Que de sombres anniversaires pour un fils qui fêtera ses 101 ans à la fin de l’année. Le 8 novembre, celui du décès de sa mère Yvonne. En 1978. Le 9 novembre celui de son père Charles. En 1970.
« Le mois de novembre est une grande faucheuse », déplorait ma grand-mère.
Mais l’amiral Philippe de Gaulle ne s’abîme pas dans la nostalgie ni le regret mélancolique puisqu’il vit avec l’Histoire. Très tôt, presque au berceau, il avait perçu que son père appartenait à une espèce à part. Sa taille exceptionnelle d’abord mais surtout sa personnalité tellement au-dessus du lot. Un prototype. Et voilà que l’histoire de sa famille dont il fut lui aussi acteur s’est conjuguée avec l’histoire de France. Un privilège unique. Un honneur. Une charge. Sa chance est de garder en mémoire, même s’il y a forcément des lacunes, assez de souvenirs pour partir en voyage. S’évader alors qu’il ne se déplace plus guère. Son Netflix, il l’a dans la tête. « Je regarde peu la télé. » On le croit lorsqu’il affirme :« Je ne m’ennuie jamais. » Il écrit aussi. « Je note mes réflexions pour mes petits-enfants. »
Il reçoit à l’hôtel des Invalides. m’avait-il dit. On croise peu de monde dans les longs couloirs où flotte une odeur d’eau de Javel. L’amiral marche courbé en s’aidant d’un déambulateur. confiet-il. Quand il se redresse, on note sa ressemblance avec son père. L’ambiance n’est pas folichonne. Ses fils, il en a quatre, viennent rarement le voir. Il s’en accommode. lâche-t-il avec détachement et cette pointe d’humour qui font sa marque.