« Erzurum » : différence entre les versions

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'''Erzurum''' ou '''Erzéroum''' (Կարին (''K'arin'' ou ''Garin''<ref>La lettre <Կ> se prononce [k] en arménien classique, [k'] en arménien oriental et [g] en arménien occidental ''cf'' l'article [[Ken (arménien)]].</ref>) en [[arménien]] ; ერზრუუმიერზურუმი (''ErzruumiErdzurumi'') en [[Géorgie (pays)|géorgien]] ; ''Erzîrom'' en [[kurde|kurmandji]]) est une ville d'[[Anatolie]] orientale ou d'Arménie occidentale, aujourd'hui en [[Turquie]]. [[Préfecture]] de la [[Erzurum (province)|province du même nom]], elle compte une population de {{formatnum:561874}} habitants (recensement de 2008).
 
== Géographie ==
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== Histoire ==
 
=== Antiquité ===
Si un canton de Karin dans la [[Régions historiques de l'Arménie|province historique arménienne]] de [[Haute-Arménie]] est connu par la ''Géographie'' d'[[Anania de Shirak]], et que ce canton semble avoir fait partie du domaine royal [[Arsacides (Arménie)|arsacide]] avant la fin du {{s-|IV|e}}<ref name="Garsoian 181">Nina G. Garsoïan, « La date de la fondation de Théodosioupolis-Karin », dans ''[[Revue des études byzantines]]'', 62 (2004), {{p.}}181.</ref>, il ne paraît pas avoir compris une ville, mais plutôt un village<ref>Nina G. Garsoïan, ''op. cit.'', {{p.}}182.</ref>. C'est sur le site de ce village que la ville de Théodosio(u)polis est fondée<ref>Nina G. Garsoïan, ''op. cit.'', {{p.}}183.</ref>.
 
La naissance d'Erzurum remonte au {{s-|V<sup>e</sup> siècle}} lorsque l'empereur [[Théodose II]] fonda une place militaire aux confins orientaux de l’empire byzantin : ''Theodosiopolis'', objet de luttes entre Sassanides, musulmans et byzantins.
 
=== Moyen Âge ===
Forteresse importante du ''[[limes]]'' oriental, fortifiée sous [[Justinien]], elle est prise par les [[Arabes]], détruite par [[Constantin V]] en [[751]]-[[752]], reconstruite par les Arabes, puis reconquise par les [[Empire byzantin|Byzantins]] au {{s-|X|e}}, et enfin mise à sac par les [[Seldjoukides]] en [[1048]]<ref name="Garsoian 181" />. En 1048, la population de la ville d'Arzen, située à l'est, est chassée par les Seldjoukides et vient s'installer dans la ville de ''Theodosiopolis'' qui devient Arzen-er-Roum (''Roum'' signifie l'Empire byzantin), d'où le nom actuel d'Erzurum <ref name="jennings">{{Article |langue=en |auteur1=Ronald C. Jennings |titre=Urban Population in Anatolia in the Sixteenth Century: A Study of Kayseri, Karaman, Amasya, Trabzon, and Erzurum |périodique=International Journal of Middle East Studies |volume=7 |numéro=1 |date=janvier 1976 |pages= |issn= |e-issn= |lire en ligne= |consulté le= |id= }}. </ref>.
 
Après [[1071]] et la [[bataille de Manzikert]] qui voit la conquête de la ville par les [[islam|musulmans]], elle prend le nom d'd’''Arz al-Roum'' (en arabe : ʾarḍ ar-rūm, {{lang|rtl|ar|أرض الروم}}, « terre des [[Sultanat de Roum|Roum]] »). Elle aurait été nommée ainsi à cause des Arméniens réfugiés venant d'une ville proche nommée Arzan et détruite en 1049 par les Seldjoukides<ref>{{en}} {{Ouvrage|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=zJU3AAAAIAAJ |volume=I|titre=E.J. Brill's First Encyclopaedia of Islam, 1913-1936 (9 volumes)|auteur=Martijn Theodoor Houtsma |éditeur=BRILL |année=1993 |isbn=978-900408265-6 |pages=5164 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=zJU3AAAAIAAJ&pg=PA473&lpg=PA473 |passage=473 (la fin de l'article)|chap=Arzan}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ibn Battûta|traducteur=[[Charles Defrémery|C. Defrémery]] et B. R. Sanguinetti (1858)|titre=Voyages (3 volumes), De la Mecque aux steppes russes|volume=II|éditeur=François Maspero|collection=La Découverte|lieu=Paris|année=1982|pages=(.pdf) 392|passage=134, note 247|isbn=2-7071-1303-4|présentation en ligne=http://classiques.uqac.ca/classiques/ibn_battuta/voyages_tome_II/voyages_tome_II.html|lire en ligne=http://classiques.uqac.ca/classiques/ibn_battuta/voyages_tome_II/ibn_battuta_t2.pdf}}{{Commentaire biblio|Introduction et notes de Stéphane Yerasimov.}}</ref>. Ce nom évolue ensuite en ''Erzerum'' et ''Erzurum''.
 
La ville passa successivement aux mains des Seldjoukides qui lui donnèrent d’importants monuments puis des Mongols et des Ottomans des Safavides pour entrer définitivement dans l’empire ottoman à la fin du XVIe siècle {{s-|XVI}}<ref name="jennings"/>.
 
La cité a été prise par [[Ouzoun Hassan|Akkonyunlu Turkman Uzun Hassan]] en 1468 après la mort du dirigeant de la fédération tribale d’origine turcomane [[Qara Qoyunlu|Kara koyunlu]], [[Jihan Shah|Jihan shah.]] Après la chute d’Akkonyunlu, le contrôle de la ville passe au [[Ismaïl Ier|Shah Ismail]] et aux [[Qizilbash]]. Les Ottomans ont pris le contrôle de la cité en 1514 par [[Sélim Ier|Selim Ier]] dans sa campagne à Chaldrian. Les diverses conquêtes au XVe et XVIe siècle ainsi que les guerres ont provoqué des mouvements de population forcés ce qui a contribuer à faire baisser la population de la ville.
 
=== Temps Modernes ===
Erzurum n’a jamais connu de paix avant la fin du XVIe siècle. [[Soliman le Magnifique]] (10<sup>e</sup> sultan ottoman) a entrepris trois campagnes contre les [[Safavides]]. Erzurum était une cité forteresse à partir de laquelle les gouverneurs locaux ont mené des offensives contre les Safavides et Erzurum était un terrain de bataille pendant les guerres à l’est. Au XVIe siècle, Erzurum était une cité frontière qui subissait les conséquences de sa position.
En 1514, les Ottomans prennent le contrôle de la cité sous l'égide de [[Sélim Ier|Selim {{Ier}}]] dans sa campagne à Chaldrian. Les diverses conquêtes aux {{s2-|XV|XVI}} ainsi que les guerres ont provoqué des mouvements de population forcés ce qui a contribuer à faire baisser la population de la ville.
 
Erzurum n’a jamais connu de paix avant la fin du XVIe siècle{{s-|XVI}}. [[Soliman le Magnifique]] (10<sup>e</sup> {{10e|sultan}} ottoman) a entrepris trois campagnes contre les [[Safavides]]. Erzurum était une cité forteresse à partir de laquelle les gouverneurs locaux ont mené des offensives contre les Safavides et Erzurum était un terrain de bataille pendant les guerres à l’est. Au XVIe siècle{{s-|XVI}}, Erzurum était une cité frontière qui subissait les conséquences de sa position.
 
Erzururm a longtemps été un important centre culturel, commercial et militaire de l'est de l'Anatolie. Sa prospérité reposait sur des routes d’échange entre [[Tabriz]], [[Ardabil]], [[Trabzon|Trébizonde]], [[Sivas|Sébaste]], [[Tokat]] et des villes productrices de soie en Iran <ref name="bazin"/>.
 
Selim {{Ier}} l'a conquise des Safavides et Soliman a ordonné sa restauration qui débuta en 1529 sous les ordres de [[:en:Ferhad_Pasha_Sokolović|FerhadFerhat-pacha PashaSokolović]]. La cité devint une forteresse pour les campagnes militaires contre les Safavides. Soliman y mena d’importantes campagnes contre les Safavides en 1534, 1548 et 1554.
 
La population d'Erzurum est restée faible puisque la cité a été en proie à de nombreux conflits. En 1540, la ville était pratiquement vide de population, elle était considérée comme une ville principalement militaire. Il a fallu attendre le règne de [[Mourad IV]] dès 1639 pour que la ville retrouve la paix. Pendant trois siècles la ville est une place forte ottomane face aux Iraniens et surtout aux russes. En 1829, la ville tombe aux mains des russes qui l’abandonnent aussitôt. En 1879, elle fut reconquise par les russes mais fut restituée à l’empire ottoman par le [[Traité de Berlin (1878)|traité de Berlin]] <ref name="bazin"/>. [[Fichier:1895erzurum-victims.jpg|thumb|left|Victimes des [[massacres hamidiens]] à Erzurum ({{Date|30|octobre|1895}}).]]
 
== Epoque Contemporaine ==
La population d'Erzurum est restée faible puisque la cité a été en proie à de nombreux conflits. En 1540, la ville était pratiquement vide de population, elle était considérée comme une ville principalement militaire. Il a fallu attendre le règne de [[Mourad IV]] dès 1639 pour que la ville retrouve la paix. Pendant trois siècles la ville est une place forte ottomane face aux Iraniens et surtout aux russes. En 1829, la ville tombe aux mains des russes qui l’abandonnent aussitôt. En 1879, elle fut reconquise par les russes mais fut restituée à l’empire ottoman par le [[Traité de Berlin (1878)|traité de Berlin]] <ref name="bazin"/>. [[Fichier:1895erzurum-victims.jpg|thumb|left|Victimes des [[massacres hamidiens]] à Erzurum ({{Date|30|octobre|1895}}).]]
La ville fut dirigée par les [[Empire ottoman|Ottomans]] jusqu'en [[1829]] lorsque l'[[Empire russe]] s'en empara. Mais le [[Traité d'Andrinople (1829)|traité d'Andrinople]] signé quelques mois plus tard met fin à cette situation et les Turcs récupèrent rapidement la ville. La situation se reproduit quelques années plus tard, après la [[guerre russo-turque de 1877-1878]]. Cette fois-ci, c'est le [[traitéTraité de SanBerlin Stefano(1878)|traité de Berlin]] qui permet à l'Empire ottoman de récupérer Erzurum<ref name="bazin"/>.
 
En 1867, Erzurum comptait {{nb|70000}} habitants selon Frans Outendirck. Dans la ville, on travaille la soie, le coton, le cuir, le cuivre, l'acier, et les sabres d'Erzurum ont une grande réputation<ref>Frans Outendirck, ''La Turquie à propos de l'exposition universelle de 1867'', Paris, Typographie de Ad. Lainé et J. Havard, 1867, p. 126 ([https://books.google.fr/books?id=njTaGUz0MTQC&newbks=1&newbks_redir=0&hl=fr&pg=PA126#v=onepage&q&f=false lire en ligne]).</ref>.
 
[[Fichier:1895erzurum-victims.jpg|thumb|left|Victimes des [[massacres hamidiens]] à Erzurum ({{Date|30|octobre|1895}}).]]
La ville connaît les heures les plus sombres de son histoire pendant les [[massacres hamidiens]] ([[1894]]-[[1896]]), où de nombreux citoyens, surtout arméniens, sont tués<ref>{{en}} [[Vahakn Dadrian]], ''Warrant for Genocide: Key Elements of Turko-Armenian Conflict'', New Brunswick and London: Transaction Publishers, 1999, {{p.}}141.</ref>, puis pendant le [[génocide arménien]] ([[1915]]-[[1917]]) où elle devient un important centre de déportation et d'extermination<ref>{{en}} Peter Balakian, ''The Burning Tigris: The Armenian Genocide and America's Response'', {{p.}}176.</ref>. Sur les {{formatnum:20000}} Arméniens de la ville, seule une centaine survivent ; il est estimé que 90 % des Arméniens de la région ont été exterminés durant le [[génocide arménien]]<ref>[[Robert Hewsen]], « Summit of the Earth: The Historical Geography of [[Haute-Arménie|Bardzr Hayk]] », dans Richard G. Hovannisian (dir.), ''Armenian Karin/Erzerum'', Mazda Publishers, Costa Mesa, 2003 {{ISBN|9781568591513}}, {{p.}}51-56, 60.</ref>.
 
Durant la [[Première Guerre mondiale]], la ville est finalement prise par l'armée russe de [[Nikolaï Ioudenitch]] le {{Date|16|février|1916}} (la [[Bataille d'Erzurum]]). En [[1918]], la Turquie récupère Erzurum par le [[traité de Brest-Litovsk]].
 
C’est à Erzurum que se réunit, le {{date-|23 juillet 1919}}, le Congrès qui choisit Mustafa Kemal pour président mais la révolution kémaliste abandonna la ville pour Sivas puis Ankara. Le congrès d'Erzurum marque le début de la [[Guerre d'indépendance turque|guerre d'indépendance de la Turquie]].
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== Économie ==
La ville d’Erzurum est un point stratégique puisqu’elle est le point final du gazoduc du sud Caucase, aussi appelé le gazoduc [[Baku-Tbiliss-Erzurum (BTE)]]. Depuis une quinzaine d’années, le gaz de la Caspienne est transporté par ce biais vers le port turc de [[Ceyhan (district)|Ceyhan]] et les marchés européens. La ville devait également être le point de départ du gazoduc de Nabucco qui devait transporter de la [[mer Caspienne]] vers plusieurs pays membres de l’Union Européenne. Le projet a été avorté en 2013 <ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Biélorussie, Turquie : l’Union Européenne à l’heure des États pivots |url=https://theconversation.com/bielorussie-turquie-lunion-europeenne-a-lheure-des-etats-pivots-115080 |date= avril 2019 |site=The Conversation |consulté le=18 avril 2019}}. </ref>.
 
L’une des plus larges sources de revenus de la ville provient de l’[[Université Atatürk]] créée en 1950 et qui abrite plus de 40 000 étudiants. Il s’agit de l’une des plus grandes universités de Turquie. Le tourisme est également une source importante de revenus pour la ville. Erzurum abrite des monuments Seldjoukides, mais c’est aussi une station de ski très prisée en hiver.
 
Erzurum est également célèbre pour la production d’objets fabriqués à partir de [[pierre d’Oltu]], une forme de jais naturel travaillée et exploitée à Erzurum depuis le XVIIIe siècle{{s-|XVIII}}. Appelée aussi "« ambre noir" » ou « ambre d’Erzurum », c’est une pierre semi-précieuse qui est utilisée dans la fabrication de bijoux, épingles à cravates, fume-cigarettes, chapelets. Dans le centre d’Erzurum, le Tashan, un espace de deux étages datant du Moyen Age, lui est dédié.
 
== Politique ==
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* [[Musée archéologique d'Erzurum]], abrite des vestiges des fouilles entreprises dans la [[Erzurum (province)|province d'Erzurum]]<ref name="museum-official">{{lien web|titre=Erzurum Archaeology Museum |url=http://www.kultur.gov.tr/EN,113923/erzurum-archaeology-museum.html | website=Ministery of culture and tourism | consulté le=1 juillet 2018}}</ref>. En 2013, il est divisé selon les sections : fouilles archéologiques (notamment celles de {{lien|Pulur Höyük|lang=tr}} [1960], {{lien|Güzelova Höyük|lang=tr}} [1961], {{lien|Sos Höyük|lang=tr}} [1994-1998] et de divers tumulus) ; culture trans-caucasienne ([[Culture kouro-araxe]]) ; [[Urartu|civilisation urartéenne]] ; histoire naturelle ; et massacre turco-arménien<ref name="museum-official" />.
* L'[[Observatoire d'Anatolie orientale]], en projet, sera situé à Erzurum.
 
== Sports ==
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== Dans les arts ==
Dans l'le 22e album des Aventures de Tintin ''[[Vol 714 pour Sydney]]'', en page 30, le milliardaire [[Liste des personnages des Aventures de Tintin|Laszlo Carreidas]] parle de son grand-père maternel qui était {{citation|sucreur de rahat-lokum à Erzeroum}} (sic).
 
== Notes et références ==
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=== Liens externes ===
{{Liens}}
* {{tr}} [http://www.erzurum.bel.tr Site officiel de la municipalité d’Erzurum]
* {{tr}} [http://www.erzurum.gov.tr Site officiel de la préfecture d’Erzurum]
* {{autorité}}
 
{{Palette|Districts d'Erzurum}}
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[[Catégorie:Erzurum| ]]
[[Catégorie:District dans la province d'Erzurum]]
[[Catégorie:Centre d'extermination du génocide arménien]]
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