Adeline Dieudonné KÉROZÈNE
Les premières lignes de Kérozène nous plongent, en plein été, dans une station-service au milieu d’une autoroute des Ardennes. « Si on compte le cheval mais qu’on exclut le cadavre, quatorze personnes sont présentes à cette heure précise » : on sait tout de suite qu’un drame vient de se produire. Vous allez penser que Kérozène est un Mille bornes romanesque, un Cluedo déployé en road-movie. Vous aurez raison. Mais pendant que vous compterez les indices, les personnages, etc., Adeline Dieudonné va vous balader, vous amuser, vous horrifier parfois. Elle va vous conter pourquoi ces quatorze protagonistes (cheval compris) se sont retrouvés au même endroit au même moment. Comment le quinzième est devenu cadavre. Chacun a son histoire, que le livre raconte en lui consacrant un chapitre à part entière. Il devient ainsi le héros d’une microfiction narrée tantôt à la première personne, tantôt à la troisième. Ce sont Chelly, Victoire, Loïc, Sébastien, Alika, Olivier, Julie, Julianne, « Pupute », Gigi, Joseph, Antoine, Red Apple ou Monica. Leurs vies vous vaudront des crises de rire et des élans d’émotion, et chacune vous surprendra. On le devine : toutes ont un lien entre elles. Mais malgré cette narration classique pour une histoire à suspense, l’auteure concocte des portraits psychologiques renversants, alterne le drame pur et l’humour noir. Son écriture n’a peur ni des tabous, ni du sexe, ni de la violence. Un cran au-dessus de La Vraie Vie.
LE LIVRE
KÉROZÈNE
ADELINE DIEUDONNÉ
312 P., 20 €. COPYRIGHT L’ICONOCLASTE.EN LIBRAIRIES LE 1er AVRIL.
23 h 12. Une station-service le long de l’autoroute. Une nuit d’été. Si on compte le cheval mais qu’on exclut le cadavre, quatorze personnes sont présentes à cette heure précise.