Histoire de la fin du monde ou La Comète de 1904
Par Verniculus
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À propos de ce livre électronique
Les unes reviennent régulièrement tous les trois, cinq, six ou sept ans ; l’une d’entre elles ne revient que tous les treize ans, c’est la plus terrible pour les gens à présages ; une autre tous les soixante-seize ans. D’autres encore ne reviennent qu’après un voyage de plus d’un siècle à travers l’espace ! Il est, enfin, un grand nombre de comètes qui ne se montrent qu’une fois pour toutes, et ne reparaissent jamais dans les parages que la terre visite dans son cours.
La science astronomique en connaît maintenant une dizaine qui se sont, pour ainsi dire, acclimatées à notre système solaire ; voyageuses perdues dans l’immense vide qui nous entoure, elles ont été attirées par l’une des grosses planètes extérieures de notre système, Jupiter, Saturne ou Neptune, et fixées par la puissance attractive du soleil.
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Avis sur Histoire de la fin du monde ou La Comète de 1904
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Aperçu du livre
Histoire de la fin du monde ou La Comète de 1904 - Verniculus
CHAPITRE PREMIER
Généralités sur les comètes.
Depuis la création du monde, de nombreuses comètes parcourent l’immensité. Ces astres vagabonds arrivent de tous les points du ciel, font le demi-tour de notre soleil et s’en vont comme ils sont venus, après avoir intrigué les gens superstitieux, occupé les astronomes et fait jaser les curieux.
Les unes reviennent régulièrement tous les trois, cinq, six ou sept ans ; l’une d’entre elles ne revient que tous les treize ans, c’est la plus terrible pour les gens à présages ; une autre tous les soixante-seize ans. D’autres encore ne reviennent qu’après un voyage de plus d’un siècle à travers l’espace ! Il est, enfin, un grand nombre de comètes qui ne se montrent qu’une fois pour toutes, et ne reparaissent jamais dans les parages que la terre visite dans son cours.
La science astronomique en connaît maintenant une dizaine qui se sont, pour ainsi dire, acclimatées à notre système solaire ; voyageuses perdues dans l’immense vide qui nous entoure, elles ont été attirées par l’une des grosses planètes extérieures de notre système, Jupiter, Saturne ou Neptune, et fixées par la puissance attractive du soleil.
Les astronomes leur ont calculé de beaux orbites elliptiques suivant lesquels elles gravitent et dont elles paraissent fort contentes, puisqu’elles les suivent régulièrement.
Ces immenses courbes étant de longueur différente pour chaque comète, le retour de chacun de ces astres a lieu à des époques variables déjà déterminées par le calcul pour un grand nombre d’années à l’avance.
Quoique régulière et soumise à des lois précises, qui sont les mêmes pour tous les astres, la direction des comètes subit souvent certaines déviations occasionnées par la présence des planètes près desquelles elles passent.
D’après la position relative de la planète et de la comète, la marche de cette dernière est accélérée ou retardée par la puissance attractive de la première, qui agit soit dans le sens du mouvement, soit en sens inverse.
Pour calculer la marche d’une comète, l’astronome doit tenir compte de toutes les rencontres que celle-ci pourra faire sur son chemin ; ce n’est qu’après avoir déterminé et additionné ces influences diverses qu’il obtiendra un résultat parfaitement exact et pourra prédire le retour de l’astre sans crainte de déception.
Une autre catégorie de comètes, animées d’une vitesse très grande, soit d’au moins dix lieues par seconde, vient aussi nous visiter, mais ne le fait qu’une fois. L’astre arrive de l’infini et retourne à l’infini.
L’attraction du soleil n’est pas suffisante pour dompter l’effroyable vitesse dont ces comètes sont animées et les maintenir dans sa dépendance, comme il l’a fait des autres corps célestes de notre système.
Cette grande vitesse leur assigne pour route astronomique des courbes non fermées, paraboles ou hyperboles. Après avoir fait le demi-tour du soleil, elles s’échappent pour toujours de notre coin du ciel, sans aucun espoir de retour.
Ces comètes indépendantes sont des astres voyageurs qui vont d’un soleil à un autre sans se laisser fixer par aucun ; elles sont les seules relations connues de notre système solaire avec les brillantes étoiles que nous admirons dans le firmament !
Que ne pouvons-nous les faire causer et raconter ce qu’elles ont vu ? Combien ce serait intéressant de les entendre !
Il est probable aussi qu’un certain nombre de comètes douées d’une vitesse très faible, à l’inverse de celles dont nous venons de parler, ne peuvent pas résister à l’action du soleil qui les attire. Elles vont se brûler dans ses flammes, lorsqu’elles sont composées d’une matière combustible, ou se vaporiser à la chaleur énorme du globe qui nous éclaire.
La composition des comètes varie beaucoup ; les unes sont complètement gazeuses, d’autres ont un seul noyau solide ; d’autres, enfin, ont un noyau composé d’une agglomération d’aérolithes.
La spectroscopie a fait reconnaître le gaz hydrogène et les vapeurs de carbone comme constituant le plus fréquemment les comètes.
Dans l’année 1904, qui va nous occuper, la composition de toutes les comètes ralliées à notre système solaire est parfaitement connue. Le spectroscope est arrivé à un tel degré de perfection et de précision, que l’on peut, avec son secours, analyser un corps à distance, aussi bien qu’en le tenant sous la main dans un laboratoire de chimie !
On sait ainsi d’une manière parfaitement sûre que les comètes n’ont aucune lumière propre et ne font que réfléchir la lumière du soleil pendant qu’elles se trouvent dans son voisinage.
La chaleur qu’elles en reçoivent a pour effet de dilater les gaz qui les composent, c’est pour cela qu’elles paraissent petites en arrivant, qu’elles grandissent en s’approchant du soleil et décroissent rapidement lorsqu’elles s’en éloignent.
Il est établi que les queues des comètes ne sont pas matérielles ; la science a prouvé qu’elles ne sont qu’un effet de lumière tamisée par le noyau plus ou moins sphérique de l’astre. La queue d’une comète est un effet vibratoire de la matière éthérée, ou pour nous servir d’une expression plus compréhensible, une ombre de lumière portée par le noyau. Contrairement à l’opinion généralement répandue que la queue suit la comète, celle-ci est toujours opposée au soleil, et se déplace continuellement suivant les positions relatives des deux astres.
Les queues des comètes n’ont, du reste, pas toujours la forme ordinaire sous laquelle elles se présentent le plus souvent ; on en a vu qui avaient des formes fort bizarres et capricieuses.
Quelques-unes ont même présenté plusieurs queues dont l’aspect et les contours variaient d’un instant à l’autre.
La grande comète de 1861, entre autres, subissait dans son noyau les plus curieuses transformations, preuve évidente que tous ces effets ne sont que des jeux de lumière. Il résulte de ce qui précède que les comètes n’ayant pas de lumière propre, deviennent complètement invisibles dès qu’elles sont éloignées d’un astre lumineux ; cela nous explique la difficulté qu’il y a à les observer longtemps à l’avance et le peu de temps pendant lequel nous pouvons jouir de leur présence.
On est même arrivé à prouver que la terre et la lune ont passé dans la queue d’une comète le 30 juin 1861, sans que personne s’en soit aperçu ; ce n’est qu’après le passage qu’un astronome s’est rendu compte de la chose par le calcul.
Le mouvement prodigieusement rapide avec lequel ces masses gazeuses se meuvent à travers l’espace donne, mieux que toute autre chose, l’idée de la fluidité de la matière éthérée qui remplit l’espace. C’est en même temps une preuve de son existence matérielle, puisque la lumière et l’électricité peuvent produire sur elle des effets d’aspects si variés.
L’imagination est impuissante à nous représenter la vitesse avec laquelle certaines comètes se transportent dans l’espace ! Ces vitesses varient de quarante à cinquante kilomètres par seconde.
Le 27 février 1843, une comète a fait le tour du soleil en deux heures. Elle marchait avec une vitesse de cinq cent cinquante kilomètres, parcourant en une seconde autant de chemin qu’un train direct lancé à toute vapeur en cinq heures et demie.
Sans cette vitesse prodigieuse, il est probable qu’elle se fût anéantie contre le soleil, car elle passa tout près.
Les comètes ont joué autrefois un rôle considérable dans l’astrologie. Leur apparition était toujours le précurseur de quelque événement important sur la terre. Elle présageait ordinairement la mort d’un prince quelconque ou une guerre sanglante, comme elles le sont toutes, ou une épidémie désastreuse pour l’humanité !
Toujours quelque chose de sinistre !
Comme les princes abondaient dans l’antiquité, il y en avait toujours au moins un prêt à mourir quand une comète apparaissait ; les astrologues pouvaient donc prédire une mort de prince sans grande chance de se tromper !
Les anciens se sont aussi figuré que les comètes étaient les formes prises par les âmes des grands hommes disparus de ce monde. Une comète qui apparut après la mort de Jules César fut considérée comme envoyée du ciel pour emporter et astrolofer(1) l’âme du conquérant des Gaules, non toutefois sans l’avoir auparavant purifiée de tous les péchés, grands et petits, que le digne empereur avait commis ici-bas.
Au Moyen-Âge, les croyances relatives aux comètes prennent une couleur encore plus sombre. L’imagination effrayée les peuple d’une foule de figures dont quelques-unes sont arrivées jusqu’à nous par d’antiques tableaux. L’on y voit des poignards, des épées, des têtes coupées grimaçantes de première laideur, des scorpions, des serpents, des hallebardes, des monstres de toutes espèces !
Longtemps encore après cette époque où l’imagination aimait tant à se donner carrière, les comètes furent regardées comme des présages, et les personnages les plus célèbres du siècle de Louis XIV ne peuvent s’affranchir des terreurs qu’elles font naître dans leur esprit.
Les astronomes déjà fort distingués des XVe, XVIe et XVIIe siècles ne s’occupèrent pas sérieusement des comètes. Le célèbre Kepler, lui-même, qui venait de déterminer et de formuler les lois fondamentales du mouvement des planètes, ne pouvait s’empêcher de considérer les comètes comme des pronostics relatifs aux choses terrestres et aux destinées de l’homme.
Il est juste de dire que le manque d’observations faites jusqu’alors sur leur marche, n’avait pas permis de trouver la loi de leur mouvement.
Les comètes, en un mot, n’étaient pas encore des astres sérieux et se voyaient reléguées dans le domaine de la fantaisie et de l’astrologie.
Ainsi marchaient les comètes, lorsqu’en 1680 le grand Newton, qui était fort sévère sur les mœurs, déclara qu’il ne voulait plus de ce vagabondage dans le ciel !
Prenant d’une main sa bonne plume de calcul et de l’autre son binôme, il leur tailla des orbites elliptiques, paraboliques ou hyperboliques appropriés à chacune d’elles !
Depuis ce temps, elles se conduisent d’une manière fort convenable et suivent leur route consciencieusement ; plusieurs d’entre elles, comme nous l’avons vu en commençant, viennent régulièrement faire contrôler leur passage à des intervalles égaux.
D’autres ne reviennent jamais, mais passent dans notre voisinage sans dévier du droit chemin que les astronomes leur tracent dès qu’elles sont visibles.
À partir du commencement du XVIIIe siècle, elles deviennent un sujet d’étude pour tous les astronomes grands et petits ; leurs mœurs, us et coutumes se font connaître parfaitement, et c’est toujours un grand bonheur pour un observateur du ciel d’en découvrir une.
Tout le merveilleux disparaît et la comète de 1811 vient donner le coup de grâce aux anciennes terreurs, en brillant au ciel pendant que croît dans toutes les vignes de l’Europe le meilleur vin du XIXe siècle. Cette qualité exceptionnelle est nécessairement attribuée à la comète qui, d’astre destructeur, devient astre producteur !
Dès lors, l’apparition d’une comète dans le ciel est toujours vue de bon œil par le public et surtout par le vigneron.
L’arrivée des comètes nouvelles venant de l’infini, peut avoir lieu sous toutes les directions possibles, rien ne s’oppose donc à ce que l’un ou l’autre de ces astres n’arrive dans le voisinage de notre terre. Or, comme l’attraction de celle-ci pour d’autres corps célestes augmente en raison inverse du carré de la distance, au fur et à mesure que ceux-ci s’en rapprochent, il se pourrait fort bien qu’une comète qui se serait imprudemment rapprochée de la terre fût attirée et précipitée sur elle, lors même que sa direction primitive lui eût permis de passer à distance.
Si la comète possédait un noyau solide un peu considérable, la croûte terrestre serait, sans aucun doute, perforée comme