des groupes de mâles poursuivent des femelles en l'air en les rabattant vers l'eau ou le sol pour s'accoupler avec elles, bien qu'elles soient visiblement non consentantes[5],[6],[7]. Lebret en 1961 dénomme ce comportement de copulation forcée par un groupe de mâles en vol « Attempted Rape Flight » (ARF)[8] et Cramp & Simmons en 1977 parle de « rape-intent flights »[9].

Parade nuptiale

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Le colvert est monogame mais change de partenaire à chaque période de reproduction. Plusieurs mâles courtisent une femelle, certains pouvant même s'accoupler sans effectuer de parade nuptiale, plus ou moins de force[3]. La parade a lieu sur l'eau durant tout l'hiver, longtemps avant la saison de la reproduction. Les mâles tournent autour[3] de la femelle. Ils tendent le cou puis le projettent vers l'arrière. Ils se redressent en gonflant la poitrine et en sifflant, puis ils dressent ensuite leurs rectrices deux ou trois fois, enfin ils placent leur tête vers l'avant au ras de l'eau et se mettent à tourner dans tous les sens.

Généralement, la femelle arrive la première sur le lieu de nidification, et bâtit son nid au sol, dans un endroit caché, près d'un plan d'eau. Il est composé d'herbe, de jonc et de feuilles, et garni de duvet que la cane arrache à son propre plumage. Pendant la période de reproduction, le mâle protège énergiquement sa femelle. Il la quitte ensuite dès l'incubation.

Ponte et soin des canetons

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Femelle et ses canetons.
Canard colvert femelle et cinq petits (Lac Archambault, Québec).
 
Œufs d’Anas platyrhynchos - Muséum de Toulouse.

La femelle peut pondre jusqu'à 15 œufs, mais le nombre habituel est de 8 à 12 œufs. L'incubation dure environ 28 jours. Vers la fin du mois de mars et au début du mois d'avril la saison des amours est naturellement commencée. Au printemps les femelles sont souvent dans leur période de couvaison.

La ponte peut avoir lieu dès février, notamment chez les sédentaires, et jusqu'en juillet, en fonction de la latitude. Seule la femelle couve, pendant environ 28 jours[1]. En effet, le plumage de la femelle lui permet de passer inaperçue au milieu de la végétation. Si le mâle aidait à la couvaison, le nid serait facilement repéré par les prédateurs et détruit. Ses principaux prédateurs sont l'homme et les petits carnassiers comme le renard, la martre ou encore la loutre[1].

Après l'éclosion, c'est encore la femelle seule qui s'occupe des canetons. Elle les mène au plan d'eau le plus proche et leur apprend à nager et à se nourrir jusqu'à ce qu'ils soient en âge de voler (7 semaines environ). Les canetons pourront se reproduire dès l'année suivante.

Dans les plans d'eau, les canetons suivent leur mère dans une formation strictement organisée en file indienne. La mécanique des fluides explique ce comportement. En chevauchant les vagues générées par la cane, le caneton qui suit obtient une réduction significative de la traînée des vagues qui devient positive, poussant ainsi le caneton vers l'avant. Cet effet bénéfique de la vague est maintenu par les canetons suivants. À partir du troisième de la file, la résistance aux vagues des individus tend progressivement vers zéro, atteignant un équilibre dynamique. Chaque individu dans cet équilibre agit comme un passeur de vagues, transmettant l'énergie des vagues à celui qui le suit sans aucune perte d'énergie[10].

Homosexualité

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Les canards colvert vivent en couple une partie de l'année et 2 à 19% de ces couples sont « homosexuels et platoniques » selon L'Obs[11]. Par ailleurs, il a été observé que le mâle peut se livrer à de la nécrophilie homosexuelle[12] ou à des viols homosexuels[13].

Communication

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Comme les autres canards, le Colvert cancane, caquette ou nasille. Le cri de la femelle est bruyant et rauque, celui du mâle plus doux.

 

Chants et appels

Enregistrement 1 :Enregistrement 2 :

La femelle colvert émet des séries de cancanements très reconnaissables et très audibles, des « couacs » de moins en moins forts, ces sons ressemblant cependant à ceux du Canard noir[14]. Elle les émet lorsqu'elle désire attirer les autres colverts vers elle, et plus particulièrement ses canetons[15]. Les mâles émettent des « kreep » et des « rab-rab ». Durant la période nuptiale, ils sifflent et grognent.

D'une manière générale on dit que les canards cancanent, caquettent et nasillent.

La femelle sait aussi éloigner les prédateurs du nid en simulant une blessure ; pour ce faire, elle bat des ailes et lance des cris rauques[3].

Migrations

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Les populations boréales hivernent au sud, cependant certains spécimens ne migrent pas. Ce phénomène semble en augmentation, particulièrement dans les villes où les colverts semblent trouver une alimentation suffisante. Un autre phénomène est à évoquer, la pollution génétique rendrait les colverts plus lourds et donc d'une part, moins sensibles au froid, et d'autre part moins aptes à la migration.

 
Canard colvert mâle en vol.

Répartition

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Habitat

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Ce canard vit dans les zones humides d'eau douce, que ce soit dans les marais, les étangs et les lacs ou les rivières calmes, dans toutes les régions tempérées et subtropicales d'Amérique du Nord, d'Europe, d'Asie, de la Nouvelle-Zélande, et d'Australie, du niveau de la mer jusqu'à 2 000 mètres d'altitude. Il vit sur l'eau, et ne va sur la terre ferme que pour la nidification et le repos. Cette espèce est migratrice au nord de son aire de répartition. Par exemple, les spécimens d'Amérique du Nord hivernent dans le Sud du Mexique, et pour quelques-uns d'entre eux en Amérique Centrale et aux Caraïbes de septembre à mai[16] ; ceux d'Europe peuvent hiverner en Afrique du Nord[17].

En hiver, ce canard n'est pas rare sur le littoral, en eaux salée ou saumâtre[18].

Répartition et populations

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C'est la plus répandue des espèces de canards sauvages[19] et la plus nombreuse en population (9 millions d'individus estimés en Europe de l'Ouest[20]). C'est le canard sauvage le plus présent au Royaume-Uni[21]. Les populations de races de cette espèce sont bien plus répandues et nombreuses encore, plus nombreuses aussi que les races de canard de Barbarie.

Pays méditerranéens

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La population des colverts des régions méditerranéennes française et italienne augmentent[22]. Les chiffres sont incertains pour le Maghreb (Algérie et Maroc).

Europe centrale et orientale

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Sur la période 1974 à 1996, les populations de Canard colvert en Europe croissent partout excepté en Europe centrale où on observe même un déclin. Les chiffres sont inconnus ou incertains dans les pays du Sud de la Baltique (Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Russie).

Europe du Nord et de l'Ouest

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La population sédentaire de ces canards doit atteindre en Europe du Nord-ouest et dans le bassin méditerranéen environ 9 millions d'individus dans les années 2000.

Cependant, de 1987 à 1996, cette croissance s'est fortement réduite en Europe de l'Ouest et dans la péninsule Ibérique et le déclin s'est accentué en Europe centrale. Seules les populations du Danemark augmentent.

En France, il existe entre 35 000 et 60 000 couples relativement sédentaires[2]. Les individus sédentaires, en général plus gros que les individus migrants, sont vraisemblablement issus d'hybridations et des lâchers cynégétiques. En Europe, les mâles sont en général plus nombreux que les femelles. En fait, les femelles hivernent souvent plus au sud que les mâles, si bien qu'elles ne retournent que plus tard sur les sites de nidification. En outre, ce fait est aggravé par la mortalité élevée des femelles durant la couvaison[23]. Les effectifs des populations en France sont en légère augmentation, comme ceux du Royaume-Uni depuis les années 1960[24].

Les populations sauvages européennes migrent du nord vers le sud de l'Europe. Elles traversent la France de novembre à décembre[2]. En France, de 30 000 et 60 000 couples restent sédentaires tandis qu'habituellement 180 000 à 200 000 oiseaux y hivernent[2]. Les zones les plus fréquentées sont :

Les populations hivernantes repartent vers leurs zones de reproduction du nord entre fin février et mi-mai[2].

Amérique et Océanie

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Alors que ce canard n'a jamais été observé avant le début du XXe siècle au Canada, il était même rarement observé dans les années 1930 et 1950, les comptages de population dans les années 2000 suggèrent la présence de plus d'un million d'entre eux. Ils proviennent des provinces de l'Ouest du Canada et des Grands Lacs où il y a des lâchers depuis 1935[25]. Courant des années 2000, les effectifs des populations canadiennes sont en augmentation, malgré de fortes disparités annuelles.

Les variétés sauvages ont également été introduites aux îles Malouines, en Australie et en Nouvelle-Zélande pour la chasse.

Aujourd'hui, la population mondiale de canards colverts est d'environ 38 millions d'individus.[réf. nécessaire]

Systématique

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Étymologie et dénomination

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Si le nom vernaculaire colvert s'explique bien par l'apparence du mâle, il est possible que l'étymologie soit plus complexe. En effet l'ancien français collivert dérivé du latin collibertus, signifiant traitre et désignant le serf ou le pauvre, pourrait aussi faire référence à l'appelant vivant au cours d'une chasse[26].

En France, le terme colvert est le nom normalisé par la CINFO de l'espèce, pourtant la Société zoologique de Québec, qui fait autorité pour les francophones canadiens, appelle malard cette espèce. Pour le Français québécois, cette différence de termes serait due à l'origine des termes du picard maillard ou du haut-marnais malard, qui désigne un canard mâle domestique[27], d'autant que le terme anglais (dérivé du picard) est Mallard.

Le Canard colvert est décrit en 1758 par Carl von Linné dans la dixième édition de son Systema Naturae, sous le protonyme d'Anas platyrhynchos, du grec signifiant « bec plat ». Dans le même ouvrage, Linné décrit également Anas boschas d'après un colvert domestique, mais ce second nom binomial est considéré comme synonyme d'Anas platyrhynchos. boschas peut se traduire par engraissé en une basse-cour[28].

 
Colvert mâle sur l'herbe.

Le mulard est quant à lui un hybride domestique stérile[29] entre le canard de Barbarie et une race de cette espèce.

Position phylogénétique

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L'espèce est à l'origine de très nombreuses races de canards domestiques.

Sous-espèces

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D'après la classification de référence (version 12.1, 2022) du Congrès ornithologique international, cette espèce est constituée des deux sous-espèces suivantes (classification phylogénétique) :

Anas platyrhynchos oustaletti a longtemps été considérée comme une sous-espèce par Clements (6e édition) jusqu'à leur révision de 2008. Les races domestiques sont regroupées sous l'appellation scientifique Anas platyrhynchos var domesticus.

Le canard colvert et l'homme

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Un couple en ville (mai 2022).

Le colvert, espèce domestiquée et chassée a une grande importance pour l'homme. De ce fait, il est le représentant le plus connu des canards. Selon la FAO, 103 225 700 canards d'élevage (y compris de Barbarie) ont été abattus en 2004[30]. Les revenus générés par la vente de matériel de chasse sont aussi importants[15]. Le colvert a sans doute été le premier oiseau domestiqué, avant même la poule[31].

Menaces

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La chasse

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Colverts par Carl Friedrich Deiker.

Le colvert est la sixième espèce la plus chassée en France. Plusieurs techniques de chasse sont utilisées pour le colvert, la battue, la passée, la chasse au poste fixe, à la hutte et au gabion. Le colvert constitue environ 60 % du tableau de chasse annuel d'oiseaux en France soit environ 1 561 000 en 2004[2] derrière le pigeon ramier, les faisans et les grives.

Dégradation de l'habitat

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Comme pour tous les oiseaux d'eau, la perte de l'habitat naturel nuit à l'espèce. À cela s'ajoute la pollution de ces eaux. Il s'est adapté aux différents milieux créés par l'Homme (parcs dans les villes et villages) où il semble être de plus en plus nombreux.

L'intoxication au plomb

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Étant l'une des espèces les plus chassées, elle est aussi l'une des plus sensibles à l'intoxication saturnine par l'ingestion de billes de plomb de chasse[32]. Ces grenailles toxiques sont interdites en France et en Amérique du Nord pour les gibiers d'eau.

Pollution génétique, hybridation et marronnage

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Il est estimé que plus de trois millions de canards colverts issus de captivité sont lâchés chaque année en Europe dans le but de servir de gibier à la chasse[33]. Ces lâchers massifs d'oiseaux d'élevage ont pris leur essor à la fin des années 1970 et ont entraîné des croisements avec les individus sauvages[34],[35]. Même si l'hybridation existe et menace l'intégrité génétique de l'espèce, des canards colverts sauvages tels qu'ils étaient génétiquement avant les lâchers massifs continuent d'exister[34].

Le canard colvert peut s'hybrider avec près d'une cinquantaine espèces d'Anatidae : Canard branchu, Canard à lunettes, Canard chipeau, Canard siffleur, Canard brun, Canard noir, Canard de Meller, Canard à bec jaune, Canard à sourcils, Canard à bec tacheté, Canard des Philippines, Canard souchet, Sarcelle d'hiver, Sarcelle bariolée, Nette rousse, Nette demi-deuil, Fuligule morillon, Eider à duvet[36]. En outre, l'homme croise le colvert avec l'autre espèce de canard domestique, le Canard de Barbarie pour produire le canard mulard. Ces hybridations sont possibles en raison de la radiation évolutive relativement récente du genre Anas et même de la famille des Anatidae.

Colvert, zoonoses et écoépidémiologie

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La plupart des pays peuvent abriter tout ou partie de l’année des populations de colverts (sauvages, domestiques, semi-domestiques). Cet oiseau, le plus abondant des canards sauvages en Europe (estimation : environ neuf millions d’individus en Europe de l’Ouest) est le plus chassé et il est aussi très présent dans les espaces publics et les basses-cours. Or, peut-être en raison des conséquences de son importante domestication (pollution génétique, consanguinité…), il est sensible à de nombreuses maladies et peut véhiculer de nombreux parasites. Dans la nature, il est en outre souvent victime de saturnisme aviaire induit par l'ingestion de grenailles de plomb (toxique), ce qui peut l'affaiblir immunitairement. Pour toutes ces raisons, il a une importante écoépidémiologique particulière.

Le colvert et la grippe aviaire

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Dans les années 2000, l'attention du public, des vétérinaires et des chasseurs a été attirée sur sa capacité à abriter et véhiculer le virus H5N1 de la grippe aviaire sans en mourir. Selon une étude[37] de 2008, sur six espèces de canards sauvages testées pour mesurer combien de temps ces oiseaux pouvaient excréter le virus sans succomber à la maladie (après avoir été expérimentalement infectées), le colvert semble le meilleur véhicule du virus à longue distance (les cinq autres espèces testées sont rapidement mortes du virus et/ou ont développé des symptômes nuisant à leur migration ou leur survie normale). Dans ce cas, le Colvert a été la seule espèce à abondamment excréter le virus H5N1 sans symptômes. Les auteurs ont conclu que le Colvert devrait être prioritairement suivi parmi les oiseaux sauvages par les programmes éco-épidémiologiques, car la souche H5N1 s'est - début 2008 - déjà propagée à plus de 60 pays (via le commerce de volailles et probablement bien moindrement la circulation des oiseaux sauvages).

Plus récemment (2013-2014), divers oiseaux migrateurs ont été trouvés morts en Asie et porteurs d'un autre virus de la grippe A, le sous-type H5N8[38]. Ce virus a causé des épizooties importantes en Corée du Sud et en Corée du Nord en 2014, puis a été découvert en novembre 2014 en Europe (Allemagne, Royaume-Uni et Pays-Bas). Des colverts sauvages ont été expérimentalement infectés avec une souche de ce sous-type viral H5N8 très pathogène pour la volaille : aucun de ces colverts infectés n'est mort, et tous n'ont présenté que des symptômes bénins ou aucun symptôme apparent[39], tout en étant capables de diffuser l'épizootie car excrétant de grandes quantités de virions (plus encore qu'avec le H5N1)[39]. Comme pour le H5N1, le Colvert est donc porteur sain pour ce H5N8.

Protection

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L'Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA) s'applique pour les colverts.

Le canard colvert dans la culture

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La couleur des plumes des ailes du colvert mâle a donné le nom à une couleur : le bleu canard.

Les colverts sont les personnages principaux du film Migration produit par le studio Illumination (2023).

Notes et références

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  1. a b c et d Musée canadien de la Nature, « Le Canard colvert », sur naturequebec.org (consulté le )
  2. a b c d e et f « Le canard colvert », Office national de la chasse et de la faune sauvage
  3. a b c et d (Oiseau.net 2008)
  4. Guillemain et al. 2010. Wintering French Mallard and Teal Are Heavier and in Better Body Condition than 30 Years Ago: Effects of a Changing Environment? Ambio, 39:170-180
  5. Geyr von Schweppenburg, H., 1953 - Zum Reihen der Enten - Journal für Ornithologie 94: 117-127
  6. Geyr von Schweppenburg, H., 1955 - Und nogmahls: Vom Reihen - Journal für Ornithologie 96: 371-377
  7. Weidmann, U., 1956 - Verhaltensstudien an der Stockente (Anas platyrhynchos L.) - Zeitschrift für Tierpsychologie 13: 208-271
  8. Lebret T (1961) The pair formation in the annual cycle of the mallard, Anas platyrhynchos L. - Ardea 49: 97- 158
  9. Cramp S & Simmons K (1977 ) Handbook of theBirds of Europe, the Middle East and North Africa, The Birds of the Western Palearctic, Volume 1 Ostrichto Ducks - Oxford University Press, Oxford
  10. (en) Zhi-Ming Yuan, Minglu Chen, Laibing Jia et Chunyan Ji, « Wave-riding and wave-passing by ducklings in formation swimming », Journal of Fluid Mechanics, vol. 928,‎ (ISSN 0022-1120 et 1469-7645, DOI 10.1017/jfm.2021.820, lire en ligne, consulté le )
  11. Olivier Monod, « Hollande : le colvert homo abuse du canard claqué », sur Le Nouvel Obs, en partenariat avec L'Imparfaite, (consulté le )
  12. Pierre Barthélémy, « L'étrange cas du canard homosexuel nécrophile », sur Le Monde, .
  13. Denis Chavigny, Plumes & pinceaux : histoires de canards, Versailles, Éditions Quae, , 143 p. (ISBN 978-2-7592-1028-2, lire en ligne), p. 103.
  14. (fr) Référence Oiseaux.net : Anas rubripes (+ répartition)
  15. a et b (ADW 2007)
  16. (es) Herrera, Néstor; Rivera, Roberto; Ibarra Portillo, Ricardo & Rodríguez, Wilfredo, « Nuevos registros para la avifauna de El Salvador », Boletín de la Sociedad Antioqueña de Ornitología, vol. 16, no 2,‎ , p. 1-19 (lire en ligne), (littéralement, Nouvel enregistrement sur l'avifaune du Salvador)
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  23. (en) John Gooders et Boyer, Canards de l'hémisphère nord, Du Gerfaut, , 175 p. (ISBN 978-2-901196-15-0)
  24. (en) « MALLARD Anas platyrhynchos », Breading birds in the Wider Countryside, BTO
  25. Surprenant, 157 ; Richard, « Ducks Unlimited C'est Quoi? » 31 ; Cayouette 20
  26. « Ce que le guide ornitho ne dit pas au sujet du Colvert »
  27. FEW (6, 426a)
  28. L'étymologie des noms d'oiseaux, Pierre Cabard et Bernard Chauvet, Ed Belin, 2003
  29. Manuel Ballesteros Gaibrois, Découverte de L'amerique, Paris, (lire en ligne)
  30. (fr) « Data Archives > Production > Live Animals »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), FAO
  31. L'univers fascinant des animaux
  32. (fr) « Doc école nationale vétérinaire de Nantes »
  33. « Conséquences des introductions d’individus dans les populations exploitées : l’exemple du canard colvert Anas platyrhynchos », sur www.tourduvalat.org (consulté le )
  34. a et b (en) J. Champagnon, P-A. Crochet, J. Kreisinger et D. Čížková, « Assessing the genetic impact of massive restocking on wild mallard », Animal Conservation, vol. 16,‎ , p. 295-305 (ISSN 1469-1795, DOI 10.1111/j.1469-1795.2012.00600.x, lire en ligne, consulté le )
  35. Dagmar Čížková, Veronika Javůrková, Jocelyn Champagnon et Jakub Kreisinger, « Duck’s not dead: Does restocking with captive bred individuals affect the genetic integrity of wild mallard (Anas platyrhynchos) population? », Biological Conservation, vol. 152,‎ , p. 231-240 (DOI 10.1016/j.biocon.2012.04.008, lire en ligne, consulté le )
  36. Gilham E. & B. (1996) Hybrid Ducks. Gilham E. & B., Hythe, 88 p.
  37. Source : étude faite par des scientifiques néerlandais dirigés par Juthatip Keawcharoen au centre médical Érasme de Rotterdam, spécialisé dans l’étude du H5N1(Emerging Infectious Diseases, avril 2008, étude annoncée le 24 mars 2008 par Bloomberg).
  38. J. Jeong, H. M. Kang, E. K. Lee et al.: “Highly pathogenic avian influenza virus (H5N8) in domestic poultry and its relationship with migratory birds in South Korea during 2014”. In: Veterinary microbiology. (Vet Microbiol.) 10. Octobre 2014, Bd 173, Nr. 3-4, S. 249-57, PMID 25192767
  39. a et b yun-Mi Kang, Eun-Kyoung Lee, Byung-Min Song, Jipseol Jeong, Jun-Gu Choi, Joojin Jeong, Oun-Kyong Moon, Hachung Yoon, Youngmi Cho, Young-Myong Kang, Hee-Soo Lee, and Youn-Jeong Lee, Novel Reassortant Influenza A(H5N8) Viruses among Inoculated Domestic and Wild Ducks, South Korea, 2014 ; volume 21, mis en ligne en novembre 2014 avant la sortie du no 2 daté du mois de février 2015 ; DOI: 10.3201/eid2102.141268

Annexes

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • Géroudet P. (1999) Les Palmipèdes d'Europe. Delachaux et Niestlé, Lausanne, Paris, 510 p.
  • (en) Carboneras, Carles (dir.), Family Anatidae (Ducks, Geese and Swans) [« Ostrich to Ducks »], vol. 1, Barcelone, Lynx Edicions, coll. « Handbook of the Birds of the World », , 696 p. (ISBN 84-87334-10-5)
  • Scott Nielsen, Colverts, éditions M.D.M., 1994, 144 p. (ISBN 9782909313160)

Références taxonomiques

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Liens externes

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