Victor Laby

EHESS-Ecole des hautes études en sciences sociales, History, Graduate Student

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Victor Laby, étudiant en master 2 à l'EHESS en histoire. Sujet de recherche : Marguerite Duras et la politique.

Rédacteur en chef de la revue culturelle Commune, créée en 1933 par Louis Aragon et Romain Rolland.

Auteur avec Olivier Barbarant d'une anthologie en deux tomes des oeuvres de Paul Éluard. (Le Temps des Cerises 2023)

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L’Affiche rouge, petite histoire d’un objet politique Faites entrer l'infini, journal de la société des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet N°77

L’Affiche rouge, petite histoire d’un objet politique

L'Affiche rouge, petite histoire d'un objet politique Parmi tous les objets de propagande de guer... more L'Affiche rouge, petite histoire d'un objet politique Parmi tous les objets de propagande de guerre conçus par les nazis et leurs alliés pétainistes durant l'Occupation de la France, l'Affiche rouge occupe, à plusieurs titres, une place particulière. Dès l'arrestation du groupe Manouchian, les Allemands décident de faire une vaste opération de communication du démantèlement de cette unité résistante. Les dix membres de la « main d'oeuvre immigrée » des Francs-tireurs partisans qui apparaissent sur la célèbre affiche sont photographiés dans les jours qui suivent le 16 novembre 1943, date de leur arrestation collective. Du fait de l'utilisation de la photographie et de son grand format-elle mesure 120 centimètres de haut sur 80 centimètres de large-l'Affiche coûte cher au Centre d'études antibolcheviques (CEA) qui la réalise. Ce centre « d'études » est en réalité une émanation de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme qui depuis juillet 1941 tente de mobiliser les Français dans la guerre d'Hitler contre l'URSS. Les collaborationnistes et l'occupant avaient jusqu'à présent privilégié les affiches illustrées par des dessins au trait et des caricatures, qui présentaient l'avantage d'être peu chères et plus facilement reproductible par les presses rotatives, mais l'inconvénient, par leur nature même, de manquer de réalisme. Avec l'Affiche rouge, le CEA innove donc pour marquer l'opinion. Le rouge de l'affiche interpelle directement le piéton de Paris et permet de représenter tout à la fois la couleur du sang et celle du communisme. La campagne de publicité autour du procès du groupe Manouchian ne se limite pas d'ailleurs à la simple affiche ; un tract reprenant les mêmes éléments discursifs est diffusé à des milliers d'exemplaires dans toute la région parisienne. Les journaux au service du pouvoir, pour mieux exciter l'opinion, donnent des détails sensationnalistes sur les actions armées menées par le groupe Manouchian. C'est que, pour les hitlériens, l'occasion semble trop belle : ils pensent pouvoir jeter l'opprobre sur les communistes dans l'opinion publique en démontrant que les membres du PCF sont des agents étrangers et des Juifs, mais qui plus est des poseurs de bombes et des assassins. Dévoiler leurs méthodes au grand jour à l'occasion du procès Manouchian est un « quitte ou double » pour les Allemands et leurs alliés pétainistes. Jusqu'à la fin de l'année 1943, ils avaient fait preuve d'une plus grande discrétion sur les moyens utilisés dans la répression de la Résistance française. Ici, il s'agit pour eux de montrer crûment à la population la répression s'abattant sur cette unité de francs-tireurs pour décourager quiconque de suivre leur exemple. Leur propagande aura l'effet inverse. Nombre de Français s'identifient aux résistants, admirant le courage de ces hommes qui, sans même avoir la nationalité française, ont eu le cran de continuer la lutte contre le fascisme. Dès le mois de mars 1944-quelques jours donc après l'exécution des membres de l'Affiche rouge au Mont Valérien-Les Lettres Françaises rendent hommage aux résistants tombés dans la lutte. À la même période, le Mouvement national contre le racisme, l'une des organisations de Juifs engagés dans la lutte pour la libération, publie un tract pour rendre compte de l'action héroïque de Missak Manouchian et de ses frères d'armes : « La France entière vénère et admire tous les combattants de la Libération. ». Comme tous les objets facilement reconnaissables, l'Affiche est également aisément pastichable. Enrico Pontremoli, artiste italien vivant en France sous l'Occupation recouvre, dans les rues de Paris, l'Affiche du CEA par de petits papillons sur lesquels on peut lire : « Adolf Hitler-Autrichien-11 millions de morts, 25 millions de blessés ». Son acte est immortalisé par son ami Robert Doisneau. Victor Laby Faites entrer l'infini, journal de la société des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet N°77

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Marguerite Duras, un engagement dans le débat démocratique

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