Africa (déesse)

déesse de l'Afrique romaine et personnification du continent africain

Africa est un symbole — celui de l'Afrique romanisée — et une divinité d'origine libyque, connue en langue berbère sous le nom d'Ifru ou Ifri,[1],[2],[3], vénérée anciennement par les Berbères avant d'être aussi adoptée par les Romains et dont le nom a été latinisé en Africa[4] ou Dea Africa[5],[6].

Mosaïque représentant Africa entourée des quatre saisons - Musée El Djem (Tunisie)
Monnayage d'Hadrien avec représentation d'Africa

Pline, dans son Histoire naturelle nous indique qu'« en Afrique romaine personne n’entreprend rien sans avoir, au préalable, évoqué Africa »[7]. Ceci donne la preuve de son existence et de son importance. D'autres écrivains ont également décrit la personnification de l'Afrique comme une « Dea » ou « divinité »[8].

Dans les représentations les plus courantes, l’Afrique est représentée coiffée de la dépouille d’un éléphant, tenant une corne d'abondance, devant un muid de blé. Elle a aussi pour attributs le scorpion, le lion, l'arc et le carquois[9],[10]. On la trouve sur le revers de certaines monnaies, sur les pierres gravées ainsi que sur certaines mosaïques d'Afrique romaine. Ainsi, on peut voir une mosaïque à son effigie au Musée El Djem[5],[11],[12] de Tunisie. À Timgad elle était la déesse principale du grand sanctuaire de l'Aqua Septimiana Felix où elle était adorée en tant que Dea Patria (déesse de la patrie)[13].

L'écrivain J.A. Maritz s'est demandé si la personnification d'Africa a jamais été considérée comme une « Déa » ou « divinité » par les Romains ou qui que ce soit d'autre. D'après lui, les images iconographiques de « Dea Africa » avec la dépouille d'éléphant sont uniquement des icônes représentant l'Afrique. C'est sans doute pour cette raison que, ni Pline ni aucun auteur après lui, n'a jamais employé le mot « Dea » en parlant d'elle. En outre, aucune inscription dans ce sens n'a jamais été trouvée. Si l'on se réfère aux autres divinités romaines, elles portent le préfixe « Déa » dans les textes et sur les inscriptions. Les Romains avaient déjà leur déesse de la fertilité et de l'abondance, dixit Maritz. Nul besoin d'une déesse qui endosserait le même rôle[14].

Houghtalin propose une théorie différente qui suggère que l'iconographie romaine était basée sur les pièces du roi Ibaras de Numidie, ancien royaume berbère vaincu par l'armée romaine à Pompey au Ier siècle av. J.-C.[15]. Selon Ida Ostenberg, si Houghtalin a raison, c'est à travers Pompey qu'est venue la personnification d'Africa dans l'imaginaire romain[15].

Voir également

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Notes et références

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  1. G. Camps, Encyclopédie berbère, Éditions Peeters, (ISBN 2744902071, lire en ligne), p. 3666
  2. Awal, no 40-41/2009-2010: Créer et transmettre chez les Berbères, Les Editions de la MSH, (ISBN 9782735115563, lire en ligne)
  3. « L'animisme Berbère », sur Terrae Sanctuary (consulté le )
  4. Croyances berbères (lire en ligne)
  5. a et b (en) Gifty Ako-Adounvo, Studies in the Iconography of Blacks in Roman Art, Ph.D. Thesis awarded by McMaster University, Thesis Advisor: Katherine Dunbabin,, , P.82
  6. (en) Christine Hamdoune, La dea Africa et le culte impérial, Études d'antiquités africaines, Volume 1, Numéro 1, , P.151-161
  7. (en) J. A. Maritz, Dea Africa: Examining the Evidence", Scholia: Studies in Classical Antiquity, , Volume 15, p.102
  8. Harry L. Levy, « Themes of Encomium and Invective in Claudian », Transactions and Proceedings of the American Philological Association, vol. 89,‎ , p. 336–347 (DOI 10.2307/283685, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Paul Lachlan MacKendrick, The North African Stones Speak, University of North Carolina Press, (ISBN 978-0-8078-4942-2), P.236
  10. (en) Spicer, Joaneath, "The Personification of Africa with an Elephant-head Crest in Cesare Ripa's Iconologia". Personification, Brill Academic, (ISBN 9789004310438), pp.675-715
  11. (en) « Journal of Roman archaeology: [JRA] : articles, archaeological reports and notes : an international journal. », Journal of Roman archaeology : [JRA] : articles, archaeological reports and notes : an international journal.,‎ (ISSN 1047-7594, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Robert A. Wild, Water in the Cultic Worship of Isis and Sarapis, Brill Archive, (ISBN 90-04-06331-5), pp.186-187
  13. (en) Aomar Akerraz; Moustapha Khanoussi; Attilio Mastino, L' Africa romana: Atti del XVI convegno di studio, Rabat, Universita degli Studi di Sassari, (ISBN 978-88-430-3990-6), pp.1423, 1448
  14. J. A. Maritz (2006), Dea Africa: Examining the Evidence", Scholia: Studies in Classical Antiquity, Volume 15, pages 102-121
  15. a et b (en) Ida Ostenberg, Staging the World: Spoils, Captives, and Representations in the Roman Triumphal Procession, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-921597-3), pp. 222-223 et note 138

Bibliographie

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  • Paul Corbier, Marc Griesheimer, L’Afrique romaine 146 av. J.-C.- 439 ap. J.-C., Ellipses, 2005.
  • Carlo Pavolini, Ostie, port et porte de Rome, Toulouse 2002.
  • E.Vinet, « Africa », dans Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, Charles Daremberg et E. Saglio (sous la direction de), Hachette, Paris, 1877 - 1919.