Alfred d'Orsay

peintre français

Alfred Grimod d'Orsay dit Alfred d'Orsay, né à Paris le et mort à Chambourcy (Yvelines) le , est un artiste peintre, sculpteur, dandy et mécène français.

Alfred d'Orsay
Portrait d'Alfred d'Orsay par Sir George Hayter[1].
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 50 ans)
ChambourcyVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Alfred Guillaume Gabriel Grimod d'Orsay
Nationalité
Activité
Lieu de travail
Famille
Père
Mère
Baronne Eleanore de Franquemont (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Ida d'Orsay (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Harriett Anne Janes Frances Gardiner (d) (à partir de )
Marguerite de BlessingtonVoir et modifier les données sur Wikidata

Biographie

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Dessin de James Baillie Fraser représentant Alfred d'Orsay (v. 1830).

Fils d'Albert Gaspard Grimod comte d'Orsay puis baron d'Empire (1772-1843)[n 1],[2] et général d'Empire[n 2], et d'Éléonore de Würtemberg, baronne de Franquemont (1771-1833), fille d'Eleanore Sullivan, d'origine italienne et d'une grande beauté[n 3], Alfred est le frère d’Ida d’Orsay (1802-1882), épouse du duc Antoine IX Héraclius de Gramont. L'époux de sa grand-mère maternelle est Quentin Craufurd, riche homme d'affaires écossais qui vivait rue d'Anjou en un somptueux hôtel particulier remplit de tableaux et de livres : le jeune Alfred avait 18 ans quand Quentin mourut, laissant tous ses biens à sa grand-mère. Il possédait de nombreux contacts en Angleterre et était un proche de Talleyrand et des royalistes[3].

Lieutenant des gardes du corps de Louis XVIII, stationné à Valence, Alfred fait la connaissance à Londres, à Saint-James Square, en 1822, de Charles John Gardiner, comte de Blessington, et de son épouse Marguerite. Il accompagne les Blessington lors d'un voyage à Paris, en passant par la vallée du Rhône et en Italie, en , où ils rencontrent Lord Byron à Gênes. Afin de rester auprès du couple et surtout de Marguerite, Alfred épouse, le , lady Harriet Gardiner, fille d'un premier mariage du comte de Blessington âgée d'à peine quinze ans. Ils se séparent rapidement, et Harriet rentre à Londres.

Après le décès du comte de Blessington, en 1829, à Paris, Marguerite et Alfred décident de vivre ensemble, entre Londres et Paris. Ils reçoivent et fréquentent l'élite artistique et mondaine de l'époque, Thomas Lawrence, Louis-Napoléon Bonaparte, Benjamin Disraeli, Dickens, Vigny, Lamartine.

« Archange du dandysme » selon Lamartine, Alfred change de gants plusieurs fois par jour. Il crée de nombreux parfums pour son égérie. Il se fait fabriquer un nouveau modèle de voiture, dit « coupé d’Orsay », qui connait un grand succès en Angleterre sous le nom de « dorsay », au point qu’on considère que c’est une « voiture anglaise ».

Sans doute marqué par son grand-père, Pierre Gaspard Marie Grimod d'Orsay, il s'adonne à la peinture, ses tableaux sont admirés au Royaume-Uni. Il est également dessinateur et sculpteur, on lui doit un buste de Lamartine aujourd'hui exposé au château de Versailles, ainsi que les plans de la tombe-pyramide du cimetière de Chambourcy, où il repose auprès de lady Marguerite de Blessington, sa compagne.

En 1844, après la mort de son père, il tente de dresser l'inventaire de l'ancienne collection de son grand-père, et de reprendre possession de quelques pièces dispersées[2] : c'est à ce moment-là qu'il entre en relation avec les conservateurs du musée du Louvre.

Marguerite meurt à la fin de l'année 1849, il lui survit trois ans. Atteint d'un cancer de la colonne vertébrale, il est accueilli, à Chambourcy, dans la propriété de sa sœur Ida et de son époux. Il y meurt peu après avoir été nommé, en , surintendant de l'École des beaux-arts par le président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte.

En 1874, dans Le Plus Bel Amour de Don Juan, une nouvelle des Diaboliques, Jules Barbey d'Aurevilly compare le comte de Ravila de Ravilès au comte d'Orsay :

« Comme d'Orsay, ce dandy taillé dans le bronze de Michel-Ange, qui fut beau jusqu'à sa dernière heure... »

Postérité

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Œuvre graphique

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Durant ses séjours à Londres, Alfred d'Orsay exécuta de nombreux portraits dessinés. Certains furent reproduits sur la pierre lithographique par Richard James Lane (en) et publiés de son vivant par John Mitchell. On conserve aussi quelques-unes de ses huiles sur toile, dont un portrait du duc de Wellington âgé (Londres, National Portrait Gallery)[4].

Les parfums D'Orsay

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Le comte d'Orsay laisse, à sa mort, un précieux héritage olfactif que sa famille décide de mettre en valeur en 1865, laquelle autorise, en 1901, la création d'une société contrôlée par le groupe de financiers, Van Dyck, Berg & Fink, plus tard revendue à la Compagnie française des parfums d’Orsay[5].

Eustace Tilley

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En 2005, un article du New Yorker révèle que le fameux dandy « Eustace Tilley », personnage créé par le dessinateur Rea Irvin, en 1925, qui apparaît régulièrement sur la couverture du magazine depuis lors, serait directement inspiré du dessin de James Baillie Fraser (1783-1856) représentant le comte d'Orsay à Londres : le dessin est paru en gravure en décembre 1834 dans Fraser's Magazine[6].

Galerie

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Notes et références

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  1. Albert Jean François Louis Marie Grimod d'Orsay était le fils de Pierre Gaspard Marie Grimod d'Orsay (1748-1809, fils du fermier général Pierre Grimod du Fort), comte de Nogent-le-Rotrou en 1779, collectionneur de dessins, de peintures et de sculptures, dont les biens sont confisqués en 1793 et confiés ensuite en partie au Musée du Louvre. On trouvera à l'article Nogent sa filiation avec les Sully-Béthune d'Orval ducs, marquis ou comtes de Nogent.
  2. Retraité, le général se rend acquéreur en 1820 du château de Rupt-sur-Saône.
  3. Éléonore de Württemberg, fille naturelle de Charles II, "Karl II Eugen", duc de Würtemberg (1728-1793).

Références

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  1. Il existerait un autre portrait signé Joseph Boze, selon la notice signalée par Anatole Marquet de Vasselot, Histoire du portrait en France, Paris, Rouquette, 1880, p. 137.
  2. a et b Ferdinand Boyer, « La collection d'antiques du comte d'Orsay », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 97, no 4,‎ , p. 439-443 (lire en ligne).
  3. Gonzague Mézin, « Chez Quentin Craufurd en 1819 : Le Goût d'un gentleman espion », in: Bulletin de la Société de l'histoire de l'Art français, Paris, 2010, p. 335-361.
  4. (en) Arthur Wellesley, 1st Duke of Wellington, Catalogue en ligne de la NPG — Notice.
  5. Monique Cabré, La Légende du chevalier d'Orsay, Éditions Milan, 1997, p. 36.
  6. (en) Louis Menand, « Mystery Man : The many faces of Eustace Tilley », The New Yorker,‎ (lire en ligne).

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Pierre-Louis Puyol Flers, Un Cupidon déchaîné : Le véritable Comte d'Orsay, Paris, Henri Dauthon, , 401 p. (OCLC 714997485).
  • Maurice Lecomte, Le Prince des Dandy : Le Comte d'Orsay (1801-1852), Paris, Librairie Alphonse Lemerre, , 294 p. (OCLC 251282252).
  • (en) Michael Sadleir, Blessington-D'Orsay : A Masquerade, Londres, Constable, , 412 p. (OCLC 742867899).
  • Pierre Chanlaine, Un grand dandy. Le Comte Alfred d'Orsay, Paris, Fasquelle, (1re éd. 1939), 246 p. (OCLC 492824219).
  • Élisabeth de Gramont (préf. André Maurois), Le Comte d'Orsay et Lady Blessington, Paris, Hachette, , 143 p..
  • Jacques de Langlade, Lady Blessington et Le Comte d'Orsay : L'Égérie et le dandy, Paris, Tallandier, coll. « Figures de proue », , 277 p. (ISBN 978-2-235-01735-0, OCLC 17576633, BNF 34971134).
  • Monique Cabré, La légende du chevalier d'Orsay : Parfums de dandy, Toulouse, Milan, , 127 p. (ISBN 2-84113-565-5 (édité erroné), OCLC 465771934, BNF 36192222).
  • Comte Gérard de Contades, Le comte d'Orsay-Physiologie d'un roi de la mode, Paris, 7 rue St. Benoit, Maison Quantin, , 161 p. (présentation en ligne).  

Articles connexes

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Liens externes

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