Église Saint-Léger d'Ébreuil
L'église Saint-Léger est une église catholique française située à Ébreuil, dans le département de l'Allier[1].
Destination initiale |
église abbatiale |
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Destination actuelle |
église paroissiale |
Diocèse | |
Paroisse |
Paroisse Saint-Léger-Sainte-Procule-Gannat (d) |
Dédicataire |
Saint Léger |
Style |
roman (nef et clocher-porche) et gothique primitif (chevet) |
Construction |
Xe au XIIe siècle |
Religion | |
Propriétaire |
Commune |
Patrimonialité |
Classé MH () |
Département | |
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Commune |
Coordonnées |
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Localisation
modifierL'église se trouve sur la commune d'Ébreuil, à l’extrême sud du département de l'Allier, autrefois dans la province d'Auvergne. Elle fait partie de l'ensemble des bâtiments de l'ancienne abbaye Saint-Léger d'Ébreuil, situés dans le bourg, sur la rive gauche de la Sioule.
Historique
modifierL'église abbatiale Saint-Léger a été construite à partir du Xe siècle. Ce sont les moines de Saint-Maixent du Poitou fuyant l’invasion des Normands qui initient l'édification. Ils emportent les reliques de saint Léger d'Autun et se réfugient à Ébreuil où ils sont reçus par le roi Charles le Simple qui les autorise à s'installer. En 961, le roi Lothaire leur fait don de la terre d'Ébreuil et les moines bâtissent alors leur monastère et une nouvelle église. Au début du XIe siècle, les moines construisent une nouvelle église, celle que l'on peut admirer aujourd'hui et qui présente des particularités architecturales intéressantes[2].
À la Révolution, l'abbatiale devient l'église paroissiale d'Ébreuil, remplaçant l'ancienne église Notre-Dame, aujourd'hui détruite.
L'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1914[1].
Description
modifierLa nef et le transept
modifierLa nef[3] actuelle a été construite sur l'emplacement de l'ancienne église qui avait été construite de 961 à 1025. Elle comporte cinq travées marquées par des piliers rectangulaires sans sculpture et une avant-nef à dont la largeur est égale à celle l'édifice. La nef, du XIe siècle, est protégée par une charpente en bois à deux versants[4].
Le bras nord du transept, de la même époque, comporte un triplet (deux baies plein cintre ouvertes flanquant une baie aveugle en mitre) et l'entrée d'une chapelle bouchée encadrée par des colonnes et chapiteaux du XIe siècle.
Le chevet et le chœur
modifierLe chevet[5] originel carolingien a été remplacé par un chevet à cinq chapelles rayonnantes de style proto-gothique (gothique naissant) - ou roman tardif selon les auteurs - en 1171. Le style transitionnel est marqué par la présence de baies en plein cintre encadrées de colonnes aux chapiteaux gothiques à crochets. Les arcs-boutants entaillant les voussures des baies montrent qu'ils ont fait l'objet d'un repentir.
A l'intérieur, le chevet et le chœur ont une disposition particulièrement élégante autour d'un rond-point ouvert par deux piliers fasciculés. Les deux colonnes et leurs chapiteaux à l'entrée du chœur sont de la fin du Xe siècle selon Bernard Craplet[6].
Le déambulatoire circulaire donnant sur les chapelles absidiales comporte des cellules voûtées d'ogives avec des clefs sculptées très intéressantes (ange thuriféraire, agneau pascal). Les deux chapelles nord et sud sont semi-circulaires et les trois autres sont polygonales.
Les peintures murales
modifierLes peintures murales romanes sont particulièrement bien conservées et ont été réalisées au XIIe siècle[7]. Elles se présentent comme une sorte de triptyque réalisé sur les murs sud, ouest et nord de la tribune au-dessus du narthex.
Sur le mur sud sont représentés d’une part, des personnages en pied : l’évêque saint Austremoine, le pape saint Clément et un saint dont le nom nous est inconnu, et d’autre part, une scène de décollation, le martyre de saint Pancrace.
Sur le mur ouest est peinte, en quatre étapes, l’histoire du martyre de sainte Valérie.
Sur le mur nord sont illustrés trois scènes faisant intervenir les trois archanges.
Dans la nef, sur le second et troisième piliers sud figurent des peintures murales de style gothique réalisées après 1416. Sur le deuxième pilier figurent saint Blaise, saint Laurent, saint Antoine et saint Léger, et sur le troisième pilier figure saint Georges terrassant le dragon et un crucifiement selon le thème de la Mater dolorosa.
Le clocher-porche
modifierLe clocher-porche massif témoigne de l'influence de l'art roman du Val de Loire et fait penser à celui de l'abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire comme le démontre Eliane Vergnolle[8].
Les portes d'entrée dans l'église sont remarquables : les vantaux de bois sont recouverts de peaux, qui ont été marouflées et teintes en rouge ; les heurtoirs en bronze sont faits d'un protomé de lion supportant l'anneau et reposant sur une platine circulaire. Cette platine porte une inscription en latin ; l'une de ces inscriptions peut être déchiffrée ainsi : « adest porta per quam justi redeunt ad patriam » (« voici la porte par laquelle les justes rejoignent leur patrie »).
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Extérieur.
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Intérieur.
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Intérieur de l'église.
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Intérieur de l'église.
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Fresque de saints.
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Heurtoir sur la porte principale.
Notes et références
modifier- « Église Saint-Léger », notice no PA00093092, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Par son ancienneté, ses innovations architectoniques et artistiques, l'église abbatiale d'Ébreuil est la référence en matière d'art roman et gothique en Auvergne. » Georges Jousse, Particularités architecturales et artistiques de l'abbatiale Saint-Léger d'Ébreuil, Imestra Éditions, 2019.
- Georges Jousse, Ébreuil, la puissante abbaye royale d'Auvergne, Imestra Éditions, 2018, p. 89-132.
- Éliane Vergnolle, « L'église abbatiale Saint-Léger d'Ébreuil », Congrès archéologique de France : Bourbonnais (146e session), Paris, Société française d'archéologie, , p. 169-202.
- Georges Jousse, op. cit., p. 159-211.
- Bernard Craplet, Auvergne romane, Saint-Léger-Vauban, Éditions Zodiaque, (1re éd. 1955), 371 p.
- Marie Charbonnel, David Morel, « L'abbatiale d'Ébreuil et les marges de l'Aquitaine aux XIe et XIIe siècles. Nouvelles réflexions sur les parties occidentales et leurs peintures murales », Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, Clermont-Ferrand, Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand, vol. 125, , p. 103-139.
- Eliane Vergnolle, Saint-Benoît-sur-Loire et la sculpture du XIe siècle, Paris, Éditions Picard, .
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Marie Charbonnel, David Morel, « L'abbatiale d'Ebreuil et les marges de l'Aquitaine aux XIe et XIIe siècles. Nouvelles réflexions sur les parties occidentales et leurs peintures murales », Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, Clermont-Ferrand, Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand, vol. 125, , p. 103-139.
- Anne Courtillé, Auvergne, Bourbonnais, Velay gothiques, Paris, A. et J. Picard, 2002, p. 224-230.
- Éliane Vergnolle, « L'église abbatiale Saint-Léger d'Ébreuil », Congrès archéologique de France : Bourbonnais (146e session), Paris, Société française d'archéologie, , p. 169-202.
- Georges Jousse, Ébreuil, l'abbatiale Saint-Léger, son histoire, ses mystères, Imestra Éditions, 2015.
- Georges Jousse, Ébreuil, la puissante abbaye royale d'Auvergne, Imestra Éditions, 2018.
- Georges Jousse, Particularités architecturales et artistiques de l'abbatiale Saint-Léger d'Ébreuil, Imestra Éditions, 2019.
- Georges Jousse, Ébreuil, son magnifique clocher-porche. Les secrets de sa construction révélés, Imestra Éditions, 2020.
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- Ressource relative à la religion :
- Ressource relative à l'architecture :
- Panoramas de l'église Saint-Léger d'Ébreuil sur mcid.mcah.columbia.edu.