|image = Aisne Front 1917.jpg
|légende = Front de l'Aisne, [[1917]].
|date = [[{{date|16 avril]] 1917-}} – {{date|24|octobre|1917}}
|lieu = Entre [[Soissons]] et [[Reims]]
|issue = Échec français, victoire tactique allemande
|combattants2 = {{Empire allemand}}
|commandant1 = [[Robert Nivelle]]
|commandant2 = [[Erich Ludendorff]]
|forces1 = 61 divisions d'infanterie <br /> 7 divisions de cavalerie <br /> {{unité|850000|hommes}}
|forces2 = 41 divisions <br />{{nombre|682650|hommes}}
|géolocalisation = France/Nord-Pas-de-Calais-Picardie/Aisne
}}
La '''bataille du [[Chemin des Dames]]''', aussi appelée '''seconde bataille de l'[[Aisne (département)|Aisne]]''' ou '''« offensive GuibalNivelle »''' a lieu pendant la [[Première Guerre mondiale]]. Elle commence le {{nobr|16 [[avril 1917 (guerre mondiale)|avril 1917]]}} à {{heure|6 heures}} du matin par la tentative [[France|française]] de rupture du front allemand entre [[Soissons]] et [[Reims]] vers [[Laon]], sous les ordres du général [[Robert Nivelle|Nivelle]] : « {{cita|L'heure est venue, confiance, courage et vive la France ! »}}. La bataille se prolonge jusqu'au [[24 octobre{{nobr|24]] [[octobre 1917 (guerre mondiale)|octobre 1917]]}} avec des résultats stratégiques discutés et de très lourdes pertes humaines dans les deux camps.
== La situation militaire en avril 1917 ==
L'armée française est sortie victorieuse de la [[bataille de Verdun]] en [[novembreDécembre 1916 (guerre mondiale)|novembre{{date-|décembre 1916}}]] et la [[bataille de la Somme]] s'achève en [[Novembre 1916 (guerre mondiale)|{{date-|novembre 1916}}]]. Se pose la question de la suite à donner aux opérations.
La décision d'une offensive de grande ampleur a été prise par le général [[Joseph Joffre|Joffre]] alors qu'il était encore à la tête de l'armée française. Les grandes lignes de l'offensive sont alors décidées : ce sera une attaque conjointe avec les troupes anglaises sur le front entre [[Vimy]] et [[Reims]]. Le frontCelui-ci a la forme d'un angle droit : entre Vimy et [[Soissons]], le front est d'orientation nord-sud, et ouest-est entre Soissons et Reims. Tandis que les Anglais attaqueront sur la ligne entre Vimy et Soissons, les Français le feront entre Soissons et Reims afin d'affronter les Allemands selon deux directions différentes.
En [[Décembre 1916 (guerre mondiale)|décembre 1916]], tandis qu'[[Hubert Lyautey]] devient ministre de la guerreGuerre, mais démissionne en {{date-|mars 1917}} refusant d'appliquer le plan Nivelle, [[Robert Nivelle|Nivelle]] remplace Joffre à la tête des armées, et reprend le projet de Joffre : son idée est de concentrer un maximum de forces sur cette partie du front afin de l'enfoncer.
Sûrement pour prévenir une telle offensive, dont l'ampleur ne permet pas de garder le secret absolu, les Allemands se replient du {{date-|15 mars- 1917-}} au [[19 mars{{date-|19]] [[mars 1917 (guerre mondiale)|mars 1917]]}} sur la [[ligne Hindenburg]]. Leur front est réduit de {{uniténobr|70| kilomètres}}, permettant d'économiser de nombreuses divisions. L'angle droit de la ligne de front est gommé : la ligne de défense s'étend désormais dans une direction nord-ouest/sud-est de Vimy à Reims en passant par le [[Chemin des Dames]]. Les [[Alliés de la Première Guerre mondiale|Alliés]] mettent une semaine à se rendre compte de l'ampleur de ce retrait. Le plan initial de l'offensive est désormais caduc. Nivelle et ses généraux adaptent leur projet à cette situation nouvelle et dissocient l'[[Bataille de la crête de Vimy|attaque anglaise sur Vimy]] de l'attaque française qui se centrera sur le [[Chemin des Dames]].
== Atermoiements et interventions politiques ==
== Le terrain ==
Le Chemin des Dames est un plateau calcaire, orienté est-ouest, situé entre la vallée de l'[[Aisne (Oise)|Aisne]], au sud, et la vallée de l'[[Ailette (rivière)|Ailette]], au nord. Ce plateau est un bel observatoire, tant vers le nord et la plaine située à l'est entre Reims et Laon, que vers celle située au sud depuis Soissons<ref>Ce site a déjà été un lieu de combats qui vit une victoire de [[Napoléon Ier|Napoléon {{Ier}}]] contre les armées [[Russie|russes]] et [[Prusse|prussiennes]] du [[Gebhard Leberecht von Blücher|général Blücher]], lors de la [[bataille de Craonne]] du {{Datedate-|7|mars|1814}}.</ref>.
Les Allemands sont présents sur le plateau depuis [[septembre 1914 (guerre mondiale)|septembre 1914]]. Ils ont eu le temps de transformer cet observatoire en forteresse en aménageant les carrières souterraines ([[caverne du Dragon]]), en creusant des souterrains permettant de relier l'arrière aux premières lignes, en édifiant et camouflant de nombreux nids de mitrailleuses.
Depuis cette date, c'est un secteur relativement tranquille qui n'a pas fait l'objet, depuis la {{nobr|fin 1915}}, de grosses offensives. Les Allemands tiennent la ligne de [[crête]] et les Français sont établis sur les pentes.
{{image panoramique|Le_chemin_des_dames_(vue_panoramique).jpg|1400|Vue panoramique de la vallée depuis la caverne du Dragon.}}
==== Le commandement ====
Nivelle est à la tête des opérations. Sur le terrain, le [[Ordre de bataille du Groupe d'armées de réserve avant la bataille du Chemin des Dames au 15 avril 1917|Groupe d'Armée de Réserve]], sous le commandement du général [[Joseph Alfred Micheler|Micheler]], se compose de la [[5e armée (France)|{{Ve5e}} Armée]] sous les ordres du général [[Olivier Mazel|Mazel]], de la [[6e armée (France)|{{VIe6e}} Armée]] sous les ordres du général [[Charles Mangin|Mangin]] et de la [[10e armée (France)|{{Xe10e}} Armée]] sous les ordres du général [[Denis Auguste Duchêne|Duchêne]].
==== Les troupes ====
* La [[5e armée (France)|{{Ve5e}} Armée]] du [[Olivier Mazel|général Mazel]] compte {{nobr|16 [[division (militaire)|divisions]]}} d'[[infanterie]] réparties en {{nobr|5 [[corps d'armée|corps]]}}, une division de cavalerie, deux [[brigade]]s [[Corps expéditionnaire russe en France|russes]] et un peu moins de {{nobr|200 [[char d'assaut|chars d'assaut]]}} répartis en 5cinq groupes.
* La [[6e armée (France)|{{VIe6e}} Armée]] du [[Charles Mangin|général Mangin]] compte {{nobr|17 divisions}} d'infanterie réparties également en 5cinq corps, une division de cavalerie et une division territoriale. De nombreux régiments de troupes coloniales, [[tirailleurs sénégalais]] et [[zouaves]], constituent des « troupes de choc ».
* Les troupes africaines doivent attaquer sur le secteur le plus stratégique du plateau, au niveau de l'[[ferme d'Hurtebise|isthme d'Hurtebise]], face à la [[Caverne du Dragon]]. Sur les {{unité|15000|Africains}} présents face aux lignes allemandes, {{unité|6000}} mourront le [[{{date-|16 avril]] 1917-}}.
* La {{Xe10e}} Armée du [[Denis Auguste Duchêne|général Duchêne]] comptant 9neuf divisions d'infanterie est en réserve.
* La [[4e armée (France)|{{IVe4e}} Armée]] du général [[François Anthoine|Anthoine]], également en réserve, avec 5cinq divisions d'infanterie et le [[2e corps d'armée colonial (France)|{{2e}} Corps d'Armée colonial]] sous les ordres du [[Ernest Joseph Blondlat|général Blondlat]].
Cette force d'environ {{unité|850000|hommes}} dispose de {{unité|2700|pièces}} d’[[Canon de 75 mm modèle 1897|artillerie]] de 75]] et {{unité|2300|[[Mortier (arme)|mortiers]]}} lourds, dont {{nobr|790 canons}} modernes.
=== Du côté allemand ===
==== Le commandement ====
[[Fichier:German trenches on the aisne.jpg|thumb|right|300px|Tranchée allemande sur l'[[Aisne (Oise)|Aisne]].]]
Le commandement de l'armée allemande est assuré par [[Paul von Hindenburg|Hindenburg]] et par [[Erich Ludendorff]] sous l'autorité du [[Guillaume de Prusse|''Kronprinz'']], fils de {{nobr|[[Guillaume II (empereur allemand)|Guillaume II]]}} : la {{Ire}} et la {{VIIe}}. [[Fritz von Below]] est à la tête de la {{Ire}} Armée. La {{VIIe}} Armée quant à elle est commandée par [[Max von Boehn]]. Il y a également une troisième armée qui s'étend du nord de Reims jusqu'au nord de [[Verdun]], c'est la {{IIIe}} Armée de [[Karl von Einem]] (connu également sous le nom de von Rothmaler) qui la commande depuis le {{date-|15 septembre 1914}}.
==== Les troupes ====
La {{VIIe}} Armée que commande général Boehn depuis le [[{{date-|11 mars]] 1917-}} compte alors {{nobr|14 divisions}}, elle est déployée de [[Vauxaillon]] à [[Berry-au-Bac]]. Du nord de [[Berry-au-Bac]] au nord de Reims, c'est le général [[Fritz von Below|von Below]] qui prend le relais avec la {{Ire}} Armée. Les Allemands occupent une zone puissamment fortifiée, avec des [[mitrailleuse]]s sous abri et un excellent réseau souterrain communiquant avec la ligne de crête. De plus, les Allemands ont l'avantage aérien, disposant de {{nobr|530 avions}} de chasse<ref>« 1917 Le Chemin des Dames », hors-série du magazine ''l'Aisne 1917-2007'', page 13.</ref>.
== Le plan français ==
Le plan prévoit une concentration maximale de forces sur {{unité|30|km}} de front. Le terrain doit être préparé par un [[Tir de barrage|bombardement d'[[artillerie]] massif]] chargé de détruire les premières lignes allemandes. Ensuite, les troupes d'[[infanterie]] doivent s'élancer protégées par un barrage roulant d'artillerie.
Ce plan ne tient pas assez compte du terrain qui est très défavorable :, les troupes françaises se situant en contrebas et devant se lancer à l'assaut de pentes fortifiées. D'autre part, le bombardement sur {{unité|30|kilomètres}} de front ne peut être aussi dense que lorsqu'il s'agit de prendre un fort.
=== Les objectifs ===
L'idée de base du plan proposé par [[Robert Nivelle|Nivelle]] est de percer sur la ligne du [[Chemin des Dames]], entre [[Reims]] et [[Ferme d'Hurtebise|Hurtebise]], en passant par les [[Cavaliers de Courcy]], en utilisant la méthode qui lui a réussi à {{nobr|l'automne [[1916]]}} quand il a regagné le terrain perdu à [[Bataille de Verdun|Verdun]].
Une fois le front des premières et deuxièmes lignes allemandes enfoncées, une armée de réserve sera lancée pour exploiter la trouée et obtenir l'effondrement des armées allemandes. À cet effet, on rattachera à cette armée deux corps de cavalerie, cette cavalerie qui retrouverait alors ses chevaux et son rôle classique au lieu de la boue des tranchées dans laquelle elle combat depuis la stabilisation du front.
Pour s'assurer de la réussite, la progression des troupes doit donc être très rapide dès le début de l'offensive. Le général Mangin estime que les soldats devront progresser à la vitesse de {{unité|100|mètres}} toutes les trois minutes, un peu plus vite qu'à Verdun où il a repris le [[fort de Douaumont]] quelques mois plus tôt en appliquant cette méthode.
Ainsi, il est prévu au soir du premier jour que la {{VIe6e}} armée aura franchi l'[[Ailette (rivière)|Ailette]]. À J+1, la cavalerie doit couvrir la plaine située au nord de [[Laon]] ; à J+4, on doit atteindre la [[Somme (département)|Somme]].
=== Les moyens ===
[[Robert Nivelle|Nivelle]] prévoit un '''Groupe d'Armées de Réserve''' (G.A.R.) aux ordres du [[Généraux français de la Première Guerre mondiale|général]] [[Joseph Alfred Micheler|Micheler]], qui viendra s'intercaler entre le Groupe d'Armées du Nord et le Groupe d'Armées du Centre. Ce G.A.R. comprend 4quatre armées, la {{Ve5e}}, {{VIe6e}}, {{Xe10e}} et la {{IVe4e}} Armée. Les {{Ve5e}} et {{VIe6e}} armées étant chargées de la percée, la {{Xe10e}} Armée de [[Denis Auguste Duchêne|Duchêne]] et la [[4e armée (France)|{{IVe4e}} Armée]] du général [[François Anthoine]] sont tenues en réserve, et seront utilisées pour exploiter la réussite.
Cela donne un total de {{nobr|17 [[corps d'armée]]}} regroupant {{nobr|56 [[division (militaire)|divisions]]}}. Parmi ces divisions, 4quatre d'infanterie coloniale et 5cinq de cavalerie.
Nivelle, artilleur de formation, compte beaucoup sur l'[[artillerie]] pour écraser les défenses allemandes. Cela compensera l'avantage que donne aux défenseurs la géographie des lieux prévus pour l'attaque. L'idée est de profiter de la puissance d'une artillerie lourde plus nombreuse qui, pouvant tirer plus loin que dans les offensives précédentes, devrait permettre non seulement d'anéantir les positions de premières lignes mais aussi d'interdire l'arrivée de renfortrenforts et de faire taire les canons allemands.
Le plan s'est particulièrement attaché à réduire les contraintes d'approvisionnement. L'Aisne coule au sud, parallèlement au Chemin des Dames, en vue directe des observatoires allemands. Pour éviter que l'arrivée des renforts, munitions, {{etc.}} ne soit tributaire des points de passage obligés sur cette rivière (et de même pour les flux descendants, comme les blessés), d'innombrables ponts et passerelles supplémentaires ont été construits en secret, ainsi qu'un vaste réseau de routes et de voies ferrées supplémentaires.
=== Rôle des chars ===
Pour la première fois, une ''artillerie spéciale'' est massivement engagée. Les chars sont prévus pour évoluer où cela leur sera possible, c'est-à-dire à l'est et à l'ouest du Chemin des Dames dont les pentes leur sont praticables. À l'est, du côté de Berry-au-Bac, et rattaché au {{32e|corps}} de la {{Ve6e}} Armée, il y a le ''groupement Bossut''<ref>L'artillerie spéciale (AS) utilise des noms particuliers pour ses unités. À la base, on a une '''batterie''', de 4 chars. Plusieurs batteries vont donner un '''groupe'''. Plusieurs groupes donnent un '''groupement'''.</ref> avec ses {{nobr|82 [[Char Schneider CA1|chars Schneider]]}}. Le ''groupement Chaubès'', équipé de {{nobr|50 [[Saint-Chamond (char)|chars Saint-Chamond]]}}, est rattaché au {{5e|corps}} d'armée. À l'ouest, du côté de [[Laffaux]], il n'y a pas de chars pour accompagner l'assaut du {{date-|16 avril 1917}}. En mai, il y aura le « groupement Lefèbvre », rattaché au {{37e|corps}} de la {{VIe6e}} Armée.
Le premier assaut de chars de l'histoire militaire française a lieu le {{date-|16 avril 1917||}}. Des {{uniténobr|128| chars}} engagés, 57 sont détruits, entraînant la mort ou la disparition de {{uniténobr|94| hommes}} d'équipage et {{uniténobr|109| blessés}}. Difficilement manœuvrables, sans tourelle, mal blindés avec des réservoirs de carburant mal protégés, les {{uniténobr|22| tonnes}} du char Saint-Chamond en font une cible facile pour les Allemands<ref name="Lewino">{{lien web|url=http://www.lepoint.fr/histoire/il-y-a-exactement-100-ans-le-premier-char-d-assaut-participait-a-un-combat-16-04-2017-2120133_1615.php? |titre= Il y a exactement 100 ans, le premier char d'assaut participait à un combat|éditeur=lepoint.fr|date=16 avril 2017|auteur=Frédéric Lewino|consulté le=16 avril 2017}}.</ref>.
=== Les tactiques ===
==== L'artillerie ====
Le rôle de l'[[artillerie]] est primordial : un bombardement massif et incessantcontinu doit permettre à l'[[infanterie]] de progresser rapidement. Les Français disposent ainsipour cela de {{unité|5310|canons}} qui tirenttireront {{nobr|5 millions}} d'[[Canon de 75 mm modèle 1897|obus de 75]] et {{nobr|1,5 million}} de munitions de gros calibrescalibre.
LaNivelle estime que la préparation de l'offensive par l'artillerie devaitdoit permettre, selon [[Robert Nivelle|Nivelle]] de détruire jusqu'aux septièmesseptième voireou huitièmeshuitième lignes ennemies. Pendant cette préparation, du 12 au {{date-|15 avril 1917}}, {{nobr|533 obus}} sont tirés en moyenne par minute<ref>« 1917, Le Chemin des Dames », numéro spécial du magazine du [[Conseil général de l'Aisne]], avril 2007.</ref>. Mais le temps est très couvert durantde cette première quinzaine d'avril, d'oùrend desles réglages d'artillerie approximatifs.
Une fois l'offensive lancée, pour se conformerconformément à la vitesse de progression voulue par Nivelle, le barrage d'artillerie doit avancer,progresser de {{uniténobr|100| mètres}} toutes les 3trois minutes<ref>Cela donne une pénétration de {{unité|2 kilomètres à l'heure|km/h}}.</ref>. IlLors faut comparer cette décision avec lesdes dernières offensives de la [[bataille de Verdun]] où, le barrage devait avancer de {{unité|100| mètres}} toutes les 4quatre minutes. etEn se souvenir queoutre les [[Poilu|poilus]]soldats vont devoir escalader les pentes du [[Chemin des Dames]], et réduire les résistances ennemies tout en collant au barrage d'artillerie pour éviter que la défense allemande n'ait le temps de s'organiser entre la fin du bombardement et l'arrivée des fantassins.
==== L'infanterie ====
L'[[infanterie]] est chargée de s'engouffrer dans les brèches faites par l'[[artillerie]], de nettoyer les premières lignes et prendre les lignes plus en arrière. L'objectif est d'atteindre le sud de [[Laon]] avant le soir. {{unité|180000|hommes}} sont massés au pied des premières lignes allemandes, prêts à s'élancer. Les troupes de seconde ligne devaientdoivent dépasser rapidement ces hommes pour bousculer les défenses ennemies et emporter la victoire. En fait, elles se contenteront de les seconder.
Les fantassins doivent attaquer en ''tenue d'assaut''. Le règlement d'infanterie de {{date-|janvier 1917}}, précise qu'il s'agit de porter, en sautoir, la couverture roulée dans la toile de tente ; un outil individuel, la musette de vivres, la musette à grenades (en théorie, cinq grenades dont deux [[Viven-Bessières (arme) |VB]], mais on ira jusqu'à distribuer {{nobr|16 grenades}} par homme), un bidon d'eau de {{unité|2|deux litres}} et un bidon supplémentaire d'un litre, le masque à gaz (deux si possible), des sacs à terre<!-- Ne serait-ce pasPas "des sacs DE terre", mais pour mettre de la terre dedans. ?-->, un panneau de signalisation ou des [[feu de Bengale|feux de Bengale]], le paquet de pansementpansements, les vivres du jour, les munitions ({{nobr|120 cartouches}})<ref>Nobécourt, {{p.|141}}.</ref>. En revanche, le sac est laissé sur place.
Mais certaines unités attaqueront avec tout leur barda sur le dos. Ce sera le cas, par exemple, des troupes du {{20e|corps}}. En plus, ils ont des vivres pour 6six jours<ref>Labayle, {{p.|39}}. Ce ne sont pas des rations, comme celles popularisées durant la secondeSeconde guerreGuerre mondiale, mais, comme le dit Paul Clerfeuille : « … des…des boîtes de bœuf, porc, sardines, chocolat, pain, biscuit, pâté, sucre, haricots, farine, pomme de terre en fécule. Également de l'alcool à brûler solidifié qui ressemble à de la crème, pour faire chauffer nos aliments. Également du pinard, le café, la goutte mêlée d'éther… » (cité dans [[Nicolas Offenstadt]] et repris par Labayle).</ref>.
==== Les chars ====
{{refsou|Les {{nobr|194 chars}} ([[Char Schneider CA1|Schneider]] et [[Saint-Chamond (char)|Saint-Chamond]]) disponibles sont {{refnec|éparpillés entre différentes unités}}. C'est contraire aux directives du [[Jean Estienne (général)|général Estienne]] mais correspond au rôle qu'on veut leur faire tenir : accompagner l'infanterie. Pour monter en ligne, les « batteries » se déplacent en colonne. Pour combattre, elles se mettent en ligne. Le char de commandement a alors deux de ses tanks à sa gauche et le dernier à sa droite.
Pour communiquer, le commandant d'unité dispose de fanions, qu'il agite pour indiquer ses ordres. Il dispose aussi de [[Pigeon voyageur|pigeons voyageurs]] dont les cages sont emportées dans l'habitacle.
Au combat, chaque AS (c'est le sigle sous lequel on désigne les batteries, AS et un numéro) est accompagnée d'une compagnie d'infanterie ; pour le « groupement Bossut », ce sont donc 5cinq compagnies de fantassins qui viennent du [[154e régiment d'infanterie|{{154e|régiment}} d'infanterie de ligne]] et, pour le « groupement Chaubès », ce sont 3trois compagnies du [[76e régiment d'infanterie|{{76e|régiment}} d'infanterie de ligne]]. Dans la pratique, l'infanterie se révélera incapable, sous le feu allemand, de suivre les chars.
== La bataille ==
=== Le paysage du champ de bataille ===
Les conditions météorologiques sont terriblement mauvaises quand commence l'offensive. En ce {{nobr|printemps 1917}}, il fait très froid et il neige même le {{date-|16 avril 1917-}}. Les Sénégalais qui se sont entraînés sur la [[Côte d'Azur]], ne sont pas préparés à de telles températures. Nombre d'entre eux souffrent du gel. Le {{date-|17 avril 1917-}}, la pluie tombe d'une manière quasiment continue et rend le terrain très boueux. C'est surtout le mauvais temps qui gêne les préparations d'[[artillerie]] dont les objectifs visés ne seront pas toujours atteints. Les soldats qui s'élancent le {{date-|16 avril 1917-}} trouvent des positions allemandes très peu touchées par le bombardement.
Les bombardementstirs d'artillerie ont mis la terre à nu et ont sculpté un paysage lunaire (trous d'obus, absence de végétation). Cette terre boueuse est continuellement retournée par les [[obus]] : elle n'est donc pas stable, elle se dérobe sous les pieds si bien que le soldat ne cesse de tomber, pour se relever et tomber à nouveau.
=== L'offensive du 16 avril ===
[[Fichier:Assaut-chemin-des-dames.jpg|thumb|right|Assaut français au Chemin des Dames.]]
[[File:Tir de barrage à Craonne en 1917.jpg|thumb|Tir de barrage sur Craonne.]]
* {{heure|3|30}} : les hommes de première ligne se réveillent, se préparent et avancent jusqu'aux lignes ennemies.
* {{heure|6|0}} : l'offensive française est lancée, les hommes sautent les parapets et gagnent les premières lignes.
* {{heure|7|0}} : selon le député [[Jean Ybarnégaray]] : {{citation|La bataille a été livrée à {{nobr|6 heures}}, à {{nobr|7 heures}}, elle est perdue}}. Un peu partout sur le front, les hommes se rendent compte que l'avancée n'est pas aussi rapide que prévu. En effet, les hommesceux qui se sont lancés à l'assaut, échouent contre des deuxièmes lignes très peu entamées par les bombardements. Ils sont de plus pris en enfilade par des nids de mitrailleuses cachés et sont même parfois pris à revers par des soldats allemands qui sortent des souterrains comme à Hurtebise. En effet le terrain est très favorable aux défenseurs : situation en surplomb, réseau de souterrains desservant des carrières souterraines (les [[wikt:creute|creute]]s) et des abris bétonnés, alors que les assaillants ne peuvent pas se protéger, doivent grimper une pente souvent raide et progressent sur un sol très instable. Les pertes sont considérables parmi les troupes qui faisaient partie de la première vague d'assaut. Le soldat Paul Clerfeuille note ainsi dans son journal : {{citation|la première vague part, mais est aux deux tiers fauchée par les mitrailleuses ennemies qui sont dans des petits abris en ciment armé.}}<ref>Cité dans N. Offenstadt, ''Le Chemin des Dames, de l'événement à la mémoire'', Stock, Paris, 2004.</ref>.}} La [[10e division d'infanterie coloniale|{{10e|division}} d'infanterie coloniale]] qui s'élance sur Hurtebise est aussi décimée : les pertes s'élèvent à {{nobr|150 officiers}} et {{unité|5000|soldats}} dont la moitié étaientsont des [[tirailleurs sénégalais]].
* {{heure|9|0}} : à l'est du [[Chemin des Dames]], les [[char d'assaut|chars d'assaut]] sont engagés dans le secteur de [[Berry-au-Bac]], mais cette première intervention des chars dans l'[[Armée française]] est un échec cuisant : sur {{nobr|128 chars engagés}}, 57 sont détruits, 64 sont tombés en panne ou sont enlisés<ref>A. Loez, « Le baptême du feu des chars d'assaut français » dans N. Offenstadt, ''op. cit.''</ref>. En effet, ces chars sont lourds, lents ({{unité|4|km/h}}) et restent souvent prisonniers d'un terrain marécageux. Ce sont donc des cibles faciles pour l’artillerie, d'autant plus que le réservoir d'essence placé sur le côté n'est pas protégé. Les pertes là aussi sont lourdes : {{nobr|33 officiers}} et {{nobr|147 soldatshommes}} du rang.
* {{heure|14|0}} : premier communiqué officiel : {{citation|la lutte d'artillerie a pris un caractère de violence extrême pendant la nuit sur tout le front compris entre [[Soissons]] et [[Reims]]}}. Il n'est pas encore question de l'offensive mobilisant plus d'un million d'hommes et qui a été lancée à 6six heures du matin. C'est que sur le terrain, la situation ne s'améliore pas. Il s'est mis à neiger et les soldats s'aperçoivent qu'ils ne progressent guère, que l'offensive est un échec. Le soldat Paul Clerfeuille écrit ainsi dans son journal : {{citation|Ordre nous est donné de creuser des trous individuels. Moi qui ai entendu parler du plan, je sais qu'à cette heure nous devrions déjà avoir passé [[Craonne]] et être dans la vallée de l'[[Ailette]]. Je dis aux camarades : « Ça ne va pas ! » c'était vrai. […] le plan d'attaque du général Nivelle est raté.}}<ref>Dans N. Offenstadt, ''op. cit.''</ref>.}}
* En fin de journée, les gains de terrain sont minimes : les seules avancées véritables sont en fait réalisées en contrebas du plateau entre [[Soupir (Aisne)|Soupir]] et [[Beaulne-et-Chivy|Chivy]] ou plus à l'est dans le secteur de [[La Ville-aux-Bois]] et celui de [[Loivre]] au nord de [[Reims]]. Ailleurs, c'est-à-dire sur le plateau du Chemin des Dames entre [[Cerny-en-Laonnois]] et [[Craonne]], les forces françaises ont été repoussées. Les pertes en revanche sont considérables. Selon J.F. Jagielski<ref name="crid1418.org">Page 4 de [http://www.crid1418.org/doc/pedago/dossier_cdd_loez_05.pdf ''Un bilan des combats de 1917 au Chemin des Dames''] (source : J.F. Jagielski).</ref>, les pertes s'élèvent à {{unité|134000|hommes}} dont {{unité|30000|tués}} pour la semaine du 16 au [[{{date-|25 avril]]}}.
Bien que le général [[Robert Nivelle|Nivelle]] ait promis que l'offensive durerait {{nobr|24 heures}}, {{nobr|48 heures}} maximum, elle se poursuit durant des semaines.
=== La poursuite de l'offensive du {{date-|16 avril 1917-}} au {{date-|24 octobre 1917}} ===
[[Fichier:Attaque sur le plateau de Craonne en 1917.jpg|thumb|Trois vues d'une attaque française à Craonne en mai 1917, dans le secteur du village de Corbeny.]]
==== Du 17 avril au 21 avril ====
'''Le [[{{date-|17 avril]] 1917-}}''' : à l'offensive sur le [[Chemin des Dames]], s'ajoute une nouvelle attaque à l'est de [[Reims]] dans le secteur de [[Moronvilliers]]. Sur le [[Chemin des Dames]], le [[fort de Condé]] et le village de Braye-en-Laonnois sont pris par les Français.
'''Entre le [[{{date-|18 avril]] 1917-}} et le [[{{date-|21 avril]] 1917-}}''' : c'est maintenant au tour de la {{Xe10e}} armée, celle de réserve, de passer à l'attaque. Elle va engager le {{9e}} et le {{18e|corps}}, sur la partie est du Chemin des Dames, entre Craonne et Hurtebise.
'''Le 20 avril''' : suspension provisoire de l'offensive.
==== Du 22 avril à la bataille des Observatoires ====
'''Le [[{{date-|22 avril]] 1917-}}''' : il est décidé d'arrêter toute offensive massive au profit d'offensives partielles.
'''Le [[{{date-|29 avril]] 1917-}}''' : remaniement dans l'état-major. Le général [[Charles Mangin|Mangin]] est relevé de son commandement.
'''Le [[{{date-|30 avril]] 1917-}}''' : l'offensive reprend sur les monts de Champagne.
'''Le [[{{date-|4 mai]] 1917-}}''' : le {{18e|régiment}} d'infanterie se lance à l'attaque du village de [[Craonne]] à {{heure|18 h}}. Cette attaque surprend les Allemands, le rebord du [[plateau de Californie]] est pris.
'''Le [[{{date-|5 mai]] 1917-}}''' : le {{18e|régiment}} d'infanterie attaque avec le {{34e|régiment}} d'infanterie pour consolider les positions sur le plateau. Les Français réussissent à prendre pied sur le plateau mais ne peuvent déboucher sur l'[[Ailette (rivière)|Ailette]]. Les pertes s'élèvent autour de {{nobr|800 hommes}} pour le {{18e|régiment}} d'infanterie entre le 4 et le {{date-|8 mai 1917-}} et plus de {{nombre|1100|hommes}} pour le {{34e|régiment}} d'infanterie.
La {{Xe10e}} armée attaque les plateaux de Vauclair et des Casemates.
Le même jour, une offensive est lancée sur [[Laffaux]] par le [[1er corps d'armée colonial (France)|{{1er}} Corps d'armée coloniale]] : les ruines du moulin sont prises.
'''Le [[{{date-|8 mai]] 1917-}}''' : nouvelle suspension de l'offensive.
'''Le [[{{date-|15 mai]] 1917-}}''' : Le général [[Philippe Pétain|Pétain]] remplace [[Robert Nivelle|Nivelle]]. Le gouvernement est au courant des premiers actes de désobéissancesdésobéissance.
'''Du [[{{date-|20 mai]] 1917-}} à fin juin''' : le front est secoué par les [[mutineries de 1917|mutineries]] qui affectent plus de {{nobr|150 unités}}. Ces refus d'obéissance concernent des troupes au repos que l'on veut renvoyer à l'assaut.
'''Le [[4 juin{{date-|4]] [[juin 1917 (guerre mondiale)|juin]]}}''' : à la demande du général [[Paul Maistre|Maistre]], commandant de la [[6e armée (France)|{{VIe6e}} armée]], les offensives prévues en juin sont ajournées à cause des mutineries<ref>D'après l'ancien ministre de la Guerre P. Painlevé, ''Comment j'ai nommé Foch et Pétain'', Alcan, Paris, 1924.</ref>.
'''Seconde quinzaine de juin''' : une grande contre-offensive allemande est lancée à la suite des informations sur les mutineries.
'''Le [[{{date-|25 juin]] 1917-}}''' : la [[164e division d'infanterie (France)|{{164e|division}} d'infanterie]] s'empare de la [[caverne du Dragon]]. C'est le début de la bataille des observatoires qui dure tout l'été. Il s'agit d'un ensemble d'opérations pour contrôler des points hauts du Chemin des Dames.
==== La victoire de La Malmaison (23-25 octobre) ====
{{Loupe|Bataille de la Malmaison}}
Le '''[[23 octobre{{date-|23]] [[octobre 1917 (guerre mondiale)|octobre]]-}}''' : une offensive, préparée par le général Pétain remplaçant du général Nivelle depuis le {{date-|15 mai 1917-}}, est lancée sur le [[fort de la Malmaison]] qui contrôle l'accès sur la crête du Chemin des Dames. La préparation d'artillerie a été massive et parfaitement coordonnée. Quand les troupes des {{11e}}, {{14e}} et {{21e|corps}} d'armée s'élancent, protégées par le [[feu roulant|barrage roulant]] de l'[[artillerie]], les défenses allemandes sont déjà bien atteintes. Les chars sont de nouveau utilisés mais, cette fois, ils sont plus légers, plus rapides et attaquent frontalement en protégeant les fantassins. La victoire française est nette : les Allemands comptent {{unité|8000|tués}}, {{unité|30000|blessés}} et {{unité|11500|prisonniers}}<ref>D'après Hervé Chabaud dans « 1917, Chemin des Dames ».</ref>. Cette victoire ne peut faire oublier le dramatique échec de la bataille du Chemin des Dames, mais elle consacre une nouvelle stratégie offensive reposant sur l'utilisation massive de matériel moderne (artillerie, chars), concentré sur un point précis du front avec des objectifs limités dans l'espace et le temps, économisant ainsi les moyens humains. L'armée française attaque des positions stratégiques, infligeant de lourdes pertes à l'ennemi qui, trop sûr de sa force, s'y accroche et entame une partie de ses réserves. Mais ces attaques font l'objet de critiques, car elles ne font pas significativement bouger la ligne du front français, à un moment où les Allemands obtiennent de grands succès contre les Russes et les Italiens.
[[Fichier:Soupir_(Aisne)_nach_den_April-Angriffen_1917.jpg|350px|thumb|Le village de [[Soupir (Aisne)|Soupir]], en 1917.]]
=== Sur le plan militaire ===
Selon les points de vue, l'offensive Nivelle a été décrite comme une grave défaite stratégique des Français, ou une coûteuse demi-victoire. Les Français ont bel et bien conquis quelques positions stratégiques et détruit des forces allemandes considérables, mais sont loin d'atteindre les objectifs de l'offensive. Les Allemands ont épuisé leurs réserves, mais tiennent encore. En fait, le bilan de l'offensive est bien meilleur que celui de toutes les attaques menées par Joffre en 1915. Mais, après tant d'échecs et le bain de sang de [[Bataille de Verdun|Verdun]], des pertes qui auraient été jugées acceptables en 1915 ne le sont plus. D'autre part, le gouvernement civil a repris de l'influence. Face à Nivelle soutenu par [[Aristide Briand|Briand]], un autre groupe politique, associant [[Paul Painlevé|Painlevé]] et Pétain, demande l'arrêt de l'offensive et un changement de stratégie.
Le [[Premier ministre britannique]] [[David Lloyd George|Lloyd George]] déclare le [[{{date-|4 mai]] 1917-}}, à la conférence interalliée de [[Paris]] :
{{Citation bloc|Si on nous avait fait {{unité|55000|prisonniers}}, capturé {{nobr|800 canons}} et des milliers de mitrailleuses, dégagé {{unité|2000|km|2}}, imaginez la vague de pessimisme qui gagnerait nos opinions publiques, et l'on eût pavoisé à [[Berlin]]. Or c'est le contraire<ref>Cité dans Louis-Étienne Mangin, ''Le général Mangin. 1866-1925'', F. Sorlot-F. Lanore éd., 1986, {{p. }}231. Les {{unité|2000|km|2}} dégagés, auxquels Lloyd George fait allusion, sont principalement le territoire évacué par le repli allemand du 15 au {{date-|19 mars 1917-}}, face à la menace d'une offensive française.</ref>.}}
Une commission d'enquête est instituée et dirigée par le général de division [[Joseph Brugère| Brugère]], Nivelle est absous et plus tard muté à [[Alger]]. Brugère ajoute au rapport que {{citation|Pour la préparation comme pour l'exécution de cette offensive, le général Nivelle n'a pas été à la hauteur de la tâche écrasante qu'il avait assumée}}. La commission souligne que la {{VIe6e}} armée, commandée par Mangin, a enlevé les premières positions allemandes et progressé de plusieurs kilomètres, pris {{nobr|12 villages}}, {{nobr|80 canons}}, {{unité|6000|prisonniers}} et perdu au total {{unité|30000|hommes}} (tués, blessés et disparus) du 16 au [[{{date-|30 avril]] 1917-}}, soit 8 % de son effectif<ref>Cité dans Louis-Étienne Mangin, ''Le général Mangin. 1866-1925'', F. Sorlot-F. Lanore éd., 1986, {{p.|234}}.</ref>.
À la suite de cet échec, les généraux Mazel ({{Ve5e}} armée) et [[Charles Mangin|Mangin]] ({{VIe6e}} armée) sont remplacés par les généraux Micheler et Maistre.
[[Philippe Pétain|Pétain]] prend la place de [[Robert Nivelle|Nivelle]] à la tête du grand quartier général français (GQG), le {{date-|15 mai 1917}}, au moment où éclatent les premières [[mutinerie]]s, signe de désespoir et de découragement dans une partie des troupes françaises.
=== Les pertes ===
<!-- Ce paragraphe est assez imprécis. Échec? Pas échec? Est-ce l'offensive qui échoue? Ou l'échec est-il dû à l'arrêt (relatif) de l'offensive? Voir Le chemin des Dames (2012), ouvrage collectif sous la direction de Nicolas Offenstadt - éditions Tempus Perrin (31 octobre 2012).-->Cette bataille est vécue comme un échec pour l'armée française. Alors que cette bataillequ'elle devait être décisive, elle se solde par de lourdes pertes pour des gains sensibles mais insuffisants. Plus grave encore, son arrêt permetautorise auxles Allemands deà rétablir leur situation très ébranlée. L'arrêt des opérations leur permet aux Allemands de se retourner vers l'est, d'assener des coups décisifs aux [[Russes]], puis de ramener presque toutes leurs armées en France pour une offensive majeure en {{date-|mars 1918}}. On peut dire que l'échec ou l'abandon de l'offensive Nivelle a entraîné le prolongement de la guerre d'une année, et favorisé la [[Révolution d'Octobre|révolution bolchevique]].
L'estimation des pertes a fait l'objet de polémiques en fonction de la période et du terrain retenus. Les chiffres ont été interprétés, dès le début de l'offensive, par les hommes politiques qui voulaient, soit arrêter l'offensive, soit la continuer. Le député Favre les estime à près de {{unité|200000|hommes}} côté français au bout de deux mois d'offensives<ref>H. Castex, ''L'Affaire du Chemin des Dames, les comités secrets'', Imago, 1998.</ref>. C'est un bilan probable et assez peu éloigné du décompte incomplet réalisé par J.-F. Jagielski<ref name="crid1418.org"/>.
Chaque division a perdu en moyenne {{unité|2600|hommes}} sur le Chemin des Dames. Les [[tirailleurs sénégalais]], notamment, perdent plus de {{unité|7000|hommes}} sur {{unité|les 16500|engagés}} (40-45 %) dans les premières journées, soit le quart de leurs pertes totales au cours de la guerre<ref>[[Jean-Yves Le Naour]], ''Dictionnaire de la Grande Guerre'', Larousse, 2008, {{p.|70}}-170.</ref>{{,}}<ref>[[Marc Michel (historien)|Marc Michel]], ''Les Africains et la grande guerre : l'appel à l'Afrique, 1914-1918'', Karthala, 2003, {{lire en ligne|url=https://books.google.fr/books?id=Ot_ZCHvuhbAC&pg=PA101}}, {{p.|101}}.</ref>. ▼
▲Chaque division a perdu en moyenne {{unité|2600|hommes}} sur le Chemin des Dames. Les [[tirailleurs sénégalais]], notamment, perdent plus de {{unité|7000|hommes}} sur les {{unité| les 16500 | engagés}} (40-45 %) dans les premières journées, soit le quart de leurs pertes totales au cours de la guerre<ref>[[Jean-Yves Le Naour]], ''Dictionnaire de la Grande Guerre'', Larousse, 2008, {{p.|70}}-170.</ref>{{,}}<ref>[[Marc Michel (historien)|Marc Michel]], ''Les Africains et la grande guerre : l'appel à l'Afrique, 1914-1918'', Karthala, 2003, {{lire en ligne|url=https://books.google.fr/books?id=Ot_ZCHvuhbAC&pg=PA101}}, {{p.|101}}.</ref>.
Quant au bilan côté allemand, il est encore moins aisé à réaliser. L'état-major français estimait en juin 1917 les pertes allemandes autour de {{unité|300000|hommes}}, ce qui est sûrement exagéré. Le général en chef allemand [[Erich Ludendorff|Ludendorff]] a écrit : {{citation|Notre consommation en troupes et en munitions avait été ici aussi extraordinairement élevée<ref>[[Charles Mangin]], ''Comment finit la guerre'', 1920, {{lire en ligne|url={{Google Livres|TQwjAAAAMAAJ|page=144}}}}, {{p.}}144.</ref>.}} ▼
▲Quant au bilan côté allemand, il est encore moins aisé à réaliser. L'état-major français estimait en {{date-|juin 1917 }} les pertes allemandes autour de {{unité|300000|hommes}}, ce qui est sûrementcertainement exagéré. Le général en chef allemand [[Erich Ludendorff|Ludendorff]] a écrit : {{citation|Notre consommation en troupes et en munitions avait été ici aussi extraordinairement élevée<ref>[[Charles Mangin]], ''Comment finit la guerre'', 1920, {{lire en ligne|url={{Google Livres|TQwjAAAAMAAJ|page=144}}}}, {{p. |144}} 144.</ref>.}}
=== Les mutineries ===
=== Dans la culture ===
La bataille est l'inspiration du spectacle chorégraphique de 2016 « Noir de boue et d’obus » de [[Chantal Loïal]], qui esta été joué notamment en France et au Sénégal<ref>{{lien web|url=http://sortir.telerama.fr/evenements/spectacles/compagnie-dife-kako-noir-de-boue-et-d-obus,143079.php|titre=Compagnie Difé Kako - Noir de boue et d'obus|éditeur=telerama.fr|auteur=Rosita Boisseau|consulté le=29 avril 2017}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web |langue=fr |titre=Compagnie Difé Kako : Noir de boue et d'obus |url=httphttps://centenairedifekako.org/fr/autour-de-la-grande-guerre/theatre/compagnie-dife-kako-noir-de-boue-et-dobus-0|titre=Compagnie/ Difé Kako|éditeur=centenaire.org |consulté le=29 avril 20172014}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.esclavage-memoire.com/evenements/noir-de-boue-et-d-obus-compagnie-dife-kako-165.html|titre=Noir de boue et d'obus / Compagnie Difé Kako|éditeur=esclavage-memoire.com|consulté le=29 avril 2017}}.</ref>. [[Louis Maufrais]] a écrit un récit de ses expériences de médecin militaire sur le front de nombreuses batailles, dont celle du Chemin des Dames.
=== Célébrations du centenaire ===
Dans le cadre de la ''Mission du centenaire'' qui a eu lieu en [[{{date-|avril 2017]]}}, plusieurs commémorations sontont été organisées en France, en particulier la venue pour la première fois d'un président de lela République à Craonne, le {{date-|16 avril 2017}}.
[[François Hollande]] se rend d'abord sur le [[plateau de Californie]], un lieu emblématique de la bataille, proche de Craonne. Dans un discours de quinze minutes prononcé devant une nécropole de soldats français, il explique que {{citation|longtemps, le Chemin des Dames est resté dans le silence parce qu'il était devenu le chemin des morts, parce que "les Dames" n'avaient pas accouché d'une victoire}}. Saluant l'engagement des [[troupes coloniales]], il explique que {{citation|leur destin nous rappelle la dette que nous avons souscrite à l'égard de ces hommes qui ont versé leur sang pour notre liberté}}. Il rappelle également l'action des femmes, restées seules à l'arrière pour investir notamment les usines. Puis, aux côtés de l'ambassadeur d'Allemagne, il se dirige vers la [[caverne du Dragon]] à [[Oulches-la-Vallée-Foulon]] où il inaugure une sculpture en bronze de [[Haïm Kern]] et conclut son itinéraire en se recueillant au cimetière militaire allemand de [[Cerny-en-Laonnois]] qui abrite les restes de plus de {{unité|7500|soldats}}<ref>{{lien web|url=http://www.europe1.fr/societe/chemin-des-dames-francois-hollande-appelle-a-ne-pas-faire-de-leurope-le-bouc-emissaire-de-nos-renoncements-3296291|titre=Chemin des Dames : François Hollande appelle à ne pas faire de l'Europe « le bouc-émissaire de nos renoncements »|éditeur=europe1.fr|date=16 avril 2017|auteur=|consulté le=16 avril 2017}}.</ref>.
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Fichier:Centenaire du HOE 08659.JPG|Pour les H.O.E comme à [[Prouilly]].
* [[Félix Baudy]]
* [[Caverne du Dragon]]
* [[Corps expéditionnaire russe en France]]
=== Liens externes ===
[[Catégorie:Histoire de la Picardie]]
[[Catégorie:Picardie (1914-1918)]]
[[Catégorie:Craonne]]
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