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La mer et les poissons
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Livre électronique47 pages42 minutes

La mer et les poissons

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À propos de ce livre électronique

En considérant l’immensité de la mer et la fécondité prodigieuse, excessive, des animaux qui peuplent ce domaine, on s’imagine facilement qu’il y a là le siège d’une vie non moins étendue que le réceptacle où elle se déroule. C’est une erreur.
À l’inverse des continents, dont la flore et la faune étalent leur splendeur à peu près partout, les mers renferment leur production dans une zone relativement fort étroite. Une petite partie seulement de la surface de la terre est inculte et sans vie ; c’est le contraire qui existe sous les eaux : si le désert est là une exception, il est ici la règle ; car, autant la nature animée occupe de place sur le sol terrestre, autant elle en a peu sur le sol sous-marin. Tout ou presque tout ce que la mer contient de richesses utiles à la terre, par une admirable économie de ressorts providentiels, gît accumulé ou se meut concentriquement dans les régions riveraines ou sur les saillies du gouffre que l’on désigne sous le nom de bancs.

LangueFrançais
ÉditeurEHS
Date de sortie30 mars 2022
ISBN9782381113401
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    La mer et les poissons - J.-B. Antoine Rimbaud

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    La mer et les poissons.

    La mer et les poissons

    J.-B. Antoine Rimbaud

    EHS

    Humanités et Sciences

    Chapitre I

    Région poissonneuse de la mer et ses limites. — Le poisson de mer est-il ou n’est-il pas domesticable ?

    En considérant l’immensité de la mer et la fécondité prodigieuse, excessive, des animaux qui peuplent ce domaine, on s’imagine facilement qu’il y a là le siège d’une vie non moins étendue que le réceptacle où elle se déroule. C’est une erreur.

    À l’inverse des continents, dont la flore et la faune étalent leur splendeur à peu près partout, les mers renferment leur production dans une zone relativement fort étroite. Une petite partie seulement de la surface de la terre est inculte et sans vie ; c’est le contraire qui existe sous les eaux : si le désert est là une exception, il est ici la règle ; car, autant la nature animée occupe de place sur le sol terrestre, autant elle en a peu sur le sol sous-marin. Tout ou presque tout ce que la mer contient de richesses utiles à la terre, par une admirable économie de ressorts providentiels, gît accumulé ou se meut concentriquement dans les régions riveraines ou sur les saillies du gouffre que l’on désigne sous le nom de bancs.

    C’est, en effet, dans cet espace très-restreint, comparativement à l’étendue et à l’épaisseur de la masse d’eau océanique, que les principes vivifiants de la faune marine se résolvent en une incommensurable magnificence de produits divers ; c’est là et non dans les profondeurs inabordables de l’abîme, que s’accomplit la révolution des lois naturelles qui assurent à la terre la jouissance des biens de la mer, en les fixant ou les faisant converger invariablement dans le périmètre des rivages.

    Nous mettons nos rêves à la place de la réalité lorsque nous refusons de reconnaître les bornes auxquelles s’arrête l’élaboration des aliments que l’Océan doit à son insatiable commensale l’Humanité ; nous manquons de clairvoyance lorsque, mesurant la fertilité des eaux à leur immensité, nous prétendons qu’elle est inépuisable par cela seul qu’elle est si vaste.

    Voyez jusqu’où descendent, sur le talus immergé des côtes, les dernières manifestations de la flore pierreuse de la mer. Vous trouverez là une profondeur de deux cent cinquante mètres, trois cents au plus. C’est ici que finit généralement la région poissonneuse ; c’est ici que commence le désert. De là aux grèves, la distance n’est pas très-considérable : vingt à vingt-cinq lieues pour quelques points où la déclivité du sol sous-marin est peu sensible ; quatre à cinq lieues et quelquefois bien moins, pour la plupart des autres rivages.

    Telle est approximativement la largeur du champ élaborateur et récepteur des moissons marines, la zone dans laquelle la main de la Providence sème, fait croître, distribue et retient les récoltes, selon un ordre de suprême logique excluant toute combinaison auxiliaire et ne laissant à l’homme que le soin de disposer des bienfaits de l’œuvre naturelle.

    Mais si la région poissonneuse est infiniment plus réduite qu’on ne le croit, si elle ne va guère au-delà des prairies qui se développent en un vert ruban sous la nappe d’eau voisine des côtes, la procréation y est cependant si vigoureusement constituée, si prodigalement généreuse, que, pour faire jaillir de cette source une abondance intarissable, il suffirait de nous astreindre à y puiser avec un peu de cette prévoyance ménagère que nous apportons à garantir l’ensemencement de nos champs ruraux et la maturité de leurs moissons.

    C’est trop difficile, paraît-il. Substituer la règle

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