Valérie Pécresse – Nicolas Bouzou : le débat
Certains débats sont des affrontements complets, parce que tout oppose les protagonistes : ce fut le cas du duel entre Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Enthoven dans L’Express du 9 décembre. Cette semaine, nous avons choisi une autre forme de joute, pour mieux cerner les subtilités et les nuances d’une pensée politique. Valérie Pécresse est, depuis le 4 décembre, la candidate de LR à l’élection présidentielle. Femme de droite, ministre de l’Enseignement supérieur puis du Budget, présidente de la région Ile-de-France conquise sur la gauche, est-elle la Mme Jourdain du libéralisme ? Nicolas Bouzou, essayiste, chroniqueur à L’Express, en porte haut les couleurs. Qu’il s’agisse du pouvoir d’achat, de l’éducation, de la décentralisation et même de la construction européenne, jusqu’où la liberté, jusqu’où l’Etat ?
Vous vous présentez l’un et l’autre comme des libéraux. Quels sont les fondements politiques et philosophiques de votre libéralisme ?
Valérie Pécresse Je ne me revendique pas libérale. Je suis d’abord gaulliste, une gaulliste sociale qui aime la liberté et qui veut aider la société à retrouver son goût de la liberté. Car nous sommes dans une société qui, par passion de l’égalité, par passion de l’Etat, de l’administration, de la norme, de la règle, se ligote elle-même et, dès lors, n’exprime pas tout son potentiel ou tout son génie.
Nicolas Bouzou C’est amusant, parce que vous dites que vous n’êtes pas libérale, mais quand même, vos arguments sont libéraux ! Comme s’il y avait toujours une gêne en France de se décrire comme libérale.
V. P. Je ne suis pas friedmanienne. Je ne suis pas une ultralibérale en économie. Quand on aime la liberté, on aime Montesquieu, on aime Tocqueville : c’est à cette tradition-là de la liberté à la française que je me rattache plutôt qu’à un libéralisme économique à tous crins, davantage anglo-saxon. Moi, je suis pour un Etat stratège, avec trois missions essentielles : protéger, éduquer et soigner.
Il existe un libéralisme à la française. Vous citez Tocqueville, bien évidemment, j’ajoute Benjamin Constant. Et puisqu’on est dans les locaux de L’Express, on peut évoquer aussi Raymond Aron
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