Alexandre Dovjenko
Alexandre Petrovytch Dovjenko (en ukrainien : Олександр Петрович Довженко, en russe : Алекса́ндр Петро́вич Довже́нко) (Viounychtche, district de Sosnytsia, Gouvernement de Tchernigov, Empire russe, - Moscou, Union soviétique, [1]) est un cinéaste ukrainien soviétique[2]. Ses films les plus connus sont Arsenal et La Terre, qui forment avec Zvenigora (1928) sa « trilogie ukrainienne ». C'est à ce titre que certains historiens[3] le considèrent comme un des fondateurs du cinéma ukrainien. L'Ukraine a inspiré nombre de ses films.
Naissance | |
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Nom dans la langue maternelle |
Олександр Петрович Довженко |
Nationalité | |
Formation | |
Activités | |
Période d'activité |
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Conjoint |
Ioulia Solntseva (de à ) |
A travaillé pour |
Institut national de la cinématographie (à partir de ) |
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Parti politique |
Borotbists (en) |
Genre artistique | |
Distinctions |
Prix Staline () Prix Staline () Liste détaillée Ordre de Lénine () Travailleur artistique émérite de l'URSS (d) () Prix Staline ( et ) Ordre du Drapeau rouge () Artiste du peuple de la RSFSR (en) () Prix Lénine () Médaille du Mérite au travail de la Grande Guerre patriotique Artiste d'honneur d'Ukraine (d) Médaille du 800e anniversaire de Moscou (en) Ordre du Drapeau rouge du Travail Prix d'État Staline, 1re classe Prix d'État Staline, 2e classe |
Films notables |
Biographie
modifierFils de Petro Semenovytch Dovjenko et d'Odarka Ermolaivna Dovjenko, Alexandre est né dans le Nord de l'Ukraine près de Tchernigov (aujourd'hui Tchernihiv).
Le futur réalisateur est issu d'une famille de paysans ukrainiens, de cosaques venant de la province voisine de Poltava qui émigrèrent à Sosnytsia au XVIIIe siècle. Septième d'une fratrie de quatorze, Alexandre en devient l'aîné à la suite d'une succession de décès. Des autres enfants, seulement sa sœur Pauline et son frère Trifon parviennent à l'âge adulte.
Pour assurer les études du fils, le père d'Alexandre vend une des sept dessiatines de ses terres. La scolarité d'Alexandre se déroule à l'école de Sosnytsia.
En 1911, il intègre l'université pédagogique de Hloukhiv dans l'oblast de Soumy. Il y découvre la littérature ukrainienne.
Diplômé en 1914, Dovjenko devient enseignant à l'école primaire de l'oblast de Jytomyr où il enseigne aussi bien les sciences naturelles que la gymnastique et le dessin. À côté de ses activités pédagogiques qu'il assure pendant quatre ans, il travaille comme caricaturiste dans la presse centrale de l'Ukraine soviétique[4]. À cette époque il se sent proche du mouvement national ukrainien. En 1917, il s'installe à Kiev où parallèlement à son travail d'enseignant il étudie à l'université économique nationale (depuis 2005, l'université économique nationale Vadym Hetman (uk)).
Lors de la guerre civile russe il sert dans le bataillon des haïdamaks de l'Armée de la République populaire ukrainienne.
Dovjenko débute dans la cinématographie en 1925 comme auteur de scénarios et se met à la réalisation de films à l'âge de 32 ans. Il fut le mentor de la jeune réalisatrice ukrainienne Larissa Chepitko.
En , Joseph Staline en lui remettant un ordre de Lénine, lui suggère de créer un film mettant en scène un Tchapaïev ukrainien en évoquant le nom de Nikolaï Chtchors, un militaire de la guerre civile russe alors pratiquement oublié. Après avoir soumis plusieurs versions de scénario à la direction générale du cinéma et au Politburo, et avoir pris d'autres conseils auprès de Staline, il réalise son film en 1939, avec Evgueni Samoïlov dans le rôle titre qui sera un grand succès[5].
En 1941, il est correspondant de guerre. Il prépare le film documentaire La Bataille pour notre Ukraine soviétique qu'il tourne en 1943. Mais le film déplaît à Staline, et il est convoqué à une réunion du Politburo, le , où il se voit sévèrement reprocher le contenu révisionniste de son œuvre. À partir de cette date, il est en partie en disgrâce[6].
Les dernières années, il enseigne à l'Institut national de la cinématographie.
Le cinéaste décède d'une crise cardiaque à sa datcha de Peredelkino, la veille du début de tournage du film Le Poème de la mer, l'histoire de la construction de la centrale hydroélectrique de Kakhovka. Il est inhumé au cimetière de Novodevitchi. Le Poème de la mer sera réalisé par son épouse Ioulia Solntseva en 1959[7].
-
Alexandre Dovjenko en train de filmer, 1932.
Filmographie
modifierComme réalisateur
modifier- 1926 : Le Petit Fruit de l'amour (Ягідка кохання, Yahidka kokhannia (ukr.), Ягодка любви, Yagodka lioubvi) (court métrage)
- 1926 : Vassia, le réformateur (Vasia-reformator)
- 1927 : La Valise du courrier diplomatique
- 1928 : Zvenigora
- 1928 : Arsenal
- 1930 : La Terre (Zemlia)
- 1932 : Ivan
- 1935 : Aerograd
- 1939 : Bucovine, une terre ukrainienne (Boukovina, zemlia oukraïnskaïa (Буковина, земля українська) (court métrage)
- 1939 : Chtchors, coréalisé avec Ioulia Solntseva[8]
- 1940 : Libération (Vyzvolennia, Osvobojdenié , coréalisé avec Ioulia Solntseva
- 1943 : La Bataille pour notre Ukraine soviétique (Bitva za nachou Sovetskouïou Oukraïnou) (documentaire)[9]
- 1945 : Pays natal (Strana rodnaïa) (documentaire)[10]
- 1945 : La Victoire en Ukraine ( Pobeda na pravoberezhnoy Ukrayne) (documentaire)[9]
- 1948 : Mitchourine
- 1949 : Adieu, Amérique ( Proshchay Amerika!)[11]
Comme scénariste
modifier- 1959 : Le Poème de la mer (Poema o More), réalisé par Ioulia Solntseva
- 1964 : La Desna enchantée (Зачарована Десна), réalisé par Ioulia Solntseva
Écrits
modifier- Ma Desna enchantée édité par Dnipro à Kiev en 1972 et traduit en français par Geneviève Koffman
Hommages
modifier- Le Studio Dovjenko fondé en 1927 à Kiev porte le nom de l'artiste.
- Une plaque commémorative est opposée sur la façade de l'immeuble 69-Bismarckstraße à Berlin et au numéro 25 rue Lénine à Nova Kakhovka où il habitait.
- Le , le président d'Ukraine Leonid Koutchma avec l'ukase no 511/94, institue le prix Alexandre-Dovjenko, en tant que distinction nationale récompensant une contribution exceptionnelle dans le domaine cinématographique[12].
Notes et références
modifier- (ru) « ДОВЖЕНКО, АЛЕКСАНДР ПЕТРОВИЧ| Энциклопедия Кругосвет », sur www.krugosvet.ru (consulté le )
- « Vu d’Ukraine. La dangereuse amitié de Joseph Staline », sur Courrier international, (consulté le )
- (fr) Atlas du cinéma, André Z. Labarrère, coll. Encyclopédies d'aujourd'hui, Le Livre de poche, Paris, 2002, (ISBN 2-253-13015-X)
- Le Cinéma russe. Page 90. Édition de 1936
- Natacha Laurent, Le Cinéma stalinien, questions d'histoire, Presses univ. du Mirail, (ISBN 9782858165995, lire en ligne), p. 168
- Bohdan-Oleh Horobtchouk, « La dangereuse amitié de Joseph Staline », Courrier International, no 1670, , p. 50, traduction d'un article paru dans l'Espreso TV, Kiev
- Vanessa Voisin, « De la paix à la guerre, de la fiction au documentaire. Alexandre Dovjenko et Youlia Solntseva »,
- « CHTCHORS », sur cinematheque.fr
- « La Victoire en Ukraine », sur kinoglaz.fr
- « Pays natal », sur kinoglaz.fr
- « Adieu, Amérique », sur kinoglaz.fr
- (uk) Л.КУЧМА, « УКАЗ ПРЕЗИДЕНТА УКРАЇНИ Про заходи щодо відзначення 100-річчя від дня народження Олександра Довженка. », sur rada.gov.ua, (consulté le )
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Barthélemy Amengual, Alexandre Dovjenko, Seghers, 1970
- Lubomir Hosejko, Histoire du cinéma ukrainien (1896 - 1995), Éditions à Dié, Dié, 2001, (ISBN 978-2-908730-67-8)
- (uk) Traduit en ukrainien en 2005 : Istoria Oukraïnskovo Kinemotografa, Kino-Kolo, Kiev, 2005, (ISBN 966-8864-00-X)
- André Z. Labarrère, Atlas du cinéma, coll. Encyclopédies d'aujourd'hui, Le Livre de poche, Paris, 2002, (ISBN 2-253-13015-X)
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Extrait de Zvenigora sur Viméo
- kinoglaz.fr