Strategie Verrues Acne
Strategie Verrues Acne
Strategie Verrues Acne
DERMATOLOGIE
ACNE – VERRUES CUTANEES – MYCOSES
2017
LES POINTS A RETENIR
A. ACNE
Le type de traitement de l’acné dépend de la sévérité de celle-ci et de la souffrance du patient.
Les rétinoïdes topiques sont le traitement de base de toutes les formes d’acné et sont également
utilisés comme traitement de maintenance.
Un traitement combiné (rétinoïde topique + peroxyde de benzoyle ou antibiotique local p.ex.) permet
une action synergique sur les différents éléments de la pathogénèse de l’acné et diminue les
résistances bactériennes.
Les antibiotiques topiques et oraux ne devraient pas être utilisés en monothérapie afin d'éviter
l'apparition de résistances.
Les rétinoïdes oraux sont du ressort du spécialiste.
B. VERRUES CUTANEES
La régression spontanée des verrues cutanées est habituelle mais imprédictible (elle peut prendre
plusieurs années).
L’indication au traitement dépendra des douleurs, des limitations fonctionnelles, du risque de
transformation maligne, de la gêne esthétique, du risque de dissémination et de l’âge des verrues .1
L’acide salicylique est la substance dont l’efficacité a été le mieux démontrée.
C. MYCOSES
Pour tous les types de mycoses, il est indispensable de confirmer le diagnostic par une analyse de
squames.
Un traitement antifongique topique est en général suffisant.
Un traitement systémique est indiqué lors des atteintes de la matrice ou du lit unguéal dans
l’onychomycose.
Une présentation clinique atypique ou une résistance au traitement doit faire recherche un trouble de
l’immunité sous-jacent.
A. ACNE
1. INTRODUCTION
Les glandes sébacées sont des glandes à sécrétion holocrine annexées aux poils. Elles sont particulièrement
denses dans les régions séborrhéiques du visage (front, nez, joues) et du tronc (régions médiothoraciques et
épaules). Ces glandes sont sous contrôle hormonal : la testostérone libre et les androgènes surrénaliens en
majeure partie.
Le terme « acné » désigne les lésions folliculaires qui surviennent majoritairement à l’adolescence et qui sont
liées à la séborrhée et à la formation de comédons.
C’est une maladie fréquente affectant 90% des adolescents à des degrés de sévérité variables. Elle commence
aux approches de la puberté et se manifeste plus tardivement chez les garçons vers l’âge de 12 -13 ans.
L’évolution est spontanément régressive dans la majorité des cas (20 ans chez les hommes et 22-25 ans chez
les femmes). 2,3
Prolifération de Propionibacterium acnes : le rôle de P. acnes est indirect (hydrolyse des triglycérides,
sécrétion de facteurs pro-inflammatoires...) et non lié à une action infectieuse. 3
Réaction inflammatoire.
2. MANIFESTATIONS CLINIQUES
Sur le plan clinique, on distingue plusieurs formes dont les plus fréquentes sont les suivantes (tableau 1) :
Acné rétentionnelle ou comédonienne : prédominance de comédons ouverts et fermés
Acné nodulaire (ou conglobata) : acné inflammatoire importante avec présence de nodules et d’abcès
évoluant secondairement vers le développement de trajets fistuleux menant à des cicatrices
atrophiques ou hypertrophiques résiduelles.
Les lésions inflammatoires Les papules Lésions inflammatoires d’un diamètre <7 mm
Les pustules Papules à contenu purulent jaune
Les nodules Lésions inflammatoires de grande taille (>7 mm) évo-
luant souvent en abcès, rupture ou formation de cica-
trice(s)
- Chéloïdes
2.1 CLASSIFICATION
On distingue plusieurs degrés de gravité de l’acné dont dépendra le traitement à entreprendre (tableau 2).
2.2 COMPLICATIONS
La plus fréquente est l’appatition de cicatrices indélébiles.
L’acné fulminante est une forme rare d’acné sévère d’apparition aiguë qui se rencontre préférentiellement
chez les adolescents hommes. Elle se caractérise par des lésions cutanées suppuratives, inflammatoires et
hémorragiques, un état fébrile et des douleurs articulaires arthritiques et nécessite une corticothérapie systé-
mique.4 L'acné fulminante peut survenir spontanément ou être déclenchée par l’isotrétinoïne. 5
Le rhumatisme acnéïque est une forme systémique rare de l'acné. Il s'agit d'une ostéite rhumatismale se ma-
nifestant par des entésites puis une atteinte osseuse et articulaire. Son traitement est systémique. 6
Rosacée
Dermatite périorale
3.1 FORMES D’ACNÉ PARTICULIÈRES :
Acné féminine tardive (liée ou non à une hyperandrogénie) :
Survenant en général après 25 ans ; les lésions siègent surtout sur la partie inférieure du visage, dans
la région mandibulaire, s’étendant volontiers vers le cou.
L’association de signes de virilisation (règles irrégulières, hirsutisme, alopécie androgénique) à une
acné résistante, récidivante ou fulminante, doit faire rechercher un hyperandrogénisme (syndrome des
ovaires polykystiques, syndrome adrénogénital, tumeurs de l’ovaire ou de la corticosurrénale, étiologie
iatrogène).
Chez l'homme adulte, il s'agit souvent d'une acné du dos.
Acné médicamenteuse (corticos, contraceptifs oraux, androgènes, anti-épileptiques, etc.)
Une contraception par mini-pilule sans oestrogène, un implant sous-cutané ou un stérilet hormonolibé-
rateur peuvent être à l’origine d’une acné. La production sébacée est stimulée par les androgènes
alors que les anti-androgènes et les oestrogènes diminuent la production de sébum.
Acné exogène (huiles minérales très comédogéniques)
Acné associée au VIH, …3, 7, 8
Dermatologie ‐ Service de médecine de premier recours – DMCPRU – HUG ‐‐ 2017
4
Département de médecine communautaire, de
Premier recours et des urgences
Service de médecine de premier recours
4. PRISE EN CHARGE
Le type de traitement à adopter dépend de l’importance de l’acné et de la souffrance du patient (tableau 2). 9
Il existe de multiples algorithmes de prise en charge de l’acné utilisant chacun des classifications de sévérité de
la maladie différentes (exemple d’algorithme : tableau 2).
Les traitements de l'acné n'accélèrent pas l’évolution naturelle de la maladie, avec des délais de guérison
imprévisibles d'une personne à l'autre. Seule l'isotrétinoïne orale peut induire une guérison mais son
emploi est limité par ses effets secondaires et contre-indications (cf. ci-dessous).
Durée : prescrire et prendre le traitement suffisamment longtemps (2-3 mois) avant de changer de
stratégie (un microcomédon prend en effet 8 semaines avant de maturer).
En cas d’échec thérapeutique, vérifier la compliance thérapeutique (la mauvaise observance est le 1er
facteur d'échec thérapeutique) et envisager de référer le patient à un dermatologue.
L'acné est une maladie d'évolution chronique nécessitant un traitement d'entretien pour éviter les rechutes
(isotrétinoïne topique par ex. ; cf. tableau 2).
Une information suffisante est à fournir aux patients pour leur permettre de se prendre en charge. L’acné
n’est pas un problème d’hygiène.
• Il est nécessaire de bannir les cosmétiques gras et couvrants favorisant l'acné. Par contre,
l’application d’une crème hydratante peut être utile pour limiter les effets irritatifs et le
dessèchement dus aux traitements locaux anti-acnéiques.
• Il n’a jamais été prouvé que des aliments tels que le chocolat, les noix ou le salami provoquent ou
aggravent l’acné.
• Les papules et pustules ne doivent pas être manipulées au vu du risque de cicatrices et
d’extension des lésions.
Le retentissement psychologique doit être évalué (et n'est pas forcément proportionnel au degré de
sévérité de l'acné). 3, 10
ou rée Rétinoïde
Ac. salicylique topique
ou +
Ablation PBO
physique des
comédons
Hormonothérapie Hormonothérapie Hormonothérapie
+ + haute dose
+
chez la femme
Alternative
Le traitement topique vise davantage à prévenir de nouvelles lésions qu’à faire disparaître les efflorescences
déjà présentes. Une application par zone à risque est donc recommandée et non pas une application limitée
uniquement aux lésions déjà présentes.
Agents kératolytiques
Rétinoïdes topiques (Retin-A®, Roaccutan®, Differin®, Tasmaderm®…)
Les rétinoïdes topiques agissent surtout à titre préventif et thérapeutique sur la lésion primaire de l’acné,
le comédon. Ils doivent être utilisés dans toutes les formes d’acné. L’effet thérapeutique maximal est at-
teint après 12 semaines.
Leurs mécanismes d’action sont les suivants :
• Correction des réactions pathologiques dans les kératinocytes folliculaires en normalisant la
desquamation de l’épithélium folliculaire
• Activité anti-inflammatoire (via l’inhibition des TLR-2)
• Augmentation de la pénétration d’autres médicaments topiques et diminution de l’hyperpigmentation
post-inflammatoire
• Absence d'effet sébo-suppresseur, contrairement à la forme orale.
L'isotrétinoïne (précurseur de la trétinoïne) et l'adapalène (rétinoïde synthétique) sont moins irritants que
la trétinoïne.
L'efficacité du traitement par rétinoïdes est acrrue si on les associe à un antiobiotique topique (érythromy-
cine p.ex.) ou à du peroxyde de benzoyle.
Les rétinoïdes peuvent entrainer une poussée pustuleuse au début de traitement (augmentation de
l'inflammation en augmentant la perméabilité du sac folliculaire aux agents chimiotactiques libérés par le
P. acnes). Ceci peut être évité par un traitement combiné avec un antibiotique topique ou avec du pe-
roxyde de benzoyle.
Anti-infectieux
Peroxyde de benzoyle (Lubexyl® , Benzac ®…)
C’est un anti-infectieux aspécifique qui est très efficace contre le Propionibacterium acnes. Il a aussi une
action comédolytique. Il n'induit aucune résistance bactérienne.
Parmi les effets secondaires, on note des irritations de la peau et des eczémas de contact ainsi qu’un
blanchissement des textiles et des cheveux. L’irritation de la peau peut être prévenue en appliquant une
concentration plus basse ou en prescrivant un traitement intermittent (1 jour sur 2). En cas d'eczéma al-
lergique le traitement doit être stoppé définitivement. Le peroxyde de benzoyle a un effet photosensibili-
sant et sera appliqué de préférence le soir. 3
Antibiotiques locaux
Ces antibiotiques locaux : clindamycine (Dalacin T®) ou érythromycine (Eryaknen®), ont une efficacité
comparable à celle du peroxyde de benzoyle. Une monothérapie avec un traitement topique antibiotique
doit être évitée afin de diminuer le risque d'apparition de résistances.13
La combinaison de peroxyde de benzoyle aux antibiotiques locaux diminue la fréquence des résistances.
De plus, il faut éviter de prescrire un antibiotique topique pendant plus de 3 mois. 7
Acide azélaïque
L’acide azélaïque (Skinoren®) a un effet antiprolifératif sur Propionibacterium acnes et ralentit la desqua-
mation de l’épithélium folliculaire. Il a donc un effet anti-comédogène et anti-inflammatoire. Il peut être utili-
sé en alternative ou en association avec les rétinoïdes ou les antibiotiques. Il doit être appliqué 2 fois/jour.
Un traitement combiné associant peroxyde de benzoyle et adapalène (Epiduo®) ou peroxyde de benzoyle
et clindamycine (Duac ®) permet d’améliorer l’adhésion thérapeutique.
Exemple pratique :
Matin Soir
1. Appliquer le produit actif Rétinoïde
1. Laver le visage avec un produit sans savon
(Roaccutane gel®, Différine crème® )
(ex. : Effaclar gel moussant ® ), puis rincer.
2. Appliquer le produit actif de préférence l’antibiotique
topique (ex. Dalacin lotion®) ou le peroxyde de benzoyle
ou une combinaison des 2.
Antibiotiques oraux
Action: anti-inflammatoire directe (inhibition de facteur de l'inflammation) et indirecte (effet bactériostatique sur
la population de P. acnes, diminuant ainsi les cytokines inflammatoires).
En l’absence d’amélioration sous traitement topique et/ou pour l’acné moyenne à grave, il est possible de pres-
crire des antibiotiques oraux. Néanmoins, en raison de résistances toujours plus fréquentes une antibiothéra-
pie orale en monothérapie est déconseillée et une association avec du peroxyde de benzoyle est recom-
mandée. Il est judicieux d’ajouter un rétinoïde topique car les comédons sont les précurseurs de l’acné inflam-
matoire. Il ne faut jamais donner d’association antibiotiques systémiques et topiques.
Voici quelques principes de base lors de la prescription d’antibiotiques systémiques dans l’acné :
• Commencer avec une dose plutôt forte (traitement d'attaque durant les 2 premières semaines suivi
d'une réduction de la dose)
• Ne juger de l’effet qu’après 6 semaines avant de changer de traitement (effet maximum à 3 mois)
• Arrêt du traitement après guérison des lésions inflammatoires (durée jusqu’à 4 mois)
• La durée habituelle d'administration est de 3 mois pour limiter l'apparition de résistance (puis préférer
un relais par traitement topique seul, de préférence un rétinoïde)
• Associer du peroxyde de benzoyle pour diminuer les résistances
• En cas de rechute : préférer l’antibiotique déjà donné, associé au peroxyde de benzoyle ou à
l'isotrétinoïne topique
• Si traitement de longue durée : risque de complications par folliculite à germes GRAM négatif (pustules
périnasales et périorales sur fond séborrhéique)
• Le traitement de ces acnés surinfectées par des Gram– est l’interruption de l’antibiotique oral et si
nécessaire un rétinoïde oral
Les antibiotiques systémiques disponibles en Suisse sont les suivants (tableau 3) : la doxycycline et la lymécy-
cline sont préférées en raison de leurs effets indésirables plus ténus et de leur lipophilie.
Les tétracyclines (doxycycline, lymécycline et minocycline) sont contre-indiquées chez les femmes enceintes et
en-dessous de l'âge de 9 ans. 14, 3, 7
Tableau 4 : Antibiotiques oraux contre l’acné selon le niveau d’ EBM (evidence b ased medicine)13, 3, 15, 14, 7
Hormonothérapie
N'est pas un traitement majeur de l'acné en monothérapie.
Contraceptifs oraux combinés à action antiandrogénique tels que : Diane-35®, Féminac 35®, Minerva®, Belara®,
Yasmin® , Cilest ® ou Gracial®.
En cas d’hyperandrogénisme et de virilisation, l’acétate de cyprotérone 2-100 mg (antagoniste des androgènes:
Diane-35®, Féminac 35® ou Minerva® : 2 mg ; Androcur-10 : 10 mg ; Androcur : 50 mg) ou la spironolactone
sont indiqués. Cependant, ces traitements relèvent du spécialiste et ne sont pas à prescrire en premi ère inten-
tion. C’est pourquoi nous ne les développerons pas davatage. À noter qu’avant le début de tels traitements, un
test de grossesse doit être négatif et une contraception efficace suivie.
Rétinoïdes oraux
Ce traitement est du ressort des dermatologues et est réservé aux formes graves d’acné.
Les recommandations diffèrent quant à son utilisation en première ou en seconde intention (acné résistante à
un traitement antibiotique oral associé à un traitement topique adapté) dans les acnés sévères. 13
B. VERRUES CUTANEES
1. INTRODUCTION
Les verrues cutanées sont de petites excroissances de la peau induites par un virus du type papillomavirus
humains (HPV en anglais). Les types 1, 2, et 3 sont retrouvés fréquemment dans les atteintes cutanées. On
distingue grossièrement les HPV cutanés et muqueux et les HPV à haut risque (HPV 16 et 18 sont les plus
fréquemment impliqués) et à bas risque oncogène. A noter qu’en dehors des atteintes génitales, la transforma-
tion maligne est exceptionnelle chez l’immunocompétent. On sera plus attentif en cas d’atteinte péri -unguéale,
chez l’immunosupprimé ou en cas d’épidermodysplasie verruciforme (génodermatose rare), où le risque de
carcinome spinocellulaire associé à HPV est plus important. 16, 17, 3
Dans cette stratégie, nous allons traiter des verrues cutanées uniquement.
La fréquence des verrues cutanées est évaluée à 7-10% de la population générale. Le pic de fréquence est
élevé entre les âges de 10 et 14 ans, les enfants scolarisés et les jeunes adultes représentant le principal ré-
servoir de virus des verrues vulgaires.
La transmission se fait par contact direct de personne à personne ou indirectement par des fomites (surfaces,
matières ou objets contaminés par le micro-organisme et susceptibles de contaminer d’autres objets, des ani-
maux ou des personnes). La réponse immunitaire joue certainement un rôle essentiel dans le développement et
la régression des verrues.18, 3
3. DIAGNOSTIC
Le diagnostic est avant tout clinique. L’examen histologique et structural permet un diagnostic étiologique en
cas de doute.
4. PRISE EN CHARGE
Principes généraux
La régression spontanée est habituelle mais imprévisible et les récidives (dues à la persistance du
virus dans l’épiderme sain) sont fréquentes. Il est souvent utile de conseiller aux patients de ne pas
manipuler les lésions pour éviter l’auto- et l’hétéro inoculation.
De plus, il n’existe aucun traitement efficace à 100% et les recommandations sont variables.
L’indication au traitement dépendra des douleurs, des limitations fonctionnelles, du risque de
transformation maligne, de la gêne cosmétique, du risque de dissémination et de l’âge des verrues :
abstention thérapeutique possible chez les verrues de moins de 2 ans car régressions spontanées
fréquentes.
Le but du traitement est de détruire l’épiderme infecté par des méthodes de destruction chimiques
(agents topiques), physiques ou immunologiques, à adapter en fonction de l’âge du patient, au type
clinique et à la localisation des lésions (tableau 5). 19
La verrue cutanée étant dans la grande majorité des cas une maladie bénigne et qui évolue en général
vers la guérison spontanée, il faut toujours évaluer le rapport bénéfices/risques avant de commencer un
traitement invasif (risque de douleurs ou de cicatrices indélébiles notamment).
A noter que l’homéopathie et la guérison à distance n’ont pas démontré une efficacité plus élevée que
le placebo. Par contre, selon certaines études, 20 l’hypnose et des procédés de suggestion se sont
montrés plus efficaces que l'absence de traitement.
Il est recommandé d'éviter de manipuler les verrues afin de limiter leur propagation et de porter des
sandales autour des piscines et des douches publiques.
Les acides de vitamine A (rétinoïdes) sont aussi kératolytiques. Leur application est recommandée lors de ver-
rues planes malgré l’absence d’étude spécifique pour cette indication.
Les kératolytiques sont souvent utilisés en association avec d’autres substances corrosives ou cytostatiques
(tableau 7).1
4.6% résorcine, 15% ac. lactique, acide 10% acide 10% acide 7.5% acide
4.6% ac. lactique, 16.7% acide sali- formique salicylique, salicylique, salicylique
Principes
actifs
Cytostatiques
Comme décrit précédemment, ces substances sont plus du domaine du spécialiste. Elles ne sont donc que
brièvement décrites ci-dessous :
• Podophylline et podophyllotoxine (Condyline® , Warix ® ) : résine naturelle extraite de plantes, contenant
des agents anti-mitotiques. L'indication concerne essentiellement les condylomes acuminés avec un
taux de guérison de 85% après 3 cycles de traitement. Ces substances sont contre-indiquées durant la
grossesse et leur utilisation nécessite une contraception jusqu'à 4 semaines après l'arrêt du
traitement. 15
• 5-fluorouracile : antagoniste de la pyrimidine inhibant la synthèse d’ADN, utilisé en association avec
l'acide salicylique (Verrumal ®, cf. tableau 7). 22
• Bléomycine en injections intralésionnelles (à l’aiguille, au Dermojet ou en multipuncture) a été utilisée
avec succès pour le traitement de verrues cutanées et de condylomes récalcitrants.15, 20
Immuno-modulateurs
• l’Aldara® (imiquimod) est utilisé avec efficacité dans le traitement des condylomes. Il s’agit d’un immu-
no-stimulant agissant sur la production locale d’interféron et sur la cascade cytokinique.7
• L’immunothérapie locale à la diphénylcyclopropénone (DPCP) est utilisée par certains dermatologues et
a montré une efficacité dans certaines études. 2 0
• Électrocoagulation +/- excision chirurgicale (curetage) sous anesthésie locale : pour les
myrmécies plantaires qui sont facilement énuclées, les verrues filiformes ou les condylomes acuminés.
Il existe un risque cicatriciel.
• Laser à colorant pulsé à 585 nm : entraîne une nécrose ischémique de la lésion en coagulant les
vaisseaux sous-jacents.
C. MYCOSES
1. INTRODUCTION ET CLASSIFICATION
Ce sont des infections superficielles, semi-profondes ou profondes, causées par des champignons microsco-
piques. La plupart de ces champignons sont inoffensifs .3
On distingue 3 groupes : les dermatophytes, les levures et les moisissures (tableau 9). Nous ne parlerons ici
que des 2 premiers groupes.
Groupe Caractéristiques
Dermatophytes
Champignons filamenteux qui se reproduisent par spores.
Levures
Genre Candida et Malassezia (Pityrosporum)
Moisissures
Souvent retrouvées dans des infections mixtes.
2. DIAGNOSTIC
Pour toutes les mycoses, il est indispensable de confirmer le diagnostic par une analyse des squames.
Le diagnostic se fait par la mise en évidence des squames récoltées par grattage à la curette ou à la lame. À
l’examen direct, le matériel récolté doit être rendu transparent par l’action de la potasse caustique (KOH diluée
à 10-40%) ou par celle de sulfure de sodium à 10% en solution hydroalcoolique pour être examinée au micros-
cope.
Pour la culture, le matériel (les squames) peut être ensemencé sur un milieu de culture dit de Sabouraud (glu-
cose, peptone, gélose et squames). Les colonies se développent en quelques jours à quelques semaines et
sont identifiées sur la base de leur aspect macroscopique et microscopique. 3
3. PRISE EN CHARGE
Nous décrivons ici quelques principes généraux applicables à toutes les mycoses. Le traitement spécifique des
différentes sortes de mycoses est décrit par la suite.
D’une façon générale, le traitement des mycoses cutanées comporte 3 mesures générales :
Il n’est pas recommandé de prescrire empiriquement un traitement topique combinant un antifongique et des
corticostéroïdes et ceci pour plusieurs raisons :
C1. DERMATOPHYTOSES
1. INTRODUCTION
Il existe plusieurs sous-groupes principaux : trichophyton, épidermophyton et microsporum.
On distingue les formes suivantes selon leur transmission :
Dermatophytes à transmission anthropophile, responsables de la contamination interhumaine. Les
sources d’infection sont : les tapis de sport, les sols de douches, des piscines et des vestiaires collectifs
ou la transmission directe par sujet contact.
2. CLASSIFICATION
Les dermatophytes peuvent attaquer la peau, les ongles et les cheveux et peuvent donc également être classi-
fiés selon leur localisation (tableau 9). La dermatophytose du cuir chevelu étant quasi exclusivement présente
dans la population pédiatrique (sauf dans des cas d’immunosuppression), celle-ci ne sera pas abordée dans ce
document. À noter que le traitement topique est inefficace dans la dermatophytose du cuir chevelu et qu’un
traitement systémique est nécessaire (griseofulvin, terbinafine ou itraconazol e) tout comme le traitement de
l’animal de compagnie (M. canis le plus souvent).
Dermatophytose du Dermatophytose
cuir chevelu Dermatophytose de la peau glabre unguéale
(tinea capitis) (onychomycose)
T. interdigitale
(avant-pied).
3. MANIFESTATIONS CLINIQUES
Les modes de transmission, les facteurs favorisants, les manifestations cliniques sont présentés ci -dessous
sous la forme de tableaux et par type de dermatophytose.
A noter qu’en cas de présentation atypique ou de mauvaise réponse au traitement, il convient de rechercher un
problème immunologique sous-jacent. 14
Transmission /
Clinique Photo
Facteurs favorisants
Atteinte du tronc et des bras, plus rarement
Contact peau à peau des membres inférieurs.
(enfants, sport), avec Les lésions commencent par une macule éry-
animal (chat, chien, thémateuse, prurigineuse, à centre squameux,
cochon d’inde) ou à bords vésiculo-papuleux et à extension centri-
depuis un pied fuge, parfois en cocarde (A). B
d’athlète. La confluence de plusieurs lésions donne nais-
sance à un aspect polycyclique (B).
Les patients immuno-
A
déprimés (par ex. dia- Au cours de l’évolution, le centre de la lésion a
bète ou HIV) ont un tendance à pâlir et peut prendre une teinte
risque augmenté. bistre.
Transmission /
Clinique Photos
Fact. favorisants
Transmission/
Clinique Photo
Fact. favorisants
Transmission/
Clinique Photo
Fact. favorisants
Vêtements
Hygiène B
Natation C
La culture permet de - Psoriasis inversé Le traitement topique : est en général suffisant : p.ex.
confirmer le diagnostic. Terbinafine topique 1x/jour pendant 1-2 semaines.
Il est recommandé de - Érythrasma (préférer les crèmes aux pommades et aux crèmes
prélever les squames pâtes ; éviter les poudres qui sont irritantes dans les
sur la bordure active de - Dermatite séborrhéïque plis).
la lésion à l’aide d’une Un traitement antiseptique local peut être prescrit
curette/lame tranchante - Intertrigo candidosique pour prévenir ou traiter une éventuelle surinfection.
(cupule en plastique) En cas de lésions très suintantes, l'application de
nitrate d'argent 0.5% 1 fois/jour sur des compresses
est possible.
Attention : tache définitivement l’émail de la salle de
bain !
Mesures de prévention: Eviter les bains chauds et les
vêtements serrés. porter des sous-vêtements de
coton.
Tableau 16 : Diagnostic, prise en charge de la dermatophytose des mains et des pieds .7, 14, 15, 25
Granulome de Majocchi :
Les dermatophytoses sont généralement limitées à l’épiderme mais peuvent rarement atteindre le derme et le
tissu sous-cutané, où un abcès se forme, et créer le granulome de Majocchi (cf. photo).
Le diagnostic se fait par biopsie et le traitement comprend un antifongique per os (terbinafine). 31
Granulome de Majocchi:
C2. LEVURES
C2.1 CANDIDOSES
1. INTRODUCTION
Ces champignons, en général C. albicans, (tropicalis et k rusei plus rarement impliqués)
sont des endosaprophytes du tube digestif. Ils peuvent devenir pathogènes en cas de
grossesse, diabète, immunosuppression ou de manière iatrogène : administration de
médicaments tels que les hormones, les corticostéroïdes, les antibiotiques et les
immunodépresseurs. Nous n’aborderons ici que l’intertrigo candidosique.
2. MANIFESTATIONS CLINIQUES
Les facteurs favorisants sont l’obésité, la macération et le manque d’hygiène.
Le mécanisme de transmission est une auto-inoculation à partir du réservoir du système digestif, parfois
vaginal.
La localisation est diverse : creux axillaire, plis sous-mammaires, inguinaux, inter- et sous-fessiers (photo),
interdigitaux des mains et le plus souvent des pieds.
3. DIAGNOSTIC
Le diagnostic est avant tout posé sur l'aspect clinique des lésions. Au besoin, la présence de blastospores et
de pseudo-filaments à l'examen direct et/ou de candida à la culture (se développant en 24h à 48 heures) con-
firmera l’infection.
4. PRISE EN CHARGE
Elle comprend :
Une amélioration des causes favorisantes : éviter la macération, nettoyage régulier des plis, contrôle du
diabète, perte de poids.
Application d’agents desséchants : crèmes antimycotiques telles que miconazole ou nystatine (pas
recommandé sur le long terme pour éviter les résistances cependant) ; solution d’aluminium ; violet de
gentiane, permanganate de potassium.
Le traitement systémique est rarement nécessaire et indiqué en cas d’infection sévère ou résistante
ou en cas de sites multiples. Le taux de guérison est de 80 à 100%. Les agents thérapeutiques suivants
peuvent être donnés pour une durée de 2 à 6 semaines dans les cas de candidose cutanée:
• Fluconazole 50-100 mg 1x/jour ou 150 mg 1x/semaine
• Itraconazole 200 mg 2x/jour
La griséofulvine est peu efficace et l’action anti-candidosique cutanée de la terbinafine par voie orale
est incertaine.
Le kétoconazole per os n'est plus indiqué pour le traitement des candidoses au vu des risques d'induire
des atteintes hépatiques sévères. 33
Une surveillance des tests hépatiques est nécessaire avant et pendant les traitements systémiques. 7, 14
1. PITYRIASIS VERSICOLOR
Le pityriasis versicolor est une levure du genre Malassezia prenant une forme filamenteuse.
Cette affection est fréquente chez les jeunes adultes et est peu contagieuse. Les facteurs favorisants sont la
transpiration ou les affections chroniques débilitantes.
2. DERMATITE SEBORRHEIQUE
La cause de la dermatite séborrhéique n’est pas clairement définie mais elle est associée à une croissance de
champignons cutanés et les Malassezia sp semblent jouer un rôle central. Les facteurs favorisants sont la sai-
son hivernale, les périodes de stress, les changements hormonaux ou différentes maladies.
REFERENCES
1. Streit, M., Braathen, L. R. & Perroud, H. M. (2001) Traitement des verrues, Forum Med Suisse 34, 839-
847.
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