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Deux dimanches la semaine: Journal
Deux dimanches la semaine: Journal
Deux dimanches la semaine: Journal
Livre électronique141 pages1 heure

Deux dimanches la semaine: Journal

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À propos de ce livre électronique

Un ouvrage qui, selon toute vraisemblance, marquera les esprits en ce sens où il s’agit bien de l’essentiel de la philosophie de l’auteure, car il y aura toujours deux dimanches pour se questionner en soi.

« L’odeur des croissants me chatouille le nez. D’où vient le fait qu’on se réjouit encore de ce « demain, c’est dimanche, on va pouvoir faire la grasse-matinée » ? Comme si on ne pouvait pas la faire chaque jour que Dieu fait depuis qu’on est libre de son temps, qu’on se lève pour écrire principalement. Non, cette sacralité du dimanche signe et persiste. Une amie, au téléphone, me demande si elle peut me déranger un dimanche. Les magasins ne sont même pas fermés ici chez nous. Un vieux reliquat de religion catholique ? Je ne crois pas. J’opterais plutôt pour un rythme de vie tellement ancré dans nos gènes qu’on ne peut s’en débarrasser. D’ailleurs, le voulons-nous ? Pas vraiment et c’est pourquoi j’ai mis ici "deux dimanches la semaine". »

À PROPOS DE L'AUTRICE

Journaliste culturelle, Annie Depont fonde en 2006 le magazine TRACES. Elle le dirige pendant dix belles années pleines de rencontres d’auteurs, d’artistes et de personnages incroyablement enrichissants. Elle partage ses coups de cœur en organisant des expositions jusqu’au Japon. "Fanny, les ailes sur le sol" est son premier roman, un deuxième est en préparation, ainsi qu’un recueil d’articles qu’elle a publiés au cours des dernières années.










LangueFrançais
Date de sortie13 sept. 2024
ISBN9782925342236
Deux dimanches la semaine: Journal

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    Aperçu du livre

    Deux dimanches la semaine - Annie Depont

    Annie Depont

    Deux

    dimanches

    la

    semaine

    journal

    À Mimi,

    « Si écrire est un luxe, écrire son journal est le luxe des luxes… Chaque jour est une page blanche, pour la remplir, il faut remplir sa journée… Doit-on exagérer sa manière d’écrire ou sa manière de vivre ? Dilemme. »

    Yann Moix

    Avertissement

    Avant d’entamer la lecture de ce livre, laissez-moi vous présenter sa couleur. Il s’agit d’une suite de petites nouvelles, de brefs récits, de courts essais, sans aucune prétention de plan ni de structure. La forme de journal intime que prend cet ouvrage, au fur et à mesure de son développement, ne prétend pas délivrer un message personnel exclusif qui ne puisse être généralisé et partagé par de nombreux humains. Je souhaite donc vous voir vous promener à travers collines et vallées, ces hauts et ces bas qui composent toute vie, je désire savoir que vous vous êtes arrêtés sur tel ou tel sujet pour affiner votre réflexion et constater que « nous-sommes-tous-beaucoup-pareils ». Si l’envie vous prend de partager vos opinions, vous me trouverez aisément sur Facebook et choisirez entre message public ou message privé. Je vous répondrai assurément.

    Pour répondre à la citation en exergue, j’exagère toujours. Et ma manière de vivre, et ma manière d’écrire, alors, s’il vous plaît, ne prenez pas tout au pied de la lettre, ne soyez sûr de rien ni de personne. Le personnage que vous croyez avoir reconnu est peut-être un assortiment de personnalités composant mon cercle rapproché. Ne sautez donc pas aux conclusions, vous ne me connaîtrez jamais tout à fait.

    La jardinière du dimanche

    Elle jardine le dimanche, réfléchit le lundi, danse le swing le mardi, écrit le mercredi, va chez le coiffeur ou la manucure le jeudi, rencontre des auteurs le vendredi, reçoit ses amis le samedi et va nager le dimanche. Chaque jour, un peu de piano, une heure de lecture et aussi une heure de travaux ménagers, ce qu’elle déteste. Oui, oui, il y a deux dimanches dans la semaine, un qui la commence et un qui la termine. Tu sauras.

    Chaque matin, les orchidées sont brumisées, puis c’est le courrier à explorer. Tout par Internet. Les enveloppes sont réservées aux mauvaises nouvelles ou aux factures, ce qui est la même chose. C’est le menu du matin, c’est court, car elle se lève très tard, comme les artistes. Une publication sur Facebook si son actualité s’y prête et une page au moins d’écriture – cinq cents mots en après-midi au coin du feu l’hiver et sur la terrasse sous les arbres, l’été. Donc, pas uniquement le mercredi. Elle écrit vite, puisque tout a été préparé dans sa tête avant de se mettre au clavier. Cette « écriture mentale » surgit au lit bien souvent, c’est pour cela qu’elle traîne le matin. Ensuite, il y a beaucoup de peaufinage : choisir un mot meilleur, une sonorité, raccourcir une phrase, préciser une date ou un lieu. Se mettre à la place du lecteur pour la compréhension, le sourire et le plaisir, si possible.

    En après-midi, un œil sur l’international de tennis en cours à la télé, un autre sur une liste d’éditeurs sur son ordi. On en choisit un d’après le manuscrit à envoyer, on fouille les sites Internet, on fait un minimum de recherches et on envoie avec un mot personnalisé, selon l’inspiration. Plus d’une trentaine de réponses sont attendues en moyenne. Espoir. Espoir et lucidité, car il est bien spécifié que « si vous ne recevez aucune réponse de notre part dans les trois à six mois, c’est que votre livre n’a pas retenu notre attention. » Donc, en fait, on n’attend rien, la mer livrera la bouteille au rivage si elle veut.

    La fin de l’après-midi est consacrée aux informations. Que s’est-il passé dans le monde aujourd’hui ? Un ou deux débats d’experts permettent de se faire une idée sur les enjeux de la planète. Le soir, c’est soirée cinéma, talk-show ou documentaire. Biographies de personnalités sur YouTube, c’est ce qu’elle préfère. Tout en dégustant du chocolat noir et deux verres à liqueur de vodka.

    Naissance d’une écrivaine

    Le premier livre, Fanny, les ailes sur le sol, un roman autobiographique, a finalement été publié fin 2021. Finaliste au Prix du livre de l’année de l’Association des Auteurs des Laurentides, il a bien commencé sa carrière. Sa traduction est presque aboutie, la Quebec Writer’s Federation aidera peut-être à trouver un éditeur anglophone.

    La réédition de Fanny en français est envisagée par un éditeur québécois qui annonce un développement au printemps. Faire preuve de patience. Trois mois, ce n’est rien, surtout si on ne passe pas son temps à attendre.

    Justement, la relecture de Paola, en roue libre, le récit à trois plumes de la vie d’une jeune femme en fauteuil roulant, occupe tout l’espace-temps. Mise en place des chapitres et révision. Puis, recherche d’un éditeur idoine. Chaque livre étant d’un genre différent, la difficulté à trouver un éditeur est multipliée d’autant. Si tu fais une série de romans, tu peux n’avoir qu’une seule maison d’édition. Dans le cas d’Astie d’Française de marde, il y a lieu de séduire un éditeur d’essais. Pas évident à commercialiser, les essais. Mais écrit-on seulement pour vendre ?

    Puisque chaque projet touche à sa fin et qu’il n’est pas question de se sentir orpheline, désœuvrée, stérile, un nouveau manuscrit est mis en chantier. Il y a plusieurs débuts de livres dans le tiroir. Choisir un roman d’amour, si possible. Une fiction s’appuyant sur une proche réalité, mais qui essaiera de laisser ses personnages vivre leur vie et surprendre leur auteur. Le rêve absolu serait de savoir créer un personnage, central ou pas, amoureux de son auteur. Une forme d’amour sur mesure. Qui n’en a pas besoin ?

    Le dimanche

    La jardinière du dimanche aime donc les plantes – vertes et d’intérieur l’hiver, fleuries et d’extérieur l’été dans deux grandes jardinières en bois. Elle apprend sur le tas, c’est le cas de le dire. Sur la petite étagère de la fenêtre, dans la cuisine, des boutures de tout et de rien, des expériences, comme quand elle était petite et qu’elle se rendait au fond du jardin, se mettant à plat ventre sur la margelle du puits – à ses risques et périls – afin d’attraper les jeunes fougères qui naissent entre les pierres, pour les repiquer dans des pots de yaourt en carton. Encore aujourd’hui, lors de ses promenades, deux choses attirent son attention : les plantes et les pierres. Peu à peu, elle a acquis une petite expérience qui lui permet de reconstituer des plates-bandes de plantes indigènes. Quant aux pierres, elle ne rentre jamais d’une marche sans au moins un caillou rond, poli, veiné ou gris argent. Elle dispose sa récolte à la queue leu leu tout autour de sa maison, comme on le fait au Japon.

    Le lundi

    Jour honni des travailleurs qui doivent gagner leur vie sans plaisir, elle réfléchit. Elle a beaucoup travaillé au cours de sa vie. C’est une manière de dire qu’elle ne fait plus grand-chose aujourd’hui. Rien serait plus exact. Qui a dit qu’on n’avait pas le droit de ne rien faire ? Juste vivre. Si une occupation passionnante se présente, alors, lundi est le jour idéal pour l’intégrer à l’agenda. Ce cahier de dimension modeste, demi-format A4, dirige sa vie. Jadis, il était plus grand et tout noirci d’idées, de projets et de rendez-vous, car madame la jardinière était très occupée et n’avait alors aucun temps pour jardiner.

    Le mardi

    Mais elle a toujours dansé. C’est son sport favori. D’autres courent après le vent, elle court après la musique. Le swing a remplacé la danse classique, car il faut vivre avec le temps du corps. Le temps de sa propre vie, pas celui des autres évidemment. Le swing peut se danser jusqu’à la mort, pas le ballet. À force de progression, la voilà en panne de cours à intégrer. Il n’y a pas de cours intermédiaires ni avancés dans la région, elle s’est donc abonnée aux cours particuliers. Oui, c’est cher, mais si tu réfléchis bien, on ne s’occupe que de toi pendant une heure. Tu y gagnes. Et puis, le prof est sympa.

    Le mercredi

    Le mercredi est un peu plus intense. Il y a des délais à respecter pour certains projets. Elle n’écrit jamais pour écrire, elle écrit pour être lue. C’est parfois une réponse à une amie. Parfois, elle a besoin d’exprimer une colère ou une peine qu’il vaut mieux passer sous silence, pour l’instant, mais qui fera sûrement partie d’un chapitre plus tard. L’écriture est une denrée précieuse, elle n’est pas faite pour traîner dans des tiroirs,

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