La poudre de succession
Par instants la douleur est si intense qu’elle en pleurerait. Les spasmes abdominaux se multiplient. Constance a l’impression d’être rongée de l’intérieur par des dizaines de rats qui lui grignoteraient l’estomac, le foie et les entrailles. Cette image la révulse. Elle vomit de plus belle avec l’espoir de rejeter de son corps ce mal insidieux. Sa gorge est sèche, terriblement irritée.
A ses côtés, un médecin appelé par Jeanne, sa nourrice qui veille sur elle depuis sa naissance, secoue la tête en signe d’incapacité.
– Je ne peux rien faire pour cette petite. Seulement lui dire de demeurer à la diète, de rester couchée et de boire beaucoup d’eau.
Puis il ordonne plus qu’il ne conseille :
– Elle ne doit surtout rien avaler qui n’aurait pas été préparé par une personne de confiance. Vous par exemple ou votre cuisinière familiale, à condition que vous la connaissiez depuis toujours.
La brave Jeanne acquiesce. Elle avoue à demi-mot au médecin que la famille de La Ferté n’a plus de cuisinière permanente en raison de déconvenues financières.
– C’est moi qui prépare les repas de mademoiselle. Et je les goûte tous ! Je ne comprends pas comment elle a pu être…
Elle ne pouvait terminer sa phrase.
– Empoisonnée ! N’ayez pas peur des mots. Elle l’a pourtant été. Par chance, la dose de poudre n’était pas assez importante pour la tuer mais elle est passée bien près.
A 21 ans, Constance de La Ferté est bonne à marier. Elle pourrait même avoir pris époux depuis longtemps. Issue d’une famille noble de la région toulousaine, elle est aujourd’hui totalement désargentée et ne fréquente aucun jeune aristocrate qui pourrait convoiter la jeune femme. Nulle part invitée, elle se morfond dans sa maison de famille, seule depuis la mort de ses parents.
Qui, dans ces conditions, chercherait à lui nuire ? Qui pouvait avoir mis « cette poudre » dans la nourriture ?
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits