“Alors, Dany, l’heure de la révolution a sonné?” Lorsque l’intellectuel en chef Jean-Paul Sartre posa la question à Daniel Cohn-Bendit, 23 ans à peine et promu manifestant le plus célèbre du mouvement de contestation occidental sur les barricades de Paris, celui-ci répondit: “Mais non, il n’y a pas de révolution. La contestation est le signe d’une résistance. Viendra ensuite un long processus.” Sartre, en bon romantique révolutionnaire marxiste, en fut tout déçu.
C’est pourtant en substance ce qu’il faut savoir en matière de contestation et quand on est contestataire. La contestation est une revendication maximale à base de grands mots et de grands sentiments. Et si cela lui permet de convaincre et de submerger la société et la politique, alors les revendications seront mises en pratique, mais en partie seulement et avec toutes les difficultés consubstantielles aux institutions démocratiques. Évidemment, les intervenants, surtout ceux de la gauche radicale et de la gauche écolo, s’excitent en s’imaginant prendre le pouvoir et changer aussitôt le monde. Mais dans le cas du changement climatique, ça ne marche pas. Et quand la contestation arrive de manière illégitime au pouvoir, cela devient du fascisme ou du socialisme totalitaire – ou bien cela donne Donald Trump, ce qui est paradoxal, car c’est ensuite la contestation contre l’ordre institutionnel de la démocratie