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Être, en chaque instant de notre vie
Être, en chaque instant de notre vie
Être, en chaque instant de notre vie
Livre électronique143 pages1 heure

Être, en chaque instant de notre vie

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LangueFrançais
Date de sortie15 oct. 2019
ISBN9791093883359
Être, en chaque instant de notre vie

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    Aperçu du livre

    Être, en chaque instant de notre vie - Alain Duhayon

    Introduction

    L’intérêt actuel pour la pratique méditative peut parfois paraître superficiel et répondre à des besoins égoïstes ou égocentriques.

    C’est pourquoi il est utile de replacer cette pratique dans son contexte, c’est-à-dire celui d’une démarche spirituelle authentique. Ce sens spirituel peut être très ouvert. Il n’est pas basé sur des dogmes mais répond à des principes concrets.

    Ces principes ne sont pas des objets de croyance. Ils doivent donc être expérimentés. Ils sont aussi valables pour l’homme moderne qu’ils l’étaient il y a 2500 ans, lorsque le Bouddha les a exprimés.

    Du reste, quelle différence y a-t-il entre le Bouddha et nous, si ce n’est qu’il a reconnu la nature de son esprit, et nous, pas encore ?

    Nous devons naturellement exercer le doute, celui qui nous conduit à expérimenter et non le doute sceptique qui nous empêche de le faire.

    Méditer sans comprendre le sens ultime de cette pratique, peut nous conduire à penser la méditation comme une technique anti-stress et ne rien résoudre du problème qu’est l’ego.

    Si la base de nos difficultés et souffrances n’est pas définie, nous pouvons continuer de voir dans les circonstances ou chez autrui, la cause de nos problèmes sans rien solutionner.

    Voilà pourquoi il est utile de rappeler les principes sur lesquels se base la nécessité d’une pratique spirituelle.

    La pratique spirituelle suppose que l’individualité se rappelle à sa nature, d’où elle est issue, et qu’elle se souvienne que tous les êtres sont de même nature.

    L’équanimité entre l’individualité et le reste de la manifestation est un élément essentiel, de même que le rappel à sa nature fondamentale, afin que l’équilibre et la paix puissent s’établir.

    L’ignorance fondamentale, la saisie duelle, cognitive, les trois cercles

    L’ignorance fondamentale

    C’est l’état voilé de l’esprit que le Bouddha dénonce comme la cause première de la souffrance, depuis des temps sans commencement. C’est en effet à chaque instant, de cet état d’ignorance, que s’élève la dualité.

    C’est pour cette raison que le Bouddha indique la nécessité d’établir l’état de connaissance, de présence en l’immédiateté pour supprimer cette cause et, par voie de conséquence, toute la chaîne d’interactions qui en découle.

    Une observation attentive démontre cet état d’ignorance, de non présence consciente, qui est toujours effectif en chaque individu.

    La saisie duelle, saisie cognitive, les trois cercles

    Dans cet état voilé de l’esprit, ce qui perçoit est saisi comme moi et ce qui est perçu, le monde phénoménal, comme distinct de ce qui perçoit, c’est-à-dire comme autre. Ces deux, ce qui perçoit et ce qui est perçu, sont saisis selon leur apparence.

    Cette saisie arbitraire d’un moi et d’un autre entraîne la saisie d’un troisième : la division ou séparation entre ces deux, dont la réalité semble, pour le moi, prouvée par l’apparence, la surface du phénomène perçu.

    La division de l’espace et de la conscience en tant que champ est souffrance. Elle est également arbitraire.

    Si l’on se place du point de vue du champ de conscience comme du champ de l’espace, il n’y a ni interruption, ni obstruction, à l’exemple d’une bulle. Il y a bien un arbitraire à ne pas s’en rendre compte et à choisir ainsi le point de vue de la séparation.

    Quand un enfant trempe un petit cerceau dans du savon pour faire une bulle, l’espace dans lequel cette bulle va être produite est un champ unifié; il n’y a pas d’intérieur ni d’extérieur en ce champ.

    Quand l’enfant produit la bulle, le champ dans lequel elle se forme demeure tel qu’il est, sans changement, tout comme la conscience qui observe ce phénomène.

    Pourquoi alors s’identifier à l’espace intérieur de la bulle et, depuis cette identification-réduction, percevoir cet espace comme absolument distinct de l’espace extérieur, alors qu’il n’y a rien de changé en cet espace ?

    Pourquoi saisir absolument un intérieur comme étant moi et un extérieur comme étant autre, alors que cet espace n’a non seulement pas changé, mais qu’en plus, la paroi de la bulle ne constitue une limite que pour l’air, et non pour l’espace ?

    Pourquoi ne pas voir et convenir que, du point de vue de l’espace, l’unité demeure tandis que du point de vue des apparences grossières, seule une relative distinction est à faire ?

    Pourquoi l’enfant qui observe perçoit-il l’espace de la bulle comme étant distinct de l’espace hors de la bulle ? Parce que c’est un enfant et qu’il se laisse prendre au jeu des apparences. L’adulte, lui, sait que l’espace est identique avant que la bulle ne se forme, pendant son existence, comme après sa disparition.

    Cette même confusion, qui nous entraîne à saisir le jeu des apparences, est à l’œuvre lorsque nous arrêtons notre expérience connaissante à la surface d’un phénomène. Nous voyons la surface de notre enveloppe corporelle comme étant moi et l’extérieur - ou objet extérieur - selon sa surface, son apparence, comme étant autre. Dès lors, cette saisie des apparences va servir à éprouver, au travers de chaque chose perçue, la division.

    Quand on observe le fonctionnement de l’ego, cette division apparaît comme absurde puisque celui-ci est capable de saisir un objet extérieur et de s’y identifier. C’est ce qu’on appelle domaine d’extension du moi. En revanche, lorsqu’on vit un cauchemar et qu’on est poursuivi par un monstre, on en a peur et on le fuit, souvent en se réveillant. Que dit-on alors ? J’ai été poursuivi par un monstre !

    Cela montre que, durant le sommeil comme à l’état de veille, on s’identifie à un moi qui est poursuivi et que le monstre qui nous poursuit est autre. Là encore la division est éprouvée. Pourtant, c’est un seul et même esprit, une seule et même conscience qui a produit cette absurdité qu’est l’idée d’un moi. C’est le même esprit qui a produit le monstre, la poursuite, comme le fait d’être poursuivi, ainsi que le contexte où cette poursuite se déroule.

    Autre aberration : le fait de l’association du nom et de la forme, qui s’ajoute à la saisie de l’apparence d’un objet de perception. Que cet objet soit extérieur, comme un objet matériel, ou intérieur comme une pensée, nous pensons le connaître de manière absolue en le nommant. Comme si le nom contenait tout l’objet, ce qui le constitue et non - seulement - sa surface, son apparence. Il nous semble être une unité, alors qu’il est composé, et exister en lui-même, alors qu’il dépend d’autre chose.

    De ce fait, nous confondons savoir et connaissance. Or, le savoir s’arrête à l’apparence, alors que la connaissance, non. Le savoir fige dans la durée, alors que la connaissance s’adapte au connu, dans l’instantanéité.

    Cette confusion est un appauvrissement, voire un empêchement pour l’expérience. Elle entraîne une absence d’équanimité entre l’individualité et le monde qui l’entoure.

    C’est la domination du savoir sur celui qui ne sait pas qui a par exemple conduit Christophe Colomb à découvrir l’Amérique alors qu’il croyait découvrir l’Inde. Il nomme alors les autochtones les Indiens, dominant de son savoir et par erreur ceux qui connaissent leur territoire, savoir qui cantonne encore à l’heure actuelle les Indiens dans des réserves. Beaucoup d’autres exemples, comme celui des Incas, pourraient illustrer ce point.

    C’est souvent, chez le pratiquant, ce qui empêche la mise en œuvre et la réalisation, lorsqu’il pense que savoir suffit.

    La saisie cognitive se caractérise par le fait que chacun de ces trois - moi, autre et division - ou si l’on veut, intérieur, extérieur et division, est vu comme ayant une existence absolue, ou existence en soi, comme une unité non composée de parties, ayant en outre une existence intrinsèque, c’est-à-dire non dépendante d’aucune cause, ce qui est indéfendable.

    Moi, autre et division ou encore sujet, objet et division sont appelés aussi dans l’enseignement bouddhiste, les trois cercles.

    Voir chacun de ces trois cercles comme étant des unités non composées implique qu’elles soient éternelles, non soumises au changement et cela est évidemment faux, comme chacun peut le constater.

    Considérer que moi, autre et division ont une existence intrinsèque serait comme de croire que la bulle, prise comme exemple précédemment, existe depuis toujours sans aucune cause pour la produire, ce qui est aberrant.

    Le moi, système de dépendance

    La notion de moi s’élève de la saisie d’un autre. Cette dépendance à l’objet de perception est à la base de toutes les dépendances. C’est par exemple, dans la pratique méditative, ce qui entraîne le pratiquant à entretenir l’activité mentale, à se sentir exister à travers elle et donc à commenter, à réfléchir, à analyser, bref à dire ou à penser quelque chose, même à propos d’une pensée, plutôt que de la laisser s’auto-dissoudre.

    Il est dit que la nature a horreur du vide, mais c’est plutôt l’ego qui craint ce qu’il prend pour un néant, lorsqu’il constate l’absence d’un objet ou d’un phénomène auquel s’identifier.

    L’individu n’a pas l’occasion d’éprouver son réel sentiment d’être, dépendant qu’il est des phénomènes intérieurs ou extérieurs.

    C’est en fait, dans la pratique méditative, qu’un individu peut faire l’expérience d’un réel sentiment d’être, non dépendant du regard d’autrui, ni des actes accomplis dans la société, sans pour autant les dévaloriser.

    Bien sûr, d’autres pratiques peuvent aussi conduire à cette actualisation d’un réel sentiment d’être non dépendant, comme la relaxation profonde ou Kum Nyé (Yoga tibétain).

    Le moi vit donc en dépendance des phénomènes, tous les phénomènes, qu’ils soient grossiers, matériels et extérieurs, ou subtils et intérieurs comme des pensées, des sensations, des émotions.

    D’une

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