Un été à la campagne
C’était au milieu des années 1960. Nous habitions en banlieue parisienne.
En juin, nos parents décidèrent de nous envoyer, mon frère et moi, passer les vacances chez nos grands-parents paternels, dans la campagne à l’est du Tarn-et-Garonne, à Cazals exactement.
Quand nous descendîmes du train à la gare de Montauban, un paysan endimanché nous accueillit : Germain, notre grand-père. D’un coup d’œil, il mesura notre détresse et s’employa à la réduire. les petits, vous avez fait bon voyage ?
Comme nous ne répondions pas, il nous poussa vers une boulangerie. – Bon, pour commencer, vous allez manger quelque chose. Il vaut mieux avoir l’estomac lesté pour la route !
Un quart d’heure, quatre croissants et une douzaine de bonbons plus tard, la glace était brisée.
Le court trajet en deux-chevaux acheva de nous conquérir.
Au début de juillet, les champs de blé frémissaient sous le souffle léger du vent. Les épis se couchaient par rangées entières et des nuances subtiles de jaune pâle naissaient de ces mouvements.
A partir de Caussade, les champs cultivés devenaient plus rares, faisant place à des terrains pentus, rocailleux, au milieu desquels la main de l’homme pouvait encore aménager des aires de plantation au prix d’efforts colossaux, en rejetant sans cesse sur le pourtour les roches qui affleuraient.
Nous arrivâmes à Carême, le lieu-dit de la ferme familiale. Notre grand-mère, Eulalie, nous pressa longuement contre elle. Elle n’avait pas la pudeur des mâles qui répugnent à des étreintes prolongées, synonymes pour eux de faiblesse et de féminité. Nous oubliâmes rapidement la banlieue et ses délices au profit des promenades sur les sentiers escarpés, des baignades dans l’eau froide de l’Aveyron et des histoires passionnantes que nous racontait Germain. Lorsque nous croisions des paysans, sur la route ou dans le village, notre grand-père leur adressait un salut. Parfois, il consentait un brin de causette, en patois. Ensuite, le vieil homme nous traduisait la conversation et assortissait sa traduction de commentaires. Après trois semaines, nous avions repéré les
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