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Livre électronique224 pages3 heures

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À propos de ce livre électronique

Marika, veuve, est lancée sur une enquête qui la poussera à affronter son passé...

Marika Farkas, lieutenant de police au commissariat de l’Evêché, quitte brutalement Marseille et débarque à Limoges un soir de pluie. Hantée par le meurtre de l’homme qu’elle aimait et désormais seule pour élever sa fille Lisa, elle peine à trouver ses marques dans sa nouvelle vie… Mais à peine a-t-elle posé ses valises, qu’une femme disparaît. Cette enquête, qui suit les traces de la mystérieuse Marianne, l’amènera malgré elle à affronter un passé qu’elle cherchait à fuir.

Laurine Lavieille livre un premier roman sensible sur une femme blessée, qui tente de survivre.

EXTRAIT

Pendant que l’homme traverse le parking, Amel met ses lunettes de soleil et les pousse sur le haut de son crâne, comme un serre-tête. Ses cheveux, frisés et assez courts, sont tirés en arrière et découvrent entièrement son visage. J’aperçois une fine cicatrice entre son arcade sourcilière et l’implantation de ses cheveux.
Valentin Cassan tente de nous présenter l’homme au 4x4. Celui-ci lui coupe immédiatement la parole :
« Étienne Jordano, je suis le père de Marianne. Et voici ma femme, Marjolaine. »
Une petite dame, postée dans l’entrée, nous tend une main glaciale et molle.
Passé les présentations, Amel entame la discussion avec le père, pendant qu’avec Cassan je m’aventure à l’intérieur de la maison. La femme demeure les bras croisés, muette derrière son mari.
Je suis frappée par l’absence de désordre. Tout paraît à sa place, rien ne laisse envisager un quelconque bouleversement. Le placard de l’entrée est fermé. Je l’ouvre.
« C’est ici qu’elle a laissé son manteau ?
— Oui, c’est celui-là. » Il me tend un manteau blanc, en lainage, sur un cintre de la même couleur. « Elle le met à chaque fois qu’elle sort ces temps-ci. Difficile pour moi de savoir si elle en a pris un autre. Je ne crois pas… Les nuits sont froides… »
L’armoire est pleine de vêtements d’hiver, parfaitement rangés. Je me détourne du hall et me dirige vers la salle de séjour. Celle-ci est encadrée par deux larges baies vitrées. En son centre, brûle un feu de bois dans une cheminée circulaire. Un chat se prélasse sur le canapé. Derrière, une bibliothèque, assez grande, habille tout le pan de mur qui me fait face. Je m’approche. Beaucoup de livres d’art, Vlaminck, Martial Raysse, Schiele, Vélasquez… Une collection importante de romans policiers, des classiques, des bandes dessinées. Cassan reste en retrait. Le chat, en quelques sauts, se retrouve à ses pieds et se frotte contre ses jambes en ronronnant.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Ma lecture a été enrichissante et j'ai trouvé cela super car je ne m'y attendais pas du tout et que cela n'arrive pas à chaque polar lu. - L'atelier de Litote

À PROPOS DE L'AUTEUR

Laurine Lavieille est enseignante et vit à Limoges. Lectrice éclectique et passionnée de cinéma, elle inscrit son travail dans l’univers des cultures populaires. Militante pour l’éducation, elle est également très sensible à la question des droits des femmes. 
LangueFrançais
Date de sortie7 mars 2019
ISBN9791035304454
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    Aperçu du livre

    Total KO - Laurine Lavieille

    TOTAL

    Ko

    Collection dirigée par Thierry Lucas

    © – 2019 – 79260 La Crèche

    Tous droits réservés pour tous pays

    Laurine

    Lavieille

    TOTAL

    Ko

    Pour Anouk et Dimitri

    Soudain, j’entends des pas sur le gravier.

    « Il n’a pas pu s’empêcher de me suivre, c’est une manie… »

    À contre-jour, une silhouette se dessine.

    Lorsque j’observe son allure, mon cœur bondit dans ma poitrine. Je plisse les yeux, je ne peux y croire… Cette démarche…

    Il vient droit dans ma direction. Accélère le pas. Nous ne sommes plus qu’à quelques mètres.

    Je sens qu’un sourire s’esquisse sur mon visage… Mais le sifflement métallique d’un cran d’arrêt me réveille d’un songe que je croyais réel.

    Dans le prolongement de son bras droit, la lame d’un couteau dépasse de la manche de son blouson.

    Je me redresse, prête à me défendre quand je vois son regard. Je le reconnais.

    Quelques mois auparavant

    Il franchissait une à une les grilles de sécurité de la prison des Baumettes.

    S’il devait garder une image de ce lieu, ce serait ces battants d’acier, que seuls les courants d’air pouvaient traverser sans autorisation. Aujourd’hui, lui aussi s’enfuyait vers la sortie, d’un pas assuré, au son des trousseaux de clés et des claquements de verrous.

    Il y a cinq ans, il avait fait le trajet inverse, les menottes aux poignets. Le voyage vers sa cellule lui avait semblé interminable. Comme s’il allait purger sa peine au cœur des entrailles de la Terre.

    Sa montre indiquait 16 heures quand l’ultime porte claqua derrière lui.

    L’intensité de la lumière lui fit plisser les yeux. La main en visière, il découvrit ce paysage si souvent fixé de l’intérieur. Le trottoir, les passants, l’immense parking et le ciel bleu n’étaient plus hachés par la grille carcérale. La chaleur qui s’abattait sur son crâne lui donna l’impression d’être au milieu des dunes de Djanet en Algérie.

    Un frisson brûlant traversa tout son corps. L’adrénaline que procure le sentiment de liberté.

    Il ne s’attarda pas. Son programme était simple : revenir à Campagne Lévêque et voir sa mère. Après cinq ans de parloir avec ses sœurs, il avait hâte de sentir l’odeur de l’appartement, de retrouver ses repères et surtout de s’expliquer avec elle. Il lui restait cinq euros en poche : de quoi payer un ticket de bus. L’arrêt était au bout de la rue, direction le 15e arrondissement.

    Cinq années auparavant, Houari Bensalem avait été serré par les flics alors qu’il s’apprêtait, lui et sa bande, à revendre soixante kilos de résine de cannabis dans les cités nord de Marseille.

    Ce soir-là, ils étaient neuf au départ, mais sept à l’arrivée. Deux morts, flingués pendant l’interpellation : Momo, son cousin, qui avait dégainé un pistolet automatique et Farid, son petit frère, âgé de 17 ans.

    Le gamin voulait assister à la livraison de la marchandise et voir le fric. La fascination des premières fois. Mais rien ne s’était déroulé comme prévu.

    Farid mourut sur le coup, d’une seule balle. Son poumon gauche explosa. Il n’entendit ni les cris de son frère, ni ceux de son cousin, qui avait été blessé à la carotide.

    Au tribunal, Houari avait croisé le fonctionnaire des stups qui avait tiré. Un homme de type maghrébin, grand, brun, suffisant. Un air de chef. Dans ses yeux, le mépris des puissants.

    Depuis ce jour, la gueule du flic s’était imprimée sur sa rétine. Il avait exercé sa mémoire comme on aiguise un couteau. Pendant les nuits blanches qui précédèrent sa sortie, le souvenir de ses traits n’avait jamais été aussi clair.

    Certains soirs, il se refaisait le film : les deux coups de feu, Momo tombant à la renverse sur le sol et Farid, à genoux puis s’effondrant à son tour à plat ventre.

    « Arrête de beugler ! Bouge plus je te dis, bouge plus ! » avaient crié les flics.

    Tout autour, ça courait, ça criait. Il y eut ensuite un attroupement autour des deux corps. Les mains menottées, il entendit des mots : « Avocat, silence, arrestation… » Il ne comprenait rien, se débattait, appelait Farid. Plusieurs heures après, on lui annonça son décès.

    Fatima, sa mère, le renia. En amenant Farid dans ce guet-apens, Houari lui avait arraché son trésor, son fils préféré. En cinq ans, elle ne lui fit aucune visite. Seules ses trois sœurs s’étaient relayées, une fois par quinzaine, pour ne pas couper le lien.

    « ll n’y a plus que des femmes dans la famille », disait-elle. Effectivement, contrairement aux deux garçons, toutes avaient choisi de s’intégrer.

    La plus âgée, Fatiha, était professeur de physique-chimie au lycée Marcel-Pagnol dans le centre-ville de Marseille. La seconde, Aïcha, venait d’obtenir son diplôme d’éducatrice de jeunes enfants et allait se marier. La troisième, Charfia, travaillait comme vendeuse dans un magasin de vêtements, près du périphérique, en zone commerciale.

    Houari, lui, avait succombé à l’appel de la cité. Déjà, avant que tout cela n’arrive, il n’obéissait plus à sa mère, et elle, de son côté, avait abdiqué. Houari avait grandi avec cette idée chevillée au corps que les trafics étaient sa seule porte de sortie. Et Farid avait naturellement suivi son aîné.

    Il monta dans le bus. Il faisait encore plus chaud derrière les vitres du transport en commun. Son blouson en cuir lui collait à la peau.

    Dans trois jours, il aurait 27 ans. Debout, son sac sur le dos, cramponné à la barre, il repensa au procès et au visage du flic. Le procureur avait évoqué la « légitime défense » lorsqu’il avait été question de Farid. Pourtant son frère n’était pas armé. Mais la prise était trop grosse, on n’allait pas s’apitoyer sur la vie perdue d’un petit trafiquant face à soixante-deux kilos de shit.

    Pendant son incarcération, Houari avait arrêté de fumer. Il s’était mis à faire du sport. Quand il courait, faisait des pompes, il échafaudait des plans, des rêves de vengeance qu’il espérait réaliser dès sa sortie. Ces exercices quotidiens lui permettaient de se projeter au-delà de ces murs, de donner un sens à son avenir. Il se représentait ce putain de flic en train de le supplier, de pleurer comme lui avait chialé en voyant son frère crever par terre. Cette vengeance permettrait peut-être le pardon de sa mère, peut-être… Et s’il devait repartir en taule, peu importe.

    Le bus le déposa à l’entrée de la cité.

    Capuche sur la tête et mains dans les poches, des types l’observaient.

    L’un d’entre eux le reconnut, l’interpella en levant les bras :

    « Salut mon frère ! »

    Il reconnut Djibril et, avec lui, les visages métamorphosés de ceux qui, lorsqu’il s’était fait coincer, n’étaient encore que des enfants. Pour tous, Houari était un héros, un ancien chef de guerre qui avait pris du galon. Cinq ans de taule, ça force le respect. On lui tapait dans le dos, le touchait, comme s’il s’agissait d’une légende.

    La bande l’accompagna jusqu’en bas de son immeuble. Une fois arrivé, il leva la tête vers le sommet de la tour. Les volets étaient tous à moitié baissés. Il lui semblait que derrière les fenêtres étaient ouvertes. Il prit l’escalier, monta jusqu’au huitième, puis frappa.

    Il entendit des pas, puis l’œilleton de la porte s’ouvrit.

    Il attendit. Rien.

    « Maman, s’il te plaît, c’est moi, c’est Houari, ouvre-moi !… Je suis sorti… S’il te plaît… »

    Après quelques minutes, il balança un coup de pied dans la porte.

    « Putain… »

    Il reprit son sac, jeta un dernier regard vers l’entrée de l’appartement et redescendit l’escalier.

    Les jours suivants, il s’installa chez Djibril. L’appartement était grand et sa famille s’était rendue au bled pour tout l’été. Il se posa et réfléchit. Pas à la façon dont il pourrait récupérer l’affection de sa mère. Mais à comment il allait pouvoir retrouver l’homme qu’il cherchait. En prison, il avait eu des informations. Le flic s’appelait Sami Messadek. Il était lieutenant de police à la brigade des stups, au commissariat de l’Évêché. Et il était d’origine algérienne, comme lui.

    Durant les semaines qui suivirent, Houari fit du repérage dans le quartier de La Joliette, où se trouvait l’Hôtel de Police. Seul, assis à la terrasse de cafés, il observait les allées et venues des flics qui sortaient du parking du commissariat, avec ou sans gyrophare.

    Il lui fallut peu de temps pour le repérer.

    Un soir, vers 18 heures 30, le lieutenant Messadek sortit de la PJ avec, à sa gauche, une femme qui avait tout l’air d’être sa compagne. Houari se planquait derrière ses Ray-Ban, en buvant son troisième demi à l’ombre d’un parasol. Tout de suite, il le reconnut mais ne bougea pas un cil. Le couple traversa la rue. L’homme avait toujours son allure de chef, et elle, un pas assuré. Il observa la fille : pas très grande, des rangers aux pieds, un jean et un débardeur. Ses cheveux longs, blonds et bouclés étaient relevés en un chignon ébouriffé. Un sourire enfantin et un regard amoureux.

    Une fois qu’ils eurent traversé la rue, le flic attrapa la femme par la taille puis ils se dirigèrent vers une Peugeot 306 grise, dont Houari nota la plaque d’immatriculation. Sûrement une voiture de police banalisée. Il paya la note, trottina vers sa voiture et commença la filature.

    À chaque feu, il maintenait la distance tout en se concentrant pour ne pas les perdre. Un quart d’heure plus tard, la Peugeot s’arrêta à quelques pas d’une école maternelle. La femme attendit dans la voiture pendant que l’autre pénétrait dans le bâtiment. Il en ressortit sans tarder avec une gamine dans les bras. Il boucla la ceinture de la petite à l’arrière, puis redémarra. Ils prirent l’autoroute A55, direction Martigues.

    Tout en roulant, Houari se dit qu’il aurait pu être flic plutôt que ce petit escroc, ex-taulard, qu’il était devenu. La frontière était mince. Il aurait passé le concours de gardien de la paix, et fait comme ses sœurs. Il aurait eu un boulot honnête. Mal payé, mais honnête. Mais pour ça il aurait fallu qu’il voie les choses autrement.

    Vingt minutes plus tard, la Peugeot sortit de l’autoroute et prit la direction de Carry-le-Rouet. Ils roulèrent jusqu’à la « Route bleue » et bifurquèrent à gauche, dans un petit lotissement. La 306 stoppa, face à une maison au crépi rouge et aux tuiles ocre. Houari se gara en contrebas, à côté d’un abribus, et s’approcha discrètement, à pied. Il fit quelques photos de la maison et du jardin avec son portable. Sur l’une d’elles, l’homme tenait sa fille dans ses bras, pendant que la femme, elle, fermait le portail.

    Il resta un long moment.

    Puis la lumière du jour se mit à décliner ; Houari fit demi-tour et rentra au bercail. Pendant tout le trajet du retour, il murmura des mots à son frère, lui parlant de vengeance, de justice. Il était transcendé par un sentiment de toute-puissance. Maintenant, il lui fallait une arme, et ce ne serait pas compliqué à trouver.

    Chapitre 1

    Une inspiration violente me réveille. J’étouffe un cri de terreur dès l’instant où j’ouvre les yeux. Les pulsations de mon cœur cognent dans mes tempes, comme si on y enfonçait des clous.

    Je reprends mon souffle, ne sachant où poser mes yeux.

    Puis les sons métalliques des rails du train, les secousses et le regard inquiet d’un passager me font reprendre contact avec la réalité.

    Je déplie difficilement mes genoux que j’avais ramenés contre moi tout à l’heure, sentant le sommeil m’emporter.

    Je frôle le pavé tactile de mon ordinateur laissé en veille. Il se rallume. Sur le bureau, une photo de Lisa et Sami.

    Mon rythme cardiaque se calme. Pourtant, l’impression de danger demeure.

    J’ai la sensation que tout mon corps va exploser.

    Une heure auparavant, je m’étais assoupie. Mon esprit m’avait amenée sur le quai d’une gare, où j’attendais un train en partance pour Istanbul. Habillée d’une robe légère, rouge et ceinturée à la taille, je frissonnais, me demandant si je n’avais pas un pull dans le bagage à roulettes posé à mes pieds. Alors que je m’apprêtais à en ouvrir la fermeture éclair, j’entendis le train arriver sur ma droite, au loin. Un long sifflement, tel celui des anciennes locomotives à vapeur, s’amplifiait pendant que je cherchais à ouvrir cette satanée fermeture. Celle-ci s’était accrochée dans les mailles d’un gilet rose que j’aurais volontiers enfilé. Rien à faire, j’abandonnai.

    Le train entra en gare et fit grincer longuement ses freins avant de s’immobiliser.

    C’est alors qu’un cri, scandant mon nom, m’interpella.

    Celui-ci venait d’un autre quai, situé derrière moi. Je me retournai et le vis. Il me hurlait quelque chose que je ne comprenais pas et faisait de grands gestes. Je fronçai les sourcils, regardai autour de moi. Visiblement, j’étais la seule à le voir.

    J’observai un instant ses gesticulations et ses cris dont je ne comprenais pas un mot.

    Des personnes descendirent du train, d’autres montèrent. Impatiente de me mettre au chaud, je lui fis signe que non, désolée, je ne comprenais pas. Il mit ses mains en porte-voix. Mais pas un son ne parvenait à mes oreilles. Maintenant, il fallait que je parte. Je me détournai, pris mon sac et le fis rouler jusqu’à la voiture 89.

    Une fois à l’intérieur, une profonde émotion m’envahit, une excitation aussi. Celle de tout quitter. Fuir. Disparaître.

    J’avançais le long de l’étroit couloir, quand je le revis soudain surgir sur ma droite. Il était sur le quai, en contrebas, le visage déformé par la terreur. Il tapait sur la vitre. Ses mots étaient étouffés par l’épaisseur des parois qui nous séparaient.

    Fallait-il que je fasse demi-tour afin d’entendre ce qu’il avait à me dire ? Je n’avais aucune envie de redescendre. Je voulais qu’on me fiche la paix.

    Derrière moi, une voyageuse commençait à s’impatienter. Cette femme, très fardée, devait avoir une quarantaine d’années. Elle était juchée sur de hauts talons et portait une robe imprimée de motifs d’oiseaux. Je finis par avancer et trouvai la petite porte sur laquelle était inscrit le numéro de ma cabine.

    J’ouvris. Tout était splendide, dans un style ancien, en bois verni. L’espace était étroit, mais confortable et lumineux. J’entrai et fermai la porte sans m’attarder. Je lâchai mon sac et m’allongeai sur le lit.

    Une carte tomba par terre. Dessus, une inscription en italique :

    « Merci d’avoir choisi la compagnie Interopean. Toute l’équipe vous souhaite un agréable voyage. »

    Des secousses m’indiquèrent que nous quittions le quai. Je me souvins alors de la fermeture éclair. Je soulevai mon sac et le déposai sur le lit. Par un mouvement d’aller-retour, je réussis enfin à décoincer l’ouverture.

    J’enfilai la veste rose et me rendis dans la minuscule salle de bains attenante à la pièce. Là, je détachai mes cheveux. Mon reflet renvoyait un visage sans contour, presque flou. L’image de l’homme du quai me revint alors. Il ne m’était pas complètement étranger. Ma mémoire peinait à identifier ses traits, tant ceux-ci étaient déformés par la détresse. Me disait-il de ne pas partir, de ne pas prendre le train ?

    Alors que je cherchais du sens à cet événement, j’entendis des pas, lourds, dans le couloir. De la salle de bains, je regardai la porte de la cabine que j’avais eu la négligence de ne pas fermer à clé. Les pas s’arrêtèrent. Quelqu’un se trouvait de l’autre côté, j’en étais sûre. S’il voulait m’agresser, j’étais prête à bondir et à me défendre. Puis je perçus un bruissement léger et rapide, au niveau du sol. Sous la porte, avait été glissée une carte, aux mêmes dimensions que la première, posée sur le lit. Les pas repartirent dans le sens inverse. Je me ruai sur le loquet et fermai à double tour. Puis je ramassai la carte, sur laquelle quelques mots avaient été écrits à la main :

    « Vide ton sac »

    Je rouvris le loquet, sortis et regardai de tous les côtés. Personne… Je revins à l’intérieur et fermai à nouveau le verrou.

    En m’asseyant, mon regard se posa sur le bagage que je traînais depuis mon départ.

    À genoux, j’écartai les deux rabats. De nombreux vêtements et paires de chaussures avaient été soigneusement rangés. Les habits étaient repassés, pliés en trois piles distinctes. Sur le côté, avait été glissée une

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