Nouvelles Mille et une nuits
()
À propos de ce livre électronique
Robert Louis Stevenson
Robert Louis Balfour Stevenson (geb. 13. November 1850 in Edinburgh; gest. 3. Dezember 1894 in Vailima, nahe Apia, Samoa) war ein schottischer Schriftsteller des viktorianischen Zeitalters. Stevenson, der an Tuberkulose litt, wurde nur 44 Jahre alt; jedoch hinterließ er ein umfangreiches Werk von Reiseerzählungen, Abenteuerliteratur und historischen Romanen sowie Lyrik und Essays.
Lié à Nouvelles Mille et une nuits
Livres électroniques liés
Nouvelles Mille et une Nuits Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNouvelles mille et une nuits: Le roman étrange en Angleterre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÉloge de la paresse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Va-Nu-Pieds Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRomans inachevés Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSylvie Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Romanciers et viveurs du XIXe siècle: Essai littéraire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn vieux pays Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'eau profonde; Les pas dans les pas Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNe m'attends pas, mange pendant que c'est chaud: Recueil de nouvelles Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne vraie jeune fille: Nouvelles suivies de Trois contes pour aujourd’hui Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Trois Amoureux Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Sept Femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Coudées franches: Épisode de la haute vie parisienne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa négresse blonde: Cinquième hypostase, avec soixante-quinze Tatouages de Lucien Métivet Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAu musée d'Arsène Lupin: Recueil d'histoires pastiches Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa case de l'oncle Tom ou vie des nègres en Amérique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEugène Delacroix Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5La Femme Pauvre: Premium Ebook Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMeurtres sans bruit dans Landerneau: Polar breton Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa femme pauvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationThe Complete Works of Jean Cocteau Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationArsène Lupin, gentleman-cambrioleur de Maurice Leblanc Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Mort de l'albatros: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Grand Silence Blanc: Roman vécu d'Alaska Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJeanne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire de Marie Stuart Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationContes Humoristiques Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe beurre et l'argent du beurre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBlack Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Fiction littéraire pour vous
Orgueil et Préjugés - Edition illustrée: Pride and Prejudice Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Bel-Ami Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le Rouge et le Noir Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Crime et Châtiment Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Bonjour tristesse de Françoise Sagan (Analyse de l'oeuvre): Comprendre la littérature avec lePetitLittéraire.fr Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5La Vie devant soi de Romain Gary (Fiche de lecture): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Joueur d'Échecs Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Crime et châtiment Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Freres Karamazov Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5Mauvaises Pensées et autres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOrgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais) Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Madame Bovary Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5D'autres vies que la mienne d'Emmanuel Carrère (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDu côté de chez Swann Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Les mouvements littéraires - Le classicisme, les Lumières, le romantisme, le réalisme et bien d'autres (Fiche de révision): Réussir le bac de français Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationle deuxième chat de schrödinger Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVernon Subutex, tome 1 de Virginie Despentes (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Hauts de Hurle-vent Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La Peste d'Albert Camus (Analyse de l'oeuvre): Comprendre la littérature avec lePetitLittéraire.fr Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHarry Potter à l'école des sorciers de J. K. Rowling (Fiche de lecture): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Alchimiste de Paulo Coelho (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La Vie mode d'emploi de Georges Perec (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Misérables: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGerminal d'Émile Zola (Analyse de l'oeuvre): Résumé complet et analyse détaillée de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Peur Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5La promesse de l'aube de Romain Gary (Fiche de lecture): Analyse complète de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAu bonheur des dames d'Émile Zola (Fiche de lecture): Analyse complète de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa vie devant soi de Romain Gary (Fiche de lecture): Analyse complète de l'oeuvre Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Stupeur et tremblements d'Amélie Nothomb (Analyse de l'oeuvre): Comprendre la littérature avec lePetitLittéraire.fr Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry (Analyse de l'oeuvre): Comprendre la littérature avec lePetitLittéraire.fr Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Nouvelles Mille et une nuits
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Nouvelles Mille et une nuits - Robert Louis Stevenson
Nouvelles Mille et une nuits
Nouvelles Mille et une nuits
LE ROMAN ÉTRANGE EN ANGLETERRE
I
II
LE CLUB DU SUICIDE
HISTOIRE DU JEUNE HOMME AUX TARTES À LA CRÈME.
HISTOIRE D’UN MÉDECIN ET D’UNE MALLE
L’AVENTURE DES CABS
LE DIAMANT DU RAJAH
HISTOIRE D’UN CARTON À CHAPEAU
HISTOIRE DU JEUNE CLERGYMAN
HISTOIRE DE LA MAISON AUX PERSIENNES VERTES
AVENTURE DU PRINCE FLORIZEL ET D’UN AGENT DE POLICE.
Page de copyright
Nouvelles Mille et une nuits
Robert Louis Stevenson
LE ROMAN ÉTRANGE EN ANGLETERRE
I
Le nom de Robert-Louis Stevenson est attaché, en France, au souvenir d’un livre d’étrennes, l’Île au Trésor, qui fit fureur il y a peu d’années. La traduction de M. Philippe Daryl nous dispense de raconter les lointains et merveilleux voyages de l’Hispaniola ; disons seulement que ce petit livre nous paraît être, par sa verve, son entrain, sa fraîcheur, par le mouvement, le ton de vérité qui y règne, un des modèles du genre.
Si Kidnapped, qui vit le jour ensuite, s’adresse plus exclusivement, à cause de la saveur écossaise dont il est imprégné, aux jeunes compatriotes de son héros, David Balfour, l’histoire n’en est pas moins, d’un bout à l’autre, amusante, et c’est une idée ingénieuse, en outre, que d’avoir fait raconter la fin du drame jacobite par un whig qui se trouve forcément enrôlé dans le camp de ses adversaires.
La scène se passe en 1751, à l’époque où des oncles dénaturés pouvaient encore faire embarquer les neveux qui les gênaient sur un brick de mauvais renom, pour les envoyer à la Caroline, où ils étaient vendus sans plus de formes. Comment ce gamin énergique et honnête, David Balfour, échappe à son sort, et tout ce qu’il souffre dans une île déserte, voisine des côtes d’Écosse, avant sa périlleuse équipée à travers les Highlands, en compagnie d’Alan Breck Stewart, un rival jacobite de d’Artagnan, voilà des aventures dont on peut dire ce que La Fontaine disait de Peau d’âne ; il n’est personne qui ne prenne un plaisir extrême à lire Kidnapped. M. Stevenson s’y pose en compatriote de Walter Scott et de Burns, il nous fait respirer sa bruyère natale et met à tout ce qu’il touche le sceau d’une des qualités de sa race, la quaintness : esprit, originalité, grâce un peu bizarre et parfois maniérée, il y a de tout cela dans ce que peint par excellence ce mot de quaint, si parfaitement intraduisible, quoiqu’il dérive de notre vieux français, à en croire les dictionnaires.
Écossais, Stevenson l’est encore, – il l’a prouvé depuis, – par le sentiment du fantastique, le goût du surnaturel, la préoccupation des lois morales, des problèmes philosophiques, et par je ne sais quelle gaîté morose, grim humour, qui déconcerte et qui attache à la fois. Mais il est, en même temps, cosmopolite, Parisien du boulevard, Américain du Far-West, comme le montrent ses spirituelles notes de voyages. Hier encore son adresse était à Honolulu ; peut-être aujourd’hui est-il de retour à New-York, qui le revendique comme Londres revendique Henry James. Sa vie errante a formé une personnalité très curieuse, très moderne et franchement excentrique, qui apparaît à travers une série de productions d’inégale valeur, mais dont aucune n’est banale. Ce citoyen du monde a bien vu tous les pays dont il parle, soit qu’il nous présente les Squatters du Silverado, soit qu’il nous invite à glisser lentement, à bord de son Aréthuse, sur les canaux de la Belgique et de la France, soit qu’il s’arrête pour deviser familièrement avec ses amis les peintres de Barbizon, sous les ombrages de la forêt de Fontainebleau. Ici ou là, il rend son impression d’un trait net et précis. Point de longueurs, point de remplissage inutile. Aucun de ses ouvrages, en dépit de certaines exigences des éditeurs anglais auxquelles il a refusé énergiquement jusqu’ici de se soumettre, n’a plus d’un volume ; la concision, la clarté incisive, une grande simplicité, sont les qualités maîtresses de son style. Sceptique et railleur, il réussit à nous captiver sans avoir jamais recours à l’élément sentimental, et touche parfois des questions hardies sans tomber dans ce qu’on est convenu d’appeler l’immoralité, bien qu’il ne se soucie guère de nous montrer des personnages vertueux et qu’il ait le talent pervers d’exciter notre sympathie en faveur d’individualités tout au moins équivoques. Réussir, avec de pareilles tendances, à collaborer aux bibliothèques d’éducation et de récréation, c’est la preuve d’une souplesse peu commune.
Après avoir assuré son empire sur des milliers de jeunes lecteurs dans l’ancien et dans le nouveau monde, M. Stevenson paraît s’être dit : « Voyons si les vieux seront plus difficiles, s’ils ne mordront pas, eux aussi, à l’hameçon des contes bleus ? » Et il lança ses Nouvelles Mille et une Nuits, où la féerie se met au service de la réalité par un procédé ravi à miss Thackeray. Combien de fois les talents à fracas ont-ils profité des trouvailles faites par quelque talent plus modeste ! C’est miss Thackeray qui a dit la première : « Les contes de fées sont partout et de tous les jours ; nous sommes tous des princes et des princesses déguisés, ou des ogres, ou des nains malfaisants. Toutes ces histoires sont celles de la nature humaine, qui ne semble pas changer beaucoup en mille ans, et nous ne nous lassons jamais des fées parce qu’elles lui sont fidèles. » Seulement, l’auteur de Five old friends place dans un milieu bourgeois de nos jours la Belle au Bois dormant, Cendrillon, la Belle et la Bête, le Petit Chaperon rouge, etc., dont les aventures modernisées n’ont rien que d’ordinaire, tandis que les contes arabes que M. Stevenson transporte en Europe, sans changer rien à leur allure coulante et négligée, conservent un caractère très exceptionnel et sont, en somme, presque aussi merveilleux que dans les Mille et une Nuits orientales.
Prenons la première des nouvelles, et la meilleure, le Club du suicide : nous n’avons pas de peine à reconnaître dans le prince Florizel de Bohême, qui, pendant son séjour à Londres, rôde incognito par les rues, le calife Haroun-al-Raschid, et dans son fidèle écuyer, le colonel Géraldine, Giafar, grand vizir. Le verglas les ayant forcés à chercher refuge dans un bar des environs de Leicester-square, ils rencontrent un individu qui n’a de commun avec Bedreddin-Hassan que la manie d’offrir des tartes à la crème aux gens qu’il ne connaît pas. C’est le dénouement fou d’une carrière extravagante : le jeune homme aux tartes à la crème (nous ne le connaîtrons que sous ce nom) prélude à la mort par cette soirée burlesque. Le prince et son écuyer font semblant d’être dans les mêmes dispositions que leur nouvelle connaissance, et c’est ainsi qu’ils sont introduits par lui au Club du suicide, rendez-vous de tous ceux qui, fatigués de la vie, désirent disparaître sans scandale. Chaque nuit, une partie de cartes réunit ces désenchantés autour du tapis vert. Le président du club, un dilettante d’espèce toute particulière, bat et donne les cartes ; le privilégié qu’un sort heureux gratifie de l’as de pique disparaîtra avant l’aube par les soins obligeants du membre de céans qui tourne l’as de trèfle. Ce jeu réunit les émotions de la roulette, celles d’un duel et celles d’un amphithéâtre romain, il fait goûter les impressions exquises de la peur ; les gens les plus revenus de tout y trouvent un dernier plaisir. M. Malthus, par exemple, un paralytique, défiguré, ravagé par des excès auxquels il ne peut plus se livrer, est membre honoraire, pour ainsi dire. Il vient, de loin en loin, quand il en a la force, chercher une excitation qui le réconcilie avec la vie en lui faisant redouter la mort. Il a essayé de tout, et il en est à déclarer qu’en fait de passions, aucune n’est enivrante autant que la peur ; il est poltron avec délices, et il badine avec des terreurs sans nom. Heureusement pour la morale, il badine une fois de trop ; l’as de pique lui échoit à la fin, et le lendemain les journaux de Londres renferment, sous la rubrique : Triste accident, un paragraphe qui apprend au public la mort de l’honorable M. Malthus, tombé par-dessus le parapet de Trafalgar-square ; au sortir d’une soirée, il cherchait un cab ; on attribue sa chute à une nouvelle attaque de paralysie.
Le prince Florizel aurait son tour, si Geraldine, vigilant et fidèle, ne mettait la police secrète sur pied, en dépit des terribles serments par lesquels s’engagent les membres du club. Personne n’est livré aux tribunaux ; le prince vient généreusement au secours de ceux des désespérés qui méritent encore quelque pitié, puis il décide que le repaire sera fermé et que son abominable président périra en duel. Ce duel, qui doit avoir lieu sur le continent, est le sujet d’un second récit beaucoup plus sensationnel encore que le premier, où il est question d’un médecin et d’une malle qui contient un cadavre, celui de l’adversaire désigné du président, lâchement assassiné par ce monstre.
Certes, le lecteur, quel qu’il soit, attend la suite avec autant d’impatience que le sultan des Indes, tenu en haleine par les points suspensifs des contes de Schéhérazade ; on passe, avec une fiévreuse anxiété, à l’histoire suivante, qui est celle non pas d’un Cheval enchanté, mais d’un simple Cab, lequel recueille des invités de bonne volonté pour les conduire à une fête étrange dont la fin est le triomphe du droit et le châtiment du crime, grâce à la vaillante épée du prince Florizel. L’héritier d’un trône daigne se mesurer avec le pire des scélérats. Nous le retrouverons plus tard, mêlé à d’autres aventures non moins intéressantes, celles d’un diamant, et, comme tous les princes qu’a mis en scène M. Stevenson, il finit en philosophe, renversé par une révolution. C’est derrière le comptoir d’un débit de tabac qu’il apparaît une dernière fois : ce redresseur de torts vend majestueusement des cigares !
On voit que la fantaisie humoristique n’est pas absente des récits de M. Stevenson ; les contrastes si marqués que permet, qu’exige même cette qualité, très développée chez lui, produisent bien quelques fautes de goût, mais une certaine façon qu’il a de se moquer de ses héros et de lui-même relève ici néanmoins le sensational novel, qui a retrouvé depuis peu, en Angleterre, un succès d’assez mauvais aloi. Du rang où l’avait placé naguère Wilkie Collins, ce roman, nourri d’émotions violentes, était tombé au niveau des élucubrations de feu Ponson du Terrail. M. Stevenson eut le mérite de le rendre agréable aux délicats.
Nous n’avons, du reste, nulle envie de défendre plus qu’il ne convient la suite des Nouvelles Mille et une Nuits, inspirée par la Dynamite et composée en collaboration avec Mme Stevenson. La confusion de la tragédie et de la farce y est poussée trop loin. On croit être devant un couple de jongleurs émérites, d’équilibristes habiles, dont les périlleux exercices deviendraient fatigants pour le public, amusé d’abord, s’ils se prolongeaient beaucoup ; mais les aventures des trois jeunes gens inutiles qui attendent leur fortune du hasard, sur le pavé de Londres, sont presque aussi courtes que celles des trois calenders, fils de rois, et la gracieuse conspiratrice qui les conduit l’un après l’autre à deux doigts de leur perte ne prend pas en vain cinq noms différents, car Clara Luxmore, dite Lake, dite Fonblanque, dite Valdivia, dite de Marly, a autant d’imagination à elle seule que pouvaient en avoir réunies les cinq dames de Bagdad. Son histoire de la Belle Cubaine et de l’Ange exterminateur chez les Mormons sont des contes bleus modernes de la plus piquante invraisemblance : ils dissimulent cependant des complots anarchiques effroyables, mais tous si maladroits qu’ils prêtent à rire. M. et Mme Stevenson traitent la dynamite du haut en bas, refusant de la prendre au sérieux et faisant rater toutes ses bombes, sauf deux ou trois qui éclatent au détriment de ceux qui les fabriquent. Zéro, l’agitateur irlandais, et son complice Mac-Guire, périssent assommés sous le ridicule. Si Clara, l’affidée de ces deux fantoccini grotesques, obtient sa grâce et, à la fin, un bon mari, c’est qu’elle est jolie à ravir, pleine d’inventions drôles, de tours uniques, et surtout parce qu’au milieu de ses criminelles erreurs, elle n’a jamais été sentimentale. L’assassin sentimental et phraseur, si commun de nos jours, est conspué par M. Stevenson ; celui-ci repousse avec énergie l’intérêt malsain qui s’attache au crime politique, il vénère les agents de police et leur dédie son livre, il fait grand cas de l’autorité ; par la bouche de son personnage favori, le prince Florizel, resté fidèle au rôle de bon génie derrière un comptoir de marchand de tabac, il déclare que l’homme est un diable faiblement lié par quelques croyances, quelques obligations indispensables, et qu’aucun mot sonore, qu’aucun raisonnement spécieux ne le déciderait à relâcher ces liens. On voit que, pour un romancier dans le mouvement, M. Stevenson a des principes vieux style.
Dans Prince Otto, où les questions philosophiques et politiques s’entremêlent à beaucoup de paradoxes, l’auteur de New Arabian Nights nous prouve qu’il a lu Candide et qu’il se souvient aussi d’Offenbach. Vous chercheriez en vain sur une carte la principauté de Grünewald, bien que sa situation soit indiquée entre le grand-duché aujourd’hui éteint de Gerolstein et la Bohême maritime. En revanche, le nom du premier ministre, Gondremark, vous rappelle un acteur de la Vie parisienne. Dans ce badinage sérieux, un peu trop délayé, on voit le prince Othon, un gentil prince en porcelaine de Saxe, mériter le mépris de ses peuples par sa conduite indigne d’un souverain, la conduite pourtant d’un galant homme très chevaleresque, mais trop épris de la chasse, des petits vers français et d’une jeune épouse ambitieuse, qui, finalement, prête les mains à son incarcération dans une forteresse, pour être plus libre de jouer le rôle de Catherine II ou de Sémiramis. Vous y verrez aussi comment les témoignages d’héroïsme de la jolie Séraphine se bornent à un coup de couteau donné au premier ministre, qui, jaloux de gouverner en son nom, voudrait être un favori dans toute la force du terme, et comment la proclamation de la république met fin, soudain, à ces complots de cour, à ces intrigues, à ces drames secrets ; comment le prince et la princesse fugitifs et dépossédés, à pied, sans le sou, se rencontrent dans la campagne, oublient leurs désastres, leurs grandeurs, et se mettent tout simplement à s’aimer, ravis, en somme, de cette chute qui les a jetés aux bras l’un de l’autre pour jamais. Ceux-ci ne vendront pas du tabac, ils feront de la littérature en collaboration ; un recueil des plus médiocres a paru sous le titre « Poésies, par Frédéric et Amélie. »
La réconciliation de leurs altesses sur le grand chemin est un des rares duos d’amour que nous ayons rencontrés au cours des romans qui nous occupent. Il est charmant, ce duo, car l’esprit enfin y fait trêve, l’esprit moqueur, léger, glacial et trop tendu dont M. Stevenson abuse, et qui produit à la longue l’effet du pâté d’anguille. Pour ne trouver que le ricanement perpétuel, autant revenir à nos incomparables contes de Voltaire, dont l’auteur de Prince Otto s’est fortement pénétré. Où il montre, en revanche, une véritable originalité de forme et de fond, c’est dans l’exposition semi-scientifique d’un Cas étrange, qui mérite de compter parmi les récits les plus suggestifs et les plus ingénieux d’avatars et de transformations. L’histoire du Docteur Jekyll et de Mr Hyde se détache en relief puissant sur la trame un peu mince du reste de l’œuvre, et promet l’estime d’un ordre tout nouveau de lecteurs à M. Stevenson. Nous osons à peine le lui dire, ayant compris qu’il craint par-dessus tout de paraître terne et lourdement consciencieux. Terne, il ne saurait l’être ; le seul péril que l’on coure avec lui est dans l’excès du brillant et dans sa confusion accidentelle avec le clinquant. Quant à la conscience, elle ne sera jamais incompatible avec la liberté chez cet Écossais greffé de Yankee et de Parisien agréablement bohème. Qu’il ne s’inquiète donc pas de la nature de nos éloges. L’analyse critique qui suit est d’ailleurs pour prouver que l’ouvrage le plus grave de M. Stevenson n’a rien de particulièrement austère, ni surtout d’ennuyeux.
II
Quelques lenteurs, il faut en convenir, embarrassent le début. Peu nous importent, par exemple, les idées et les habitudes de M. Utterson, un personnage d’arrière-plan, dépositaire du testament bizarre qui fait passer tous les biens de Henry Jekyll entre les mains de son ami Edward Hyde, dans le cas de la disparition du testateur. Cette clause insolite blesse le bon sens et les traditions professionnelles du notaire Utterson ; elle semble cacher quelque secret ténébreux, d’autant plus que ledit Edward Hyde, prétendu « bienfaiteur » du docteur Jekyll et son légataire universel, n’est connu de personne. Jamais Utterson n’en avait entendu parler avant que le singulier document lui eût été confié, avec mille précautions minutieuses ; pourtant il est le plus ancien ami de Jekyll, après le docteur Lanyon toutefois, qui, intimement lié jadis avec son collègue, s’est peu à peu éloigné de lui, sous prétexte qu’il donnait à corps perdu dans des hérésies scientifiques. Lanyon, lui non plus, ne sait rien du mystérieux Hyde. Le seul renseignement que M. Utterson ait jamais pu recueillir sur celui-ci est de nature à augmenter sa perplexité ; c’est le hasard qui le lui fournit.
Un soir qu’il se promène dans un quartier populeux de Londres, avec son jeune parent, M. Enfield, ce dernier lui fait remarquer, presque à l’extrémité d’une petite rue commerçante, l’entrée d’une cour qui interrompt la ligne régulière des maisons. Juste à cet endroit, un pignon délabré avance sur la rue ses deux étages sans fenêtres, au-dessus de la porte dépourvue, de marteau, une porte de derrière apparemment.
« Cette porte que voici, dit M. Enfield, se rattache dans ma pensée à une singulière histoire. »
Et il raconte l’acte de brutalité commis sous ses yeux, dans cette rue même, contre un enfant, une petite fille, par un individu d’apparence plus que désagréable, une espèce de gnome. Indigné, il a saisi le coupable au collet, appelé au secours ; un rassemblement s’est formé, et M. Hyde, pour éviter un scandale, a payé une forte somme aux parents de sa victime. Il s’est rendu sous bonne escorte à son domicile, la maison délabrée en question, et est redescendu bientôt avec un chèque sur la banque Coutts, signé du nom le plus honorable, un nom qu’Utterson devine sans que son cousin ait besoin de le prononcer.
« Et quelle figure a-t-il, ce Hyde ?
– Il n’est pas aisé de le peindre. Je n’ai jamais vu d’homme qui m’ait inspiré autant de dégoût, sans que je puisse expliquer pourquoi. Il vous donne l’impression d’un être difforme, et cependant je ne saurais spécifier sa difformité. Il est extraordinaire, voilà le fait, il est anormal. Je crois le voir encore, tant je l’ai peu oublié, et cependant je ne trouve pas de paroles pour peindre l’effet que produit cette infernale physionomie. »
M. Utterson est plus ému qu’il ne veut le laisser paraître.
« Sur la maison elle-même, demande-t-il, vous ne savez rien ?
– Si fait, j’ai observé que personne n’y entre jamais, sauf le héros très repoussant de mon aventure. Elle n’est pas habitée, les trois fenêtres grillées, sur la cour, restent toujours closes, mais les vitres en sont propres, et, au-dessus, il y a une cheminée qui fume parfois, ce qui donnerait l’idée que quelqu’un y vient accidentellement. »
Le notaire Utterson voit que M. Enfield ne se doute pas que cette vilaine bâtisse dépend de la maison de son ami Jekyll. Après avoir soupçonné celui-ci de folie toute pure, il craint qu’il ne s’agisse plutôt de quelque complicité honteuse. L’idée fixe le poursuit de s’éclairer là-dessus. Il se met à guetter les secrets nocturnes du quartier que fréquente l’odieux Hyde. Longtemps il attend en vain ; mais, certain soir, vers dix heures, les boutiques étant closes et la rue silencieuse, au milieu du sourd mugissement de Londres, un pas