Papers by Leïla Ben Hamad
Revue de sémantique et pragmatique, Sep 1, 2016
Concernant les périodes les plus anciennes du français, il y a un point sur lequel s'accordent le... more Concernant les périodes les plus anciennes du français, il y a un point sur lequel s'accordent les grammaires historiques et les manuels aussi bien que les recherches les plus récentes : alors/lors, à l'opposé de or, marquent fondamentalement une référence dans le passé, à distance du moment de l'énonciation 8. Lors et alors sont ainsi reconnus comme un co-domaine naturel du récit. 9 À ce titre, c'est leur forme séquentielle qui est seule prise en compte. Il ne s'agit pas d'invalider les résultats mis au jour dans les différents travaux mentionnés 10. Mais ils ne s'occupent pas ou peu de la spécificité sémantique des adverbes en question, ce qui ne peut éclairer notre appréhension du fonctionnement des locutions conjonctives qui en dérivent. La prise en compte de la compositionalité sémantique de lors et alors nous semble, encore une fois, primordiale ou première, dans la tentative d'en décrire les propriétés communes ou discriminatoires, l'ignorer serait risquer d'en fausser la description. 1.1.1. L'origine de lors et alors Au regard de Wartburg (1992 : 467-475), or, lors et alors ont le même étymon, le latin hora, `heure´1 1. Observons cependant que, selon Imbs (1956 : 209), lors est bâti non sur un nom temporel du latin mais sur un adverbe médiéval. Il voit dans le désir d'expressivité du locuteur le facteur déclenchant l'intégration de ce nouveau morphème dans la grammaire, ainsi que celle un peu plus tardive de alors 12. Mais cette vue se heurte à la réalité des textes. Il faut la reconsidérer, ou tout au moins la complexifier. En effet, dans Libri psalmorum, où se présente une variante de lors, qui est de loin la plus fréquente : (1)E sicume en la tue pramesse, lores serunt tresturnet li mien enemi ariere, En quelqueunques jurn apelerai tei ; astetei je conui que tu ies li miens Deus. (Libri psalmorum : 73 ; première moitié du XIIe siècle) on trouve la construction l'+ ore, où ore se comporte comme un nom, comme en latin : (2)E establi la tempested de lui en l'ore, e turent li fluet de lui. E esledecerent pur ce qu'il se turent, e demena els el port de la volunted d'els. (Libri psalmorum : 165 ; première moitié du XIIe siècle) C'est à partir du nom heure, issu de hora latin, et de l'article défini, qui a pour origine le démonstratif latin illa (distal, ou de troisième personne) 13 , que lors s'est-semble-t-ildéveloppé 14. Aussi ilores existe dès les plus anciens textes, à côté de lores : (3)Que lores sunt alees Sur le prétendu figement des locutions conjonctives : le cas de lorsque et al... Revue de Sémantique et Pragmatique, 38 | 2015 10 Il peut avoir une extension référentielle vague. Cela paraît confirmé par les exemples suivants, où le nom heure est associé aux noms terme et tens : (7)Quë il aveir volait De cels que il mainteneit A termë e a ure (8)E senz tute demure (Philippe de Thaon, Comput, v.1883-1886 ; 1113 ou 1119) Sur le prétendu figement des locutions conjonctives : le cas de lorsque et al...
Information grammaticale, 2015
Language design : journal of theoretical and experimental linguistics, 2016
L'objectif de cet article est de montrer que l'intérêt des locutions conjonctives réside dans le ... more L'objectif de cet article est de montrer que l'intérêt des locutions conjonctives réside dans le principe sous-jacent à leur formation, dans leur morphologie propre, et par conséquent dans leur structure sémantique. Nous nous sommes attachée à étudier la structure interne de alors que et à montrer qu'il n'est pas aussi figé que le terme de locution le laisse entendre. L'unité de cette locution conjonctive s'est trouvée ainsi brisée par la démarche que nous avons adoptée, qui est l'antithèse de la thèse habituelle. La valeur sémantique des locutions conjonctives s'est avérée, au vu de notre investigation, conditionnée par l'interconnexion d'une quantité de domaines, celles-ci faisant l'objet d'une élaboration.
SHS web of conferences, 2012
Les plus anciens textes en langue française, Serments de Strasbourg (daté de 842 environ) et Séqu... more Les plus anciens textes en langue française, Serments de Strasbourg (daté de 842 environ) et Séquence de Sainte Eulalie (composé vers 881), par ailleurs fort brefs, n'offrent aucune occurrence de quant et cum/com(e) temporels : (1) Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun saluament, d'ist di in auant, in quant 6 Deus sauir et podir me dunat, si saluarai eo cist meon fradre Karlo et in adiudha et in cadhuna cosa, si cum 7 om per dreit son fradra saluar dift, in o quid il mi altresi fazet.
L Information Grammaticale, 2004
Ben Hamad Leila. Les Illusions perdues ou l'expérience douloureuse. In: L'Information Gra... more Ben Hamad Leila. Les Illusions perdues ou l'expérience douloureuse. In: L'Information Grammaticale, N. 101, 2004. pp. 35-39
L' information grammaticale, 2004
Nous étudierons ici les processus impliqués dans l'apparition de lors que, qui s'intègre dans un ... more Nous étudierons ici les processus impliqués dans l'apparition de lors que, qui s'intègre dans un paradigme naissant, celui des locutions conjonctives de simultanéité.
Revue De Semantique Et Pragmatique, 2004
Pendant et durant sont deux prepositions que grammaires, dictionnaires et nombre d'etudes spe... more Pendant et durant sont deux prepositions que grammaires, dictionnaires et nombre d'etudes specialisees considerent habituellement comme synonymes. Cet article se propose de montrer que pendant et durant ont chacun une certaine identite et que, a l'encontre des descriptions en vigueur, ils se distinguent tant d'un point de vue syntaxique que de points de vue semantique et enonciatif. Notre objectif a ete d'eclaircir, par des etudes de detail, les fonctionnements syntaxique, semantique et enonciatif de ces deux prepositions afin de degager les invariants codes par chacune d'entre elles. Nous avons pu observer que pendant s'accommode bien de l'iteration reguliere ou irreguliere des proces dans l'intervalle de reference tandis que durant suppose plutot la saturation de celui-ci. Nous avons montre ainsi que durant conserve les proprietes lexicales de durer, voire garde le sens etymologique de " chose penible a supporter ". On a pu egalement justifier que durant integre un jugement de valeur qui fait defaut a pendant.
Linx, 2008
La description des locutions conjonctives a généralement fait l'objet de deux postulats : d'une p... more La description des locutions conjonctives a généralement fait l'objet de deux postulats : d'une part, on admet qu'il s'agit de mots composés qui se distinguent, morphologiquement, des conjonctions simples ; d'autre part, on pose que ce sont de véritables unités équivalant aux conjonctions simples tant sur le plan fonctionnel que
Le numéro 1 du volume 16 de Corela touche des champs des sciences du langage qui vont de la gramm... more Le numéro 1 du volume 16 de Corela touche des champs des sciences du langage qui vont de la grammaire à l’analyse de discours, en passant par la syntaxe et le changement phonétique. C’est donc un numéro très ouvert que nous vous proposons. Il commence par deux articles consacrés à la syntaxe : une analyse longitudinale de l’émergence et de l’évolution des locutions conjonctives sur plus d’un millénaire de langue française, à partir du cas de lorsque(Leïla Ben Hamad), et une étude effectuée dans le cadre minimaliste de la syntaxe générative et qui aborde les yes/noquestions et les wh-questions dans la langue Ǹjò̩-kóo (Benue-Congo, parlée dans l’état de Ondo au Nigeria) (Simeon Olaogun).La grammaire est le thème des deux articles qui suivent. L’un s’intéresse au rapport que la grammaire entretient avec la langue, la métalangue et la linguistique, en prenant le cas de l’enseignement de l’anglais langue seconde (Clotilde Castagné-Véziès). L’autre est lié à l’analyse des marques de TAM T...
L’objectif de cet article est de montrer que l’interet des locutions conjonctives reside dans le ... more L’objectif de cet article est de montrer que l’interet des locutions conjonctives reside dans le principe sous-jacent a leur formation, dans leur morphologie propre, et par consequent dans leur structure semantique. Nous nous sommes attachee a etudier la structure interne de alors que et a montrer qu’il n’est pas aussi fige que le terme de locution le laisse entendre. L’unite de cette locution conjonctive s’est trouvee ainsi brisee par la demarche que nous avons adoptee, qui est l’antithese de la these habituelle. La valeur semantique des locutions conjonctives s’est averee, au vu de notre investigation, conditionnee par l’interconnexion d’une quantite de domaines, celles-ci faisant l’objet d’une elaboration.
Revue de sémantique et pragmatique, Sep 1, 2016
SHS Web of Conferences, 2012
Les plus anciens textes en langue française, Serments de Strasbourg (daté de 842 environ) et Séqu... more Les plus anciens textes en langue française, Serments de Strasbourg (daté de 842 environ) et Séquence de Sainte Eulalie (composé vers 881), par ailleurs fort brefs, n'offrent aucune occurrence de quant et cum/com(e) temporels : (1) Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun saluament, d'ist di in auant, in quant 6 Deus sauir et podir me dunat, si saluarai eo cist meon fradre Karlo et in adiudha et in cadhuna cosa, si cum 7 om per dreit son fradra saluar dift, in o quid il mi altresi fazet. (Serments de Strasbourg : 10 ; vers 842) (2) Enz enl fou lo getterent, com arde tost, Elle colpes non auret, por o no·s coist. (Séquence de sainte Eulalie, v. 18-19 ; vers 881) Les premières attestations se trouvent dans deux textes un peu postérieurs, écrits et copiés vers l'an mil, à la jonction des langues d'oïl et d'oc, la Passion de Clermont et Sant Lethgier 8 . Notons que l'on observe ces formes synthétiques élargies ou renforcées par différents types d'adjonctions. Les deux seuls emplois de quant sont ainsi construits. Quant est d'abord repris par donc (donc < latin tum ou tunc `alors´), qui en forme comme une sorte de relais : (3) Quant infans fud, donc a ciels temps, Al rei lo duistrent soi parent (Sant Lethgier, v.13-14 ; seconde moitié du X ème siècle) Puis, il est volontiers cumulé avec un nom temporel, en emploi prépositionnel (in eps cel di), qui semble en préciser la valeur ou compléter l'idée de situation temporelle qui y est contenue : (4) Quant ciel'irae tels esdevint, Pascha furent in eps cel di (Sant Lethgier : v.79-80 ; seconde moitié du X ème siècle) Et al terz di lo mattin clar, Cum li soleilz fo esclairaz,
This paper aims at demonstrating how productive it is to scrutinize the formation, the morphology... more This paper aims at demonstrating how productive it is to scrutinize the formation, the morphology, and the semantic structure of conjunctive phrases. To achieve this goal, we tried to study the internal structure of lorsque and alors que and to show that they are not as fixed as the term phrases suggests.
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