Books (Author) by Sylvio Hermann De Franceschi
Paris, Honoré Champion, 2023, 562 p. (Lumière classique, 126)
La querelle catholique de la grâce est sans conteste au nombre des affrontements doctrinaux qui o... more La querelle catholique de la grâce est sans conteste au nombre des affrontements doctrinaux qui ont contribué à définir la modernité européenne. Elle a procédé de l’impitoyable concurrence que se sont faite des écoles théologiques mises au défi de produire le système doctrinal le plus convaincant pour correspondre aux nouvelles contraintes d’orthodoxie posées par le concile de Trente. Le pluralisme doctrinal à l’intégrité duquel, à l’intérieur du cadre tridentin, le magistère romain a toujours jalousement veillé n’a paradoxalement pu se maintenir que parce que les systèmes concurrents en appelaient au respect des enseignements conjoints de saint Augustin et de saint Thomas. Le présent ouvrage revient sur un débat qui a mobilisé une énergie considérable de la part des théologiens de l’époque moderne. Il souhaite aussi contribuer à une meilleure compréhension – plus nécessaire que jamais – des processus de régulation grâce auxquels l’Église catholique préserve et entretient soigneusement en son sein des espaces de pluralité de doctrines, même lorsque sont en jeu des questions aussi manifestement essentielles que celle des rapports du libre arbitre humain et de la grâce divine.
Paris, Beauchesne, 2018, 568 p. (Théologie historique, 126)
L’orthopraxie catholique en matière de jeûne se fonde sur le respect de trois règles : un seul re... more L’orthopraxie catholique en matière de jeûne se fonde sur le respect de trois règles : un seul repas complet par vingt-quatre heures, auquel on a ajouté, à partir du XIIIe siècle, une légère collation vespérale ; l’abstinence des viandes et des laitages ; l’heure imposée pour l’unique réfection quotidienne, soit la mi-journée. Cadre disciplinaire général que nombre de théologiens se sont efforcés d’assouplir pour rendre les contraintes du Carême plus supportables. Dès lors s’est développée une ample casuistique dont les interrogations ont pu surprendre. S’il est vrai que les liquides ne rompent pas le jeûne, est-il permis en Carême de boire entre les repas du café, du chocolat, de la bière, de l’eau-de-vie, ou de manger de la pastèque ? Si les poissons sont incontestablement des aliments maigres, qu’en est-il des oiseaux aquatiques, des canards, des poules d’eau, des flamants, des crocodiles, des reptiles ou, au Brésil, du caïman yacare ? Entre les tenants de la rigueur et les partisans de l’indulgence, l’opposition a été telle que le magistère romain a dû réagir : entre 1741 et 1745, le pape Benoît XIV publie trois encycliques pour tenter de raffermir une discipline du Carême dont les observances tendaient à se relâcher. En dépit du geste pontifical, la pratique quadragésimale apparaît très fortement affaiblie à la mi-XIXe siècle. Avec l’effacement du respect du précepte du jeûne ecclésiastique se donne à voir la sortie du catholicisme de l’ordre pénitentiel qui a longtemps été le sien.
Paris-Perpignan, Artège Lethielleux, 2018, 794 p. (Sed contra)
Pendant longtemps, l’histoire de la théologie catholique a présenté les XVIIe et XVIIIe siècles c... more Pendant longtemps, l’histoire de la théologie catholique a présenté les XVIIe et XVIIIe siècles comme le temps d’une suprématie de saint Augustin. La réalité est beaucoup plus complexe. Le catholicisme de l’âge classique se caractérise par un pluralisme doctrinal qui permet la confrontation de nombreuses écoles théologiques, dont celle de saint Thomas. Le présent ouvrage est consacré, à travers les différentes études dont il est le recueil, à la définition du périmètre doctrinal caractéristique du thomisme.
préf. D. JULIA, Paris, Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2014, 398 p. (En temps & lieux, 53)
Auteur d’une œuvre historiographique majeure, et certainement l’une des plus ambitieuses tentativ... more Auteur d’une œuvre historiographique majeure, et certainement l’une des plus ambitieuses tentatives d’anthropologie historique du fait religieux en Europe, l’historien Alphonse Dupront (1905-1990) reste encore, près d’un quart de siècle après sa disparition, une figure mystérieuse. Avant tout connu pour son étude du mythe de croisade, Alphonse Dupront n’a cessé de dérouter ses lecteurs par des textes dont le style et l’exigence interprétative ont provoqué, et provoquent toujours, autant d’incompréhensions et de perplexités que d’admiration et parfois même de saisissement. Il y a une énigme Alphonse Dupront : l’ambition de cette biographie intellectuelle, la première qui lui soit consacrée, est de recomposer la trajectoire institutionnelle du professeur et de l’administrateur et de replacer en son temps la genèse de la réflexion de l’historien et du penseur.
Sylvio Hermann De Franceschi a voulu ici produire un essai d’archéologie intellectuelle qui permette de mieux comprendre, en réinsérant la méditation dupronienne dans les débats philosophiques et historiographiques qui lui étaient contemporains, comment Dupront en est venu à élaborer une approche et une écriture historiennes aussi singulières que les siennes. Sans s’opposer aux impératifs définis par l’École des Annales, la démarche d’Alphonse Dupront se singularise par la conviction qu’il convient de préserver la dimension événementielle de l’histoire et par la volonté de reconnaître la validité que la subjectivité de l’historien confère à ses analyses.
préf. O. CHALINE, Paris, Nolin, 2011, 555 p. (Univers Port-Royal, 20), réimpr., Paris, Classiques Garnier, 2017
Le présent ouvrage entend montrer comment les jansénistes, poursuivant une tactique doctrinale qu... more Le présent ouvrage entend montrer comment les jansénistes, poursuivant une tactique doctrinale qu’ils avaient éprouvée dès avant la fulmination de la bulle Cum occasione (1653), consolidée à l’occasion de la campagne des Provinciales (1656-1657) et officiellement proclamée lors de la souscription des cinq Articles de 1663, ont pu avancer, pour se justifier, leur parfaite conformité au plus orthodoxe thomisme. Il s’agit d’étudier les vicissitudes doctrinales et événementielles d’une querelle théologico-politique en distinguant trois grandes périodes chronologiques : de 1663 à 1694, des cinq Articles à la mort d’Antoine Arnauld, les jansénistes perfectionnent leur stratégie philothomiste sans pour autant obtenir des dominicains qu’ils se joignent à eux dans leur combat contre le molinisme ; de 1694 à 1713, de la mort d’Antoine Arnauld à la fulmination de la bulle Vnigenitus, les augustiniens, sous l’impulsion de Pasquier Quesnel, réitèrent leurs protestations philothomistes et commencent à bénéficier d’une certaine complaisance de la part des disciples de saint Thomas, désormais accusés par les molinistes de verser dans un jansénisme larvé ; de 1713 à 1724, enfin, de la fulmination de la bulle Vnigenitus à la souscription par le pape Benoît XIII du bref Demissas preces, les dominicains semblent soudainement s’inquiéter des condamnations successives du jansénisme. À nombre de thomistes, il a paru que l’antijansénisme du magistère romain et des jésuites n’était peut-être pas autre chose qu’un antithomisme.
Rome, École française de Rome, 2009, 979 p. (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 340). Ouvrage couronné par le prix Raymond et Yvonne Lantier de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (2011)
La modernité politique européenne est née d’un profond refoulement à valeur d’exorcisme, elle a h... more La modernité politique européenne est née d’un profond refoulement à valeur d’exorcisme, elle a honni l’ancienne configuration symbolique des pouvoirs spirituel et temporel en Chrétienté pour promouvoir un nouveau mythe, le mythe occidental — mythe de supériorité, mythe de puissance, mythe de valorisation du pouvoir — par où l’ordre terrestre affirme une préséance conquérante sur les injonctives revendications de l’autorité religieuse. La fin des temps médiévaux a fait le constat douloureux de l’épuisement d’une espérance théocratique désormais irréalisable : l’Europe moderne semble naître dans l’urgence d’une confrontation, renouvelée et singulièrement avivée, au problème théologico-politique . D’un déplacement pluriséculaire, le début du XVIIe siècle — et, en particulier, la période qui court de l’Interdit vénitien (1606-1607) à l’affaire Santarelli (1626-1627) — a été une étape capitale. Pendant une vingtaine d’années, théologiens, juristes et politiques se sont affrontés, de manière presque ininterrompue, dans une gigantesque dispute portant sur la légitimité d’un éventuel pouvoir indirect du pape au temporel — controverse dont l’exceptionnelle longévité, l’indéniable unité et l’âpre vivacité témoignent de ce qu’il a paru alors que s’y jouait inexorablement, et pour la dernière fois peut-être, quelque chose d’obscur et pourtant d’essentiel.
préf. G. FERREYROLLES, Paris, Nolin, 2009, 280 p. (Univers Port-Royal, 14), réimpr., Paris, Classiques Garnier, 2017
Controverse théologique au long cours, la querelle de la grâce a connu une mutation parmi les plu... more Controverse théologique au long cours, la querelle de la grâce a connu une mutation parmi les plus décisives à la mi-XVIIe siècle. Obsédée par la naissance et le développement du jansénisme, l’historiographie oppose traditionnellement deux camps : d’un côté, les molinistes ; de l’autre, les augustiniens, disciples de Jansénius. Une telle bipolarisation de la dispute, valable seulement en partie, laisse curieusement de côté le fait qu’originellement la querelle avait vu l’affrontement des molinistes et des dominicains, disciples ex officio de saint Thomas d’Aquin. Le présent ouvrage entend montrer comment les jansénistes, dès avant la fulmination de la Bulle Cum occasione (1653) et jusqu’à la souscription des cinq Articles de 1663, ont pu avancer, pour se justifier, leur parfaite conformité au plus orthodoxe thomisme — perspective selon laquelle la campagne des Provinciales (1656-1657) a été une étape cruciale dans la mise au jour des clivages partisans qui séparaient les différents protagonistes de la dispute.
Paris, Honoré Champion, 2009, 567 p. (Bibliothèque d’histoire moderne et contemporaine, 31)
Le 17 avril 1606, le pape Paul V fulmine une bulle par laquelle il excommunie les dirigeants de l... more Le 17 avril 1606, le pape Paul V fulmine une bulle par laquelle il excommunie les dirigeants de la République de Venise et place le territoire de la Sérénissime sous interdit : le pontife romain réagit aux attaques portées par les Vénitiens à l’encontre de la liberté ecclésiastique. Pendant plus d’une année, la résolution du conflit va nécessiter les efforts des grandes chancelleries européennes. Henri IV emporte de vive lutte le bénéfice de la médiation alors que se développe parallèlement une imposante controverse écrite dont les gallicans ont pu tirer par la suite le meilleur parti. Le présent ouvrage entend décrire les principales articulations d’un événement qui est assurément un jalon essentiel dans la construction de la prépondérance française en Europe.
Books (Editor) by Sylvio Hermann De Franceschi
dir. M. VIALLON, S. DE FRANCESCHI, B. DOMPNIER et P.-J. SOURIAC, Paris, Classiques Garnier, 2024, 308 p.
dir. O. BOULNOIS, S. DE FRANCESCHI et Ph. HOFFMANN, Turnhout, Brepols, 2024, 717 p.
La théologie est née comme science métaphysique. Dès Aristote, la science la plus haute se présen... more La théologie est née comme science métaphysique. Dès Aristote, la science la plus haute se présente comme une discipline philosophique qu’il appelle épistémè théologikè, « science théologique ». Ce que nous appelons aujourd’hui « métaphysique », c’est ce que les traductions latines d’Aristote appellent scientia divina, « science divine ». Or cette « science divine » aristotélicienne ne porte pas sur les dieux de la religion. Aristote emploie d’ailleurs un terme tout à fait différent pour désigner le discours mythique et religieux sur les dieux : il parle alors de theologia ; la theologia est une autre sorte de discours, celui des mythologies sur les dieux, tandis que la « science divine » du philosophe porte sur une substance première, séparée du monde sensible et principe de son mouvement, soit le premier moteur. Ce principe n’opère aucun salut. Il ne faut donc pas confondre le discours scientifique (la « science théologique » ou « science divine », sur le premier moteur) et le discours religieux. La difficulté est alors de comprendre quand, comment et pourquoi cette discipline philosophique suprême, la science théologique, s’est orientée vers les religions vécues par les hommes. Quand le mur séparant la theologia de la « science théologique » a-t-il été abattu ? Le présent volume s’est donné pour visée de se confronter à la nécessité d’une prise en compte, non seulement du fait religieux, mais aussi de la rationalité religieuse. Le terme de théologie est ambigu. Il désigne tantôt la compréhension d’une religion par elle-même, tantôt la compréhension du divin par un discours rationnel. C’est pourquoi une étude comparée de la théologie comme science dans les monothéismes a un double objet : il s’agit d’abord d’étudier comment la spéculation métaphysique sur les dieux, le divin et Dieu s’est transformée en « science théologique » ; il convient ensuite de montrer comment les religions monothéistes se sont construites en théologies sur les canons de la rationalité grecque.
éd. S. DE FRANCESCHI et S. MILBACH, Nancy, Arbre bleu, 2024, 375 p.
À la suite d’un volume précédent dont le but était de mettre en lumière les grandes scansions jal... more À la suite d’un volume précédent dont le but était de mettre en lumière les grandes scansions jalonnant l’évolution de l’apologétique catholique en France de la fin du XVIIIe siècle au début du XXIe siècle, le présent ouvrage poursuit l’exploration entamée et s’intéresse aux outils savants – les dictionnaires, les encyclopédies et les manuels – dont les apologistes catholiques ont disposé pour les aider dans leur tâche et pour assurer la publicisation de leurs thèses, depuis le temps du combat acharné contre les Lumières, obstinément poursuivi au long du premier XIXe siècle, jusqu’à la veille du concile Vatican II. Aborder l’apologétique à partir des pesantes collections encyclopédiques et des nombreux manuels qui peuplent les rayons des bibliothèques revient à ressusciter une littérature aujourd’hui le plus souvent largement oubliée, mais qui témoigne des efforts colossaux déployés par les apologistes et qui doit dès lors légitimement faire l’objet de la curiosité des historiens. Des différents formats ici abordés, le dictionnaire est assurément celui qui a le plus retenu la faveur des apologistes. La plasticité de la présentation alphabétique les a apparemment séduits, tandis que le caractère vulgarisateur d’un ouvrage de nature lexicographique leur a sans doute paru naturellement susceptible d’œuvrer à une meilleure diffusion de leurs arguments en même temps qu’il conférait à leurs discours un cachet de sérieux et de scientificité.
éd. H. BENKHEIRA et S. DE FRANCESCHI, Turnhout, Brepols, 2023, 560 p.
Pratique thérapeutique et rituelle universellement répandue, le jeûne est un acte éminemment cult... more Pratique thérapeutique et rituelle universellement répandue, le jeûne est un acte éminemment culturel qui semble être associé à la médecine, à la religion et aux conflits dans la société. Envisagé du point de vue de ses finalités, il peut prendre trois visages : thérapeutique, politique et religieux. Dans ce triptyque, le jeûne motivé par des considérations religieuses est le plus important. Il comporte un trait caractéristique : la scission du sujet entre une part qui recherche la vérité profonde de l’existence – esprit, âme, intellect – et une part qui recherche des satisfactions finies – corps physique, âme concupiscente. Pour réduire l’affrontement entre les deux parties, la seule solution est de lutter contre les passions physiques, et on peut dire qu’au cœur du jeûne religieux, il y a une psychomachie. Si la pratique du jeûne alimentaire n’est, en soi, guère complexe – une privation de nourriture –, les sens et la portée morale que lui donnent ceux qui partout s’y appliquent sont en revanche innombrables. Infinie variété dont le présent volume veut donner l’illustration en multipliant les types d’approches et les points de vue dans l’espace et le temps. Si l’histoire de l’alimentation a récemment connu un fort développement et si les travaux qui lui sont consacrés abondent désormais, force est de constater qu’elle n’a trouvé sa place dans la production historiographique que dans la mesure où elle était associée à la gastronomie et que la pratique du jeûne, qui compte au nombre des « techniques de soi » les plus fondamentales, n’a jamais pu accéder au statut d’objet majeur des études historiques. Les travaux ici rassemblés entendent combler une lacune qui n’est restée que trop longtemps béante dans le champ des investigations relatives aux pratiques alimentaires. Élaboré dans une perspective délibérément comparatiste, le présent volume est spécifiquement consacré aux jeûnes chrétiens et aux jeûnes d’aujourd’hui.
éd. H. BENKHEIRA et S. DE FRANCESCHI, Turnhout, Brepols, 2023, 575 p.
Pratique thérapeutique et rituelle universellement répandue, le jeûne est un acte éminemment cult... more Pratique thérapeutique et rituelle universellement répandue, le jeûne est un acte éminemment culturel qui semble être associé à la médecine, à la religion et aux conflits dans la société. Envisagé du point de vue de ses finalités, il peut prendre trois visages : thérapeutique, politique et religieux. Dans ce triptyque, le jeûne motivé par des considérations religieuses est le plus important. Il comporte un trait caractéristique : la scission du sujet entre une part qui recherche la vérité profonde de l’existence – esprit, âme, intellect – et une part qui recherche des satisfactions finies – corps physique, âme concupiscente. Pour réduire l’affrontement entre les deux parties, la seule solution est de lutter contre les passions physiques, et on peut dire qu’au cœur du jeûne religieux, il y a une psychomachie. Si la pratique du jeûne alimentaire n’est, en soi, guère complexe – une privation de nourriture –, les sens et la portée morale que lui donnent ceux qui partout s’y appliquent sont en revanche innombrables. Infinie variété dont le présent volume veut donner l’illustration en multipliant les types d’approches et les points de vue dans l’espace et le temps. Si l’histoire de l’alimentation a récemment connu un fort développement et si les travaux qui lui sont consacrés abondent désormais, force est de constater qu’elle n’a trouvé sa place dans la production historiographique que dans la mesure où elle était associée à la gastronomie et que la pratique du jeûne, qui compte au nombre des « techniques de soi » les plus fondamentales, n’a jamais pu accéder au statut d’objet majeur des études historiques. Les travaux ici rassemblés entendent combler une lacune qui n’est restée que trop longtemps béante dans le champ des investigations relatives aux pratiques alimentaires. Élaboré dans une perspective délibérément comparatiste, le présent volume est spécifiquement consacré aux jeûnes anciens et orientaux et aux jeûnes musulmans.
éd. S. DE FRANCESCHI, D.-O. HUREL et Br. TAMBRUN, préf. M. TARDIEU, Turnhout, Brepols, 2022, 912 p.
Bibliothèque de l École des Hautes Études ■ Sciences religieuses LE DIEU UN : PROBLÈMES ET MÉTHOD... more Bibliothèque de l École des Hautes Études ■ Sciences religieuses LE DIEU UN : PROBLÈMES ET MÉTHODES D HISTOIRE DES MONOTHÉISMES F au début de l été 1969 et labellisé laboratoire associé du CNRS à partir du 1 er janvier 1970, le Centre d études des religions du Livre (CERL), dont est issu l actuel Laboratoire d études sur les monothéismes (LEM), a été créé au tournant crucial des années 1960 et 1970, quand, sous l impulsion du CNRS, le modèle du laboratoire, exporté depuis le champ des sciences exactes, se généralise pour favoriser l essor d investigations collectives également en sciences humaines et sociales. Dans le vaste mouvement de restructuration de la recherche en cours dans la France d après Mai 68, les sciences religieuses devaient prendre la place qu elles méritaient. Les objectifs du CERL se sont alors dé nis essentiellement selon deux mots d ordre : procéder à une étude comparative des trois monothéismes classiques (judaïsme, christianisme et islam) ; allier aussi rigoureusement que possible sciences des religions et histoire de la philosophie. La mémoire collective du CERL a voulu retenir qu il avait été conjointement fondé par Paul Vignaux (1904-1987), Georges Vajda (1908-1981) et Henry Corbin (1903-1978)-triade savante qui représentait les trois grandes religions du Livre. Henry Corbin a pourtant été l unique architecte d un projet dont Paul Vignaux a assuré la réalisation institutionnelle. Le présent ouvrage revient sur un demi-siècle de recherches françaises consacrées à l étude non confessante des monothéismes.
éd. S. DE FRANCESCHI et S. MILBACH, Nancy, Arbre bleu, 2022, 413 p.
En christianisme, l’apologétique appartient pleinement à la modernité considérée comme la séquenc... more En christianisme, l’apologétique appartient pleinement à la modernité considérée comme la séquence temporelle, ou civilisationnelle, qui s’ouvre avec le XVIIIe siècle. La nouvelle configuration politique et sociale à laquelle la religion chrétienne a dû se confronter impliquait de rompre avec les anciennes traditions de l’apologie ou de la controverse : il fallait à la fois mettre en place un dispositif plus ample de défense des vérités de foi et s’adresser à un public dont la critique ne s’inscrivait plus dans le champ de la théologie. Exercice qui s’imposait d’autant plus que les questions religieuses restaient au cœur des débats dans des sociétés où les confessions, la catholique comme les protestantes, disposaient d’une base sociologique solide et restaient un puissant agent d’influence. La constitution de l’apologétique comme pratique identifiée a pris un peu de temps, mais il est clair qu’elle a existé avant que le mot ne devînt d’usage courant aux alentours de 1850 et qu’elle a survécu à la raréfaction du terme à partir des années 1950, quand, précisément, l’assise sociologique et culturelle du christianisme se fragilise. S’impose comme une évidence la conviction qu’un âge d’or de l’apologétique catholique française a eu lieu durant le demi-siècle qui va des années 1880 aux années 1930. Apogée dont le présent ouvrage cherche à décrire la gestation, le rayonnement et finalement le progressif effacement.
éd. S. DE FRANCESCHI, D.-O. HUREL et Br. TAMBRUN, Limoges, Pulim, 2020, 444 p.
Si la pratique du jeûne s’est très généralement effacée dans les sociétés contemporaines, en dépi... more Si la pratique du jeûne s’est très généralement effacée dans les sociétés contemporaines, en dépit du développement récent du jeûne thérapeutique ou d’un retour – dont l’ampleur reste encore à évaluer – à l’observance du Carême en catholicisme, les privations alimentaires ont pourtant été millénairement le partage des peuples soumis à l’influence de l’un ou l’autre des trois grands monothéismes. L’objectif du présent volume est de fournir des éléments d’analyse en vue d’une approche comparée de la discipline du jeûne en christianisme, en islam et en judaïsme. La pratique du jeûne alimentaire, qui semble bénéficier d’un regain d’intérêt à la faveur du healthism contemporain, n’est, en soi, guère complexe – une privation de nourriture –, mais les sens et la portée morale que lui donnent ceux qui s’y appliquent au sein des grands monothéismes sont en revanche innombrables, et les formalités qui lui sont désormais affectées ont profondément changé par rapport à celles qui étaient originellement les siennes.
éd. S. DE FRANCESCHI et B. HOURS, Chrétiens et Sociétés, Documents et mémoires, 33, Lyon, 2017, 278 p.
Au fil des différentes sessions d’un cycle de journées d’études consacrées par l’équipe RESEA du ... more Au fil des différentes sessions d’un cycle de journées d’études consacrées par l’équipe RESEA du LARHRA à l’antiromanisme catholique – Antiromanisme doctrinal et romanité ecclésiale dans le catholicisme posttridentin en 2007, Anti-infaillibilisme catholique et romanité ecclésiale aux temps posttridentins en 2009, Antiromanisme et critique dans l’historiographie catholique (XVIe-XXe siècles) en 2010, et L’antiromanisme dans l’historiographie ecclésiastique catholique (XVIe-XXe siècles) en 2012 –, le constat s’est imposé d’une présence massive de la culture juridique dans le discours porté par les tenants d’un catholicisme antiromain, qu’ils soient juristes ou non. Le fait n’a rien d’étonnant dans la mesure où l’ecclésiologie catholique s’est toujours placée à l’intersection du droit et de la théologie. Nombre d’auteurs qui ont illustré la tradition de l’antiromanisme catholique et juridictionaliste étaient à la fois juristes et théologiens compétents. La 5e session du cycle souhaite dès lors aborder frontalement la question des rapports entretenus entre le droit et l’opposition catholique à la romanité ecclésiale en évoquant les grandes figures de la tradition du catholicisme antiromain qui ont fait au droit une grande place dans leur argumentation, en relevant le rôle des canonistes catholiques qui ont pu faire parfois le choix de s’opposer aux prétentions romaines et en étudiant les grands thèmes où se mêlent étroitement arguments juridico-canoniques et hostilité catholique aux revendications du Saint-Siège – ainsi du conciliarisme, des compétences de l’autorité civile en matières ecclésiastiques, de l’infaillibilité pontificale ou encore du mariage et des empêchements dirimants.
éd. O. CHALINE, S. DE FRANCESCHI et L. PLAZENET, Chroniques de Port-Royal, 66, 2016, 487 p.
éd. S. DE FRANCESCHI, Limoges, 2014, 380 p.
Publié de 1899 à 1950 aux éditions Letouzey et Ané et complété entre 1951 et 1972 par des tables ... more Publié de 1899 à 1950 aux éditions Letouzey et Ané et complété entre 1951 et 1972 par des tables générales, le Dictionnaire de théologie catholique constitue encore aujourd’hui une somme de référence. Dirigée au départ par Alfred Vacant, à qui succède Eugène Mangenot, avant qu’il ne revînt à Émile Amann, puis au chanoine Albert Michel d’assumer l’achèvement du travail, l’entreprise a abouti à un ouvrage qui contient vingt mille pages de textes se répartissant en quelque cinq mille articles rédigés par plusieurs centaines d’auteurs. Le projet s’inscrit dans une politique éditoriale qui a conduit les éditions Letouzey et Ané à lancer les publications successives d’un Dictionnaire de la Bible, d’un Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, d’un Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques et d’un Dictionnaire de droit canonique. Il s’agissait, de la part des éditions Letouzey et Ané, de proposer une véritable encyclopédie catholique en cinq dictionnaires. À la même époque, les éditions Beauchesne s’attellent à la confection d’un Dictionnaire apologétique de la foi catholique publié de 1909 à 1928. L’objectif du colloque organisé à l’Université de Limoges les 7 et 8 juin 2013 par l’EA 4270 (CRIHAM) était de permettre de dresser une table d’orientation à l’intérieur du massif foisonnant qu’est le Dictionnaire de théologie catholique, d’étudier les engagements doctrinaux adoptés par les auteurs, de voir dans quelle mesure les contributions ont reflété l’état contemporain de la recherche historique, de relever la volonté des collaborateurs de s’insérer dans l’actualité théologique et d’essayer de cerner l’image qu’ils ont proposée des grandes périodes de l’histoire de l’Église et du christianisme.
éd. Fr.-X. BISCHOF et S. DE FRANCESCHI, Chrétiens et Sociétés, Documents et mémoires, 23, Lyon, 2014, 260 p.
L’antiromanisme catholique s’est tôt préoccupé de fonder historiquement ses revendications politi... more L’antiromanisme catholique s’est tôt préoccupé de fonder historiquement ses revendications politiques et ecclésiologiques et de justifier les critiques qu’il pouvait adresser à l’autorité ecclésiale par l’élaboration d’une historiographie ecclésiastique qui correspondît à ses engagements. Organisée à Lyon le 24 septembre 2010, une journée d’études avait commencé à explorer la question des rapports entre le catholicisme antiromain et la genèse de la tradition historiographique européenne. Le présent ouvrage, qui regroupe les actes d’une seconde journée d’études – la quatrième du cycle consacré par l’équipe RESEA du LARHRA à l’antiromanisme catholique des temps posttridentins –, qui s’est déroulée à Munich le 13 septembre 2012, se place dans le prolongement de la précédente session : il était apparu que la question des sources méritait des investigations plus précises, ainsi que le problème du style et celui de l’exploitation des acquis méthodologiques de l’érudition moderne. En particulier, le divorce est devenu de plus en plus visible, à partir de l’âge libéral, entre une historiographie antiromaine soucieuse de méthode critique et sa concurrente romaniste mais, disait-on, méthodologiquement attardée. Les discussions ont montré, au cours du second XIXe siècle, avec quelle difficulté l’histoire ecclésiastique, de tradition vénérable, s’est progressivement extraite d’un modèle apologétique pour se plier progressivement aux impératifs d’une méthodologie historiographique critique en voie de définitive consécration. Il semble que les historiens catholiques antiromains aient contribué plus que leurs concurrents respectueux du Saint-Siège, et avant eux, à éloigner l’histoire de l’Église des excès à quoi la conduisait le modèle d’une dissertation édifiante qui finissait par être entrave au récit scientifiquement établi de la geste chrétienne. Les contributeurs de la rencontre munichoise de septembre 2012 ont souhaité éclairer un questionnement dont les alternatives épistémologiques ont sans nul doute contribué à façonner l’historiographie religieuse contemporaine.
Uploads
Books (Author) by Sylvio Hermann De Franceschi
Sylvio Hermann De Franceschi a voulu ici produire un essai d’archéologie intellectuelle qui permette de mieux comprendre, en réinsérant la méditation dupronienne dans les débats philosophiques et historiographiques qui lui étaient contemporains, comment Dupront en est venu à élaborer une approche et une écriture historiennes aussi singulières que les siennes. Sans s’opposer aux impératifs définis par l’École des Annales, la démarche d’Alphonse Dupront se singularise par la conviction qu’il convient de préserver la dimension événementielle de l’histoire et par la volonté de reconnaître la validité que la subjectivité de l’historien confère à ses analyses.
Books (Editor) by Sylvio Hermann De Franceschi
Sylvio Hermann De Franceschi a voulu ici produire un essai d’archéologie intellectuelle qui permette de mieux comprendre, en réinsérant la méditation dupronienne dans les débats philosophiques et historiographiques qui lui étaient contemporains, comment Dupront en est venu à élaborer une approche et une écriture historiennes aussi singulières que les siennes. Sans s’opposer aux impératifs définis par l’École des Annales, la démarche d’Alphonse Dupront se singularise par la conviction qu’il convient de préserver la dimension événementielle de l’histoire et par la volonté de reconnaître la validité que la subjectivité de l’historien confère à ses analyses.
À l’occasion du 300e anniversaire de cet évènement, un colloque international a été organisé par la Société des amis de Port-Royal. Parallèlement, une exposition intitulée « 1713 : l’affaire Unigenitus » a été organisée par la Bibliothèque Mazarine, avec la collaboration de la Bibliothèque de Port-Royal. Son catalogue est donné ici avec un cahier d’illustrations hors texte.
Le colloque dont nous publions ici les actes s’est tenu à Paris en septembre 2011. Cette réunion a eu le grand mérite de nuancer ce qui était jusque-là répété à l’envie. Le processus de destruction de Port-Royal n’a en rien été linéaire. Dans sa conduite comme dans ses errements, le rôle des individus, essentiel, a souvent été sous-estimé. La destruction a été partielle puisque Port-Royal de Paris a survécu sans renier l’héritage de ses grandes réformatrices. À l’instar de Madeleine Horthemels, dont les estampes ont pris valeur de représentations canoniques, voire d’icônes, les mythographes de Port-Royal ont placé entre le monastère et nous un prisme déformant qui n’a eu de cesse d’influer sur l’image du monastère au cours des deux siècles suivants.
La question de la ruine et de la survie de Port-Royal a été abordée selon trois grandes thématiques : la marche à la destruction, l’abbaye martyre et l’impossible orthodoxie.
In the 1580s, the project and development of the Ratio studiorum intended to impose doctrinal uniformity within the Society of Jesus reveals a particular moment in the history of Thomism. The Thomasian theological magisterium had become so prestigious that it seemed impossible not to take advantage of it in or-der to establish the authority of a new school among Catholic theologians.
From the time of the 1880s, which marked the beginning of a real craze for Pascal, until 1896, when the publication of the famous Lettre sur les exigences de la pensée contemporaine en matière d’apologétique by Maurice Blondel launched a new challenge to apologists, the French authors who embodied fin-de-siècle Christian apologetics, Protestants and Catholics alike, were confronted with the need to decide once again the fate that should be reserved for the Pensées. While they are in the process of evaluating, not without difficulty, the legacy of the Swiss Alexandre Vinet, Protestants end up concluding that the Pascalian apology has lost many of its virtues and that it is ineffective on the unbelievers of the end of the 19th century. Catholics, on the contrary, seem to rediscover the merits and advantages of an apologetic approach which makes it possible to respond to the main concerns of a ending century, while France is the scene of a real "crisis of the Catholic conscience".
Between June 1850 and December 1852, a succession of Roman condemnations struck several books published in France and demonstrated the will of the Holy See to carry out a brutal offensive against Gallican and Regalist doctrines. In the strategy adopted by the Roman magisterium, the Congregation of the Index was heavily solicited. The proscription of the Theologia dogmatica et moralis by Louis Bailly on December 7, 1852 constituted the high point of a campaign which saw the proscription of the Manuale compendium by the Abbé Lequeux and of the History of the Church of France by the Abbé Guettée.
Sophie Delmas, Un séculier chez les mendiants, Godefroid de Fontaines († 1309), lecteur d’Eustache d’Arras (o.f.m.)
Sylvio Hermann De Franceschi, Disciplines franciscaines du jeûne et de l’abstinence à l’âge classique.
Bénédicte Gaulard, sœur Anathoile Françoise Thoulier, clarisse à Poligny (1645-1672)
Nicolas Guyard, Le capucin roublard et les reliques.
Pierre Moracchini, Catherine Mectilde de Bar au sein de la famille franciscaine.